
d’eaux thermales ; elle abonde en végétaux de
toute efp èce, mais l’olivier fait fa plus grande
riche (le , ainfi que le gland tindtorial produit par
le chêne appelé quercus agylops.
Nicariu. Ile que les anciens nommoient Icaria
ou Icaros. Sa circonférence eft d'environ vingt
lieues ; elle eft traverfée dans toute fa longueur
par une chaîne de montagnes boifées d’où del-
cendent des fources abondantes. Le mont Pram-
nion , qui domine la chaîne, eft, dit-on, le point
ou l’on cultiva pour la première fois la vigne dans
cette île.
Paùno, petite île irrégulière de huit à dix lieues
de circonférence, eft célèbre pour avoir'fervi
d’afile à l’apôtre qui rédigea l’ Apocalypfe. On y
voit la grotte qu’il habita. Son fol eft aride ; elle
eft dépourvue d'eau, & cependant l’île eft habitée.
Le rocher calcaire qui la domine porte le nom de
mont Saint-Elie, nom que l’ on retrouve dans
toutes les îles de l’Archipel.
Léro 3 autrefois héros & Lena 3 eft couverte de
montagnes qui renferment de beaux marbres & des
mines qui ne font point exploitées j la circonférence
eft de huit lieues.
Calimnos, l’ ancienne Cali mène, a treize lieues de
circuitî fes montagnes renferment des mines de
différens métaux.
Cos, à laquelle les Grecs donnoient aufli le
nom de Mérope, a dix lieues de lo n g , trois de large
& trente de circonférence. Le mont Crifto eft la plus
haute de fes montagnes ; Ton climat eft beau & fon
fol fertile eft couvert d’arbres de toute efpèce &
de fleurs odoriférantes. Les oranges & les citrons
qu’on y récolte font fa principale riche (Te 3 on recueille
aufli fur fes côtes une grande quantité de
fel.N
ijfari, qui porta les noms de Nijfyros & de j
Porphyris, compte huit lieues de circonférence ; !
fon fol eft élevé & rocailleux } on y trouve des
fources thermales & des veftiges de volcans qui fem-
blent confirmer l’ idée confervée par les Anciens,
que Neptune avoit détaché cette île du continent.
Rien n’ eft plus probable que cette féparation,
produite par l'aCtion des feux fouterrains.
Pifcopi. Les anciens Grecs l’appeloient Telos &
Agatkyjfa ; elle a près de douze lieues de tou r , &
fon fol eft calcaire.
Karki n’ eft qu’un rocher de même nature que
Pifcopi,• on lui donne trois lieues de circonférence :
les Anciens l’appéloient Chalcée.
Simiy connue des Anciens fous les noms de
Métapontis 3 Aigle & Karicé, eft fituée à l’entrée
du golfe de la Doride, à une lieue du promontoire
de Volno. Sa circonférence eft de cinq lieues ; elle
n’eft point aufli aride que la précédente, mais fon
fol eft peu productif. (J. H .)
STALAMENE. Ile de l’archipel g rec, connue
aufli fous le nom de Lemnos. Elle eft fituée fous le
23e. deg. de longitude & fous le 39e. deg. 45 min.
de latitude j fa forme eft à peu près quadrangulaire
&r fa circonférence eft de 22 lieus. C'eft dans cette
île que les Anciens avoient placé les forges de
Vulcajn : cette ingénieufe fiction rappelle fon origine
volcanique ; d’ailleurs Homère a parlé des
flammes quelle rejetait > maintenant il ne reste dé
fes feux fouterrains que des laves, des fcories, &
des fources d’eaux thermales. Son fo l, qui renferme
plufieurs métaux, s’étoit rendu célèbre dès la plus
haute antiquité par une production minérale appelée
terre de Lemnos, à laquelle on attribuoit les
vertus les plus merveilleufes contre certaines maladies.
