
que dans celles de l'Etna ; mais leur exiftence
11'apporteroit aucun foutien à 1 hypothèfe d’une
grande cavité voûtée, ou bulle de 4 pilles carrés
d’étendue fur pieds de haut au centre. Il arriva
une nouvelle éruption de Jorullo en 1819,
mais vnalheureulement aucun voyageur européen
n’a vifité la place depuis , & les feuls faits connus
jufqu’ à • présent font qu’ il tomba des cendres à
Guanaxuato, qui eft à une diftance de r-40 milles
anglais de Jorullo, en telle quantité qu’ il y en eut
6 pouces d ’épais dans les rues, & que la tour de
Guadalaxara fut renverfée.
» Dans notre efquiffe chronologique, dit encore
M. L y ell, des changemens arrives dans le canton
volcanique des envirpns de Naples, entre Tépo-
que traditionnelle & l’époque hiftorique, nous
avons décrit le renouvellement des feux d’un cratère
central & habituel, & la çeffation prefqu’en-
tière d’ une férié d’éruptions régulières des iffues
fecondaires & indépendantes. Quelques archipels
volcaniques préfentent d’intéreffans exemples de
l’inyerfe de ce phénomène ; la grande ouverture
habituelle ayant été prefqu’entièrement fermée,
tandis que de,s éruptions violentes ont lieu de
diflërens points du lit de l ’Océan ou des îles
voifines, dans lefquelles, comme autrefois à If-
chia , de nouveaux cônes fe forment de temps en
temps. Les îles ; Canaries offrent maintenant un,
exemple de cet état de chofes. .
» Le plus haut cratère du pic de Ténériffe a toujours
été dans un état de folfatare depuis qu’il est
connu des Européens; mais plufieurs éruptions
ont eu lieu sur les côtés de la montagne; une, en
qui forfna une petite colline bz une autre
en 1704; de grands tremblemens de terre les
accompagnèrent, & lorfque la lave coula, elle
inonda une ville & un havre..Une autre'érup-
tion arriva en juin 1798, non loin du Commet
du pic. Mais ces émiflions latérales de laves,,
à de longs intervalles, peuvent être confédérées
comme d’une efpèce fubordonnée à la grande
décharge qui eut lieu dans les îles contiguës
de Palma & de Lancerote ; & faétivité momentanée
du pic peut être comparée aux éruptions
irrégulières déjà citées , de la folfatare, d'Arfo
à Ifchia, bz de Monte-Nuovo, qui ont éclaté
depuis le renouvellement des feux du Véfuve
en 79.
Eruption du Temanfaya. « Nous allons décrire,
dit M. Ly ell, une de ces éruptions infulaires
des Canaries, qui arriva à Lancerote entre
les années 1730 & 17 36 , parce que fes effets fu rent
remarquables. M. de Buch eut occafion,
lOrfqu’il vifita 1 î l e , en 181 y , de comparer les
rapports qui nous avoient été tranfmis fur cet
événement avec l ’état aétuel & géologique du
pays. Ce rapport a été principalement extrait par
ce favant du manufcrit de don Andrea Lo-
renzo.Curbeto, curé d'Yaira, point où l ’éruption
commença.
» .L e i er feptembre 1730,, la terre fe fendit
tout d*un coup à dtux lieues d’Yaira, Dans
une nuit, une colline confidérable de matière
vomie s’éleva , 8z quelques jours après une
autre iffue s’ ouvrit & donna paffage à un courant
de lave qui paffa par deffus Chinaufray & d’autres
villages. Elle .coula d’ abord rapidement comme
de l’eau, puis devint lente & lourde comme du
du miel. Le 7 feptembre., un roc immenfe fut
pouflé du fond de la lave avec un bruit fembla-
ble au tonnerre, & le courant fut obligé de changer
de route, du.N. au N. O ., de forte que Santa-
Catalina & d’autres villages furent engloutis. Il
n’ a pas été conftaté fi cette maffe fut pouffée par
un tremblement de terre, ou si e’étoitune maffe
d’ancienne lave lancée comme celle déjà citée en
1783 en Islande. Le 11 feptembre, il coula une
lave qui couvrit entièrement le village de Mafo,
& pendant huit jours elle fe précipita dans la mer
avec un rugiffement terrible. Une multitude innombrable
de poilîons morts flottoient, f’iir les
eaux, ou bien étoient jetés mourans fur le rivage.
