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P 'r le terrain, la partie centrale ou fupériçure
raift.it graduellement faillie, & , n’étant pas foxu-
ten ue , tomboit, elle étoit couverte à ibn tour
par une maife plus liquide qui y arrivoit du deffus.
C e courant avoit toute l'apparence d’un tas de
rude & gros braiier roulant fur lui-même continuellement
par l'effet d’une impulfiôn extrêmement
lente. La contraction de la- croûrê, à
mefure qu'elle fe folidifioit & la friétion des
petites boules de fcories les unes contre les
autres, faifoient entendre un craquement. On pouvoir:
voir, la nuit, un rouge obfcur dans les cre-
vailes, & le jour, les nombreufes vapeurs qui
en fortoient.
» Le pouvoir de ronger & de transporter, que
poffède l'eau courante, eft rarement exercé avec
force fur l'E tna, la pluie qui tombe y étant immédiatement
imbibée par les laves pore ufes: en forte
q ue, quelque vafte que foit l’étendue de la mon-,
tagne, elle n’entretient que quelques petits ruif-
feaux, encore font-ils à fec la plus grande partie
de l'année. Les énormes blocs arrondis de trachyte
& de bafalte, dont une ligne s'étend depuis la
mer, près de Giardini, par Mafcali & Zafarana,
jufqu’ à la vallée del Bove, offriroient, à caufe de
cela, un problème émbarraffant pour le géologue,
lï l'hittoire ne nous avoit pas confervé le for. venir
de l'inondation terrible qui arriva dans ce canton
en 1755. Il paroît que deux ruiffeaux de lave coulèrent
cette an'née, le 2 mars, du cratère le plus
élevés ils furent auftitôt précipités fitr une énorme
malle de neige qui couvroit alors la montagne
& étoit très-épaiffe vers le fommet. La Fufîon
foudaine de cette matière glacée, par un tori\- nt de
feu d e3 milles delongueur, produifit une effrayante
inondation qui dévafta les côtés de la montagne
j afqu'à 8 milles de diftance , & couvrit enfuite
les flancs intérieurs de l'E tna, aux endroits les
moins efearpés, & les plaines près de la Méditerranée,
de grands dépôts de fable, de fcories & de
blocs de lave. Plufieurs hiftoires abfurdes circulèrent
à ce fujet en Sicile : on difait que l'eau étoit
bouillante, qu'elle avoit été vomie par le cratère
le plus élevé, qu'elle étoit auffi falée que
la mer &. pleine de coquilles marines s mais
c'étoientde pures inventions auxquelles Recupero,
bien qu'il les rapporté comme des contes de
montagnards, femble avoir p eu t-ê tre attaché
trop d'importance. Des inondations d’ une violence
confidérable ont été quelquefois produites
fur l'Etna par de fortes pluies, aidées, probablement,
par la fonte des neiges. Par cet.te caufe
feu le , en 1761, quatre-vingts habitans d'Aeira-
tena furent tués, & un grand nombre de leurs
maifons emportées.
m On a fait fur l'Etna la découverte remarquable
d'une grande maffe de glace confervée peut-être
depuis desüècles, par le fait fingulier qu’elle avoit
été recouverte par un courant de lave échauffée au
rouge.Voici des détails quiatteftem unphénomène
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quiV.oit, à la première vue, prèle mer un caractère
auflî paradoxal. La chaleur extraordinaire éprouvée
dans le fud de l'Europe, pendant l'été & l ’automne
de^ 1828 , fit que les provifîons de neige & de glace
qui avoient été çonfëfÿées dans le printemps de
cette année, pour l'ufage de Catane, des parties
voifines de la Sicile & de l’ île de Malte, manquèrent.
