
dépôts lacuftre«. Quant à l ’origine-d’eau douce .
des marnes rouges, elle ne peut être douteufe ;
car aux preuves que nous,en avons déjà rapportées,
nous ajouterons que leurs couches inférieures
alternent parfois avec des calcaires d’eau douce
caraélérifés par de nombreufes coquilles fluvia-
tiles ( chemin de Malvezy à Mouffan, près Narbonne
) , & qu’elles fe lient de la manière la plus
intime avec les gypfes en maiïe, qu’elles recouvrent
fouvent immédiatement, comme on le voit
aux carrières de Malvezy.
Le b a {fin de Mouffan nous offre en effet de
ces alternances entre le calcaire moellon & les
marnes rouges, qui alternent également avec des
calcaires compactes fluviàtiles. L’ on y découvre
au-de (Tou s du diluvium, i° . un banc de calcaire
moellon cara&érifé par les mêmes 'efpèces foffiles
que l’on y voit à Roco Traomâdo ; z° des couches
puiffantes de marnes rougeâtres , avec gypfe
fibreux & lenticulaire; 30 un nouveau banc de
calcaire moellon ; 40. les mêmes marnes rouges
de la fécondé couche, mais d’une puiffance plus
considérable ; j ° . un lit de calcaire comparé
d'eau douce, avec planorbes & quelques lymnéés;
6°. les mêmes marnes rouges des fécondés & troi-
/ fiâmes couches ; 7”. des marnes bxunes d'eau
douce avec gypfe lenticulaire ; 8°. dés marnescal-
caires jaunâtres ; 90* des marnes calcaires brunes
& jaunes en lits alternatifs, trës-chargéès de gypfe
en maffe & de gypfe en fragmens : c'eft là le premier
fyftème du banc gypfeux exploité ; lo " . des
marnes argileufes bleuâtres ou grifatres, fans traces
de gypfe; u ° . l e fécond fyftèrriedu banc gypfeux
exploité, banc qui fe trouve mêlé de marnes
argileufes & calcaires avec de nombreux crittaux
de gypfe lenticulaire : l’épaîffeur de ce fécond
fyftème eft plus grande que celle du premier;
n ° . des marnes argileufes bleuâtres avec foufre
concrétionné tubuleux. ( V àyty la coupe n°. 6 ou
ces faits font indiqués fans détail )
Les localités que nous venons de citer offrent
d'autant plus d'intérêt, qu'elles prouvent, i ° . que
lesfilex meulières & les marnes rouges recouvrent
parfois le calcaire moellon (Roco Ttaomaio)-,
1°. que ce calcaire alterne auflï quelquefois avec les
marnes rouges flùÿiatiles, mais qu'il eft toujours
fupérieur au véritable fyftème gypfeux (Mouffan &
Malvezy ) » 3°. que comme les dépôts fluviàtiles
& marins alternent fouvent enfembie, ils doivent
avoir été formés à peu près fimultanément &
dans le baffin de l'ancienne mer, d'autant que
l'on n'obferve pas de pareilles alternances entre
les dépôts, lacuftres & marins.
Mais pour mieux faire faifir l’importance de ces
diverfes localités, donnons un apefÇu de la çom-
pofition la plus générale du baffin tertiaire dç
Narbonne.
Au-deffous du diluvium, l'on découvre le dépôt
lacuBre très-lî'mplé dans ce baflin; en effet,
il h'y eft compofé que de deux Couches : la prèmière
eft un calcaire caverneux en g r a n d& r compacte
en petit; la fécondé eft un calcaire fédimen-
tai're ou tu f rempli de débris ou d'empreintes de
véget uix. Ce calcaire doit s’être précipité fur les
végétaux en place, car ils font dans une pofition
verticale.
Le dépôt fluviatile paraît au-deffous du dépôt
lacuftre, Ses couches, les plus fupérieures font
formées par des marnes rouges avec gypfe fibreux
& lenticulaire , auxquelles fuccèdent des filex
meulières fans foffiles , mais offrant parfois de
belles lames de gypfe.
Au-defious de cet étage fupérieur du dépôt
fluviatile, fe montre le dépôt marin caraCterifé
d’abord par des fables marins coquilliers, lefqûels
alternent avec des grès marins ou fables endurcis.