Le grand-prêtre de l ’île avoit le privilège
de faire extraire cette terre, & d elà vendre à
fon profit, après y avoir appofé un fceau, ce qui
lui failoit donner le nomdefphragides. Aujourd'hui
c ’eft encore le chef du clergé de I’île qui jouit du
même privilège. Le puits d’ où l’on tire cette terre
eft ouvert tous les ans le jour de la Transfiguration,
en préfence du gouverneur turc} mais comme la
médecine n’attache pluS/Un grand prix à cette
efpèce d’argile ocreufe, le produit de fa vente
n’eft plus confidérable, & il eft très-facile de s’en
procurer. Les Anciens prétendoient que c’étoit
cette terre qui avoit guéri Philoctète de la blef-
fure qu’il s’étoit faite avec les flèches d’Hercule.
Quoi qu'il en fo it, voici d'après M. Hawkins, l’a-
nalyfe de cette argile célèbre :
Silice........................................... ......, 66,00
Alumine.................................. 14,25
Magnéfie............................. 00,25
Chaux............................................... 00,25
Soude...................................... 03,50 -
Fer oxydé. . . . . . . . . . . . . ............ . . . . . . Qo3ç6
Eau................................................................ 08,50
Perte......................... . . . . . ........................ 00,or.
Les productions de Lemnos confident en céréales,
en c o to n , en huile & en foie, bancs de fable
qui s’étendent le long de fes côtes orientales en
rendent l ’abord difficile. (J . H .)
STAMPALÉE ou A stipa^ée. Cette île de l’archipel
grec porta chez les Anciens les noms de
Pyrra , Pylée, & de Theon-Trapera, qui fignine
table des Dieux, dénomination qu’elle devoit à la
fertilité de fon fo l, à la richefle de fa végétation.
Elle eft fituée par 24 deg. 10 min. de longitude
& 36 deg, 20 min. de latitude. Ses contours,
très-découpés, préfentent une grande quantité
de baies & de caps i elle eft montueufe & renflée
à fes deux extrémités 3 elle préfente enfin la réunion
de deux groupes de montagnes unies par une langue
de terre large de trois quarts de lieue. Sa longueur
eft d’environ fix lieues j elle en a deux de
large dans fon extrémité orientale, 3* trois dans
fa plus grande dimention à l’occident. Cette î l e ,
qui pofiède deux ports, l’ un au nord & l’autre
au midi, où les vaifleaux dé haut-bord peuvent
trouver afile, eft peu peuplée. Ses habitans fe
livrent plutôt à la jfêche qu’ à l’agriculture. Ses
parages font très-poiflonneux3 on y prend, dit
un auteur, la vive ( trachinus dracoy Lin.)} le
muge ou mulet (mugil3 cephalus, Lin.)} le morme
([parus mormyrus, Lin.) } le mélanourie (fpjirus
melanurus, Lin.), qui eft i’oblade des côtes Méditerranéennes
3 le fcatari, efpèce de fpare qui a
beaucoup de rapport avec le canthère ([parus
cantharus, L in ) } le ferran (perça cabrilla, Lin.),
petit poiflon qui relfemble à la perche, dont la
gloutonnerie a pâlie en proverbe chez plulieurs
pleupies de l’Orient. (J . H. )
S T A N O V O I ( i ) (M o n t s ) , ou S tan ovo ï-
K rzbet. Chaîne de montagnes d'une grande étendue
, qui, des bords du lac Baïkal jufqu’au détroit
de Benring, fépare les ballins des fleuves dirigés
vers la mer glaciale de ceux qui tombent dans la
mer d’Okhosk ou dans celle de Behring. Sa longueur
développée feroit de près de mille lieues }
elle fuit plufieurs directions dans un efpace d ’environ
16 deg. de latitude & de 75 deg. de longitude.
