
Le volcan fitué par 42. deg. 25- à 3 ç min. de
Et:tu l e . entre Korgos, fur les bords de l'ili, &
Koutché, dans la petite Boukharie, appartient à
la chaîne du Thian-chan. Les auteurs chinois
le nomment P e - 'c h a n (mont blanc), Hochan
& Aghie (montagne de feu-), M. de Humboldt
rappelle qu'un écrivain chinois du huitième
liècle dit «« qu'à 200 li ( 20 lieues ) au nord de
la ville de Khoueï-tchéou (Kou-tché), par le
41 deg. 37 min. de latitude & 80 deg. 35 min.
de longitude e ft, s'élève le Pé-chan, qui vomit
ians interruption du feu & de la fumée ; que
c ’eft de là que vient le fel ammoniac ; que fur
une des pentes du Mont-de-Feu (Ho chan) toutes
Es pierres brûlent, fondent & coulent, & que
la matière en fufion durcit à mefure qu'elle fe
refroidit. Le Pé-chan .eft éloigné de 300 à 400
lieues de toutes les mers. A l'eft, toute la pente
feptentrionale du Thian-chan offre des phénomènes
volcaniques : des laves, des pierres ponces
& des folfatares.
A 140 lieues à l’eft du Pé-chan, on trouve.le
volcan de Tourfan ou de Ho-tcheou, qui ne vo mit
pas de laves, mais d'où fort continuellement
une colonne de fumée qui eft remplacée le foir
par une flamme femblable à celle d'un flambleau.
A 40 lieues à l’oueft de H o - tçh e o u , au pied
du gigantefque Bokhda-oola, fe trouve la grande
folfatare d’Ouroumtfi. A 140 lieues au nord-oueft
de c e l le - c i s’é lève une colline dont les fentes
font très-chaudes, mais n’exhalent pas de fumée,
& dans laquelle la pierre fe couvre d'efflorescences
ammoniacales. Tous ces points volcaniques
forment, avec l 'Aral^toubé, montagne conique
& infulaire du lac Ala-Koul, qui étoit en
ignition dans les tems hiftoriques, qui en eft
éloignée de 6 0 lieues, une région volcanique
de 2,500 lieues de fuperficie, & dont l'action a
Ion fiége principal dans le Thian-chan. Une montagne
d'ammoniac, fituée non loin de Pé-chah t
entre Koutché & Korgos, a été aufli un volcan
très-a&if, puifque la tradition porte qu'il vomif-
foit des torrens de laves.
Au nord & au fud de çette chaîne, on reffent
de violens tremblemens de terre. Dans la Sibérie
orientale, au nord du parallèle du 50e. degré,
le centre du cercle des fecouffes, dit M. de
Humboldt, paroît être à Jrkoutsk & dans le
profond baflin du lac Baïkal ou fur le chemin de
Kiakhta, furtout fur les bords du Djida & du
Tchik oï, où l'on remarque du bafake avec de
l ’olivine, de l’amygdaloïde cellulaire, de la çh a - .
bafie & de l'apophyllite. Au mois dr février 1829,
Irkoutsk fouffrit beaucoup de la violence des
tremblemens de terre; au mois d'avril fuivant on
reffentit aufli à Ridderski des commotions qui
furent très-vives dans la profondeur des mines.
ÎMais ce point de l'Altaï eft la limite extrême
4u cercle des fecouffes.
Au fu d tU à l ’o u e ft de cette région il exifte
deux volcans encore en activité : le Demavend,
le p;c le plus élevé des monts Elbours', & le
Seïban, couvert de laves vitreufes. L’ ifthme entre
la mer Cafpienne & la mer Noire offre une
région volcanique : on connoït les trachytes, les
porphyres & lés fources thermales du Caucafe.
Les fources de naphte & les falfes font nom-
breufes fur cet ifthme, principalement aux deux
extrémités : le volcan boueux de Taman eft le
pendant de celui de Bakou. Le 27 novembre
1827, dit M. de Humboldt, des craqueinens &
des ébranlèmens terreftres très - violens furent
fuiyis, au villâge de Gokmali, à trois lieues de
la côte occidentale de la mer Cafpienne , d’une
éruption de flammes & de pierres. Un emplacement
long de 200 toifes & large de 150,
brûla pendant 27 heures fans interruption, &
s'éleva au-deffus du niveau du terrain voifin.
Après que Us flammes fe furent éteintes, on
vit jailiir des colonnes d’eau qui coulent encore
aujourd’h u i, comme des puits artéfiens.
