
maffes s'en détachoient à chaque inftant & rou-
loient dans le volcan, dont la flamme fembloit
s'accroître par cet aliment. M. Mackie faillit
être englouti par un affaiflfement qui fe fit fous
les pas. T ou t contribue à perfuader que ce volcan
a une exiftence nouvelle, & qu’une fource de
bitume y nourrit le feu fouterrain. Parmi les di-
verfes fubftances qu’il en rapporta fe trouvent,
outre de la houille, des morceaux de falpêtre,
d’alun & de foufre.
L’extrait que nous venons de donner de la
defcription de cette montagne, dont on eftime la
hauteur à 1,500 pieds, n’indique point un véritable
volcan } auffi M. Wilton , qui le vifita depuis
M. Mackie, confirme-t-il cette opinion en niant
l’ exiftence du cratère décrit par le premier, q u i,
fuivant M. W ilto n , auroit pris pour un cratère
une fimple excavation entre deux fommets d’ une
même montagne. 11 ne vit fur cette montagne
qu’une multitude de fentes & de cavités de diverfe s ;
largeurs5 il examina la plus large : le r o c , maffe
folide de filice, s’étoit féparé fur une largeur
d’environ deux pieds i on en pouvoit voir la face
fupérieure méridionale : la partie ainfi féparée
avoit gliffé, pour ainfi d ire , & coulé au fond
de la cavité, & formoit de cette manière la fur-
face convexe du roc échauffé, ce Je plongeai mes
regards, dit M. Wilton, au fond de la cav ité, à
quinze pieds environ de profondeur. Les parois
du roc étoient à la température de la chaleur
blanche, comme ceux d’ un four à chaux. Des
vapeurs fulfureufes & diverfes exhalaifons s’éle-
voient d’une plus grande profondeur : c’étoient
Véritablement les courans de la forge de Vulcain.
J’étois, ajoute M . W ilton , fur cette partie du roc
qui avoit été feparée d’en hautj e t , comme je
lançois des pierres au fond de la cavité, le bruit
qu’ elles faiioient en tombant fembloit mourir &
s’anéantir dans un vafte abîme au-deffous de mes
pieds. »
Cependant la colonne de vapeur fulfureufe que
M. Wilton a vu s’échapper des fentes de la montagne
j les criftaux emorefeens de foufre de
diverfes nuances, depuis le rouge-orange le plus
foncé jufqu’ à la couleur paille la plus p âle, qui
tapiffenc les bords de ces cavités} les pierres
vitrifiées, qu’ il avoue avoir trouvées fur le fommet,
où l'aétîon du feu eft la plus forte, fo n t, malgré
les différences*qu’il trouve entre cette montagne,
que les naturels nomment Wingen , & la plupart
des volcans, des caractères qui 1 en rapprochent
évidemment. Ajoutons encore, comme une nouvelle
induétion en faveur de fon origine volcanique,
que depuis l’etabliflement de la colonie
anglaife, plufieurs tremblemens de terre fe font
fait fentir dans la Nouvelle-Hollande. On en cite
dans les années 1788, 1800, 1804 &■ 1806. « En
1827, le 30 oCtobre, dit M. Wilton, le ciel étant
livide & l’atmofphère brûlante , un bruit éclatant,
femblable à la décharge d’ une pièce d’ ar- J
tillerie de fort calibre, fe fit entendre à Para-
matta. Lait, C reek , Profpeét & Sydney, dans
la direction du nord au fud. Un bruit femblable fe
fit encore entendre à Paramatta, vers 182y , & je
rus informe, d'une manière certaine, qu’un bruit
épouvantable, reffemblant à Pexplofion fubite
d une mine, fut fignalé dans le voifinagfr, &
partoit de la direction du Wingen, avant fa
decouverte en 1828. » 11 nous paroît bien diffic
ile , d apres tous ces faits, de ne pas regarder
cette montagne finon comme un volcan à cratère,
du moins comme étant d’une origine volcanique.