Le mot krebet a , dans la langue rufle, le même
fens que le mot [terra dans la langue efpagnole 5
il défigne des coteaux de hauteur médiocre chargés
de pics plus élevés, que l’on compare aux
dents d’une fcie. Quelques géographes fyftémati-
ques attribuent à cette chaîne une grandeur &
des fondions qui lui afligneroient un rang diftingué
dans la géographie phyfique de l’Afie : ils la prolongent
à travers le Kamtchatka, & , l’enfonçant
dans la mer , ils la font difparoître fous les flots
pour la relever en partie, après un trajet d’environ
cent lieues , & , portant quelques-uns de fes
pics au-deflus de l’Océan, former l’île Behring}
puis, la plongeant encore une fois au-deflous des
eaux , ils la chargent d’aller former le long archipel
des îles Aleoutes. ( Voye\ ce mot. ) Rien
n’empêcheroit, en continuant cette hypothèfë ,
d ’unir l’Amérique à l’A fie , & de regarder les
montagnes rocheufes comme le prolongement de
la chaîne des monts Stanovoi, dont la limite occidentale
feroit le lac Baïkal, & la limite orientale
le lac de l'Efclave , en Amérique. On pourroit
faire, avec autant de fondement, plufieurs hypo-
thèfes très - différentes de c e l le - là , toutes-fort
inutiles pour les progrès de la fcience. Julqu’ à
préfient aucune analogie du f o l , des formations
géologiques, & c ., n’ont juftifié ces fyftèmes conçus
dans le cabinet, d’ après la direction des eaux
indiquée par les cartes. On ne peut pas regarder
comme certain que les monts Stanovoi forment
une chaîne continue & non une fuite de chaînes
diftindtes, à chacune defquellles il faudroit affecter
un nom particulier. 1
(1) Comme le mot S ta n o v o i est un pluriel, il doit être
écrit partout fans s .
On a regardé les montagnes de Kamtchatka
comme une branche de la grande chaîne : cette opinion
ne manque point de vraifemblance, quoiqu’elle
ne foit pas aflez bien établie par des ob-
fervations géographiques ni par des faits géologiques.
Si cette dépendance étoit prouvée , les
relations entre la chaîne du Kamtchatka & les Stanovoi
feroient analogues à celles qui unifient les
I Apennins aux Alpes. L’ extrémité de la chaîne
Kamtchadale, vers la mer, a des volcans en activité
comparables au V é fu v e , & l'on trouve à l’autre
extrémité des volcans éteints, tels que ceux
des monts Euganéens, au nord de l’Italie. Quant
à la grande chaîne on n’y a découvert jufqu’ à pré-
fent aucune trace des feux fouterrains, non plus
que dans les Alpes.
On n’a que des defcriptions partielles & trop
incomplètes de.quelques régions montagneufes de
la chaîne des Stanovoi. Selon Sokolof, l ’un des
compagnons de Pallas, la partie de la chaîne qui
fert de limite au baflin de l’Amour feroit allez
é le vé e , & quelques-uns de fes pics atteindroient
la hauteur des Pyrénées, ou même des Alpes i
car il fallqt à l’ obfervateur près d’une journée de
marche pour atteindre l e fommet 3 mais le refte-
de la defcription ne s’accorde point avec les phénomènes
connus que préfentent les hautes montagnes
partout où elles ont été obfervées avec
foin : les forêts s’éleveroient fur ces montagnes
jufqu’ à 3,000 mètres au moins au-deflus de l’O céan
j le pin cembre y donneroit fes fruits, les
marais occuperoient quelques-uns de ces hauts
fommets, & c. D ’ailleurs, point de glaciers, point
de neiges éternelles} mais, dans des régions très-
étendues, une complète ftérilité dont l’intenfité
du froid ne peut être la caufe, car des ruiffeaux
en grand nombre ont leurs fources dans ces déferts
montueux , dépouillés de végétation. D’ailleurs,
il paroîtroit aufli, d’après les récits de S o k o lo f,
que la région montagneufe occuperoit en largeur
un elpace confidérable, & qui feroit douter encore
fi l ’obfervateur a bien vu. Suivant lui , la
largeur de la chaîne feroit quelquefois de plus de
cent lieues. Il paroît certain que ce fol eft effectivement
fort élevé dans toute la région parcourue
par le voyageur, mais que les montagnes n’y
forment que des groupes ifolés, & ne conftituent
pas une chaîne. D’après la forme que le voyageur
attribue aux plus hauts pics, quelques-uns doivent
être de grès, & d’autres calcaires : cette dernière
forte de roche feroit d’ancienne formation, &
probablement juraflique } les grès feroient beaucoup
plus modernes, ce qui indiqueroit une formation
diftinCte, non - feulement par l’époque,
mais encore par le mode & la nature des matériaux
accumulés : effectivement Sokolof a remarqué
que les pics de forme diverfe étoient fépa-
rés par des plaines hautes , inégales , préfentant
les traces de bouleverfemens fucceflifs, où des
débris amenés de très-loin étoient plus ou moins