
difons-nous, renferme auflî, avec des dents de '
Squale, des os de T ortu es , que Ton eft tenté de
rapporter au genre Chélonée.
Le grès marneux, connu fous le nom de pfam-
mife motlaffey parce que fouvent il eft très-tendre,
roche qui appartient, fuivant l’opinion de M. Bron-
gniart, aux dépôts fupérieurs au calcaire groftier \
des environs de Paris, & qui occupe quelques
vallées des Alpes , où elle forme des collines qui
s’élèvent quelquefois à plufieurs centaines de
mètres, contient aufti des fiagmens de Tortues.
Ceux qu’on a trouvés fur la rive droite de l'A a r ,
près de la ville d’Aarbouvg en Suiffe, appartiennent
à une Tortue d’eau douce du genre Emyde y
qui paroït avoir quelqu’analogie avec l’Emyde
d’Europe.
Le grès mollaffe du département de la Gironde,
particulièrement celui de Bonfac près la rivière
d'Ifle, & celui qui occupe les plateaux fîtués fur
la droite de la Garonne, entre la Dordogne, le
Lot & le Tarn, roche qui femble être analogue
à la mollaffe de SuiflTe, & qui repofe évidemment
fur un calcaire coquillier femblable à celui des
environs de Paris, contient aufti des reftes de
Tortues d’eau d ou ce , mais elles appartiennent
au genre Trionix. M. Cuvier Dit remarquer que
l ’une d’elles fe rapproche un peu de l’efpèce de
Java, mais qu’elle de voit être auflî grande que
celle du Nil.
Une autre efpèce, trouvée dans le grès îrçol-
laffe de Bonfac , devoit avoir, fuivant le favant
naturalifte dont nous réfumons ici les travaux,
jufqu’ à quatre pieds de long. Il lui a trouyé de
l’analogie avec YEmys ferrata.
L e terrain gypfeux tertiaire d$s environs d’Aix
( département des Bouches-du-Rhône ) renferme
des Tortues du genre Trionyx d’une efpèce inconnue,
quoiqu’elle offre quelque reffemblance
avec celle du Nil. On y a découvert des débris
foftiles que plufieurs auteurs croient être des
T ortues terreftres.
Les Trionix ont été reconnues aufti dans les
carrières à plâtre des environs de Paris : quelques
fiagmens paroiftent avoir de l’analogie avec le
Trionix; carinatus de M. Geoffroy Saint-Hilaire.
Mais les Tortues les plus abondantes dans nos
bancs gypfeux appartiennent au genre Emyde ; un
fragment d’os a offert à M. Cuvier la plus grande
reffemblance avec un os de Teftudo raàiata.
Si les terrains volcaniques de Hier de- France
peuvent, ainfi qu’on eft porté à le croire, être
cpnfidérés comme analogues à ceux de l’ Auvergne
& de l’ Italie, la roche calcaire qui les fupporte
doit appartenir à la même époque , c’eû-à-dire,
être aflimilée à celle de la formation tertiaire.
Ç ’eft donc à cette roche que je rapporte provi-
foirement le banc crayeux obfervé, dit M. C u v ie r ,
au lieu appelé les Quatre-Cocos 3 dans lequel on
a trouyé des ofièmens de Tortues qui reffem»
blent à h grande efpèce que Ton connoît fous
le nom de Tortue des Indes.
Enfin, les terrains de tranfport & d’alluvion,
tels que les dépôts de gravier & d’argile d’Haute-
vigne, dans le département de Lot & Garonne j
ceux du pied de la montagne Noire près de
Caftelnaudary; ceux des environs d’Avaray ; & en
Italie ceux de la province d’Arti; ceux du Val
d’Arno, recèlent aufti dés Trionix ainfi que des
Emydes.
Batraciens On n’ a aucune raifon de croire que
les animaux voifins de la Grenouille & de la Salamandre
aient vécu fur des terrains aufti anciens
que ceux de Glatis, dont nous avons énuméré les
poiffons > mais leurs débris, quoique rares, fe montrent
dans des terrains plus récens. Jufqu’ à préfent
on ne connoît d’entier à l’état foflîle qu’une efpèce
de Salamandre gigantefque, dont aucun analogue
n’exifte vivant, & dont la taille étoit de i mètre
10 centimètres.de longueur. Elle a été trouvée
dans le calcaire fchifteux d’CEningen. C e fingulier
animal eft celui dont Scheuchzer a regardé les
reftes comme ceux d’un homme, & qu’ il a appelé,
pour cette raifon , Homo diluvii teftis.
