
rages, ou bien encore par des vignes dont les rameaux
s'étendant en feftons d'arbre en arbre.
IgâLes ray fans de Ttrcère font d'une race vigou-
reufe &r d'une frugalité remarquable» ils s’adonnent
avec zèle & même avec intelligence à l’agriculture,
à l'éducation desbeftiaux ou à la pêche. Les
f rmiers, paifibles & contens, mènent une forte
de vie primitive, fatisfaits d'échanger le furplus
de leurs productions contre des objets de luxe,
leur induftrie a rendu opulentes plufieurs familles.
Un phénomène qui pourroit fervir à expliquer
certains faits du domaine de la géologie & de la
géographie - phyfique fe développa, il y a un
peu plus d'un fiècle, aux environs de Tercère :
en 1719, plufieurs îles volcaniques lortirent du
fein de l'Océan; l ’une d'elles, la plus grande,
augmenta fucceffivement de grandeur: en 1720,
elle avoit trois lieues de diamètre. En 17 2 3 , elle
difparut comme fes compagnes, dz s'enfonça à 1 jo
mètres de profondeur. Ces faits font att-eftés dans
les Voyages de Fleuriau,
Nous rapporterons fur cet événement une réflexion
fort judicieufe de M. Alex. Brongniart:
«« Si les dimenfions déjà confidérables de cette
33 île euffent été plus grandes, f i , comme l’île de
33 Sobrina, qui a paru dans les mêmes parages en
33 ï Si 1 , elle eût apporté des fquelettes de poil- !
» ions & des roches calcaires, fi fon féjour hors !
» de j,a mer, au lieu d’être de trois ans , eût été j
33 long , elle eût pu fe couvrir de végéraux & fe j
33 peupler d’animaux, dont les dépouilles, enve-
33 loppées dans les dépôts d’eaux thermales cal-
33 carifères., auroient formé un calcaire lacullre
33 femblable au nôtre. Ce terrain lacuftre, en
33 rentrant dans la mer, eût été recouvert à fon
33 tour de produits & de dépôts marins 33
Ainfi, ajouterons-nous, cette île auroit montré
peut-être aux fiècles futurs un exemple de ces
alternances de terrains lacuftres & marins, qui
font encore énigmatiques pour beaucoup de
géologues.
ADDA. Nous ne parlerons de cette rivière,
dont la defcription a été donnée dans ce Dictionnaire,
que pour pouvoir parler de l’intéreflfante
vallée qu'elle arrofe.
La Valteline eft une vallée longitudinale des
A lp e s , appelée en italien Valle-Tellina, & formant
un pays particulier. Elle eft fituée fur le revers
méridional de la chaîne centrale des Grifons 3
fa longueur eft de 20 lieues du nord-eft au fud-
ou eft, depuis la gorge de Serra jufqu'au lac de
Côm e ; fa largeur elt d'environ 8 lieues, entre
deux montagnes nommées le Muretto & le Corno-
d'Ambria. L'Adda, qui l'arrose, eft renommée
par les énormes truites faumonées que l’on y
pêche 3 cette rivière reçoit feize ruiffeaux du
côté du fud & quinze du côté oppôfé. Au
fud , la chaîne du Legnone forme un des
côtés de la v a llé e , & s’élève dominée par un
beau glacier .& découpée en huit petites vallées
tranfverfales. Vers le nord, une autre chaîne,
celle du Bernina, eft furmontée de ghciers plus
confîdérables encore : quatre vallées fillonnent fa
bafe. Les pentes de la Valtelinè & principalement
celles du fud , font couvertes ae bois de
châtaigniers, de figuiers & de divers arbres qui
annoncent le climat de l’ Italie, tels que le grenadier,
l’olivier & le mûrier. Dans la zone qui
convient à fes arbres, la chaleur eft fi forte que
l’on eft obligé de planter des érables & des peupliers
pour mettre la vigne à l'abri des rayons du
foleil. Le fol fournit généralement quatre réco
lte s , dont les principales font celles des grains
d'hiver & celle du maïs, qui fe fait quarante
jours après que ce végétal a été planté : ce qui a
fait donner à fa-récolte le nom de quarahtino.
