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pieds de large ; elles font remplies d’une terre
rouge ou plutôt d’un ciment contenant des frag-
mens anguleux de marbre, lamellaire de tranfition,
quelques coquilles terreftres' & d’innombrables
fragmens d’oflemens, dont quelques-uns font
remplis de concrétions calcaires.
Les os de cette brèche fe rapportent, fuivant
M. Cuvier, à quelques animaux de la taille des
Cerfs & à un grand nombre de petits Rongeurs ,
le Lievre fans queue ( Lagomys ogotonna ) , qui
habite le's montagnes efcarpées de la Sibérie , au-
deflous des neiges perpétuelles, depuis l’Altaï
jufqu’à l ’extrémité la plus orientale du nord de
l ’Ane > un petit Campagnol plus petit que le Rat
d’eau, dont les os. font tellement abondans au
milieu de cette brèche, que dans un morceau à
peine gros comme la moitié du poing, M. Cuvier
.en a retiré fept demi-mâchoires inférieures.
M. Bourdet, qui a examiné cette brèche, v a
recueilli des oflemens qu’il croit appartenir à un
animal voifin de l’Antilope ; il y a reconnu une
tête de radius du Muffoli de C o r fe , efpèce de
Mouflon.
Les brèches de la Dalmaùe, décrites par Albert
Fortis, font les plus confidérables de toutes celles
que l'on- connoït ; elles régnent tout le long des
côtes de cette contrée & dans toutes les. îles qui
bordent l’Hlyrie. D'après les remarques de ce Lavant
naturalifte, ces brèches, compofées d'un
calcaire rougeâtre rempli de fragmens anguleux
de marbre blanc & d'un grand nombre d’ofle-
mens tapiffés de chaux carbonatéè, occupent les
grandes fentes verticales & même horizontales
qui réparent les différens lits de marbre qui bordent,
la côte..
M. Cuvier a reconnu dans les offemens de ces
brèches un grand nombre qui ont appartenu à des
Ruminans, tels que le Cerf & le Daim. M. Hunter
prétend y avoirtrouvé uneportion d'os de Cheval.
Les brèches de Gibraltar font du plus haut intérêt
relativement aux offemens fofliles qu'elles
renferment. Ce cap étroit & efcarpé, formé par
le rocher de G ib r a l t a r e f t , fuivant le major
Imrie, uni au continent par une langue de fable
peu élevée. 11 s'étend du nord au fud fur un ef-
pace d'environ une lieue; fa largeur varie fur
cette étendue, ainfi que fa hauteur. Vers le fud
il s’élève à environ 480 mètres; au nord à près
de 450 , & vers le milieu à 420.
C e rocher eft compofé d’un calcaire gris d'un
grain ferré, renfermant quelques coquilles marines,
dont l ’intérieur eft tapiffe de criftaux. 11 eft
divifé par bancs de vingt à trente pieds d'épaif-
feur, inclinés de 3 J deg. de l'eft à l’ oueft. Vers
l'oueft feulement on remarque plufieurs lits, les
uns argileux, les autres filiceux, rouges & noirâtres.
Le plus inférieur & le plus épais, qui
n'a cependant que dix-fept pouces , eft d’ un
quartz bleuâtre, dont les fentes contiennent des
criftaux de la même fubftançe. Vers le fud on voit
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de petits dépôts d’argile rouge mélangés- de pierres
à fufil verdâtres.
Dans la mafle calcaire exigent ^plufieurs’ cavernes,
dont quelques-unes font fort grandes. La
plus curieufe eft celle de Saint-Michel ; elle eft
irrégulière, profonde & remplie de ftaladtites.
Sa fituation eft à mille pieds de hauteur , entre le
milieu & l’extrémité fud du rocher.
La brèche ofleufe remplit les fentes perpendiculaires
qui fillonnent la roche ; cette brèche
eft formée d’une concrétion calcaire d’un beau
rouge, très-dure & à cafiure terreufe, renfermant
des os mêlés à des fragmens de la roche environnante
& à des coquilles terreftres.
Dans lés fentes étroites, la concrétion eft entièrement
durcie à fix pieds de profondeur; dans
les plus larges elle ne l’eft pas à douze. Dans les
grottes, elle forme des maftes féparéès par des
couches de chaux carbonatéè blanche. Les os les
plus grands ont leurs cavités remplies de petits
criftaux de chaux ; leurs fragmens, qui rie pa-
roiflent point avoir été roulés, font*enchâfles
dans différens fens au milieu de leur gangue. Il
fernble, comme le fait très-judicieufement remarquer
M. Cuvier, que la concrétion qui les
enveloppe fe foit formée à mefure qu’ ils tom-
boient dans les fentes du rocher.