M ammifères marins. L’Océan de l’ancien
Monde a nourri, comme tout l’annonce, des
animaux d’une taille confidérable ; nous allons
. en juger en paffant en revue ceux dont on re?
trouve les offemens. Mais nous devons faire ob-
ferver ici que ces offemens font rares : nous en
donnerons plus tard les raifons.
Terrains tertiaires. — Jufqu’ à préfent ce n’eft
que dans ces terrains qu'on retrouve les débris
de ces mammifères, qui comprennent les Phoques,
les Lamantins, les Dauphins , les Hyperoodons^
& les Baleines.
Phoques. On connojt très-peu d’offemens de ces
animaux; M. Cuvier ne cite que deux efpèces,
dont les os ont été retirés des roches calcaires
des environs d’Angers. Elles font différentes de
celles qui vivent dans nos mers; l’une eft deux
fois aufti grande que le Phoque commun ( Phoca
vitulina ) ; l’autre eft un peu moins grande.
Lamantins. Les efpèces de ce genre que l’on
a trouvées foftiles dans les environs d’Angers &
de Bordeaux, font aufti différentes de celles qui
exiftent, que les Phoques foftiles le font des vi-
vans. Ces Lamantins paroiftent être voifins de
ceux du Bréfil, quoique d’ unq autre efpèce ; ils
i font aufti d’ une dimenlion plus confidérable. Il eft
à remarquer que ces animaux, qui ne vivent que
1 fous la zone torride, ont dû être très-communs
dans l’Océan qui a couvert le fol de la France,
puifqu’on les trouve non-feulement dans les cal-
| caires de formation tertiaire d’Angers & de Bordeaux,
mais encore à l’île d 'A ix, & dans les environs
d’Etampes, de Mantes, de Longjumeau.
Dans cette dernière localité, ils gifoient dans la
formation marine fupérieure au gypfe. On en a
trouvé aufti des offemens en crepfant les puits de
la pompe à feu qui remplace l’ ancienne machine
de Marly. . . . . . . , ,
Dans le terrain argileux de la cote occidentale
du Maryland, en Amérique, on a découvert des
offemens foftiles d’une efpèce gigantefque de Lamantin
appelée Manatus.
Dauphins. Le fquelette prefqu’entier d’un de
ces animaux a été découvert, en 1793 » Par.Je
favant géologifte italien Cortefi, dans 1 argile
marine bleuâtre de la colline de Torazza près du
ruiffeau de Stramonte, non loin du mont Pul-
gnafco, dans la vallée du Pô. D ’après les dimen-
fions de fes offemens, l’animal pouvoit avoir environ
treize pieds de long. M. Cuvier le regarde
comme étant d’une efpèce différente de toutes
celles que nous connoiffons.
Une tête appartenant au genre Dauphin, a été
découverte dans une falunière des environs de
Dax. Quoiqu’ elle fe rapproche de celle du Del-
phinus frontatus, elle doit prendre ràng parmi les
efpèces inconnues ; elle annoncé d’ailleurs une
taille d’un quart plus grande que celle du D.fron
tatus. M. Cuvier a calculé qu’à l’étàt vivant, l’efpèce
foflîle devoit avoir environ neuf pieds de long.
Un ftagment de mâchoire, découvert dans la
localité précédente, fait pféfümer l’antique exif-
tence d’un Dauphin voifin de l’efpèce commune.
Mais le favant anatomifte a reconnu aufti, dans
un autre fragment trouvé dans le calcaire greffier
qui, dans le département de Maine & Lo ire,
borde les deux rives du Layon, une efpèce
entièrement différente de celles qui exiftent.
Hyperoodons. Ces animaux marins, qui E r rent
de paffage des Dauphins aux Cachalots, ont
laiffé dans nos formations calcaires des débris
plus ou moins confidérables. Une tête pétrifiée,
très-voifine de ce genre , trouvée en 1804 fur la
côte de-Provence, entre le village de Fos &
l'embouchure du Galégeon , a offert à M. Cuvier
une efpèce inconnue, à laquelle ii donne le nom
de Ziphius caviroftris.