Le calcaire mo.llon paroit enfuite : d’abord fa-
bieux, il devient de plus en plus calcaire & pierreux
à mefure que fes lits s’éloignent des fables.
Dans certaines localités ces bancs pierreux alternent
avec les marnes rouges d’eau douce. Des
marnes argileufes bleues caraCtéfifées par de nombreufes
coquilles de mer fuccèdent dans d’autres
localités & fans intermédiaire au calcairè moellon.
Elles font le plus généralement fuivies par les
mêmes marnes argileufes rouges fluviàtiles, qui
font partie de l’étage, fupérieur du dépôt fluviatile
, ou qui alternent avec le calcaire moellon.
' Ces marnes rouges alternent auffi elles-mêmes
avec des calcaires compares d’eau douce.; & ces
lits alternatifs" exiftent au-deffous du calcaire
moellon. Quelquefois au-defious de ces marnes,
on découvre des calcaires compactes fluviàtiles,
j remplis de tubulures finueufes & dont la puif-
fance eft des plus confidérables, comme, par
exemple, dans le baffin de Sigean. Enfin, ces
calcaires à tubulures finueufes recouvrent immédiatement,
fuivant les divers baffins où on les
obferve, ou des calcaires compares fluviàtiles
alternant avec des marnes calcaires ou argileu ïs ,
ou un fyftème de marnes calcaires endurcies ordinairement
fifliles & remplies d’un nombre confi-
dérüble de débris ou d’empreintes de végétaux.
Ces marnes fifliles, chargées principalement d’empreintes
de feuilles, de tigës ou de fruits, offrent
I âuffi quelquefois des reftes de poiffons, mais en
général trop brifés pouf être déterminables. Des
calcaires plus ou moins compactes, caraCtérifés
par des cyclades, des cyrènes & des planorbes,
accompagnent ces marnes fifliles, qui, à Arnillan,
ont un fi grand développement qu’elles y font
l’objet d’exploitations régulières. Comme elles
fe délitent facilement, elles fervent de dalles qui
forment un pavé allez folide.
: Sur le même horizon géognoftique que ces
marnés fifliles , ou peut-être au-defious de leurs
'couches, paraiffent les marnes accompagnées de
gypfe & les deux fÿftèmes de chaux fulfatée,
que nous avons, déjà décrits comme exploités à
Malyezy. Ces gypfes tertiaires font probablement
fùpérieürs
fupérieurs aux formations de lignite que l’on
exploite dans les environs de Narbonne ; quoique
dans d’ autres baffins très-rapprochés de celm de
Narbonne, ces formations de lignite ne foient
recouvertes que par des calcaires fluviàtiles à tubulures
finueufes, & des calcaires compactes plus
ou moins bitumineux.
Cette compofition, la plus générale dansffes
divers baffins tertiaires des environs de Narbonne,
prouve que dans ces baffins les dépôts fluviàtiles
ont été fingulièrement en excès fur les dépôts
marins, puifqu’ encore les étages moyens & inférieurs
de ces derniers n’y ont pas été aperçus. Les
alternances des formations fluviàtiles ( deuxième
terrain d’eau douce) avec les dépôts marins que
que nous avons fignalés le premier dans les baffins
tertiaires de la France, ne font pas moins nombreufes
dans les baffins du fud-oueft de la même
contrée. C es alternances font tellementmultipliées
dans le baffin de Saucats (environs de Bordeaux,
Gironde) , que d’après M. Guilland, l’on trouve
fur une hauteur de quelques pieds, jufqu’ à cinq
couches alternatives, dont trois ne préfententque
des coquilles marines & deux des coquilles d’eau
douce (O- Auffi, le nombre de ces alternats & la
foible épaiffeur des couches annoncent, félon
M. Guilland, uneefpèce de périodicité, & qu’une
même caufe a ramené après un certain temps des
couches analogues. Cette périodicité, qui a porté
le géologue que nous venons de citer à confidérer
cette fucceffion de couches diverfes, comme ne
conftituant qu’une feule formation lacuftre, femble
le réfultat de l’aCtion naturelle & fucceflïve des
fleuves qui fe rendoient dans le baffin de l’ancienne
mer. On ne concevroit pas trop la formation
des couches alternatives marines & d’eau
douce de Saucats, en les confidérant comme des
dépôts lacuftre & non comme des dépôts fluvia-
tiles ; furtour, fi l ’on fe rappelle que dans certaines
localités, par exemple celle de la Gaillarde &
de Caunelles près Montpellier, une feule couche
d’ une épaiffeur de quelques centimètres fe trouve
intercalée & comme noyée au milieu des couches
puiffantes des terrains marins fupérieurs. Cette
marne d’eau douce du baffin de Caunelles, chargée
de débris de Planorbes, de Néritines, de Lymnées ,
de Cyclades & de Mélanopfidesy a été peu épaiffe,
parce que le fleuve qui l’a dépofée dans le baffin
de l’ancienne mer n’entraînoit avec lui qu’une
petite quantité de limon. Les dépôts marins ont
été au contraire fort confidérables, parce que la
mer n’a pas abandonné le baffin qu’elle occupoit.
