
celles que Ton remarque à la bafe de quelques-
uns d'eux, fortent ordinairement des terrains
u’ ils recouvrent. Les lacs des environs du Mont-
’Or, parmi lelquels il fuffit de citer celui de
Pavin & celui de d’Aidât, pourroient être con-
fidérés, au premier ab o rd , comme une exception
à la règle que nous annonçons; mais en
les examinant, on voit que rien n’ell plus probable
, que les fources qui les alimentent prennent
naiffance au point de contaft des dépôts volcaniques
& des roches qui les fupportent. Le trou, de
Soucy renferme aufli une lource de la même ef-
p è ce ; mais elle ne mérite d’être citée que pour
i a baffe température, qui eft prefque conftamment
à 4 degrés de Réaumur, & qui doit peut-être
c e tte propriété à l’évaporation de fes eaux à
travers des roches volcaniques poreufes. A la bafe
des puys à cratères des environs, de Clermont, on
voitlouvent des mares qui ne fe deiïèchent prefque i
jamais i elles font rarement alimentées par de petites
fources > les eaux de la pluie les entretiennent
conftamment. Leur fond argileux, provenant
de la décompofition des laves , explique comment
ces eaux réfiftent aux chaleurs de l’été.
Malgré ce que nous venons de dire, les fources
qui donnent naiffance aux fleuves fortent ordinairement
des terrains granitiques5 l’Europe en offre
plufieurs exemples : la Garonne eft formée de différentes
fources qui defcendent des Pyrénées; la
Loire prend naiflance dans des terrains analogues
à ceux de ces montagnes5 le Rhône, le Pô , le
Rhin, l’E b r e , le Danube , ont une origine fem-
blable j la Seine feule forme une exception ; mais
aufli elle n’eft point à comparer aux principaux
fleuves que nous venons de défigner; elle fer-
viroit même à confirmer ce que nous venons
de dire de l ’importance des fources dans les
terrains calcaires ou à couches prefqu’horizon-
t fries.
On a calculé qu’ il tombe annuellement fur la
furface de la terre une couche d’eau d’environ un
mètre d’épaiflèurj une partie s’infiltre dans les
terrains, ainfi que nous l’avons d it } forme des
fources qui s’échappent des collines ou des montagnes,
& des nappes d’eau dans les couches inferieures.
La plus grande partie'eft , à la v é r ité ,
reportée dans l’atmofphère par l’évaporation, &
contribue, avec celle des eaux de la mer,, à entretenir
la maffe de vapeurs qui entoure notre planète.
Entrons dans quelques détails , relativement
aux réfultats dé ces infiltrations.
Nous avons dit que les fources qui fe forment
dans les terrains granitiques font nombreufes,
mais généralement foibles ; la ranon en eft facile
à concevoir : les eaux, après avoir traverfé
un terrain de tranfport, ou ceux qui réfultent de
la décompofition de la furface des roches, s’enfoncent
en fuivant les fiffures ou les'fentes du
terrain granitique, jufqu’à ce qu’elles trouvent
pn ro ç affez dur pour les arrêter y delà vient que
dans les montagnes granitiques &fchifteufes , on
voit fortir les eaux de tous cô té s , & que la divi-
fion qu’elles y éprouvent s’oppofe à leur abondance.
Les terrains calcaires, au contraire, & nous
voulons défigner ici les formations anciennes qui
comprennent, outre les calcaires, des grès, des
pfammites, des arkofes & d’autres roches à dépôts
horizontaux j ces terrains , difons-nous, font
plus perméables à l’eau que les préeédens; ies
fiffures qui les divifent s’étendent à une grande
profondeur, en forte que les eaux qui les tra-
verfent fe raJlèmblent dans des-réfervoirs placés
au-deffous du niveau même des vallées. La décom-
pqfition du calcaire juraflique qui, forme certaines
cavernes fi fpacieufes, offrira des réfervoirs
naturels au rafifemblement de ces eaux. La plus
baffe des fiffures qui aboutiffent à ces cavités,
feryira d’iffue au trop plein du réfervoir, & donnera
conféquemment naiffance à une fource dont
l’ abondance fera en proportion dé l’étendue du
réfervoir.. On voit par là pourquoi ces fources feront
moins nombreufes que les précédentes , &
pourquoi aufli elles feront d’ un volume quelquefois
fi remarquable. La fontaine de Vaucluse
(vcyeç ce mot ) & la Loue, qui dans le Jura met
en mouvement plufieurs ufines à là fortie de terre,
font de s exemples bien connus de l’abondance de
ces fortes de fources.
