
niveau relatif par rapport à la mer, ou qu’elle
foit en tout presque, ftationnaire, c’eft une quef-
tion que nos obfei varions, bôrpées prefqu’entiè-
rement à la dernière moitié du lîècle précédent,
ne peuvent nous mettre à même de décider. Mais
nous ' favons que des couches contenant dés
efpèces de coquillages îdèntiques avec celles qui
vivent à préfent dans les parties contiguës de la
Méditerranée ont été élevées dans ce pays,
comme elles l’ont été en Sicile, à la hauteur de
plufieuis milliers de pieds. Maintenant les géologues
qui accordent Amplement que le cours actuel
de la nature, dans le monde inanimé, n’a pas été
changé depuis l’exiftence des efpèces vivantes
d'animaux, ne feront pas furprisqueles ruiffeaux &
les rivières de la Galabre aient ouvert, au travers
de couches comparativement modernes, un grand
fyftème de vallées variant en profondeur de yo à
600 pieds & fouvent de plufîeurs milles de large,
lorfqu’ils confidéreront combien ont dû être
nombreux les tremblemens de terre qui ont élevé
ces couches marines récentes à une aufli prodi-
gieufe élévation. Quelques^fpéculateurs à la vérité,
qui dédaignent de recourir aux effets dg la nature
exiffante, & qui font aufli prodigues de violence
qu’avares de temps, peuvent fuppofer que la Calabre
s’eft élevée comme une exhalaifon deTabîme,
de la même manière que le Peniæmonium de
Milton. Mais une {telle hypothèfe les privera de
la force fpéciale de déplacement, néceflaire pour
former un fyftème régulier de larges & profondes
vallées, car le tem p s eft effentiel à l’opération.
Les gliflemens de terres doivent être déblayés
dans l’intervalle entre les mouvemens fouterrains,
autrement les maffes tombées fervirôient d’appui
aux bords efcarpés d’une vallée, de forte qu’un
trembrement de terre fubféquenr ne pourroit
exercer tout fon pouvoir. Les obftacles doivent
être percés & balayés, & les falaifes efcarpées ou
fufpendues laiffées de nouveau -fans foutien.avant
qu’une autre fecoufîe puiflé faire effet de la même
manière.
» J a v a . Vers l’année 1786 , un tremblement de
terre fe fit fentir par intervalles, pendant quatre
mois, dans le voifînage de Batur, à Jaya, & une
éruption le fuivit. Il fe forma des crevaffes qui
laiflerent échapper des vapeurs fulfureufes > des
terrains féparés s’enfoncèrent et furent engloutis.
Le ruifieau appelé D a t o g fe précipita dans l’un
d'eux, et continua après à couler fous terre. Le
village de Jampang fut enterré dans le fol avec
trente-huit de fes habitans, qui n'eurent p.\s le
temps de fe faüver.
»3 S i c i l e . — 179p. Le 18 mars de cette année, à
Santa-Mariadi Nifcimi, à quelques milles deTerra-
Nuova, fur la côte méridionale de Sicile, le terrain
s’abaifla graduellement fur une circonférence de 3
milles italiens à la fuite de fept commotions , ik
dans une place jufqu’à la profondeur de 30 pieds.
11 continua à s'a bailler pendant le relie du même
mois. Plnfieun fiffures vomirent du foufre , du
pétrole, de la vapeur, de l’eau chaude > & un
torrent de boue, qui coula pendant deux heures &
couvrit un efpace de 60 pieds de long fur 30 de
large. Ceci arriva loin des cantons volcaniques,
tant anciens que modernes, dans un groupe de
couches confiftant principalement en argile bleue.
r as C a r a c a s . Dans la province de Caracas, à l’endroit
ou laCaura fe joint à l’Orénoque, entre les
villes de San-Pedro, d’Alcantara & San Francisco
de Aripao, un tremblement de terre occafionna,
le jour de la Saint-Mathieu 1790, un enfoncement
dans le fol granitique, Stiaifla un lac de 220 p:eds
de diamètre fur 200 à 2jo de profondeur. Ce fut
une partie de la forêt d’Aripao qui s’enfonça, &
les arbres réitèrent verts au fond de l’eau pendant
plufîeurs mois.
35 C um a n à . — 1797. Le 4 décembre de cette année,
les petites Antilles éprouvèrent des mouve-
mens fouterrains, & les quatre cinquièmes de la ville
de Cumana furent renverfés par un choc vertical.
