de fable & de cailloux roulés. Enfin, plus bas on j
découvrit un dépôt marneux rempli de débris de
coquilles marines prefyue toutes bivalves, ' 'j
Sur les bords de la rivière û’Y o r ck , en 1811 ,
plulieurs offemens ont été découverts dans un fol
marécageux pénétré de racines de cyprès, qui ne
croît plus dans ces contrées.
Au furplus, s'il faut en croire M. Barton , on
miroir trouvé fur le fol de 1 Amérique fepten-
trionale des relies de Maftodonte dans un état
encore frais : ce qui donnerait quelque probm
hilité aux hypothèfes que nous avons avancées
plus haut fur la caufe qui a amené en Sibérie les
Mammouths & les Rhinocéros qu'on y trouve.
En 1762, des fauvages découvrirent .cinq fque-
lettes, dont une des têtes, affurèrent-ils, avoit un
long neq, fous lequel était la bouche. O11 doit croire,
avec M. Barton, que ce long neq étoit la trompe
de l'animal. Il penfe aufli que c'efl de la trompe
que parle Kalm , lorfqu'i! rapporte que des Illinois
trouvèrent dans un marais un grand fquelette,
dont la forme du bec étoit encore reconnoijfablc , quoi-
au à moitié dècompofe.
Mégathérium. Les terrains marécageux de l'rle
de Skidavay , fituéè près de la cote de la Géorgie,
recèlent des ofièmens de Mégathérium. Cette découverte
a été conlhtée en 1824 p a rM .W . Cow-
premiers rie doutèrent point que les enfans d’ Ifraël
ne paruffent des fauterelles auprès dé la gigân-
tefque race des enfans de Hanak '(Nomb. C . XIII.
v. 34) ; que lé lit de O g , roi de Bafan , n'eût
neuf coudées, ou environ quinze pieds de long
( Deux. C . III. v. 11. ) , & que la raille de Goliath
ne fût de fix coudées une palme, ou de dix pieds
& demi (Sam. C ..X.VI1. y. 4. ) . Les anciens Juifs
attribuoient à Adam une taille gigantefque. On fait
quePhilon d'Alexandrie, qui vivoit dans le premier
fiècle de l'ère chrétienne, a , dans un ouvrage
intitulé de Opifice Mundi, prétendu que le premier
homme furpaffa tous les autres par fa haute fta-
ture, comme par l’élévation de fon ame i que les
Thalmûdiftes prétendoient qu'Adanv s'étendoit
d’ un bout du Monde à l'autre , quand il fortit dès
mains du Créateur, & qu’après fa défobéiffance
Dieu le réduifit à la taille de cent aunes ; d'autres
penfent qu'il n’ eut pas moins de 9:0 coudées ,
c'eft-à-dire, au moins 1 yoo pieds de haut, & que
quand. il fut chaffé du Paradis terreflre, il put
traverfer toutes les mers à pied'. Les Thalmûdiftes
ont auffi prétendu que-Noé fit entrer des géans
dans l'A rche , & que comme ils tenoient beaucoup
per dans les Annales du Lycée d hifiotre naturelle .
de New-Yorck. . . . , , „
L’exittence des os de cet animal dans un depot
aulfi récent, eft un fait digne d'intérêt.-
Hommes fossiles. L'orgueil qui porte l'homme
à fe regarder comme l'être le plus important de
la création, &r à croire 'que tout ce qui l'entoure
a été fait pour fon triage ; l'idée accréditée par
certaines croyances reügieules, que, dès 1 origine,
privilégié par fon créateur, il n’eft plus qu'un
être déchu de fa grandeur première 5 les préjuges
li naturels à felprit humain} 1 ignorance generale
en phylïologie; la croyance d'un déluge uni-
•v erfel, produit par une pluie de quarante jours,
qui détruifit l'efpèce humaine! [ont autant de
caufes qui ont accrédité l'idée que/la plupart des
offemens fofliles ont dû appartenir a des hommes.
Quelques-unes de ces opinions fe perdent dans
la nuit des temps. Ainli, le livre le plus précieux
par fon antiquité atteflée, la G enèfe, fait mention
de l'exiltence d'une race gigantefque.^ On y ht
(C . VI. V. 4.) : I l y avoit en ce êcmps-là desgeans
fur la terre t ,lors y dis-je y que les fils des dieux Je
furent joints avec les filles, des hommes, & quelles
leur eurent fait des enfans. - . . .