Mais ici, comme partout ailleurs, ces alternatives
n'annoncent nullement un déplacement momentané
du lit des mers. Ces alternances entre les dépôts (i)
(i) Bulletin cTHiftoire naturelle de la Société linnéenne de
Bordeaux, coin.' I , pag. iiÔ. Idem, Stati/lique du département
d é L‘ Hérault, pag. 576.
Géographie-phyfique. Tome K.
marins fluviàtiles & les dépôts marins ont du refte
lieu dans l’ époque géologique adtuelle. Les cotes
de la Méditerranée nous en offrent du moins des
exemples, furtout dans les lieux où les fleuves entraînent
d’abondans attériffemens. L’on peut citer
particulièrement les alternances de limons d’eau
douce & marins que l’on reconnoît dans les environs
de Maflillargues & de Saint-Laurent d’Aigoufe
à plus de 3 lieues (d e 5,000 mètres) du baffin
aCfuel de la Méditerranée. Des dépôts fluviàtiles
plus ou moins puiffans y alternent avec des limons
produits par les eaux des mers actuelles, bien
caraCtérifes par des coquilles marines, dont non-
feulement les genres mais les efpèces font identiques
avec celles qui vivent encore dans la Méditerranée.
Les dépôts fluviàtiles paroiffent avoir été produits
dansla plaine de Maflillargues par le Vidourle,
rivière dont l’impétuofité eft fort grande & dont
les attériffemens font extrêmement abondans, fur-
tout lorfque ce fleuve arrive dans la partie la plus
baffe de cette plaine. Quant aux dépôts marins,
leur origine ne peut être douteufe ; leur éloignement
du baffin aCtuel de la Méditerranée fait
affez préfumer que cette mer s’eft retirée depuis
une époque qui, probablement, n’eft pas très-
reculée des lieux qu’elle occupoit primitivement.
Ces dépôts marins, d’après la nature de leurs
limons & l’état de confervation des coquilles de
mer qu’ils renferment, appartiennent incontefta-
blement à l’époque géologique actuelle ; auffi,
rendent-ils allez vraifemblable l’opinion de certains
hiftoriens, qui ont admis que la Méditerranée
s’étendoit encore jufqu’à Aigues-Mortes dans le
treizième fiècle.
Quoi qu’ il en foit de ce point de fait, il eft du
moins inconteftable que les bords de la Méditerranée
, quelquefois même à plufieurs lieues de
diftance de cette mer, offrent de nombreufes alternances
de dépôts marins & fluviàtiles, foit qu’ ils
aient été produits dans le baflin même de la mer*
comme ceux des environs de Saint-Laurent & de
Maflillargues, foit qu’ ils aient été le réfultat des
dépôts marins apportés fur les côtes par des éruptions
fubites & violentes de la mer (Villeneuve
près de Montpellier). Dans ce dernier ca s , les
dépôts fluviàtiles font ordinairement moins abondans
que les dépôts marins, parce que la mer, en
fe retirant, laiffe fouvent des maffes d’eau confidérables
qui confervent d’ autant plus long-temps
leur degré de falure, qu’elles communiquent avec
la mer même dont elles proviennent. Si donc, de
pareilles alternances de dépôts fluviàtiles & marins
font le réfultat de caufes qui agiffent encore dans
la période géologique actuelle, n’eft-il pas préfumable
que celles qui ont eu lieu dans la période
antérieure à celle-c i, ont été produites par des
caufes analogues ?
11 fe produit également de pareilles alternances
dans nos étangs falés qui reçoivent de nombreux
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