Si nous confidérons ifolr'ment la Nouvelle-
Hollande, parce qu’elle n’ eft point affez connue,
& que d’ailleurs les volcans qu’elle renferme
doivent former un fyftème à part, il n’ en eft
pas de même de la Nouvelle-Zélande, des îles
appelées Nouvelles-Hébrides 3 Santa- Cru:j , Salomon,
Nouvelle - Bretagne , Nouvelle - Guinée, Ces îles
forment une ligne volcanique, en arc de cercle,
autour de la Nouvelle-Hollande, qui va fe rattacher
aux Moluques & aux autres îles dont nous
avons déjà parlé.
Les volcans de la Nouvelle-Zélande font trop
peu connus pour que nous puiflions en fignalet
les plus^ importans : on fait feulement que la
grande île de ce groupe en renferme un confi-
dérâble. •
Dans les Nouvelles-Hébrides, le principal eft
celui de Tîle de Tanas que Cook vit lancer,
en 1774, des cendres, des flammes^ des pierres^
& La Peyroufe, en 179$, une immenfe colonne
de fumée.
L ’île de la Nouvelle-Bretagne, dans l’archipel
de ce nom, renferme plufieurs volcans : l’un
d’eux , aperçu le 29 juin 1793 P™ d’Entrecafteaux,
vomit une coulée de lave qui, en coulant juf-
qu à la mer, fit foulever & vaporifer une partie
de fes eaux.
L’une des plus intéreffantes lignes volcaniques
eft celle des îles de la Grèce. Elles font même,
ainfi que le dit judicieufemént M. de Buch,
les feules en Europe que l ’on puiffe, avec
quelque raifon, ranger dans cette catégorie.
Nous aurons occafion d’en parler, parce que la
difpofition de quelques-unes d’entre elles fe rattache
à l’explication de quelques-uns des grands
phénomènes.
La fécondé claffe, que M. de Buch reconnoît
dans la dilpofition des volcans, eft celle des
volcans centraux. Leur caractère eft d’être fitué
au milieu d’une grande quantité d’éruptions
partielles, qui ont lieu presque régulièrement,
tout autour. Les principaux volcans centraux
font les îles de Lipari , parmi lefquels Stromboli eft
un point d’autant plus important, fuivant le favant
géologue, pruffien / -qu’ il feroit difficile de ne pas
admettre qu’ il eft celui de ce groupe d ’où proviennent
les éruptions des autres îles j car, «outre
fa forme conique & régulière, dit il, cette île eft
de beaucoup la plus é le v é e , Sc fes émanations
gazeufes n’ éprouvent jamais d’intermittence i ce
qui lui a fait donner par les marins le nom de
Fanal de la Méditerranée. »
Les Champs Phlégréens forment avec les petites
îles voifines un feul & même fyftème. Ulfiande
préfente encore l’exemple d’un centre de volcani-
fation. Enfin , les Açores, les Canaries, les îles
du Cap-Vert y font autant d’exemples de volcans
centraux ; les îles Gallopayosi forment un groupe
remarquable & fort aCtif i les îles Sandwich ont
pour point central, pour principale bouche le
Mona-Huararaï, dans l’ île d’Owaihi} le pic d’ O-
ta'iù p ao ît avoir été le centre de volcauifation de
tontes les îles voifines ; l’archipel volcanique des
Amis- conferve en activité le feul volcan de
Toufoa y élevé de 3,000 pieds, & qui paroît
être en éruption continuelle.
CaraSteres des produits volcaniques. Nous avons
dreffé la lifte des fubftances minérales qui fe trouvent
dans les déjeCtions volcaniques des differens
âges î nous ne reviendront pas fur ce fujet, mais
nous donnerons quelques détails fur les matières
folides & gazeufes qui fortent des volcans. Commençons
par la traduction littérale de ce que
M. Lyell dit de la compofition & de la difpofition
des fubftances rejetées aujourd’hui par les cratères.
» Le feldfpath conftitue , en général, plus de la
moitié de la maffe des laves modernes. Une grande
abondance de quartz caraCtérife les granités,
autres roches anciennes , confidérées maintenant
par les géologues comme ayant une origine
ignée, tandis que ce minéral, qui n’eft rien
autre chofe que de la filice criftallifée, eft rare
dans les laves récentes, bien que le filex entre
largement dans leur compofition.
