
fieurs ordres de formations, ne défignent réellement
que de grandes alternances de couches
produites à une même époque & prefque fi-
multanément. En effet, ces alternances, jamais
régulières, n'offrent une certaine confiance que
lorfqu’elles ont eu lieu dans des baflîns qui réunifient
à peu près les mêmes conditions, comme
ceux de Londres & de Paris.
Dès-lors, comment ne pas reconnoître que les
terrains tertiaires ont été précipités dans la même
période géologique, lorfqu’on voit les lymnées
les planorbes caraétérifer les dépôts fluviatiles
confidérés comme les plus anciens, auflî bien que
ceux qui ont été regardés comme les plus récens,
& le rerfilicaté caraêtërifer les dépôts marins de
toutes les époques? Comment ne pas le faire,
lorsqu'on découvre les mammifères terreftres &
marins, & quelquefois les mêmes efpèces de
coquilles dans les dépôts fluviatiles comme dans
les dépôts marins ? Si leurs débris le rencontrent
dans l'un & dans l’autre de ces dépôts, n’eft - ce
pas parce que dans tel bafïin , ces débris étoient
entraînés avec une quantité tellement cônfidé-
rable de limons fluviatiles, qu’ils ont été entourés*,
tandis que dans tel autre, environnés de limons
marins, ils fe font folidifiés avec eux ? Commentp.e
pas reconnoître également que le tout a été précipité
dans le bafïin de l’ancienne mer, puifque
les dépôts fluviatiles font auflî bien mélangés de
productions marines, que les dépôts marins de
débris de corps organifés des terrés fèches ou
des eaux douces?
Les dépôts tertiaires produits dans le bafïin de
l ’ancienne mer, font tellement liés aux formations
volcaniques , qu’évidemment les* éruptions des
anciens volcans ont dû ce {Ter lors de la retraite-
des mers de deflus nos continens, puifqüe les
terrains volcaniques ne font jamais recouverts par
des couches marines, mais uniquement par des
dépôts lacuftres ou des terrains d’alluvions. Ainfi,
dans l’ ancien état de chofes comme dans les temps
préfens, les foyers volcaniques ont eu des relations
avec les eaux des mers > car ces relations
font telles que la plupart des volcans, brûlans ne
font pas à plus de douze lieues des mers actuelles,
& qu il en exilîe bien peu qui en foient à plus de
quarante-
Les terrains tertiaires ayant dû leur formation
à des caufes qui ri’agjffoient pas d’ une manière
confiante ni d’ une manière générale, préfentent
par cela même d’aflez grandes différences entr’eux,
l’oit de bafïin à baflîn, foit même d’une portion
d’un baflîn à un autre. C ’efl en effet ce que l’ on
obferve, en même temps que Ton remarque une
analogie frappante entre certains baflîns, foit
relativement aux détails de géographie phyfîque ,
foit aux faits géologiques. La fîmilitude elt telle,
fous ce dernier rapport, qu’elle fe foutient parfois
dans prefque tous les détails , &c que les
différences ne confident que dans des omiflions
& ne s’appliquent ni à Tordre de fuperpofition »
ni à la nature des roches & des débris orgniqnes.
Mais quelles font les caufes qui fetnblent avoir
déterminé l’identité ou la non-identité des dépôts
tertiaires dans tel ou tel bafïin > ou en d’autres
termes, quelles font celles qui ont produit la
diverfîté des dépôts tertiaires dans un même
baflîn, & l'analogie frappante qu’ils offrent parfois
dans des baflîns differens ?
Au premier aperçu, Ton c.oiroit que lorfque
des baflîns où le produifoient des dépôts tertiaires
étoient contigus, ces dépôts dévoient
être identiques j & q u e , lorfque fans être contigus,
ces baflîns étoient rapprochés^, il devoit
y avoir analogie entre les formations tertiaires ;
analogie qui devenoit de plus en plus foible , à
mefure que ces baflins, féparés par de grands
intervalles, recevoient des eaux courantes qui
avoient exercé leur aétion fur des animaux differens
de ceux dont les débris étoient entraînés
dans d’autres baflins.
Ces caufes, bien appréciées, nont pas eu toute
l’influence qu’on pourroit leur fuppofer, puifque
des baflîns tertiaires contigus font cçmpofés de
la manière la plus différente, & qu’ au contraire,
des. baflins éloignés les uns des autres ont une
compofition à peu près identique.