La forme du banc du Morne-Rouge, à l’embouchure
de la rivière de Bourdohes, fut changée
par un foulèvement.
33 Q u i t o . Dans fk matinée du ^février 1797, Je
volcan de Tunguragua, dans le territoire de Quito
& le canton qui l’environne, à 40lieues du nord
au lud & 20 de l’eft à l’oueft, éprouvèrent un
mouvement d'ondulation qui dura quatre minutes.
Le même choc fe fit fentir fur un efpace
de 170 lieues du fudau nord, dePiura à Popâyan,
& de 140 lieues de l’où eft à l’eft:, depuis la mer
jufqu’à la rivière de Napo. Dans le plus petitcanton
dont on a d’abord parlé , toutes les villes furent
renverfées,. et Rio-Bamba, Qiiero et d*autres villes,
furent enterrées fous des maffes détachées des
montagnes. A11 pied du Tunguragua la terre s’en-
tr’ouvrit en différens endroits, & vomit des tor-
rens d’eau et de Yafe fétide appelée m o y a , inondant
8rdévaftant tout. Dans des vallées de rnille
pieds de large, ces inondations s’élevoient juf-
qu’à 600 pieds, & le dépôt de vafe barra le cours
de la rivière & forma des lacs qui fe maintinrent
en quelques endroits pendant 80 jours. Des flammes
& des vapeurs fuffocantes s’échappèrent du
lac de Quilotoa & tuèrent tout le bétail qui étoit
fur fes bords. Les commotions Continuèrent pendant
les mois de février & de mars, & le ç avril
elles fe reproduifirent avec prefqu’autant de violence
que la première fois. On dit que la forme
de la lurfacé du diftriét le plus ébranle fut-entièrement
altérée, maïs on ne fournit aucune mefure
d’après laquelle on puiffe apprécier le degré d’élévation
ou d’abaiflement. Il (ëroit véritablement
difficile, excepté dans le voifînage immédiat de
la mer, d’obtenir une échelle de comparaifon propre
à conftater si les niveaux ont été aufli altérés
que les narrations femblent le donner à entendre.
3j l i e s A lé o u t i e n n e s . Dans l’année 1806, une nouvelle
île en forme de pic, avec quelques collines 1
baffes & coniques au-deffous, s’éleva dans la mer
parmi les îles Aleôutiennes j au nord du Kamtchatka.
D’après Langfdoiff elle avoit 4 milles
géographiques de tour. M. de Buch conclut de
fa grandeur & de ce qu’elle nejs’eft pas encore
abaiffée au deffous du niveau de la mer, qu’elle
ne confîltoit pas feulement en matières vomies-
comme le Monte-Nuovo, mais en roche folide
foulevée. _ 9
» Une autre éruption extraordinaire eut lieu
au printemps de l’année 1814, dans la mer,
près d’Ounaïafchka, dans le même archipel}
elle produifit une nouvelle île d’une grandeur
confidérable, & ayant un pic de 5,000 pieds de
haut, qui exiftoit encore un an après, quoiqu’un
peu diminué de hauteur.
m C a r o lin e m é r id io n a le . 1811. Avant la deftruérion
de Laguira & de Caracas, en 1812, la Caroline
du fud ‘fut boulev,erfée par des tremblemens de
terre, & lesfccoufles continuèrent jufqu’à ce que
ces villes fuffent détruites. De même la vallée du
Miffiflipi, depuis le village du nouveau Madrid
jufqu’à l’embouchure de l’Ohio, dans une direction,•&
jufqu’à Saint-François dans l’autre, fut remuée
au point de former des lacs & des îles.
Fiint le géographe, qui vifîta le pays fept ans
après l’événement , nous apprend qu’un efpace de
plufîeurs milles de fuperficie, près delà petite prairie
, fut couvert d’eau à 3 ou 4 pieds de hauteur,
& lorfque l’eau difparut, une couche de fable relta
à fa place. De grands lacs de 20 milles d’étendue
fe changèrent en un havre, & d'autres furent def-
fechés. Le cimetière du nouveau Madrid fut précipité
dans le lit du Miffiflipi. Les habitans rapportèrent
que la terre s’éleVoir en grandes ondulations
, & lorfque ces dernières atteignoient une
hauteur effrayante, le fol éclatoit, & de grandes
quantités d’eau, de fable & de charbon de terre,
étoient lancées à la hauteur des plus grands arbres.
