
veilleufement douce & unie, fans que nulle odeur |
défagréable s'en exhalât, pour peu qu'elles euffent j
foin de leur perfonne. Elles faifoient en général
un grand u(age de l'eau, & leur propreté étoit
extrême. Exceffivement Toupies, lafcives, & préférant
les Européens aux hommes de leur efpèce,
elles s'appliquent à prouver cette préférence par
mille raffinemens lubriques qui ne font guère connus
que des Chinoifes. Nubiles de très - bonne
heure , dès neuf à dix ans, on ’les dit moins fécondes
que les autres femmes. Leurs maris, indifféremment
monogames ou polygames, ne font
pas à beaucoup près aufli voluptueux qu'elles; ils
-ont la jambe fine & le pied aufli petit que bien
fa it, encore que nulle chauflure ne le contienne
dès l'enfance. Ils font généralement vindicatifs &
fans f o i , & rendent par leurs pirateries la navigation
des mers de J'Inde affez dangereufe. Les
hommes de cette race peuplent la côte orientale
de Madagafcar & les rives de Ceylan., les Lacdi-
v e s , les Maldives, l’archipel de Nicobar, une
partie du littoral de la prefqu’île indienne de 1*0-
rient, furtout la prefqu’ile de Malaca| la Polynéfie
entière jufqu'à Formofe au nord & à T im o r au
fud. J1 eft à préfumer que plulïeurs familles ma-
Jaifes fe font égarées dans l'Océanie, où leur mélange
avec la race fuivante a eau Té beaucoup de
modifications dans les traits ainfî que dans le
teint.
z°. Race océanique ( occidentale). Celle-ci
paroît s'être féparée de la première avant la con-
noiffance des métaux, fi toutefois elle n'eut pas
.un berceau différent. La Nouvelle-Zélande, où
l'on voit des monts fort élevés , & qui dut faillir
au-deffus de la mer quand la Nouvelle-Hollande
fe cachoit encore fous les eaux, nous fembleroit
être le lieu dont elle fort.it pour fe porter vers le
nord & dans tous les archipels de l ’Océan pacifique
que n'occupent pas des Mélaniens , des Papous,
ou même des Siniques & des Hindous, qui
ont aufli pénétré dans quelques parties de l’O céanie.
Le méridien delà Nouvelle-Zélande, qui paife
à peu près entre les îles Fidji &r des Amis, forme-
roic fa limite occidentale. Ainfî les îles Mtilgrave
s , Sandwich, des Marquifes, de la Société, des
Amis, & même l'île de Pâque, feroient exclufi-
vement peuplées par ces hommes dont les caractères
phyfiques font : une plus haute ftature que
chez les autres Neptuniens, une peau plus jaunâtre
ik moins foncée en couleur ; l'oreille naturellement
petite ; des cheveux toujours plats, courts
& plus fins ; des pieds gros & des jambes for te s ,
tandis que les Malais ont, comme nous l’ayons vu,
çe s parties élégamment proportionnées, & que
les Mélaniens & les Auftralafiens les ont au contraire
trop .grêles. Dans cette race, les hommes
font mieux faits que les femmes. Les charmes de
ces dernières furent néanmoins très-célébrés par
les premiers marins q u i, après les privations inséparables
dans leurs îles, difpofés i trouver tout beau. Elles
} font, au rapport de MM. Durville & Leflon, ob-
fervateurs e x a é tsp lu tô t laides que jolie s , avec
quelque chofe de groflier dans les traits, & de ce
qu'on défigne vulgairement par le mot homaffe ;
mais à l'exception de leurs pieds plats & communs
d'une longue navigation, abordèrent I
, les formes du refte de leur corps, des
hanches & des épaules, font parfaites ; la gorge
furtout eft exactement hémifphérique, bien placée
& des plus ferme, ce qui établît; un caractère
qu'on retrouve rarement hors des races pélage,
adamique, & de l’ efpèce hindoue. A la Nouvelle-
Zélande , les hommes & les femmes• l'emportent
encore fous le rapport des avantages'phyfiques >
mais tous font demeurés antropophages, & l'ah-
tropophagie, chez e u x , femble fe confondre avec
quelqu’aberration de culte, puifque &ës facrifices
humains y font pratiqués par des efpèces de prêtres
qui fe réfervent la cervelle des victimes,
comme la part la plus digne d’être offerte à la
Divinité. Parmi les intéreffans & nombreux détails