Sans examiner ce que lignine l alliance des filles
des hommes, Avec les fils des dieux, qui produilit
des géans maudits par le Créateur, nous ferons
remarquer que ce paffage prouve l'exiftence d’une
antique tradition rapportée pat Moyfe.^ Ainfi1,
dans les temps les plus reculés on crut a 1 ex'il-
tence des géans. Des Pères de l’ Kglife, des phi,-.
Jofoph.es payens, partagèrent cette croyance. Les
de place, il fit fortir le Rhinocéros, qui
fuivir le bâtiment à la nage. Ces abfurdités concernant
des hommes d'une taille gigantefque, le
retrouvent fous d’autres formes dans les écrits ou
dans les croyances du paganifme. Il eft inutile de
rappeler ici la fable des Titans afliégeant les deux ;
celle du géant Anthée, de Briarée, desCyclopes.
Ces fables peuvent s'expliquer fi on les ronfidère
comme dès allégories relatives à quelques-unes
des révolutions phyfiques qui ont modifié la fur-
face de la terré. Mais il n’en eft point de même
des géans de la Bible ; jufqu'à quel point le fens
que l'on doit donner au texte facré peut-il être |
modifié ou interprété ? C'eft une queftiùn d'un
ordre tout particulier.
Quoi qu'il en fo i t , l'imagination des hommes,
familiarifée dès 1'enfarice avec l'idée des géans,
a dilpofé le vulgaire, & même plulieurs per-
fonnes inftruites, à regarder comme dès reftes de
géans les offemens fofliles de quelques Eléphans.
Ainfi, Pline lé naturalifte parle ( I... Vi l , c. f!> )
d'un fquelette dont les débris annonçoieiit qua-
rante-fix couettes de lo n g , qui fut mis à découvert
en Crète par un tremblement dé terre., &
qui fut pris pour celui d'Oriori ou d’Ofus ; Autu-
Gelife (L. I I I , c. 10) cite d'après Hérodote,, la
découverte qui fut faite fous cèn'e, à Tégee , d 1
corps d'Orefte, long deTeprcoudées Paulâiiias
raconte line trduvaiilè femblabVe faite datis I île
de I-adè , d'un fquelette d e lidix coudées, que
l’ on regarda comme celui d'Àftërius, fils d’Ajax,
& cellequi fut faite à Salairiiïië de quelques offé-
mens' que l’on crut être ceux d Ajax , oc dont la
rotule egiloit' lâ grandèut d'uri des palets employés
dans le s , jeux Olympiques. Suidas, écrivain du
'olizièple ifiètl'e'y rapporte que Ton trouva , èri je tant
tant les fondations de l'églife de Sainte-Mena à
Conftantinople, des os de géans, que l'Empereur
fit dépofer dans fon palais. Bocace raconte la decouverte
qui fut faite dans le quatorzième fie c le ,
à Trapani en Sicile , d’ offemens de géans que 1 on
attribua à Polyphène. Au quinzième fiecle , le
Rhône mit à n u , dans les environs de V alence,
plulieurs offemens que Ton crut etre des reftes de
géans, & qui furent , par ordre du roi René, fuf-
pendus aux murs de la Sainte-Chapelle à Bourges.
Jean Lemaire en tira la conféquence que la maifon
de Tournon defeend des Troyens. Le célébré ju-
rilconfultetofcan > Jérôme Maggi, l’un des hommes
les plus érudits du feizième fiècle, parle dans fon
ouvrage intitulé de Giguntibus, d un cadavre de
cinq coudées de long, déterré en yreufant une
citerne près de Reggio. Jean Caffanion, dans un
ouvrage ayant aufli pour titre de Gigantibus, raconte
la découverte faite vers 1564, dans les
environs de Valence, de plulieurs os d’un géant
qui devoit lui paroître d’une taille bien extraordinaire,
puifque les deux dents qui les accom-
pagnoient pefoient chacune huit livres & etoient
îongues d’un pied.
La fuperftition & la crédulité ont même été
jufqu’à chercher de faintes reliques dans des débris
d’ Eléphans. Louis V ive s , favant auteur du
feizième fiècle , parle dans fon Commentarius ci-
vitatis D e i, S. Auguftini, de la dent de faint Chrif-
tophe, qu’ on lui fit voir dans l’églife de Valence
en Efpagne, & qui é to i t , dit-il, de la groffeur
du poing.