Après un court intervalle de repos, trois
nouvelles ouvertures fe formèrent précifément fur
l’emplacement où le village de Santà-Catalina
avoit été confumé, & jetèrent une énorme quantité
de lapilli, de.fable & de cendres. Le 28 octobre,
le bétail, dans tout le pays, tomba-fuffoqué
par les vapeurs putrides qui fe condenfoient &
retomboient en gouttes. Le Ier décembre, un courant
de lave gagna la mer bz forma une île autour
de laquelle étoit jonché le poiffon mort. $ n’e.ft
pas néceffaire de citer d’autres endroits détruits
par des torrens de feu, ni une tempête qui fut également
nouvelle & effrayante pour les habitans, qui
n’en avoient jamais vu dans leur pays auparavant.
Le 10 de janvier 1731, il s’éleva une haute colline
qui, le même jour, s’engouffra dans Ton propre
cratère. Des ruiffeaux enflammés de laves en coulèrent
jufqu’ à la mer. Le 3 février un nouveau
cône parut ; d’autres s’élevèrent en mars, & répandirent
des torrens de laves. Nombre d’autres
cônes volcaniques fe formèrent ainfî fucceflive-
ment, jufqu’à ce qu’ enfin leur nombre s’éleva à
près de trente. En juin 1731» pendant le renouvellement
dès éruptions, toutes les berges & les
rivages de la partie occidentale de l’île furent couvertes
de poiffons mourans de différentes ef
pèces , entr’autres quelques-unes qui navoient
jamais été vues. De la fumée & des flammes s'élevèrent
de la mer, accompagnées de grandes dé-
tonnations. Ces commotions terribles durèrent fans
interruption cinq années confécutives,, & forcèrent
une grande partie des habitans à émigrer.
» Quant à la hauteur des nouveaux cônes, on
affura au baron de Buch que Santa-Catalina, autrefois
grande & floriffante, étoit enfe-velie sous
des collines de 400 pieds de hauteur, & il obferva
que le cône le plus haut de la férié eft élevé de
600 pieds au-deflus de fa bafe, & de 1,378 pieds
au-deffus du niveau de la- mer , Sz que plufieurs
autres étoient prefqu’aulii haut. Ces nouvelles
ouverturesétoient toutes rangées fur une ligne d’environ
2 mi les géographiques de longueur, & pref-
que dans la direétion de l’eft à l’ouelt. Si nous admettons
la probabilité de la conjecture de M. de
Buch, que ces iffues s’ ouvrent le long de la ligne
d’une fente ouverte, il femble néceffaire de fup-
pofer que cette fiffure fouterraine ne monta jusqu’
à la furface que par degrés, ou que la déchirure
étoit étroite, d’abord, ce qui arrive ordinairement
quand elles font formées par des
tremblemens de terré. La lave &. les fluides élastiques
pourroient s’échapper par quelque point de&
la fente où il y auroit moins de réfiitance, jufqu’à
ce que la première ouverture étant obftruée
par les déjeCtions ôc.la confolidation de la lave,
d’autres orifices s’ouvrent fuccelhvement le long
de la ligne de la fiflure primitive. M. de Buch
trouva que chaque cratère étoit plus bas du côté
où la lave avoit coulé, mais quelques-uns n’ à-
voient point de brèches, bz étoient fans courans
de laves -Dans un de ceux-ci il y avoir des fiffure s
ouvertes, d’où s’élevoîent des vapeurs chaïUes
qui, en 1815 , faifoient monter le thermomètre à
14p° (Fahrenheit), & qui étoient fans doute-au
point de l’eau bouillante-plus b \s. Les exha'aifons
confiftoient en vapeurs aqueufes; néanmoins, la
vapeur ne devait pas -être pure, car les ciëvaffes
en étoient incruftées de chaque côté par une forte
de filex (hydrate de fiîice, relfemblant àTopale &
dé couleur blanche ) qui s’ étendoit jufqu’ au milieu.
Ce fait;fimportant attelle la longueur de
temps pendant laquelle l'aCtion chimique peur
fe continuer dans les éruptions, & comment des
fiffures on verte,s- peuvent être remplies latéralement
par des matières minérales provenant des
exhalaiions volcaniques.-Les laves-de cette éruption
couvrirent prefqu’un tiers de toute l’île , formant
fouVent fur les plans légèrement inclinés,
de grandes plaques horizontalé-s de plufieurs lieues
ca:rées de furface, & -reffemblant beaucoup aux^
plateaux balai tique s d’ Auvergne.