Une détreffe confidérable fe fit fentir par
fuite de la difette d'une denrée regardée, dans ces
contrées, comme un objet de première néceffité
plutôt que comme un article de lu xe, & de
1 abondance de laquelle, dans quelques grandes
vides, dépendent, en quelque forte, la falubrité
de l’eau & la fan-té des habitans. Les màgiftrats de
Catane s’adreffèrent à M. Gemellaro, dans l'efpé-
rance que la connoiflance locale qu’il avoit de
l’E tna, le mettroit à. même d'indiquer quelque
crevaffe ou grotte, naturelle de la montag-e où de
la neige auroit pu être confervée. Ils ne furent pas
fr-uft r es de leur efpoirj car il avoir long-temps foup-
çopné qu'une petite maffe de glace perpétuelle, au
pied du cône le plus élevé, fiifoit partie d’un glacier
continu & plus grand, couvert par un courant
de lave. S’étant procuré un grand nombre d'ouvriers,
il creufa dans cette g’ace , reconnut que la
lave fupperpoféeoccupoitune étendue de plufieurs
céntaines de verges, & acquit la conviction que
nulle autre caufe que l'écoulement de la lave fur la
glace, nepouvoit rendre compte delà pofîtion de ce
glacier, Malneureufementpourlegéolôgue, la glace
■ ■ étoit tellement dure, & les frais d'excavation fi
coûteux, quil n y a pas dé .probabilités que
d’opération foit renouvelée.. Le 1 “ décembre 1828,
je vifitai cet endroit qui eft au côté fud cfi du cône
&-non loin de la Cafa inglefe ; mais.la neige nouvelle
avoit déjà prefque rempli l’ouyerture, de
forte-qu’elle.n'avoir que l'apparence de l’entrée
d’une grotte. Je ne révoque cependant” pas en
doute f exactitude de U conclûfiôn de M /G e mellaro,
qui, connôiffant bien tous les afpeCts
des neiges amoncelées dans les fiffures & les
cavités de l'Etna, avoit reconnu, mêm,e avant
les dernières excavations, là particularité de la
pofîtion de la glace dans Cette localité. Nous
pouvons fuppofér que, au commencement de
l'éruption , une maffe. énorme de neige amoncelée
a été couverte de fable volcanique répandu
deffus avant la. defçente de la lave. Une
couche epaiffè de cette pouffière fine, mêlée
avec des fcories, eft certainement un très-maur
vais conducteur de la chaleur-, & peut aififi
avoir préfervé la glace d’une'complète fufion,
lorfque le "torrent enflammé paffa deffus. Les
bergers des plus hautes régions de l ’Etna ont
coutume de conferver une provifion anniuue de
neige pour fpurnirde J'eau à leurs troupeaux
pendant les mois d 'é té , en étendant deffus une
couche de fable volcanique de quelques pouces
d'épaiffeur, ce qui empêche complètement le foleil
d’y pénétrer. Quand de la lave s'eft une fois con-
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fqlidée fur un..glacier, à la hauteur de .10,000 pieds
au-deffus de là mer, on p~ut facilement concevoir
que-la glace durera autant que les neiges du Mont-
Blanc, à moins.qu'elle ne foit fondue par deffous
par la chaleur volcanique. Lorfque je vifitai, le
grand cratère, dans le commencement de l'hiver
( i cr. décembre 1828 ), je trouvai les crevaffes de
l’intérieur incruftées d’une glace épaiffe, & par
intervalles des vapeurs chaudes circuloient entre
des maffés de glace & les murs efcarpés.& raboteux
du cratère. Après-la découverte de M. Gemellaro,
il ne fefoit pas furprénant de trouver
dans les cônes des volcans d’ Iflande des alternances
de glaciers & de courans de lave répétés.
»
La dernière éruption;de l’Etna eft une des plus
dé/aftreufès que l’on puiffe citer. Le 16 mai 1830,
fept nouveaux cratères fe formèrent au fommet
du volcan ; la lave, détruifît huit -villages fitués à
une diftance quelle n’avoit point encore atteint)
toutes les habitations'difparurent fous des monceaux
de cendres brûlantes & de pierres calcinées.
D’effroyables détonnations avoient annoncé,
la cataftrophe, mais les habitans de ces villages
étoient tellement raffurés par leur éloignement du
foyer de l'iriqendie, qu’ils refièrent paifibles dans
leurs maifons ; aufli le nombre des victimes fut-il
très-confidèrable. Huit jours après leur incendie,
les édifices fumoient encore. Ce n'eft qu’après cet
efpace dé temps qu'il fut poffible d'approcher
des habitations conlurnées 3 mais il n-étoit plus
temps de porter des fecours aux incendiés : tous'
avoient péri/'Jamais, difent ceux qui en furent
témoins, jamais calamité n’ a été plus terrible, plus
imprévue, plus générale.
