
que quelques-unes renferment des débris de
divers uftenfiles à l’ufage de l’homme. Ainfi, aux
C a y e s , on trouve des fragmens de vafes &
d’autres objets jufqu’ à vingt pieds de profondeur.
Dans l’île de Mafcareigne, des débris volcaniques
conftituent la nouvelle roche qui a envahi
d ’anciens fours à chaux abandonnés fur le rivage.
A la Guadeloupe 3 elle contient aufli des fragmens
de laves qui ont probablement été entraînés du
volcan de cette île. A Marfeille, on y a trouvé
des débris d'uftenfiles antiques & des médailles
phocéennes. Nous n’examinerons point f i , comme ’
on l ’a dit, les oflemens de la Grande-Terre font
Amplement ceux de quelques naufragés, ou fi
leur accumulation dans ce lieu eft due à une
autre caufe, comme l’embleroit l’indiquer l’ob-
fervation de M. Dauxion-Lavayffe. Cette folution
eft de peu d’ importance pour la géologie.
En 1821, on découvrit aufli, dit 1 e Journal
philofophique d‘ Edimbourg, en creufant un aqueduc
à Ahmedmygor, à huit ou dix pieds de profondeur,
un fquelette humain ail milieu d’un tuf
calcaire qui règne dans une grande partie du Dec-
can ; mais, on renonça à l’idée que ce pouvoit
être un foffile, lorfqu’ on eut reconnu que le lieu où
l’on faifoit ces fouilles avoir été jadis un cimetière.
Tous les exemples que. nous venons de rapporter
ont p u , on le con ço it, faire plus ou moins
d'illufion relativement à la queftion qui nous occupe,
puifqu’ il s’agifloit de véritables oflemens.
Mais ce qu’on auroit peine à croire, fi l’événement
n’avoit fait beaucoup plus de bruit qu’ il ne
le méritoit, c ’eft qu’ on ait pris un bloc de grès
bizarrement contourné,pour un homme pétrifié,
avec fes o s , fa chair, & même une partie de fon
armure, car on alla jufqu’à voir fur fa tête un
refte de cafque avec fon cimier.
Au mois defeptembre 1823, des écoliers qui fe
promenoient dans la forêt de Fontainebleau, pénétrèrent
dans une cavité fituée près de Montigny,
dans un lieu appelé le Long-Rocher. Ils en ior-
rirent perfuadés qu’ils y avoient vu un homme &
un cheval pétrifiés. Le bruit de cette découverte
extraordinaire fe répandit ; les curieux fe portèrent
fur les lieux, & enfin l’on répéta dans le
monde & l’ on publia dans les journaux les détails
de cet événement. Un chimifte habile fe
trouvoit en ce moment à Fontainebleau 5 féduit
comme d’ autres perfonnes par la vue de ce fin-
gulier grès, il entreprit d’ en faire l’ analyfe. 11 y
reconnut la préfence d’une petite quantité de matière
animale, & s’empreffa de publier la conviction
où il étoit que l'on venoit de découvrir un
homme fofiile , dont Çorigine étoit antérieure a la
dernière catafiropke qui a bouleversé la furface de nos
contrées.
C e g rè s , qui venoit d’acquérir une certaine
célébrité, futexpofé à Paris aux regards des cu rieux,
au mois de juillet 1824. Je m’emp refiai
d’aller le yoir j & convaincu que ce r/étoit qu’un
jeu de la nature , comme tant de grès vus d’une
certaine face en offrent des exemples, je m’em-
( preffaide publier dans leCorfaire, journal confacré
à la littérature & aux fciences, des obfervations
i deftinées feulement à éclairer les personnes du
monde, peu verfées dans les queftions de ce
genre, & quelque temps après je fis inférer dans
les Annales des fciences naturelles (tome I I I , pag.