D'après cette defcription, il eft facile de re-
connoïtre que la Valteline eft une des plus
riches vallées de l’Europe ; depuis fon fol le
plus bas jufqu'au fommet de fes monts , elle
réunit la végétation de l’Italie à celle des
contrées feptentrionales, & les richeffès de la
végétation naturelle & de la culture aux beautés
fauvages qui diftinguerft les Alpes. Mais au milieu
de la plus belle verdure l’oeil eft frappé de la nudité
de quelques montagnes aux flancs décharnés ; de
toutes parts, les cafcades fe précipitent de différentes
hauteurs : quelques-unes mène dépaffent
200 pieds. On diroit que pour qu’il ne manque
rien à la variété des objets qui font la
richeffe de cette vallée, la.nature a fait fortir du
fein de quelques-unes de fes montagnes, des eaux
minérales qui ont acquis de la réputation par
leur efficacité. Par un contrafte affligeant, cette
vallée eft un féjour malfain.
AFFAISSEMENT. Voyeç E bo ulem en t.
AFRIQUE. Trente ans fe font écoulés depuis
l'époque oii notre favant prédéceffeur Defmareft
donnoit, dans ce Didtionnaire, le réfumé de tout
ce qu’on favoit alors de cette partie du monde.
On eft loin aujourd’hui de la connoître complètement
: cependant nous croyons devoir, par quelques
mots, reélifier ce qu'il en a dit.
Dimenfions. Cette vafte péninfule, qui tient à
l’Afie par l’ifthme de S uez , & qui n’eft féparée
de l’Europe que par le détroit de Gibraltar, a
1,820 lieues de longueur fur i ,6 jo de largeur,
7,000 lieues de côtes , & 1,7^0,000 lieues carrées
de fuperficie.
Golfes. Aucun grand golfe n'ouvre un chemin
vers l'intérieur de cette maffe de terre. Dans la
Méditerranée Tes principaux font, la Grande-Syrte,
vulgairement nommée golfe de Sydra, & celui de
Cubes ; dans l'Océan atlantique, celui de Guinée,
qui en comprend deux autres, celui de Bénin &
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celui de Biafra ; & dans la mer Rouge, celui
d’Aden, à l'entrée de cette mer, & celui de Sue%,
à fon extrémité.
Caps. Les côtes de l'Afrique forment un grand
nombre de caps, dont nous ne cirerons .que les
plus importans. 11 en eft d’abord quatre, qui ont
cela de particulier, qu'ils font exactement op-
pofés, de manière à indiquer les quatre points
cardinaux : ainfi, au nord, c'eft le cap Serrât;
au sud, celui de Bonne-Efpêrance; à l'oueft, le
Cap- Vert ; & , à l ’eft, celui de Guarda-Fui. Le plus
feptentrional eft le Cap-Blanc, dans la Méditerranée
; le plus rapproché.de l’Europe eft le cap
Ceutat dans le détroit de Gibraltar 3 enfin, la pointe
la plus méridionale eft 1 q cap des Aiguilles.
Fleuves. Ainfi que nous l'avons dit ailleurs,
l’hydrographie de l’Afrique1 eft encore imparfaitement
connue. Nous nous bornerons donc à
citer les plus grands fleuves.
Dans le baflïn de la Méditerranée fe jette le N i l ,
dont le cours, dans la direction générale du nord
au fud, eft évalué à 9J0 lieues, tk qui fertilife une
vallée dont la largeur moyenne eft d’environ
5 lieues ; le Djiddi, qui defcend du nord de l'Atlas.
Plufieurs fleuves, moins confîdérables que le N il,
fe jettent dans l'Océan atlantique, ce font le
Dour, le Rio-Grande 3 le Sénégal & la Gambie, le
Dialiba ou Dioliba, appelé auffi Joliba, qui ne
feroît qu'une rivière,-f i , comme on l’a prétendu,
il venoit mêler fes eaux à celles du Zaïre. On croit
que le Dioliba eft le même que le Kollah ou
Kouara, & qu'il eft identique avec le Niger.