, Une furface de p’us de 18, coq lieues carrées,
comprife entre la Kouma, le Don, le Volga, le
Ja’jk , l'Obtchey-Syrt, le lac Akfakal, le Sihoun
inférieur & le Khiva, fur la rive de l’Amou-déria,
furface qui eft au-deffous du niveau de l'Océan,
& dont les parties les plus balles font le lac
d'Aral & la mer Cafpienne, eft un fait'Érès-
curieux dont M. de Humboldt a récemment vérifié
l’exa&itude, & qui, félon lu i, annonce un
affaiflèment du fo l , provoqué par l'aétion des
forces volcaniques. C e t affâiffement a été te l,
que les bords feptentrionaux du lac d'Aral font
à 31 toifes au-deffous du niveau de l'Océan,
& que les bords occidentaux de la mer Cafpienne,
au fud-oueft d'Aftrakhan, font à 50
toifes au-deffous. E t , pour le dire en paffant,
M.'de Humboldt admet comme une grande probabilité
que la caufe très-puiffante qui àgilfant
dans l'intérieur de la terre a produit, d'un côté,
cet affaiffement, & de l'autre le foulèvement de
l ’Altaï & de l ’Oural, a , par une aétion latérale
continuée, graduellement rempli 4e métaux les
fentes de ces deux chaînes.
M. Klaproth fignale encore, d’après l'autorité
des écrivains chinois, outre le Pé-chan, le Tour-
fan & l 'Aral-toubé, plulïeurs autres lieux volcan?*
ques dans 1*Afte centrale. Près d'Ouroumtfi, dans la
chaîne des monts Mouztagh ou Thiançhan, 'on
v o it, dit-il, un efpace de 100 lj (ou 10 liepes)"de
circonférence qui eft çouyert de " cendres vo-
lentes; fi l ’on y jette la moindre ch o fe , une
flamne éclate & çonfume tout en un clin-d’oéil.
On appelle ce lieu la Plaine enflammée. Les oifeaux
n'ofent pas voler au-deflps. Sur la frontière qui
fépare la province d'ili du diftriét d’Ouroumtii,
un goufre de 90 li ( 9 lieues ) de circonférence,
appelé la FoJJ'e des tendres, a 1’alpeét d'un étang
couvert de fel 5 mais fi un homme op un animal
marche fur cette abîme, il eft englouti à jamais.
Peu*-
Peut-être il faudroir ajouter à ces lieux volcaniques
un autre lieu, une caverne dans laquelle
on éprouve une chaleur fuffoquante, où la vapeur
en fe condenfant forme en abondance du
fel ammoniac. Cette caverne eft, fuivant le géo-«
graphe arabe Ibn-Kaukal, dans le mont Bocom.
L’immenfe diftance qui fépare cés lieux & ces
monts volcaniques de la mer, peut paroître un
fait inexplicable à ceux qui ont adopté l'opinion
fondée fur l’exemple des principaux volcans, aujourd'hui
en activité, fîtués près de la mer; c’eft
pourquoi l’exiftence des volcans du centre de
î'Afie a été controverfée ou révoquée en doute.
Pour pouvoir expliquer l’anomalie que préfente
leur pofition, on a fuppofé que, comme les anciens
volcans d'Auvergne^ ilsétoient entourés de
grands lacs dont l’ effet fuppléoit celui qu’on attribue
aux eaux de la mer; mais cette fuppofition
eft démentie par les faits. Le volcan de Tourfan
n’eft entouré que de lacs infîgnifians ; & le lac
Temourton ou Iffi-Koul, qui n’a pas deux fois
l’étendue de celui de Genèvre, eft à 33 lieues
du volcan de Pé-chan. On peut donc fans témérité
nier que les volcans aient befoin du voifinage
de grandes maffes d’eau pour, être alimentés.
_ Les bornés de cette région, au midi, contiennent
les parties lés plus feptentrionales de l’A frique,
& une portion du défert de l’Arabie.
