
Horn jufqu'au nord du Mexique , ou meme peut-
être jufqu’ au Nouveau-Madrid, dans les Etats-
Unis. Quant aux limites occidentales de cette ré gion,
elles paroiffent être plongées fur les flots de
l'Océan pacifique, & doivent nous refter inconnues.
A l’e f t , elles ne fe prolongent pas à une
grande diftance, excepté le voifînage des A ntilles
; car il n’y a aucune apparence de convulsons
volcaniques à la Guiane, au Bréfil, ni à
Buénos-Ayres.
« Sur une échelle égale, linon plus grande encore,
dit M. Ly ell, eft une autre ligne continue d’aCtion
volcanique, qui commence aux îles AléÔutiennes,
dans l’ Amérique ruffe, s’étend d’abord à 1 eft
pendant un efpace de 200 milles géographiques
(»26 lieues), & enfuite vers le fud, sans interruption,
fur un efpace de 60 à 70 degrés de
la titud e, jufqu’aux Moluques, où elle prend
piufieurs directions à l’eft* & au nord - oueft.
-L’ extrémité nord de cette région volcanique eft
la péninfule d’Alaska, par le y je. degré de latitude.
De là , la ligne fe continue à travers
les îles Aléoutiennes, ou îles de Fox , jufqu’ au
Kamtchatka. Dans cet archipel, les éruptions
font fréquentes, & il s’y forma , en 1814, une
nouvelle île qui, d’après quelques rapports, a
a ,000 pieds de haut fur 4,000 de tour. Des tremble
mens de terre les plus terribles agitent &
changent le lit de la mer & la furface de la terre 3
daps tout cet efpape. La ligne fe prolonge par
l’extrémité fud de la péninfule du Kamtchatka,
où fe trouvent fept volcans aCtifs qui, d.ans quelques
éruptions, ont envoyé des cendres à une
diftance immenfe.
*> La chaîne des îles Kouriles forme la prolongation
de cette ligne , où une fuite de montagnes
volcaniques, dont neuf font reconnues
pour être en éruption, fe dirige vers le fud. Dans
ces îles & dans le lit de la mer qui les entoure,
des altérations de niveau ont été la fuite des
treinblemens de terre qui fe font fucpédé depuis
le milieu du fièçle dernier. Elle fe continue en-
fuite par 1 île de Ie fo , où l’on trouve des volcans
en activité i & par Nifon, la principale des
îles japo.naifes, où le nombre des montagnes enflammées
eft très grand : on y éprouve presque
conftamment de légers chocs de tremblemens de
te r re , & par intervalles il y en a de très-
violens. «
M. Klaproth, guidé par les écrivains japonais,
a fait connoître les volcans des différentes îles du
Japon : nous allons, d’ après fes recherches, en
donner un aperçu.
La grande île Kioufiou, par laquelle commence
le Japon au fud - oueft , eft volcanique ,
furtout dans fes parties occidentales & méridionales.
L’ Oun-^en-ga-dake (la haute montagne des
fources chaudes ) offre piufieurs cratères qui je-
coknt autrefois une boue noire & de la fumée.
Dans les premiers mots de l’année ■ 179-3., difM.'Klaproth
, le fommet de cette montagne s’affaifla ;
des torrens d’eau bouillante fonirent de toutes
parts de la ca vité qui en réfulta, & la vapeur qui
s’éleva au-deffus reffembloit à uné épaifle fumée.
Trois femaines p us tard , il y eut une éruption
au volcan de Bivo~ no-Koubi 3 à une demi-lieue
de diftance du fommet : la flamme s’éleva à une
grande hauteur j la lave qui en découla s’étendît
avec rapidité au bas de la montagne, & en peu
de jours tout fut en flammes dans une circonférence
de piufieurs milles. Un mois après , un horrible
tremblement de terre défola l’f le , fe répéta
piufieurs fo is , & finit par une éruption terrible
du mont Miyi-Yama , qui couvrit de pierres tout
le pays, & q u i , fuivant les hiftoriens chinois,
compulfés par M. Abel Rémufat, fauta en l’air &
retomba dans la m e r , en foulevant les vagues
qui engloutirent piufieurs habitations ficuées près
du rivage.
Le volcan Afo-Noyama jette des pierres accompagnées
de flammes colorées en bleu, en jaune
& en rouge. Enfin, la province méridionale de
Saifouma e 11 entièrement volcanique 8c imprégnée
de foufre ; les éruptions n’y font pas rares.