Onconnoît l’hiftoire de la découverte faite en
15 7 7, au pied d un chêne, dans les environs de
Lucerne, de divers offemens que le célèbre Félix
Plater, profeffeur de médecine à B â le , déclara
avoir appartenu à un homme de dix neuf pieds
de haut, & que les Lucernois choifirent pour faire
le fupport des armes de leur ville.
Le favant jéfuite Kircher, dans fon Mundus
fubterraneum, cite un tombeau de géant découvert
près de Cozence dans la Calabre.
Mais de toutes les decouvertes de ce genre,
celle qui fit le plus de bruit, fut celle qui eut lieu
dans une fablonnière des environs de Montricaut
en Dauphiné, fous le règne de Louis XIII , &
quipaffa pour être celle du fquelette de Teutobo-
chus , roi des Ombres, que Marius combattit.
On aflura qu’il avoit été trouvé dans un tombeau
long de trente pieds, qui portoit pour infeription :
Teutobochus rex. Un chirurgien de Beaurepaire,
nommé Ma^urier3 fit voir pour de l’argent ces
offemens à Paris. Il diftribua une brochure qui
donnoit le détail de la découverte & la deferip-
tion d’une cinquantaine de médailles trouvées
dans le même lieu, & qui portoient l’effigie & les
noms du conful romain. Deux écrivains du temps
prirent fait & caufe pour & contre cette découverte
} ce qui donna Heu à la publication de plu-
fieurs brochures, dans lefquelies les deux adver-
Gêographie-Phyfîque. Tome V ,
faires foutinrent avec acharnement leur opinion.
L’ un d’eux prétendoit que ces offemens ne pou-
voient être que ceux d’ un Eléphant. Il paraît qu il
eut gain de caufe. L e chirurgien Mazuner rut
accufé d’avoir fait faire fa brochure par un jéfuite
de Tournon, qui ne montra point dans cette fu-
pereherie une grande érudition, puifqn il fuppofa
des médailles romaines dont l’infcription étoit en
lettres gothiques. _ .
Il feroit trop long de relater ici toutes les de-
couvertes de prétendus géans faites a différentes
époques, foit en Angleterre, foit en Allemagne j
il fuffit de dire que tous ces grands offemens ap-
partenoient à des Eléphans, à des Maftodontes,
ou à des Rhinocéros.
Il falloit toute la force des préjugés d’enfance,
jointe à l’amour du merveilleux , pour que des
hommes d’inflruction & de fens priffent pour des
offemens humains des reftes d’animaux, dont
quelques-uns ont dû fupaffer la taille des plus
grands Eléphans connus. Aufli n’eft-il point extraordinaire
que plus tard on ait attribué a des
hommes les débris fofliles de plulieurs animaux ,
dont les os préfentoient par leur taille quelque
reflèmblance avec les os humains. Auffi, le fameux
Protée gigantefque, qui fut découvert il y
a environ un fiè c le , dans le calcaire d QEningen,
a-t-il été confidéré par Scheuchzer comme un des
reftes de la race maudite que detruifît le déluge
de Noé. Sous le nom à3Homo diluvii teflis, Scheuchzer
publia fur fa découverte & fur fa defeription
une favante differtation, qui obtint à cette époque
l’affentiment du Monde favant. Trente ans plus
tard, Geft’ner , examinant avec foin ce foffile , n’y
reconnut qu’une efpèce de poiffon ; enfin, M. Cuvier,
appliquant à ce monument précieux de l’ancien
Monde les principes de la théorie anatomique,
y reconnut, ainfi que nous l’avons d it,
i les reftes d’ une Salamandre, dont l’ analogue
n’exifte plus.
j Spallanzani regarda comme des offemens humains
les débris de quadrupèdes que l’on trouve
dans les brèches qui rempiiffent les fentes des rochers
de l’ île de Cérigo.
Le voyageur anglais Bowles eut là même opinion
dès os qu’il remarqua dans les brèches de
Concudj il crut y reconnoître des jambes & des
cuiffes d 'hommes & de femmes : c’étoient des offemens
d’Anes & de Boeufs.
Les prétendus crânes d’hommes trouvés dans
les roches calcaires des enviions d’Aix en Provence,
mieux examinés, ont été reconnus pour
des fragmens de carapaces de Tortues ; ce qui
avoit fait naître l ’idée de cette reffemblance, ce
font les futures qui fe remarquent fur ces carapaces.
M. Drapiez, dans fon Mémoire intitulé Coup
(Toeil minéralogique & géologique fur la province du
Hainaut, raconte que parcourant les carrières de
Brugelettes, un ouvrier lui demanda s’il cherchoic N