roche calcaire tout-à-fait analogue à celle qui
conftitüe.les minerais de plomb, comme la roche
appelés mountain-lime-ftone ou met alliftrous-lime-
Jiohe.y que l’on exploite dai^sle Derbyshire. Il penfe
que la grande formation arénacée dont nous
avons parlé plus haut, s’étend depuis les Karp
a te s jufqu'aux montagnes des bords de la
Viftule, & par c o n flu e n t remplit toute la plaine
de Cracovie. Le dépôt de Wieliczka.fe trouve
fur le bord de cette plaine au pied des montagnes
de grès qui la dominent au nord & dont les cou-
chçs paroiffent plonger de manière à paffer fous
ce dépôt.
« Maintenant, dit M. Beudant, puifque les calcaires
qui fervent de bafe à toute la formation ne
peuvent être regardés comme repréfentant lé
echjlein , & que tout conduit à-"le ’placer dans le
terrain de tranfition, ii eÛ clair que les grès qui
les r;couvrent doivent fe rapporter a la formation
houillère; c’eft à quoi cônduilent auffi les caractères
qu’ ils préfentent, comme la texture fchis-
tsufej la couleur générale, le ciment calcaire,
la préfence de quelques débris végétaux , les indices
de houille, & enfin les couches de calcaire
fétide (flinhfiein) . 11 ne s’ agit maintenant que de
(avoir fi les fables groffiers et mouvans qui constituent
lis dernieres col ines qui vont le perdre
dans la plaine, & qui recouvrent le dépôt falifère,
doivent être rapportes à la formation des grès
précédens, ou à une formation plus moderne.
Dans le prim er ca s ,'le dépôt falifère fe trouverait
au milieu même de la mafiè houillère, & dans
le fécond, il se rapporteront à line formation plus
moderne, parce que plufieurs caractères le rattachent
plus aux grès iupérieurs qu’aux inférieurs.
Mais on ne peut prononcer entre ces deux cas,
que d’après des indices qui donnent feulement
quelques probabilités.
« Les fables ou grès qui conftituent les der
nières collines & qui recouvrent le dépôt falifere,
ne préfentent pas les mêmes caractères que les
grès des hautes montagnes Ils ont beaucoup d’analogie,
de divers genres, avec les grès que nous
avons déjà défignés fous le nom de grès à lignite
s , ou fous le nom de mollaffe , & qu’on trouve
en un grand nombre de lieux en Hongrie, fur la
pente méridionale des Karpathes. Ces grès fe préfentent
d’abord, comme dans les plaines de Wielic
zk a , fur les grès houillers, avec lefquels ils fe
confondent, & dont ils femb'ent alors faire fa
continuité; mais on les voit enfuite fuperpofer à
des roches plus modernes, comme au calcaire
magnéfien, au calcaire à hippufites ou à radio»
lires , qui, peut être , appartiennent à la formation
du Jura; ils renferment, ayeç. les dépôts de ligni-
tes, un grand nombre de coquilles, dont les unes
font évidemment des lymnées & des pîanorbes ,
les autres des coquilles bivalves qu’ il eft difficile
de caractériser ; ils font recouverts par des calcaires
coquiil'ers, analogues au calcaire groflïer
parifien, q u i, parfois, fe trouve en quelque
îoite mê é avec eux. Or, les fables ou grès de
Wieliczka paroiffent au:fi, d’après le peu d’obier-
varions que nous avons fur eux , préfenter des
caractères analogues;'on y trouve des lignites,
& depuis long-temps Hacquet y a indiqué ( ou
au moins dans des fables qui en font le prolongement
& qu’ on trouve du côté de My\un) de
.a meilne, qu i! nommoit alors du fuccin criitallisé,
& qui annonce, comme on fait , des dépôts de
lignites. Ces grès renferment auffi descoquilles
dans leur partie fupérieure, & paroifient être recouverts
par des calcaires coquillers-, analogues.au
calcaire groffier parifien, que l ’on indique; dans
un grand nombre, d’endroits au mi ie,u des plaines
de la Galicie. Il y a donc quelques probabilités
que ces fortes de grès- font de même formation
que nos grès à lignites de Hongrie, qui repréfen-
tent les molialf s de- laiSuiffe.