Differentes portions de têtes pétrifiées ont été
découvertes en i8 i l à une vingtaine de pieds de
profondeur, lorfque Napoléon fit faire les magnifiques
travaux du port d'Anvers. Ces offemens
©nt fourni à M. Cuvier une nouvelle efpèce de
fon genre Ziphius t à laquelle il a donné le nom de
Z . planiroftris.
Les travaux d’Anvers, infpeêtés par le général
Dejean, ont mis à découvert les couches ci-après,
fuivant la note qu’il en adreffa, avec les offemens
, au Muféum d’hiftoire naturelle de Paris :
t°* Terre mêlée de décombres...............
a°. Terre végétale.................................. .... ©,6y
3°- Terre glaife & tourbeufe.. . . . .........©,50
4®. Sable gras mêlé de coquilles.............. ©,60
j u. Sable brun.................. * ...........i ............. j^oü
6°. Sable pur gris-verdâtre......................... 2,50
7*. Banc de coquilles..................................0,20
8°. Sable noir un peu vafeux..............* . . ô,*q
T o t a l . . . .........................
Géographic-P'hyfique. Tome V.
C ’eft dans la dernière de ces couches que les
offemens de ce Ziphius furent trouvés. Leur dureté
, fi différente de celle des autres foftiles du
même gifement, annonceroit, félon M. Cuvier ,
qu’ ils ont été tranfportés, par un courant, d’un
autre lieu dans ce dernier ; & ce qui confirmeroit
cette opinion , c'eft que leur furface ufée prouve
qu’ils ont été roulés.
Enfin, M. Cuvier a remarqué dapsles galeries
du Muféum d’hiftoire naturelle un fragment de
mâchoire pétrifiée, dont on ignore la localité,
& qui diffère des précédens en ce que l’animal
devoit avoir le mufeau plus alongé ; il en a fait
fon Ziphius Longiroflris.
Baleines. La vallée du Pô recèle des offemens
de Ces grands animaux marins. C ’eft fur le flanc
oriental du mont Pulgnafco, e’eft-à-dire , à l’op-
pofé de la Toratfa , colline dont nous avons parlé
plus haut, que M. Cortefi découvrit, en 1806,
des cô te s , des vertèbres & plufieurs autres portions
de fquelette d’ une Baleine du fous-genre
Rorqual y mais d'une petite taille, puifqu’ en ref-
tituant les portions qui manquoient à ce foflîle ,
fa longueur totale n’auroit été que de vingt-un
pieds. Ces offemens, empâtés dans une argile
bleuâtre, repofoi'ent à mi-côte du mont Pulgnafco,
dont l’élévation eft de 1200 pieds au deffus de la
plaine.
En Angleterre, près de Dingwal, on a trouvé
dans l’argile bleue à coquilles marines un fquelette
de Baleine. D ’autres couches argileufes de
la même contrée ptéfentent de pareils offemens.
L’ argile de l’Amérique du Nord renferme auflî
des vertèbres de Cétacés.
Les débris de Baleines ne font pas rares en
France; on en trouve à Saucats près Bordeaux
dans le calcaire groftier fablonneux. On en trouve
auflî dans les terrains parifiens.
En 17 79 , un marchand- de vin de la rue Dauphine
à Paris, crenfant dans fa c a v e , découvrit
dans une argile jaunâtre & fablonneufe, un os
qu’ il b ri fa, pour ne pas fe donner la peine de le
retirer entier. C e fragment pefoit 227 livres. La-
manon St Daubenton publièrent leurs obfervations
fur ce foffile , qu’ ils jugèrent être un cétacé ; mais
ils fetrompèrent tous deux fur l’efpèce à laquelle
il appartenoit, & fur les dimenfions que devoit
avoir l'animal. M. Cuvier eut feul le talent de
décider la queftion. La comparai fon qu’ il a pu faire
de cet os avec les os de Baleines qui font dans
lt s galeries d'anatomie du Muféum d’ hiftoire naturelle
, l’ont conduit à y reconnoïtre un fragment
de mâchoire plus petite que celle de la Baleine
du Groenland, & qui n’annonçoit dans le foflîle
qu’une longueur d’ environ foixante pieds, en y
comprenant l'épaiffeur des lèvres & la nageoire
caudale. ILpenfe auflî que cet ofièment a appartenu
à une efpèce inconnue.
OisitAtirx. Les naturaiiftes les plus înftruits ont
I long-temps révoqué en doute l’exiftence d’offe