Selon notre célèbre anatomifte, ces os appartiennent
généralement à des Ruminans, à une
efpèce de Lièvre & à une de Cerfy qui diffèrent
l’une & l’autre de celles qui vivent en Europe.
Adrien Camper y a reconnu deux demi-mâchoires
& quelques os de Rongeurs.
Les brèches de Nice fe remarquent dans les
fentes des collines qui entourent la ville & le port
de Nice , & dont les plus confidérables font le
Mont-Boron & le Mont- du- Château,
Suivant Faujas, la hauteur de ce dernier eft de
40 mètres. La roche dont il eft formé eft d’un
gris-cendré qui pafle au gris lavé de blanc; fa
pâte eft dure; fon grain eft fin. Elle eft fillonnée
en différens fens, depuis fonfommet jufqu’à fa
bafe, par des déchirures qui ont quelquefois dix
à douze pieds d’ouverture, & qui font remplies
d’ une multitude d’ oflemens fradturés & de frag-
mens anguleux de la pierre calcaire qui conftitue
la roche, liés par un ciment d’un rougeocreux
très - dur, dans lequel on remarque des veines
de chaux carbonatéè blanche. On y voit aufti
des ftaladlites confidérables, qui y forment des
veines & qui rempliflent les cavités des os & des
coquilles qu’on y trouve.
Le Mont-Boron préfente les mêmes caradtères.
Ces deux collines, comme le rocher de Gibraltar,
font non-feulement partagées par de nombreufes
crevafles que remplit la brèche ofleufe, mais encore
elles font creufées par des cavernes peu
profondes, dans lefquelles on obferve le même
dépôt.
Ce
0 s s 0 S S • ’8 ï)
Ce dépôt ne paroît point receler de fqueîettes
entiers : fous ce rapport il eft analogue à toutes
les brèches de cette efpèce. On y trouve quelquefois
des coquilles terreftres» telles que des
hélices, entr’ autres Y Hélix algyra, le Lapicida, le
Vermiculata , & le ûyclojloma elègans. Mais les cavernes
dont nous venons de parler contiennent des
coquilles marines-. M. Mefnard-lagroye, qui a
examiné avec attention cette lo c a l i t é , y a remarqué
que les couches de la roche fe relèvent
du côté de la mer; que l’ une de ces grottes
reçoit les vagues lorfque la Méditerranée eft très-
agitée ; que les coquilles, qui font principalement
des peignes 8c des patelles s font femblabîes
à celles .qui vivenfTiir la côte : on doit en conclure
qu’ elles y ont été apportées par les eaux
de la mer actuelle.
La plupart des os que renferme la brèche de
Nice, appartiennent à des animaux ruminans.
M. Cuvier y a reconnu des dents de Mouton ou
dJAntilope de taille moyenne ; des fragmens de
mâchoire d’ un animal analogue au C e r f, mais différens
de ceux d’Europe; d'autres dents appartenant
à une éfpèèe voifine du Cerf de T imor, à
une autre plus grande , à un .Boeuf de haute fta-
ture , à un animal qui fe rapproche du Lama , â
un autre qui eft inconnu , enfin à, une efpèce de
Cheval.
Les oflemens de Rongeurs font rares dans cette
brèche; cependant on y trouve, fuivant M C uvier
, des dents voifînes de celles d’un Rat d'eau.
Mais ce qu’il y a de plus remarquable, c’ eft
qu’on y a recueilli une dent de Lion ou de Tigre
plus grande que celles du Lion vivant, & une
de Panthère ; ce qui le porte à croire que parmi
les brèches offeufès de N ic e , celle qui eft compacte
& dure appartient à une époque analogue
à celle des terrains meubles à offemens d’Elé-
phans, de Rhinocéros 8c d’Hippopotames.