» L’amphibole, qui eft fi commun dans les roches
anciennes, eft rare dans la lave moderne î il ne fe
trouve non plus en abondance dans les roches
d’aucune époque, où fe fait remarquer beaucoup
de pyroxène. Le mica eft très - répandu
dans les laves où le feldfpath abonde ;
mais il fe. montre rarement où le pyroxène eft
en excès. Nous devons cependant nous garder
d’attribuer trop promptement à une différence
d’époque des caractères qui peuvent appartenir
aux circonllances différentes fous lefquelles les
produits du feu ont pris leur origine.
» Lorfque nous parlons des roches ignées de
nôtre époque , nous entendons la petite portion
qui fe trouve chaffee par les fluides élaftiques vers
la furface de la terre. Nous faisons Amplement
allufion au fable, aux feories & à la la v e , qui
fe refroidiffent en plein air$ mais nous ne pouvons
atteindre à ce qui fe congèle fous la preflion
de plufieurs centaines ou de plufieurs milliers
d’atmofphères. Nous pouvons, à la vérité, voir
dans les dikes du Véfuve des roches confolidées
de l’état liquide, fous la preffion de peut-être
mille pieds de la v e , & les roches formées ainsi
font plus ciiftallines & d’ une pefanteur fpéci-
fique plus grande que les laves ordinaires j mais
la colonne de matière fondue élevée au-deffus du
niveau de la mer, pendant une éruption du Véfuye,
doit être de plus de 3,000 pieds ae hautj celle de
l’Etna, de plus de 10,000 pieds 5 & nous ne favons
pas combien de milles de profondeur peuvent avoir
les conduits qui communiquent entre la montagne
& les la c s , ou mers fouterraines, de matières brûlantes
qui fourniffent les mêmes iffues volcaniques
depuis plufieurs milliers d’années, fans être
ép ni fées.
» La fortie continuelle de vapeurs chaudes de
beaucoup de cratères pendant les intervalles qui
féparent les éruptions & les changemens chimiques
qui s’opèrent depuis des fiècles dans
les fumeroles des volcans,prouvent que les foyers
volcaniques confervent conftammenc leur chaleur
interne, & nous ne pouvons pas le fuppofer autrement
} car , comme les courans de laves d'une
épaiffeur modérée demandent plufieurs années
pour fe refroidira l’ air libre, nous devons fuppofer
que les grands réfervoirs de matière en fufion,
à d’immenfes profondeurs dans la région inférieure
, confervent leur haute température &
leur fluidité pendant des milliers d ’années.
» Pendant le dernier s iè c le , on cite environ
cinquante éruptions des cinq volcans européens,
le V é fu v e , l’Etna, Vulcano, Santorin & l’Hékla ;
mais beaucoup d’autres fou* les eaux , dans l’Archipel
grec 5c proche de l’ iflande, peuvent, fans
aucun doute, avoir eu lieu fans qu’on les ait remarquées.
Si quelques-unes d’entr’ elles ne pro-
duifirent pas de lave, d’ autres, au contraire,
comme celle de Skaptaa-Jokul, en 1783 , v o mirent
de la matière fondue pendant cinq ou fix
années confécutivesi & ces cas, comptés comme
de fimples éruptions , doivent faire compenfation
pour celles d'une force inférieure. Maintenant, fi
nous confidérons que les volcans aCtifs de l’ Europe
conftituent environ la quarantième partie
de ceux qui font connus fur le globe , 8c fi
nous calculons que , l'un dans l’autre, ils égalent
à peu près en activité les montagnes brûlantes des
autres pays, nous pouvons fupputer qu’il arrive
fur la terre environ deux mille éruptions par
j fiècle, ou environ vingt par an.
»s Quelque peu confidérables quefoientles roches
fuperficielles que les opérations du feu produifeut
fur la furface, nous devons donc fuppofer les
changemens fouterrains en activité maintenant,
comme étant de la plus grande proportion. Les
cônes volcaniques les plus élevés doivent être
auffi infignifians, comparés aux produits du feu
dans les régions inférieures, que les dépôts
formés dans des embouchures peu profondes, mis
en parallèle avec les formations fous-marines qui
s’accumulent dans les abîmes de l’Océan. Quant
aux caractères des roches volcaniques formées