» On obferva qu’une des nouvelles laves contenant
des maflts d’o ivines de'couleur vert olive
reffembloic à celles que l’on trouve dans une des
laves du Vivarais. M. de Buch fuppofe que les
grands criftaux d’olivine proviennent d’ un ba-
falte prëcxiftant & tondu par les v o ’cans moderr
nés, mais il n’ exifte pas de données fuffifantes
pour garantir une telle conjecture. Les roches les
plus anciennes de l’île conllituent en grande partie
cette efpèce de lave bafaitique nommée dote-
rite, quelquefois colonnaire, quelquefois amyg-
dalairey & reffemblant au balalte commun.
» Quelques laves récentes prirent en entrant dans
la mer une forme prifmatique ; elle reffembloient
tell; ment aux plus anciennes laves des Canaries,
quéla feule ditlinCtion géologique que M. de Buch
ait pu établir ën u’eües, c'eit qu’elles n’a!ternent
pas avec des conglomérats, comme les anciens
bafaltes. Quelques écrivains modernes ont
cherché à découvrir dans l'abondance de ces conglomérats
une preuve de la diffemblance de l’action
volcanique dans les temps anciens & les
temps modernes ; mais ce caractère doit plutôt
être attribué à la différence qui exifte entre
les opérations fous-marines & celles qui ont
lieu fur terre. Tous les blocs & les fragmens de
laves imparfaitement arrondis,.tranfportés, pendant
l’intervalle entre les éruptions, par les rivières
& les torrens, dans la mer voifine, ou qui
font arrachés par l’aétion continue des vagues, de
fa lai fes ious-minées, doivent s’accumuler en brèches
ftratifiées & en conglomérats, & être couverts
de nouveau par d’autres laves. Ceci a lieu
maintenant en Sicile, entre Catane & T re z z a , où
la mer fait tomber & couvre le rivage de blocs &
de cailloux , dés laves modernes de l’ Etna ; & fur
quelques parties de la côte d ’Ifchia, où de nombreux
courans de trâchyte font de la même manière
mines & taillés en précipices élevés. Aufli
fôuven't qu’une île eft, elevée dans un archipel
volcanique, par des tremblemens dû fond de la
mer, les lavesffondamentales & les plus anciennes
(relativement à tout ce qui eft au-deffus) peuvent
fouvent être diflinguées de celles qui ont été formées
fur la terre fermé par des éruptions fubfé-
quentes, par les couches alternées de grès & de
roches fragmentaire qu’elles préfentent. Le défaut
fuppolé d’ identité entre les phénomènes volcaniques
de différentes époques, Te réduit donc à
là diffé rencé marquée entre les opérations arrivant
fimultanément dëffus & deffous l’eau- T e l
"eft vraiment la fource, de beaucoup de nos plus
forts préjugés théoriques en géologie. Nous n’étudions
pas, & nous ne cherchons pas plutôt à expliquer
les produits fous-marins, que nous nous
Tentons, pour ainfî dire, hors de notre élément,• &
ne voulant pas avouer que notre extrême ignorance
des changemens qui s’opèrent maintenant
continuellement eft la caufe de notre perplexité,
nous nous réfugions dans une marche préexifiante
de la nature.
w Dans une partie confidérable de Lancerote, les
laves anciennes font couvertes d’une couche mince
de calcaire de 1 pouce à 2 pieds d’épaiffeur. 11 eft
dur,d’ une nature ftalaétitique & quelquefois ooliti-
que, comme le calcaire juraflique, & il contient
des fragmens de lave & des coquilles terreftres,
principalement des hélices & des bulimes.
M, de Buch imagine que cette remarquable couche
fupérieure a été formée par les furieufes
tempêtes du nord-oueft, q u i, dans l’h iver, chaf-
fent l’écume de mer en nuages fur toute l ’î l e ,
d’où des particules calcaires peuvent ê:re dé-
pofées en ftalaélites. Si cette explication eft correcte,
& elle femble très-probable, le fait eft
intéreffant, en ce qu’il attefte la quantité de ma-
| tière tenue en diflolution par l’eau de la mer,
A a a a a 2