« Quant au dépôt de iel lubmême, la grande
quantité de boi> bitumineux-, ou lignites^quM
rei.ferme, je* coquilles. bivalves et les coquilles
microscopiques qu’on y trouve, paroiffent le distinguer
.totalement de tous les depots de fel connus,
où , jamais à ma connoiffance , on n’a ri.n
oblervé ne fembhble. Ces débris organifes paroiffent
s ’éloigner du gr.ès.houiiler, & femblent,
au contraire, l’identifier avec nos grès^à lignites.
Enfin, la pofition au bord d’une vafte plaine , où
il partit d ailiems fe prolonger affez loin, à plus de
6pO rr,êtres;au-^deffous de la hauteur à laquelle parvient
le grès houiller ou le calcaire alpin, conduit
plutôt à concevoir un dépôt au fond des dernières
mers, dans les go'tes ou lesanfes que les hautes mon^-
tagnes laiffent entre elles, qu’ à 1 idée d’une maffe
fubordonnée aux roches qui conftituent ces mêm s
montagnes. O r , ce n’ eft pas feulement à l’ égird
des dépôts de fel de W ielic zk a , de Boch i.a,
qu’ on peut concevoir en idée, mais encore à l’egard
de tous ceux qu’on trouve en Galicie , en
Bukovine, au pied feptemr onal dés Kirpathes,
auffi bien qu’en Hongrie, cil ils fe trouvent dans
la même pofition, au pied méridional de la même
cii-îne.
ec D’après ces observations, il me paroît affez
probable que les dépôts fa ifères de Wieliczka,
de Bochnia, de toutes les plaines de la Galicie &
de la Bukovine, auffi bien que ceux de la Hongrie
& de la Tranfylvanie, font d’ une formation aflVz
moderne. I s ne peuvent ê 're confondus ni avec
les terrains falifères de Bèx , en Suifiè, qui, d’après
les obfervarions de M. Charpentier, paroîtroient
appartenir au terrain de de tranfition, ni avec ceux
du T y ro i, qui, d’après M. de Buch, re trouvent
dans le calcaire alpin, ni peut-être mène avec
ceux du Salzburg, q u i, d’ après les idées d. s officiers
des mines et les observations que -j’ ai pu
.recueillir, appartiennent peut-être à la maffe des
des grès houillers. On ne peut les comparer tout
au'plus qu’avec les dépôts de laTHuringe & peutêtre
avec ceux du comté de Chefler en Angleterre,
q ui, d’après tous les renfeignemens, appartiennent
à la formation du grès bigarré (bunter
sandftcin). Je dois cependant observer que la préfence
du gypse anhydre dans les dépôts falifères
ùe Wieliczka &e de Bochnia, elt un caractère qui
fembleroit conduire à ranger ces dépôts dans une
formation plus ancienne que celle à laquelle je
fuis porté à les attribuer. En effet, on ne çonnoît
pas jufqu’ici de gypfe anhydre dans le grès bigarré
: les couches les plus modernes où l’on ait jufqu’ici
trouvé cette subtlance, appartiennent au
zechftein, ou maffe calcaire situee entre le grès
ancien (grès rouge & grès houiller ensemble) &
le grès bigarré. Mais tout ce qu’on pourroit imaginer
, d’après la préfence de cette subftance ,
feroit de regarder la maffe falifere comme étant à
la fois indépendante & du grès houiller & des
fables qui le recouvrent. On auroit toutefois encore
les difficultés du bois bitumineux, qui me
paroît beaucoup plus important ici que le gypse
anhydre. »
Les conclufions de M. Beudant, bien qu’elles
foient appuyées fur plufieurs faits, n’ ont point
paru concluantes à tous ceux qui font autorité en
géologie. Voici ce que dit à ce fujet M.Brongniart
dans l’article S el mar in du Dictionnaire des Sciences
naturelles.