Éruptions volcaniques d‘ljlande. « A l’exception
de l’Etna & du Véfùve ,;dit M. Ly ell, les archives
chronologiques les plus complètes d’une férié
d'éruptions font celles de l’Iil-inde ; car leur hif-
toirê remonte jufqii’au 9 e. fîècle, & , depuis le
commencement du 12e. , il “eft clairement démontré
qu'il n'y eut jamais un intervalle de
plus de 40 ans, & très-rarement un de 20 ans,
lans une éruption ou un tremblement de terre.
L'énergie de l'aCtion volcanique, dans ce pays, eft
fi cpnfîdéràble, que quelques éruprions de i'Hecla
ont duré jufqu’à 6 ans fans interruption. Destrem-
blemens ae terre ont fouvent remué l’ile tout entière,
caufant de grands changenvèns dans l'inté-
. rieur, tels que l'abandon de leurs lits par les
rivières & la formation de nouveaux la c s , l’abaif-'
fement des collines & le déchirement des montagnes}
de nouvelles îles ont été fouvent produites
le long de la c ô te , dont quelques-unes
exiüent encore, & les autres ont dilparu, foit par
leur affaiffement, foit par l'aélion des vagues.
»Dans les intervalles des éruptions, de nom-
breufes fources chaudes fourniffent une iffue
à la chaleur fouierraine, & des folfatares donnent
paffage à des ruiffeaux abondans de matière inflammable.
On obferve que les volcans, dans différentes
parties de l’î l e , fo n t, comme ceux des
Champs Phlégréens, en activité chacun leur tour,
une iifue fervant de foupape de fûreté aux autres.
Un grand nombre de cônes font quelquefois
produits dans une éruption, & dans ce cas ,
ils fuiventlune direction linéaire, courant généralement
du nord-eft au fud-oueft, de la partie
: nord-eft de l ’île, où eft le volcan de Krabta,
au cap de ReyKianas.
» L'éruption de 1783 paroît avoir été plus terrible
que toutes celles qui font rapportées dans
les annales modernes de l’Iflande, & la narration
danoife, originale de cette catastrophe, dreffée
avec de grands détails, a été depuis vérifiée par
plufieurs voyageurs anglais , particulièrement
quant à l'étendue du pays ruiné, & relativement
au volume qu'atteignit la lave'. Environ un mois
avant l’éruption fur la grande terre, un volcan
fous-marin éclata dans la mer à environ 30 à 40
milles au fud-oueft du cap Reykianâs, & jeta
tant de ponces, que l’Océan en fut couvert à
plus de 150 milles, & que la marche des vaif-
feaux en étoit retardée. Une nouvelle île fut
lancée > elle confiftoit en hautes falaifes, du
milieu defquelles le feu, la fumée & la ponce
fortoient par deux ou trois points différens.
Cette île fut réclamée par le roi de Danemark,
qui la nomma Nyoe ou la Nouvelle lie } mais,
avant qu’une année fût écoulée, la mer avoit
repris (on ancien empire, & il ne reftoit de l’î’e
qu’ un -amas de roches, fur lequel il y avoit
de y à 30 braffes d’eau. Les trembiemens de
t:erre, qui avoient été long-temps fentis enlflande,
devinrent violens le n ju in /& Skaptar-Jokul,
dillant d’envir.on 200 milles de; N y o e , vomit un
torrent de lave qui coula dans J a rivière Skipta
& la deflecha complètement. Le lit de cette,rivière
eft entre de hautes roches, qui dans beaucoup
d’endroits, ont de 4 a 600 pieds de haut &
.près de 200 pieds de large.
» Non-feulement la lave remplit ces grands défilés
jufqu’au bord, mais elle inonda les champs
voifins fur une étendue confidérable. Le flot brûlant,.
en fortant de cette gorge refferrée, fut
arrêté pendant quelque temps par un lac profond
qui exiftoit dans cette rivière, entre Skap-
tardal & A a , & qu’il remplit entièrement. Le
courant continua enfuite, & atteignant d'anciennes
laves pleines de cavernes fouterraines ; il y pénétra
& ep fondit une partie : dans quelques endroits,
où la vapeur ne trouva pas d'iffue, elle fit
fluiter le roc & en lança les fragmens jufqu'à iyo
pieds de hauteur. Le 18 juin, un autre jet de
lave liquide s’élança du volcan, & defeendit avec
une vélocité étonnante fur la furface du premier
courant. Par la fermeture des embouchures de
quelques-uns des affluéns de la Skapta, plufieurs
villages'furent complètement inondés. La lave,