L'identitéou la non-identité des baflins tertiaires
femble donc dépendre d’autres caufes.
La plus influente paroît tenir à l’égale ou inégale
'diftance des baflins tertiaires des mers aéluelles,
ainfi qu’à leurs relations ou à leurs fituation à
Tégard de ces mêmes mers, puifqu*ils font d’autant
plus femblables entr’eux, qu’ils fe trouvent
à une égale diftance de l’Océan ou de la Méditerranée.
En général, les baflins tertiaires dépendant
de l’Océan ont une conftitution géologique
analogue, & les baflins méditerranéens, quelque
grande que foit la diftançe horizontale qui les
fépare, font femblables entr’eux & different beaucoup
des premiers, foit par par rapports aux formations
que Ton y obferve, foit relativement
aux efpèces des corps organifés erifevelies ou
mêlées dans ces formations..' Cette dillîmilitude
femble annoncer que les m-rs étoient déjà réparées
lorfque les dépôts tertiaires ont eu lieu dans
les baflins dépendant de TOçéàn ou des mers
intérieures j & auflî le niveau de ces dépôts femble
généralement plus élevé dans les baflîns tertiaires
que dans les méditerranéens j & les premiers
paroiflent également avoir une plus grande complication
Ôc une plus grande étendue.
En effet, l’analogie qui exiftè entre les baflSns
tertiaires de Londres■ & de Paris.eft frappante &
fe foutient dans les moindres détails. Ne feroit-ce
pas parce que ces deux baflins dépendant de la
même mer, fitués à une diftance à peu près
égale de l’Océan, comme en regard l’ un de
l’autre, à peu prés au même nivèau, traverfés
par deux grands cours d’eau, réunifient le plu$
grand
grand nombre de conditions communes, même
celle d’avoir une température peu différente.
C ’eft probablement à raifon de cette fimihtude
remarquable, qu’ ils doivent Tidentite de dépots
qui femblent s’être produits tous 1 influence de
caufes à peu près femblables à celles qui agiflent
encore. D ’un autre c ô té , l’analogie qui exifte
entre les baflins tertiaires qui bordent le littoral
de la Méditerranée, depuis l’extrémité de 1 Ef-
pagne jufqu’à. celle de l'Italie ». n’eft pas moins
frappante $ analogie qui paroît fe ioutenir jufque
dans les îles difféminées dans la Méditerranée.
Cette fimilitude, que M- Brongniart a fait reflor-
tir avec la rectitude qui lui elt propre, fe fuit
jufque dans les moindre circonftances, puifque
les mêmes efpèces fofliles fe. découvrent foit en
Efpagne , foit en Italie, foit dans le midi de la
France, dans des dépôts tertiaires produits à la
même époque , mais que Ton avoic cru appartenir
à des formations différentes (1).
Cependant les baflins de Bordeaux, & ceux
fitués au fud du Danube, (emblent auflî avoir
de nombreux rapports avec ceux de 1 Italie & du
midi de la France peut-être tout autant qu’ils
en ont avec les baflîns du nord de la France dépendant
de l’Océan. Quelle en eft la caufe, ces
divers baflins ne paroifiant pas fe rapporter aux
mêmes mers ? L’ on peut d’abord faire remarquer
qu'il n’y a pas identité entre le baflîn de Bordeaux
Ôc les baflins tertiaires de l ’Italie & du midi de
la France, mais feulement analogie. En effet,
fur 330 efpèces fofliles du baflîn de Bordeaux,
décrites par M. Bafterot, il n’y en a que 91 de
communes aux différens baflîns, tandis que 110
efpèces font tout-à-fait-particulières au premier.
Quoique ces nombres ne loient pas exaéts, puisqu’ils
ne font qu’en rapport avec le plus ou
moins de connoiffances acquifes jufqu’ à préfent
fur les fofliles de chacun des baflîns tertiaires, ce
que prouvent a fiez les travaux de MM. Defmou-
lins & Grateloup, depuis la publication de l’ouvrage
de M. Bafterot, ils peuvent cependant
nous indiquer qu’il exifte quelques rapports géologiques
entre les baflins Comparés (z).