Le Zaïre j ou Barbela, porte auffi le nom de
Coango ou de Congo, & traverfe cette partie de
l i Guinée méridionale appelée le Congo. La même
contrée eft arrofée auffi par le Coan^a, fleuve large,
rapide & profond, dont les eaux nourriffent le
crocodile &r~Thippopotame » l’ Orange, enfin, ou
le Gariep,eft le plus méridional de tous les fleuves
qui ont leur embouchure fur la côte orientale : on
lui donne 300 lieues de cours. Parmi les fleuves
qui ont leur embouchure dans l’Océan indien,
on doit citer le Zambèze, qui paroît être le même
que le Quillitnanci, fur la côte de Zanguebar; le
Loffifiy Aont on ne connoît pas la fource, quoiqu'on
l’ait remonté durant l'efpace de vingt-
cinq journées; & le Loren\o Marque^, qui a
fon embouchure dans une baie du même nom,
6 dont la navigation paffe pour être fort dan-
gereufe. Dans l’intérieur de l’Afrique, le Yéou
& le Charis que l’on croit être le Nil-Blanc, vont
réunir leurs eaux au lac Tchad ou Wangara.
Lacs. Nous venons de nommer le plus grand
lac de l’Afrique. ( Voye% W angara. ) Nous
allons en donner une courte defcription. Le
Tchad peut avoir environ 50 lieues dans fa plus
grande largeur du fud au nord, & 7 f dans fa
plus grande longueur de l’eft à l'oueft. La plus
grande partie de Ces eaux font douces, le refte 1
elt faum,âtre. Sur Ton.. bord occidental il reçoit !
les eaux du Yeou 3 au fud-eft le Chari s’y jette
par fept bras ou embouchures qui coulent au
milieu de terrains marécageux. Cette rivière eft,
félon le major Denham, identique avec un bras
du Kouara, fleuve dont la principale embouchure
eft dans la baie de Bénin. Au fud eft du lac
on voit s’en étendre trois petits remplis d’eau
douce; au nord, au contraire, & tout près de
fes bords s'étendent quatre autres petits lacs
falés 3 il en eft de même à Une vingtaine de lieues
au nord-eft. Le centre & la partie du nord-eft
du Tchad font remplis d’îles habitées par des
tribus de Beddoumahs, qui paffent pour'être des
Kaffirs.
' Nous citerons encore le Dibbie ou 1 e Lac-Noir,
dont on ne connoît point l'étendue, qui doit être
confidérable; on dit qu’il alimente le Dialiba. Les
autres font le Zarilanda, appelé communément
Aquilanda ; le Maravi, le Dembéa ou T\ana. ( Voy.
ces mots, ci-après.) Les prétendus lacs Mariout,
Edkou, Bourlos et Men^aieh, malgré leur grande
étendue, ne font que des lagunes formées par les
atterriffèmens ou le Delta du Nil.
Montagnes. Nous l'avons dit ailleurs, & nous
pouvons le répéter ici : quoique le continent
africain pofîede très - probablement des montagnes
qui confervent des neiges éternelles, même
fous l'équateur, on peut dire que les chaînes
africaines font plus remarquables par leur largeur
que par leur élévation. Si elles atteignent
une hauteur très - confidérable, c ’eft en s'élevant
lentement de terraffes en terraffes. Peut-être
même feroit-il moins hardi que jufte, de dire que
tout l’enfemble des' montagnes de l'Afrique ne
forme qu’un feul grand plateau, préfentant de
tous côtés des terraffes contiguës 3 c'eft du moins
l’opinion que l'on doit s’en faire, d’après le petit
nombre de celles que l’on connoît. Ainfi Y Atlas,
qui borde le continent du. côté feptentrional,
eft une férié de cinq à six petites chaînes qui
s’élèvent l ’une derrière l'autre, & qui renferment
un grand nombre de plateaux. Les monts Tchefty,
Gerboda & Haroutch, paroiffent être des branches
de l’ Atlas. La chaîne arabique reffemble à l'Atlas
par fes falaifes calcaires, qui en impofent à l'oeil
du voyageur, mais qui n’arrivent réellement
qu'à une très-petite hauteur. La Mokattan , montagne
qui en fait partie & q ui, fur un efpace
d’environ 10 lieues, s’étend près du Caire, sur
la rive droite du Nil, n’a pas plus de yoo pieds
au-deflus de la vafte plaine qu’elle domine. Les
montagnes de/ la Lune, en a n b e , cl - Kamar,
qui fcparent la Nigritie d’une immenfe contrée
plus méridionale, & prefque entièrement inconnue,
paroiffent s’étendre de l’eft „à l’ oueft,
dur un efpace confidérable. On les dit couvertes
de neiges perpétuelles ; ce qui, relativement à leur
latitude , fait fuppofer qu’elles s’élèvent au moins
à 2,300jitoifes au-deffus du niveau de l’Océan.-
Les fubftances que charrient les nombreux cour»
Q < m q 1
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