Nous venons de citer, d’après M. de Humboldt,
les environs de Bakou comme étant volcaniques
: voici un extrait d’un rapport fait fur les
lieux, au lieutenant-général ruffe Sipkguin.e, par
une commiflion qu’ il chargea d'examiner lés phénomènes
qui fe développèrent en 1827 dans ce
pays. Près du village de Gakourali il s'éleva, le
27 novembre (9 décembre) 1827, à cinq heures
après midi, une vafte colonne de feu d'une hauteur
extraordinaire, accompagnée d'un grand
bruit. Après s'être;'foutenue à la même élévation
pendant trois heures, elle diminua fucceffivement
pendant vingt-quatre heures, reliant à la hauteur
de 26 pouces -de France. Lè' feu s’étendoit fur
un terrain de 2,915 pieds de longueur fur 1,300;
de largeur. Dans les premiers momens de l’éruption,
le volcan lança^ une grande quantité de
pierres en incandefcen'ce, ainfi que des maffes
d’eau ; mais la quantité de rnatières rejetées ’diminua
enfuite. Le terrain fur lequél fe développa
ce phénomène s’étend entre le pied des montagnes
& la mer Cafpienne. Il ne s'y eft point
formé de cratère, mais la place d'où s’éleva une
colonne de feu s'eft foülevée à là hauteur d’environ
3 pieds. Du refte, ce terrain reffemble à
un champ profondément labouré. Le feu de cette
nouvelle éruption eft à 6 lieues des feux anciens,
niais il n’ eft point accompagné d’autant de gaz
& n’exhale point une odeur de foufre. Près
du volcan, une fource marécageufe répand continuellement
des bulles d'eau d’ un pied & demi
Géographie-Phyflque, Tome AT
de diamètre & d’ un pied & demi de haut;
quelquefois elle lance des maffes d’eau qui ont
plus de 3 pieds de diamètres & prefque autant de
hauteur.
Dans la chaîne des monts Elbours, au fud de
cette mer, eft une haute montagne q ui, d’après
Morier, jette quelquefois de la fumée» & à la
bafe de laquelle fe trouvent plufieurs petits cratères
d’où l'on tire allez de foufre & de falpêtre
pour en faire commerce.
Continuons à fuivre M. I.yell dans le tableau
qu’il fait des grandes commotions produites
par les volcans modernes. Les contrées fituées
entre la mer Cafpienne & la mer Noire offrent
de nombreufes traces des commotions produites
par les feux fouterrains. Près de Tiflis, des
fiffures atteftent des changemens dans le niveau
du terrain ; ên/1814 » une nouvelle île s'éleva dans
la mer d’A zo f : Pallas avoit déjà remarqué à la
même place une éruption fou s-marine, de boue &
de pierres, accompagnée de feu & de fumée, &
du bruit du tonnerre ; on fentit en même temps
à Ténéreck de violentes fecouffes. Le C aucafe ,
qui abonde en fources chaudès & en eaux minérales
, fembleroit être -une bourfoufflure formée
par l ’aétion des feux fouterrains : ce qui le
prouveroit, c’eft la différence de niveau entre les
deux mers. Celui de' la mer Cafpienne eft de
50 pieds plus bas que celui de la mer Noire; Pal-
las a même remarqué , fous une ligne fablonneufe,
l’ancien lit d’ un détroit qui uniffoit jadis la mer
Cafpienne à celle d’Azof. Si nous nous dirigeons
vers l’orient & le midi , nous trouverons un
peu plus loin des traces des mêmes phénomènes.
M. Mouravief a fait connoître au monde favant la
Tradition confervée chez les Turcomans, d’un
tremblement de terre qui, en foulevant une partie
du terrain occupé par la mer Cafpienne, a formé
d’une portion de celle-ci le lac d’Aral. Les environs
d’Erzeroum, de Tauris & du lac d’Ôurmiah ,
préfentent des traces de phénomènes femblables.
Entre le Tigre & l’Euphrate, on éprouve de fré-
quens tremblenaens de terre, & l’ on rencontre,à
chaque pas des fources de pétrole. Près de Smyrne
il exitte un canton qui, dès la plus haute antiquité,
porta le nom de Brûlé, ce que confirme la
nature de fon fol. Les environs de T y r , d’Antioche
& de Laodicée ont été fouvent ravagés par
les tremblemens de terre. Nous n’ avons point befoin
de rappeler que la Syrie & la Paleftine abondent
en traces de volcans; les traditions relatives
à la mer Morte atteftent que les feux fouterrains
ont, dans cette dernière contrée, remué Je terrain
& détruit plulïeurs villes. Les voyageurs modernes
s’accordent fur l’exiftence de roches volcaniques
autour du lac Afphaltite.
Reprenons, d’après M. de Buch, l’énumération
des volcans en ligne. Les îles Kouriles,
entre le Japon & le Kamtchatka, nous en offrent
fe iz e , dont deux méritent d'être fignalés. Dans
V- v v v