O r , il faut rechercher quelles font les caufes
de l ’analogie qui exifte entre les baflins de Bordeaux,
de l’ Italie & du midi de la France. Mais
en recherchant ces caufes, il ne faut pas perdre
de vue qu’ un certain nombre des mêmes efpèces
de coquilles fe trouvent dans les temps ailuels
dans l’Océan comme dans la Méditerranée, &
que, puifque les caufes qui agiflent encore pa-
(l) Description géologique des environs de P a r is , pag.
i-B & fui Van ces. — Mémoires fu r les terrains de fédiment
Jupérieur de y ic en tin . — V oy e\ égale mène le travail remarquable
de M. Boué furie fud oueft de la France, A n -
nales des Sciences naturelles, août i8a4 -
(a) yoye% les Mémoires de ces habiles obfe.rvateurs,
inférés dans les Bulletins de la Société linnéenne de Bordeaux.
Géographie .phyfîque. Tome y .
roiflent avoir agi lors des dépôts tertiaires, il
n'eft pas étonnant que le baflin de Bordeaux
recèle quelques efpèces fofliles, communes aux
baflîns tertiaires rapprochés du littoral de la Méditerranée'(
1 ) . Ces efpèces doivent d autant plus
s’y rencontrer, que ce baflîn, comme celui des
Landes & des départemens du fud-oueft de la
France, font peu diftans des baflîns du fud qui
longent la Méditerranée.
Cette caufe peut bien avoir exercé quelque
influence fur l’analogie remarquée entre les baf-
fins comparés î mais elle ne Ta point déterminée.
La plus influente eft due fans doute à ce que les
dépôts tertiaires que Ton remarque dans ces
divers baflîns ont été produits les drr iers, les
baflins où ils fe trouvent étant tous fort rapprochés
des mers actuelles. A uflî, les terrains tertiaires
des baflins littoraux, foit de la Méditerranée
, foit de l’Océan, appartiennent-ils eflen-
tiellement aux formations fluviatiles & marines
qui femblentavoir été précipitées les dernières.
Les caufes de l’analogie qui exifte entre les
baflîns fitués au fud du Danube avec ceux qui
bordent la Méditerranée, ne font pas auflî faciles
à fai fi r. L’ on pourroit cependant obferver, que
les premiers de ces baflîns font beaucoup plus
éloignés de l’Océan que de la. Mediterranée, &
que leur pente générale eft vers cette mer, le
Danube allant fe perdre dans la mer Noire. Cette
dernière circonftance n’auroit-elle pas exercé quelque
influence fur l'analogie remarquée, les eaux
douces ou falées, en s’écoulant vers un meme
point &c dans une même direction , ayant pu
laifler des dépôts de même nature & caraÔérilés
par des efpèces identiques. On peut d’ au ant plus
le fuppofer, que nous verrons plus tard combien
les localités ont eu d’influence fur la nature des
dépôts tertiaires, & fur les efpèces des corps
organifés que Ton y voit enfevelis.
Ces faits s’accordent parfaitement avec cette
obfervation de M. Bafterot, que les coquilles
des baflins de même nature font d'autant plus
femblables que ces baflîns font moins éloignés.
Ils coïncident également avec cette remarque
faite par M. de Gerville, que les coquilles tertiaires
du Cotentin ont plus de rapports avec
celles des terrains tertiaires de l’ Angleterre &
des environs de Paris, qu’avec celles des terrains
analogues de Bordeaux, de 1 Italie, d Autriche
& du midi de la France (1). Ainfi , d’après 1 en-
(1) Parmi les efpèces vivantes communes aux deux
mers, qu'il nous firfHfc de citer.celles de ces efpèces qui
font les plus fréquentes, telles que : I®. la M a ü ra JluUorurji;
2°. la Rojlellaria pes p elica n i; '6° . le M u r ex trunculus ; 4°>
Turbo rugofus ; 5°. les Trockus qiÿphinus , conuloides Sc co n tins
; 6°. les Cardium echinarum & aculeatum; 70. tes peüen
opercularis & varius. (2) Mémoires de la Société d ’hi/loire naturelle de P a n s ,
ume vol. ire partie, pag. iij & Mémoires de la Soctçte
linnéenne de Normandie, tora. III, pag. 27. y y y