158), une notice géologique fur ce prétendu fof-
filè. L’Académie des fciences, fur la demande du
miniftre de l’intérieur, avoit nommé une com-
miflion pour examinerla queftion, & par l’organe
de fon rapporteur, M. Geoffroy de Saint-Hilaire,
elle déclara qu’elle, adoptoit entièrement mes
conclufions. Si la queftion eût offert quelques
difficultés, le fuffrage d’ un corps favant illuftre
eût été très-flatteur pour moi; mais tout individu
ayant quelques connoiffances en géologie, étoit
apte à juger de la nature de ce grès bizarre. Aufli
plufieurs perfonnes publièrent-elles fucceflivement
leur opinion à ce fujet, entr’autres M. Defmareff,
profeffeur de mammalogie à l’Ecole d’Alfort.
Toutes ces opinions furent concordantes, toutes
furent oppofées à celle du chimifte qui s’ étoit mis
le premier en avant. Enfin, le grès du Long-Rocher
éprouva le fort infaillible qui l’attendoit : le public
cefla de le v o ir , & les difîertations dont il avoit
été l’objet tombèrent dans l’ oubli.
Quoi qu’ il en foit, ce grès n’étoit & ne pouvoit
être ni un fojfile 3 ni une pétrification, ni une in-
crufiation ,■ c’étoit feulement un bloc dans un commencement
de défagrégation , conféquemment
peu confiftant, qui par l’aétion de l ’humidité
s’étoit arrondi de manière à préfenter fur l’une
de fes faces l’apparence groflière d’une figure
j humaine. 11 en étoit de même du morceau qui
repréfentoit une tête de Cheval. Dans l’un & dans
l’autre, on auroit vainement cherché des contours
exaéts; la tête de Cheval étoit irrégulière
& ne préfentoit ni les cavités nafales ni les faillies
offeufes. Le prétendu corps humain n’ avoit aux
yeux de l’anatomifte aucune des proportions de
l’homme. La tê te , bizarrement arrondie & aplatie,
étoit trop groffe; elle n’offroit aucun des contours
ni des faillies de la face. Le corps ne préfentoit
ni la faillie arrondie de l’ épaule ni las proportions
du bras & de l’avant-bras, & encore
moins celles des cuiffes & des jambes. Il falloitfe
mettre affez loin pour que tout cet enfemble produisît
une forte d’illufion.
D’ailleurs on fait, en géologie , que les parties
mufculeufes des animaux ne font point fufcep-
| tibles d être confervées ni pétrifiées; en théorie
on n’en voit pas la poflibilité ; l’expérience prouve
qu’il n’exifte point de fait contraire. Ainfi, la
reffemblance plus ou moins exaéle de ce grès avec
un corps humain , ne pouvoit être d’aucune importance
dans la queftion ; des reftes offeux euffent
excité un véritable intérêt, mais ce morceau de
grès n’en renfermoic point.
Quant aux conféquences à tirer de la préfence
de quelques atomes de fubftance animale contenus
à la lupeificie de ce grès , elles font tout-à-fait
étrangères à l'état de la queftion. Le chimifte qui
s'occupa le premier de cette analyfe , n a point
dit en quelle proportion cette matière fe trouvoit
dans le grès; mais MM. Chevalier, Payen &
Julia Fontenelle,-après y avoir trouvé de l’eau,
de la filice, de l’alumine, de 1 oxide de fer & de
la chaux, y ont reconnu une fubftance azotée ,
o u , fi l’on v eu t, une matière animale q ui,
fuivant quelques échantillons pris fur différens
points de ce grès , varioient entre dix-fept cent-
millièmes & 14 millièmes. On fe convaincra du
peu d’importance que l’ on doit attacher à cette
découverte, en comparant cette quantité avec
celle que l’on trouve dans divers oflemensfoAiles.
Nous fommes à portée de faire fur ce point quelques
comparaifons qui ne font pas fans intérêt.
Nous avons vu que la terre argileufe rougeâtre
qui forme le fol de la caverne de Gailenreuth, a
prefenté à l’ analyfe de M. Laugier plus de 21
pour cent de phofphate de chaux, 8c 10 pour
cent de matière animale 8c d’eau.
M. Marcel de Serres a reconnu que des o
des dents de Maftodonte des environs de Montpellier
contiennent encore de la matière animale,
de l’eau, du carbonate & du phofphate de chaux
en quantité confidérable; enfin, quelques traces
de magnéfie & de fluate de chaux.