Les brèches du cap de 'Palmure, promontoire
de la côte de Naples., finie entre le golfe de Sa-
lerne 8c celui de Policaftro, font compofées d’une
pâte grife ou brune , qui ne paroît point être de
la même origine que les précédentes. M. Cuvier
y a reconnu un tibia intermédiaire entre, celui du
Cerf & de l’Élan; des molaires qui femblènt appartenir
à des Cerfs. Cette brèche-,- formée principalement
de concrétions calcaires, fe trouve
dans une grotte fituée au bas* du cap.. M. Brochi
penfe qu’ elle eft de formation moderne, mais
cela nous'Tèmble peu probable.
La brèche ofleufe de Sardaigne occupe principalement
les filons d'un rocher fitué près de Ca-
gliarT, fur le bord dé la mer. Elle eft formée, de
pierre calcaire.blanche & dure , & d’une gtànde,
quantité de petits oflemens brifés, réunis' par un
peu de terre rougeâtre durcie,. Les petits os
appartiennent en grande partie a des Rongeurs
qui ne vivent plus dans le pays. C e font des
Lagomys, un grartd nombre dé Campagnols îil
Géographie-Pkyjiqùe. Tome V,
connus, de Rats d*eau9 &r une efpèce de Mu-
faraigae-d’eau ( S or ex fodiens).
La brèche de Sicile fe remarque près de Païenne
, dans une grotte remplie de concrétions
contenant des fragmens de marbre gris anguleux
& roulés, des fragmens de filex d'un gris rougeâtre.,
liés par un tuf grifâtre ou rougeâtre , &
remplis de fragmens d’offemens , appartenant à
une efpèçe de C heval, & un C e r f intermédiaire
entre celui du Canada 8c le nôtre.
Les brèches d 'OUveto garnifler.t la colline de
ce nom près de P ife , fii.r la côte de la Méditerranée,
entre l ’A rno, le Serchio , & le marais de
Biëritiha. Le mont Oliveto fait partie d’ un groupe
de plufieurs collines qui s’élèvent 3 peu de dif-
tance des derniers rameaux de l'Apennin. Il eft
formé d’ un calcaire blanchâtre, grenu, qui fé
délite faèiTèïftent à l’air. Ses bancs font triverfés
ën tout fehs par des fiflures.r'empiiès en partie de
chaux câfbôiiâtee criftallifée. Les fentes de la
roche font remplies de lu même pâté roüge qui
conftitue lès autres brèches ; ce font aüfll 'les
mêmes fràgvriéris de pierre bleuâtre ou blanchâtre;
enfin, ce font des os fraéhirés, dont lés cavités
font remplies de la même matière calcaire
qui a confoiidé toute la brèche. « Je v is , dit
* M. Cuvier, des mâÏÏes confidérables de cette
« brèche rougeâtre , tfaverfant la mafle calcaire
». de la montagne en différens fens 3 comme S ri
» y avoit eu des eavèr-hës & dès fentes que cëttè
Ifj brèche aüroit remplies tout-à-coup. »
Le favant anatomifte français a reébnhu dans
les offèmeris de cette brèche desfieftes d'un grand
animal ruminant, line mâchoire de Lapin , des o’s
dê C e r f 8c de Chevreuil. Il y a obfervé aufli des
fràgméns dé coquilles terreftres , telles que dés
cÿéloftbmës & des hélices;
Les brèches ofleufes du Vêronais diffèrent dès
précédentes en ce que leur pâte rougeâtre auflî,
eft creufée d'un grand nombre de petites cellules
remplies de grains bruns & durs, enchâfles fans
adhérence. M. Al.Brongniavt lui trouve beaucoup
d’analogie avec quelques breccioles volcaniques
altérées, communes dans la même contrée.
Ces brèches ont été obfervées & décrites par
le favant géologifte Albert Fortis. (V o y e z Mémoires
pour fervir a liüftoire naturelle de iTtalie,
tome I I , pag. 2.84 & füiv. ) La localité qui a fur-
tout attiré fon attention eft fituée à trois lieues de
Vérone, dans la vallée .de Pantena ; formée par
une fuite .de montagnes calcairesipeu élevées.qui
defcendent dés derniers rameaux des Alpes tyroliennes.
« La fubftançe des couches qui les compofent,
.os d it- il, eft de carbonate de, .chaux très-cpm-
?» paète., à grain unitantôt--rouge, tantôt blan-
00 châtre , parfemé.de rognons de pierre à fufil,
?> qui affedient la figure oibiculaire. Ôn diftingue
oo dans la pâte de cês couches, & particulièrement
33 de celles dont la couleur-eft rouge , des moules
M