L’an 764 de notre è r e , trois nouvelles îles foc-
tirent du fond de la mer qui baigne le diftriCt de
Kioufiou , appelé Kaga-Sima ; elles font maintenant
habitées. Au fud de la pointe la plus méridionale
du Saifouma, Ivoo-Sima ( l ’île de foufre)
brûle perpétuellement.
L’an 28 y avant notre è r e , l ’île de Nifon pré-
fenta un phénomène volcanique mémorable : un
immenfe affaiffement de terrain forma , dans une'
feule nuit, le grand lac de Mitfou-Oumi ou Biva-
no'Oumi, appelé fur nos cartes le lac d'O'ù? , 8c
la plus haute montagne du Japon, le Fouji-no-
Yama , s’éleva du fein de la terre. Cette énorme
montagne pyramidale eft tellement élevée qu’elle
eft couverte de neiges perpétuelles ; c ’eft le volcan
le plus confidérable & le plus aCtif du Japon.
En 799, il eut une éruption qui dura trente-quatre
jours, & dont les cendres couvrirent tout.Je pied
de ia montagne & les cours d'eau du voifinage.
En 80a & 863 il y en eut deux ; celle de 864 fut
très-violente , la montagne brûla fur une étendue
de deux lieues géographiques carrées : de toutes
parts des flammes s’élevèrent à la hauteur de 12
to ife s , & furent accompagnées d’un bruit de
tonnerre effroyable j les tremblemens de terre fe
répétèrent trois fo is , & la montagne fut en feu
pendant dix jours Enfin, la partie inférieure creva,
une pluie de pi: rres & de cendres çn fortit, 8c ,
tombant en pa tie dans un lac , en fit bouillonner
les eaux & périr tous les poiffons. La dévaftation
fe répandit fur une étendue de trente lieues, &
la lave coula jufqu’ à une diftance de trois à quatre.
En 1707, dans la nuit du *3*. jour de la 11e.
lune, deux fortes fe cou fie s fe firent fentir ; le
Feufi-no- Yama s’ouyrit, jeta des flammes & lança
des cendres à la diftance de dix lieues ; le lendemain
l’éruption s’apaifa, mais elle fe renouvela
avec plus de violence le 2y 8c le 26 ; des mafles
énormes de rochers, du fable en incandefcence ,
& des cendres furent lancés : celles-ci couvrirent
le fol en quelques endroits jufqu’à la hauteur de
cinq à fix pieds. Près du lieu où fe fit l’éruption,
s’ouvrit un large abîme à côté duquel s’éleva une
petite montagne.
Quatre-vingt-deux arts avant J. - C . , la grande
île de Tfikoa-bo-Sima, qui exifte encore, fortit
du lac Mîtfou-Oumî.
Au nord du'lac Mitfou-Oumi, près des côtes
de la mer de Corée , fe trouve un volcan appelé
Sira-Yama ( montagne blanche ) > il eft couvert
de neiges perpétuelles- Ces mémorables éruptions
eurent lieu en 1239 & 1 yy4.
Dans une dès provinces centrale%de l’île , le
mont Afama-Yama ou Afama-no-Duke , qui eft
fort élevé, brûla depuis le milieu jufqu’à là cime,
jette une fumée extrêmement épaifle, & vomit
du fe u , des flammes 8c des pierres i Couvent il
lance des cendres fur toute la contrée voifine.
Dans une de fes dernières éruptions, celle de 1783,
qui fut précédée d’un tremblement de terre épouvantable
, il ne ceffa , pendant fix jours, de vomir
du fable & des laves , tandis que des gouffres
s’ouvrirent de toutes parts , & qu’un grand nombre
de villages furent engloutis par la terre ou
couverts par la lave.