Le favant M. Vauquelin a effayé une analyfe
des os fofliles découverts dans le gypfe de Montmartre;
il y a reconnu fur icp parties :
Phofphate de chaux....................................... Pjûf
Sulfate de chaux..................................• • • • o, 18
Carbonate de chaux.................................... - 0,67
Perte & matière animale.........................i.*p
T o t a l . . . . . i ......................... 100
J’ ai fait fur la compofition des oflemens fofliles
quelques recherches comparatives, dont le ré-
fultat ne fera point déplacé ici. Les analyfes faites
en ma préfence par un chimifte inftruit, ont toutes
offert à peu près les mêmes principes, quelle que
foit la roche qui enveloppoit ces os. Ainfi, des
fragmens de RaUotherium de Montmartre , dé-
compofés avec foin, ont donné :
Phofphate de chaux..........................................0,40
Carbonate de chaux................ . . 0,48
E a u ................. 6,02
Matière animale........... .... ✓ .............. • . Qj»Q
T o ta l................................ 100
Un offement contenu dans le calcaire fecon-
daire de Lunéville, a préfentéà-l’ analyfe c
Phofphate de chaux............................ 0,07
Carbonate de ch au x ................. .. 0,73
Silice.................................. . . . . . . 0,07
Matière animale ...............................................0,07
Perte.................... .0,66
L’analyfe d’un offement de Ruminant du fable
d'alluvion de la plaine de Pantin , a fourni.
Phofphate de chaux..................... ..................
Carbonate de chaux....................................... °»°$
Matière animale........... ............... 0,02
Perte.................................................................. 0,0 _
T o ta l......... ........................... fi 00
Les os fofliles du tuf volcanique des environs
d’Ifloire, ont donné à l’analyfe les fubftances ci-
après 1
Phofphate de chaux.......................................... 0,30
Carbonate de c h a u x . . . . .................................0,29
Oxide de fer........... ......................................... ° > 1 1
Matière animale......................................... ° j°7
Eau................... ................................................. ° jq7
Total.................................. 100
Enfin , les oflemens des brèches de Gibraltar
ont préfenté par l’analyfe :
Phofphate de chau x......................................o , i 3
Carbonate de chaux....................................... 0,62
Sable & matière animale.................. ...........o,2y
T ota l........................................ 100
Il eft donc impoflible de nier que fi les oflemens
du calcaire ancien de Lunéville renferment fept
pour cent de matière animale; que fi ceux
des gypfes, des terrains d’ alluvion, des brèches,
des cavernes & des dépôts volcaniques, en contiennent
en quantité affez confidérable , il faut en
conclure que dans toutes les roches qui renferment
ces débris , la matière animale y elt toujours
tellement abondante, que les millièmes de cette
matière découverte dans le grès de Fontainebleau,
fuffiroientpour prouver, à défaut d’ autres
preuves, combien font erronées les conféquences
que l’ on a cherché à en tirer.
Après avoir décrit les animaux fofliles dont on
trouve les débris dans les terrains gypfeux, j ’au-
rois dû citer une localité qui renferme, comme
Montmartre, plufieurs claffes d’animaux. Je ne
dois pas terminer cet article fans réparer une
omiflion aufli importante.
La localité dont je veux parler eft le mont
de la Molière, près du lac de Neuchâtel, dans
le canton de Fribourg. 11 eft fitué à i^ t o i f e s
au-deffus du lac de G en è v e , & à 347 au-
deffus de la Méditerranée. La roche qui le com-
pofe e ft, fuivant les obfervations de M - Bourdet,
un p fammite calcaire complète , affez folide pour
être exploité comme pierre meulière : ce qui
indique l’origine du nom de la montagne. Ce
p fammite, de couleur bleuâtre, eft compofé de
feuillets minces intimement lié s , formant des
couches légèrement inclinées du fud-oueft au
nord-eft; il eft rempli d’ offemens généralement
brifés, mais qui ne paroiflènt point avoir été
roulés. Ces reftes fofliles appartiennent à fix
claflès d’animaux , favoir : aux Roijfons, aux Reptiles
, aux Oifeaux, aux Mammifères carnajfiers , aux
R achy dermes & aux Ruminans.Total Leur énumération