« Ces circonfiances font en effet affez remarquables
d’une allez grande valeur pour appuyer
l’ opinion de M. Beudant. Cependant je
me permettrai de demander fi la valeur de ces
caractères eft allez grande pour donner à cette
immenfe formation de fel marin, une pofition
géologique tout-à-fait différente de celle qu’on
lui a reconnue dans le relie de l’Europe. D ’abord,
rien ne paroît prouver évidemment que les grès
des montagnes voifînes appartiennent à la formation
de houille filicifère ; mais en admettant ce
rapprochement, en admettant même que ce grès
plonge fous la maffe de fel marin, cela ne donne
à cette mallVaucun titre à une ancienneté différente
de celle des autres terrains falifères. Les
marnes argrleufes fupérieures , le gypse et la karf-
ténite qui les accompagnent, le lignite du le l,
peuvent être tout auffi bien rapportés aux marnes
bigarrées & aux lignites du lias qu’ aux argiles
plalliques. Le lias renferme, dans fes lits marneux,
des lignites en morceaux épars, comme ceux que
l’on cite dans le fel marin de Wieliczka, & T odeur
de truffes a été retrouvée dans des roches calea-
réo-charbonneufes qui appartiennent précifément
aux terrains de cette gran.ie époque géognoftique,
puifqu’ils font partie du terrain oolitique qui eft
de peu supérieur au lias, ét
Si l’ on ne peut admettre que le terrain falifere
de Wieliczka appartient pofitivement à la formation
indiquée par M. Beudant, on ne voit pas non
plus qu’il loit poffible de le ranger, d’après l’opinion
de M. Brongniart, da-ns la formation inté-
Geographie-Phyjique. Tome P ,
rieure au lias , à l’exemple des principaux dépôts
falifères connus. L ’opinion de M. Boué, qui confédéré
le fel gemme de la Galicie comme fubor -
donné au fyftème de mollaffe qui dépend de l'un
des dépôts fuperficiels des terrains de fédiment
fuperieur, lemble acquérir plus de vraiieni-
blance: auffi M. d'Omalius d'Halloy a - t- il, en
quelque forte, adopté cette opinion dans les
Etémens de Géologie. .. Du relte, dit-il, en parlant
de la mollaffe, celle-ci reffemble tellement au
macigno ammonéen de la chaîne centrale, que la
plupart des géologiltes n'y onc point aperçu de
différence. Cette mollaffe eft la roche dominante
dans une bandé de collines qui forme l'intermédiaire
entre les pariies les plus élevées des Karpathes
& les plaines de Pologne; mais dès que
l'on avance dans cette plaine, c'eft la marne qui
devient la plus abondante. Elle y eft plus ou moins
argileufe, paffe au calcaire, au fable, à la mollaffe,
& renferme des amas, des blocs, des rognons,
des nids & des noyaux de fel marins, de g yp fe ,
de karfténite, de lo u fre , de lignite & d'autres
minéraux.
«« Le plus important de ces dépôts falifères
ajoute-t-il, eft celui de Vieliczka, ou les amas, les
blocs et les rognons de fel marin forment un enfem-
ble de près de Zjyoo mètres delong fur /,ooo de
large & plus de20o de profondeur. C e dépôt fe fub-
divife entrois affiles. La plus é le vé e , que l ’on ap-
pell e fe l vert, eft compofée de rognons extrêmement
mélangés de matières argileufes et fableufes. C ’ eft
dans cette affife que l’on trouve des parties de fel
qui ont la fingulière propriété, lorfqu’on les met
dans l’eau, de décrépiter en dégageant du gaz
hydrogène carboné. La fécondé affife fe compofe
d amas, de blocs & de rognons d’un fel plus pur,
que ion nomme fpi\a. Enfin l’affife inférieure eft
compofée de puiffans amas d’un fel plus pur encore,
que l ’on nomme foibik} & qui eft ordinairement
très-lamelleux.
« Ce dépôt contient auffi du gypfe, de la karfténite,
du lignite & du foufre, qui fe trouvent, de
même que le fel marin, renfermés dans une marne
gris-bleuâtre, paffant quelquefois au rougeâtre.
Cette marne, qui eft toujours impreignée de fe l,
eft plus ou moins argileufe ; quelquefois elle devient
fableufe et pâlie à la mollaffe, principalement
dans la partie inférieure, où l’on trouve des couches
de mollaffe renfermant des nids de marne &
des fragmens de calcaire, ainfi que des couches
de fehiftes marneux alunifere. Les mineurs regardent
ces deux efpèces de couches comme annonçant
la fin des amas de fel et l’approche du calcaire
juraflique, fur lequel paroît repofer tout le
fyftème.
« Les foffiles végétaux font très-abondants dans
ce dépôt, lurtout dans le fel fp i\a , les uns font
paffés à l’état de lignite, les autres font Amplement
bimminifés ; mais jufqu’ à préfent on n’a pas
encore pu déterminer leurs efpèces d’ une manière
• O o p p o
d