Le volcan le plus feptentrional de Nifon eft
YYake-Yama ( le mont brûlant ) , qui jette fans
celle de s flammes ; d’autres montagnes , qui s’é lèvent
également dans la partie feptentrionaîe de
l’île , renferment auflî plufimrs volcans. Dans l île
à’ hfoy piufieurs montagnes jettent auflî des
flammes
Entre les îles du Japon 8c les Philippin:s, la
communication eftmainterîue_par de petits volcans
infulaires. L’ïle de Soufre ou Tanegafima, d'ans l’archipel
de Lieou-Khieou, jette des vapeurs fulfu-
reufes, & l’île Formofe a beaucoup à (ouffrir des
tremblemefls de terre. M. Klaproth nous apprend,
d’après les écrivains chinois, que cette île renferme
quatre volcans. Le mont Tchy -Kang (la
chaîne rouge), a vomi autrefois du feu} il s’y
trouve encore un lac dont l’eau eft thaude; Le
Phy-nan-mi-chan eft très-élevé & couvert de pins :
on y diftingue pendant la nuit une lueur qui ref-
femble à du feu. Le Ho-chan (mont du fe u ) , eft
rempli de rochers parmi lefquels coulent des
loutces dont l’eau produit conftamment des flammes.
Enfin, le Lieou-honang-chau (montagne de
foufrè ) jette continuellement des flammes à fa
bafe : on en extrait une grande quantité de
foufre.
A Luçon, la plus feptentrionaîe & la plus
grande des Philippines, il y a trois volcans en
activité. Il y eut auflî, en 1764, une éruption
a Mindanao. La ligne fe prolonge enfuite par Sanguir
& l’extrémité nord-eft de Célèbes (Macaf-
fa r ) , parTernate & T id o re , aux Moluques, &
entr’autres à Sumbava. On peut dire qu’il y a une
grande ligne traniverfale qui court de l’eft à
l’oueft ; du côté de l’oueft, elle traverfe toute
l’île de Java, où l’on compte trente-huit grandes
montagnes volcaniques, dont piufieurs jettent de
la fumée & des vapeurs fulfureufes. Le même
ordre linéaire eft coniervé dans les volcans ; mais
la ligne décline graduellement vers le nord-oueft,
de manière à fe diriger vers l'île Barren, dans
le golfe de Bengale, environ par le 12e. degré
de latitude nord. Dans une autre région , la chaîne
volcanique pàffe par Bornéo, Célèbes, Banda & la
Nouvelle-Guinée J & plus a l ’e ft, dans la Nouvelle
Bretagne, la Nouvelle-Irlande, & piufieurs
parties de l’archipel de la Polynéfie.
L’Océan pacifique femble, par les mêmes latitudes,
n’être qu’ un vafte théâtre d’aCtion ignée,
& fes innombrables archipels, tels que les Nouvelles
Hébrides, les îles des Amis, & les îles de
G eorge, paroiffent être formées, foit de calcaire
coralique ou formé de coraux, foit de rocs
volcaniques, où l’on trouve çà et là une iffue
en activité : la production abondante de carbonate
de chaux en diftillation offriroit une forte pré-
fomption en faveur de la conftitution volcanique de
ces parties , quand bien même on n’y trouveroit
pas de preuves pofitives de la préfence d’un agent
igné.
Si; nous tournons notre attention vers la partie
de l ’ancien Monde, qui, de temps immémorial, a
été agitée par des tremblemens de terre, & a
donné paffage fur certains points aux feux'fouter-
: rains, nous trouverons qu’eile prefente les mêmes
caractères. Cette région s’étend de l’eft à l’oueft ,
fur une longueur d’environ 1,000 milles géographiques
(1,330 lieues), depuis la mer Cafpienne
jufqu’aux Açores, comprenant dans fes limites la
; majeure partie de la Méditerranée , & fes pénin-
fules les plus confidérables. Du fud au nord, depuis
le 3 vc. jufqu’au 4JC. deg., fes limites au nord
font le Caucafe, h mer Noire, les montagnes de
. la Thrace, de la Tranfylvànie & de la Hongrie s les
Alpes autrichiennes, tyroliennes & suiffes; les
Cevennes & les Pyrénées, avec les montagnes
.qui en dépendent , jufqu’au nord du Tage.
La partie orientale de l’ancien continent ne
nous eft pas parfaitement connue, mais grâce aux
auteurs chinois qni ont fait mention de plufieuts
de fes volcans dans des écrits qui ont étefignalës
:àti monde favant par MM. Klaproth & Abel Rémufat,
& grâce aux obfervations récemment
faites par M. de Humboldt, dans l’Afie occidentale
& même jufque vers le centre de cette partie
du monde, on ne peut douter qu’il n’ exifte
une région volcanique dont quelques points font
encore en activité autour du grand défert de
Cobi. Nous allons en fignaler les principaux
foyers.