complétant c e qui vient d'être rapporté * & qu'a
recueillis M. Leflon fur la race oeéaniquë, nous
citerons le raffinement d’ antropophagie qü-î détermine
les chefs à fe réferver-quelque part choifie
de leur proie humaine. Dans, leurs croyances atroc
e s , ils placent dans le ciel quelques-uns de leurs
organes, qu'ils transforment en météores: arracher,
les yeux d?un ennemi, boire fon fang, dévorer
fes chairs palpitantes, c ’eft hériter de fon courage,
de fa valeur, commander à fon d ieu, 8c
enfin accroître ainfi la puiffance que chaque guerrier
ambitionne. Le voyageur Turnbull rapporte- qu’à
T a ït i, «« lorfque le corps d'un homme choifî pour
feryir de viCtime expiatoire eft dépofé fur le moraï,
on lui enlève les yeux pour les préfenter au roi fur
une feuille d’ arbre à pain ; celui-ci ouvre la bouche
comme pour avaler l'offrande : il eft fuppofé
en acquérir plus de force & d’adreffe. » Marfden,
dans fon excurfion à la Nouvelle-Zélande-, obférva
la même coutume ; & c'eft ainfi qu’un chef fau-
vage nommé Shongé, avoit arraché & dévoré les
yeux de plufieurs de fes ennemis , dans la ferme
perfuafion qu'il fe les approprioit, & que le nombre
des étoiles qui lui étoient confacrées au ciel
s’augmentoir ainfi de celles des chefs qu'il avoit
vaincus ; car, félon la croyance de ces peuples,
chaque oeil après.la mort eft une étoile qui brille
au firmament. A défaut d.e chair humaine, les Neptuniens
de race océanique mangent beaucoup
d’une racine de fougère très-nourriffante, ou des
mollufques qu'ils recueillent au rivage.
30. Race papoue ( intermédiaire) . Nous confi-
derons comme hybrides & formés de l'alliance
de i ’efpèce neptunienne & des nègres de l'Océanie
ou mélaniens, les Papous qui habitent une
prefqu’île feptentrionale de la Nouvelle-Guinée,
outre quelques petites îles des environs, telles
i que Waigiou., Sallawates, Gommen de Battenta,
• fituées entre les îles occupées par les deux races
précédentes
précédentes & les régions auftralafîennes. Selon
M M. Quoy & Gaymard, ils tiennent le milieu entre
les deux, fous le rapport du cara&ère, de la phy-
fionomie de de la nature des lieux. tandis que la
forme du crâne fe rapproche de celle qui paroir
propre à l ’efpèce neptunienne. Les Papous ont
en général une taille moyenne de paflab.ement
prife, encore qu’on en trouve beaucoup dont la
complexion eft foible & les membres un^peu grêles.
Leur peau , qui n'eft pas noire, eft d un brun-
foncé , comme mi-partie des teintes que prefe-n-
tent les types, du croifement delquels nous les
faifons defçendre ; elle eft fouvent affeélee d ef*
florefcences lépreules; leurs cheveux , également
intermédiaires, font trèwioirs, ni liftes, ni cre- -
p us , mais laineux, affez fins» frifant beaucoup
naturellement, ce qui donne à la tête un volume
énorme en apparence, furtout lorfque les Papous
négligent de relever leur force de toifon , & d en
■ fixer les flocons en arrière, ils ont peu de barbe ,
mais elle eft fort noire à la mouftache ; la prunelle
de leurs yeux eft de la meme couleur : encore
qu ils aient le nez fenfiblement epate, les lèvres
epaifles, les pommettes larges , leur phyfionomie
n'eft point dé (agréable, & leur rire n'eft pas grof-
fier. MM. Gaymard & Quoy ajoutent à ces pré-/
cieux détails des observations exactes de foit bien
faites fur la conformation oftéologique dé la tête.
Ces obfervàtions feront inférées dans la relation
du beau Voyage de M. le capitaine Freycinet,
où nous renverrons le ledieur.
La plupart des Papous compofent avec l’efpece
fuivante, les plus réellement (auvages de tous les
hommes. On a meme dit qu ns connoiiïoient a
peine l’ ufage du feu ; mais les voyageurs ennemis
de toute exagération , nient abiolument ce fait. Il
paroît, au contraire, que plufieurs familles de cette
race ont, dès les premiers temps où des Arabes
pénétrèrent dans la Polynéfie, abandonne leur
fetichifme pour embraffer la religion de Mahomet.