Flint vit encore plufîeurs de ces crevaffes dans un
fol d’alluvion mou. Les habitans , bien que n’é tant
pas habitués à de telles commotions, avoient
remarqué que les crevaffes étoient dans la direc-
rçbtV du fud-eft au nord-oueft. En conféquence,
ils abattirent les plus hauts arbres, & les pofant à
angle droit fur les crevaffes, ils fe plaçoient def-
fus • de cette manière, ceux qui prirent cette précaution
ne craignoient pas d’être engloutis. Par
l’efüt d’une des crifes de ce tremblement de terre,
le fol, à peu de diftance du nouveau Madrid , fe
gonfla au point d’arrêter le Miffiflipi dans fa
courfe, & à d’y caufer un reflux momentané. Le
mouvement de quelques-uns des chocs étoit horizontal
, & dans d’autres vertical. On dit que ce
dernier étoit beaucoup moins terrible dans fes effets
que le mouvement horizontal. S’il en eft fou-
vent ainfî, les chocs qui font le moins de mal aux
cités peuvent fouvent produire les plus grands
changemens de niveau.
33 C a r a c a s . Le 26 mars 1812, on refleurir à
Caracas plufîeurs violentes fecouffes. La fur-
face du fol onduloit comme un liquide bouillant
, & des fons effrayans fe faifoient entendre
; fous terre. La ville entière, avec fes magnifiques
églifes, fut en un inftant un monceau de
‘ruines Ions lefquelles 10*900 de fes habitans restèrent
enfevelis. On crut que la montagne de Si IJ a
avait perdu de 300 à 360 pieds de fa hauteur par
abaiffement; mais cette opinion n’étoit fondée
fur aucun mefurage. Le 27 avril un volcan de
l’île de Saint-Vincent jeta des cendres, & le 30 la
lave coula de fon cratère dans la mer, tandis que
fes exploitons fe faifoient entendre à une diftance
égale à celle qui exiftê entre le Véfuve & la Suiffe,
le fon fe trafifmettant, comme M. de Humboldt
le fuppofe, à travers le terrain. Pendant le tremblement
qui détruifîc Caracas , une immenfe
quantité d’eau fortit de plufieurs ouvertures dans
la terre à Valecillo, près de Valencia, & à Porto-
Cabello, & les eaux du lac Maracaybo baifferent.
33 Quoique le grand changement de niveau dans
la montagne de Silla ne fût pas prouvé diftinéte-
ment, l’opinion des habitans eft digne d’attention,
parce qu’elle eft conforme à d’autres faits analogues
& bien conflatés. M. de Humboldr obferva
que les Cordillères, compofées de gneifs & de
mica fchifte,'& le pays immédiatement à leur pied,
furent plus violemment remuées que les plaines.
33 K o t c h . — 1819. Un violent tremblement de
terre eut lieu, dans î’Hinddn.ftàn, dans la province
de Kotch, états de Guykavar, le 16 juin 1819. La
principale ville, Bhoudj, fut convertie en un monceau
de ruines, & les maifons de pierre furent
renverfées. Le choc s’étendit & fut très-
deftruftif à Ahmed-abad ; & à Pounah, à 400
milles plus-loin , on le fentit foiblement. Dans la
première de ces deux villes, la grande moîquée ,
bâtie par le fultan Ahmed, près de 450 ans avant,
fut renyerfée , atteftant quelle longue période de
temps s’étoit écoulée depuis qu’un choc d’une
femblable violence s’étoit fait fentir; à Andjar
le fort avec f.s tours & fes canons fut changé
en un monceau de ruines. Les fecouffes continuèrent
pendant quelques jours, jufqu’au 20,
époque où, à 30 milles de Bhoudj, un volcan fît
une éiuption & les convulfions ceflerent.
Quoique la deftruétion des villes fût grande, l’af-
peét delà nature, dans l'intérieur des tertes, dit le
capitaine Macmurdo, n’étoit pas vifîblement altéré.
Dans les montagnes feulem.nt, de grandes maffes
de fol & de roc fe détachèrent des précipices ;
mais le chenal, oriental & prelqu’abandonné de
l’Indus, qui borne' la province de Kotch-, fut
confidérablement change. Cette embouchure ou
bras de mer étoit, avant le tremblement de terre,
guéable à Lokpot ; elle n’avoit qu’environ un pied
d’eau baffe : eue en acouit plus de fix. Elle fut
creufée au fort de Lokpot, après la fecouffe,
jufqu’à plus de 18 p ie d s a u - d e j fo u s d e la m a r é e