Haïs des autres hommes, comme fi le fort des
métis étoit partout de fe voir repouffer des bras
paternels, ils vivent dans une défiance mutuelle
&c permanente , & ne marenent qu armes de Leur
a r c , avec deux ou trois gros carquois bien munis
de flèches. " . .
M. Leflon ,.dans la partie zoologique du voyage
de La Coquille, que nous citons avec tant de plai
fir, parle (pag. 8^ & fuiv.) des Papous , mais il
les diftingue des Papouas. Les piemiers (ont évi-
demment des hybrides, dont il vient d etre ici
queftion ; les féconds, qu'il regarde comme une
variété trop peu diftinéte pour être traitée dans
un article à part, nous en (emblent, au contraire,
tellement éloignés , que nous n héritons pas a les
regarder comme appartenant à 1 efpèce mêlaiuenne
de la fedtion des Uiotriques, c eft-à-dire des hommes
à cheveux crépus , qu’on pourroit appeler a
toifon. M. Leflon peint fes Papouas riverains de
la Nouvelle-Guinee & répandus jufque dans la
Géographie-Pkyfique. Tomt V .
Nouvelle - Bretagne , la N o u v elle-Irland e, des
îles de Salomon, dec. (pag. 87), comme les negres
crifpà tord tique coma, de taille médiocre , mais
parmi lelquels on trouve de fort beaux hommes,
ayant les membres proportionnés, & fouvent des
formes athlétiques. Les moeurs des Papouas de
M. Leflon font, d’ailleurs, à peu près celles des
Mélaniens, que le (avant voyageur appelle Taf-
maniens, ce q ui, félon nous, décide de l’ideu-
tité.
VIII. E s p è c e a u s t r a l a s i e n n e ,
homo. aujlralaficus.
Defctiption. Dans cette efpèce, récemment dif-
! tinguée de la précédente, fi l ’on s’en rapporta
aux figures données par Petit ( planch. 2.0 & 18 )
dans l’Atlas de Freycinet & Péron, la boîte ofleufe
de la tête feroit ronde, & point déprimée fur le
vertex 5 mais les mâchoires très-prolongées antérieurement
y réduiroient l'angle facial a foixante-
quinze degrés au plus, & les dents y feroient fenfiblement
proclives, à la mâchoire fupérieure fur-
tout. Le front fuyant en arrière, les aiies du nez fort
largement relevees ; les lèvres, particulièrement
celle du haut, hideufement epaifles & proéminentes,
formant une forte de mufeau, y donnent
au viiage la plus déplorable refiemblance avec celui
des mandrils ; il n'y manque guère que ces rides
latérales & les couleurs vives dont la nature femble
fe plaire à enlaidir encore les grands finges ; mais
comme fi l’ A uftralafien eût envie ces bizarres attributs,
il emprunte de l’ art les teintes que la nature
lui refufe. ii barbouille fes pommettes proéminentes,
fon front, la pointe de fon nez légèrement
aquilin & fon menton carré, avec une terre d'un
j rouge de fang. Dans cette efpèce, ies yeux bruns
| & affez beaux paroiftênt bien plus grands que
chez les Neptuniens & les Siniques, & (ans aucune
exprefiion de férocité piononcée. L’arcade four-
cilière, fortement Taillante, fe couronne d’un poil
épais ; c ’eft par le milieu que la mouftache eft la plus
fournie ; les cheveux ne. font ni crépus , ni même
laineux ; noirs par flocons, ils femblent n’être jamais
aufli longs que dans les autres efpèces à cheveux
liffes, foit qu’on les coupe, foit qu’on les
laiffe croître le plus poflible fans ies attacher par-
derrière. Ces cheveux imitent communément,
dans un défordre qui n’eft pas difgracieux, ce
que l’on appelle en ftyle de mode, coiffure à la
Titus. La barbe femble être rare, particulièrement
au menton, mais alfez garnie en avant de l’oreille,
qui eft de taille moyenne, plutôt grande que petite
, affez bien conformée. La peau, couleur
de terre d’ombre tirant au biftre, rappelle celle
de certaines variétés de i’efpèce neptunienne;
mais au caraétère qui diftingue l’Aüftralafien de
tout ce que nous plaçons dans cette première
fedtion léiotrique, eft cette difproportion qu’on
retrouve feulement dans l’efpèce mélanienne, ûc
M m