C'eft aux réfervoirs dont nous venons de parler
qu’il faut attribuer la caufe des intermittences que
l’on remarque dans certaines fources ', phénomène
qui a long-temps été regardé,comme devant être
attribué à une caufe furnaturelie, quoique cette
caufe foit au contraire tout-à fait conforme anx
lois de la phyfique. Si le canal qui fert d’iffue à
la fource eft courbé en forme de fiphon, & que
la quantité d’ eau qui s'écoule eft plus eonfidé-
rabie que celle qui s’accumule dans le réfervoir,
il arrivera que lorfque l ’eau de celui-ci fera au
niveau du canal, la fource cefîera de couler jufqu’
à ce que l’eau du réfervoir foit parvenue à la
hauteur de la courbure du fiphon. La fource de
Fonieftorbe, près de Bellefte, dans les Pyrénées ,
eft célèbre par fes intermittences, très-remarquables
furtout pendant les faifons fèches. « Alors,
» dit M. d’Aubujffon de Voifins , l’eau coule
» pendant environ une demi-heure de manière à
» faire aller un moulin, & puis l'écoulement ceffe
»» pendant une autre demi-heure. A l ’époque où
» je l’ai obfervée, elle employoit environ dix
» minutes à augmenter de niveau , trente à côu-
» 1er plein, & trente-cinq à baiffer de niveau ; à
» peine avoit-elle atteint le plus grand abaifté-
» ment, qu’elle augmentoit de nouveau ; elle rou-
» loit environ dix fois plus d'eau da:ns fa plus
*> grande crue que dans fa. plus grande baifle.
y» Vaifemblablement la diftance entre le point bu
« l’eau, fort du fiphon, & celui où elle aboutie
» au jou r, ainfi que lç mélange des eaux proye-
»> nant de réfervoirs particuliers, étoit la caufe
»» des différences entre ces intermittences & celles
.»• qui ont lieu lorfqu'upe eau fe v erfe, fous nos
?» yeux , par un fiphon. >»
En Iflande, on connoît plufieurs fources intermittentes;
on en connoît aufli dans l’arron-
diflement d’Uzès, fur la rive gauche du Gardon
; celle de Madame coule pendant vingt-cinq
à quatre-vingt-dix minutes , puis tarit touc-à-faic
pendant dix à quinze autres minutes.
Dans,celle de Colmars, en Provence, l’ eau
monte & s’abaiffé huit fois en une heure.
Celle de Boulaigne, près Frécinêr, dans le département
de l ’Ardèche, refte quelquefois fans
couler plus de vingt ans, puis elle reparoît pendant
un ou deux mois, quelquefois une année, mais
jamais au-delà. Dans les époques où elle coule,
elle, offre encore des intermittences qui durent
environ une heure.
Aux environs d’Abbeville , on vit reparoître,
en 1802, des fources qui avoienteeffé de couler depuis
quarante ou cinquante ans ; elles fe montrèrent
dans toutes les vallées des plaines, quelques jours
après la fonte des neiges.; Enfin, dans le parc de
Saint-Cloud, près Paris, on connoît aulli une
fource intermittente.
Celle de Corne , dans le Milanais, a des inter-
mi trences d’une heure ; elle a été décrite par
Pline.
Nous avons dit que les terrains de-calcaire ancien
font plus perméables que les terrains granitiques.
Les dépôts crayeux font doués aufli d’une
grande perméabilité ; les eaux les traverfent jufqu’
à ce qu’elles trouvent une couche d’argile.
C ’eft ce que l’on remarque facilement fur les côtes
de la Normandie, depuis le cap de la Hève juf-
qu’auprès deDives. Les falaifes coupées à pic qui
bordent ces côtes , laiffent f>our ainfi dire à découvert
les divers paffages que fuivent les eaux.
Au-deffous de la craie fe trouvent la glauconie
fableufe & le fable ferrugineux ; les fources les
travêrfent, au cap de la H è v e , dans une épaif-
feur de près de 400 pieds ; arrivées aux argiles,
elles y forment une nappe qui fe divife fur plufieurs
points en petits filets plus ou moins im-
portans. Mais ce qu’ elles offrent de plus curieux ,
c ’eft l’ influence qu'elles ont fur la dégradation qui
s'opère dans ces falaifes. L’ argile humeétée qui
fupporté toute la maffe, dont nous venons d’indiquer
l’épaiffeur, n’offre à celle-ci qu’une bafe
incertaine de gliffante. Les eaux pluviales qui hu-
me&ent.la fui face des falaifes , y déterminent des jj
fentes, qui à la longue s’étendent jufqu’à l’ argile, i
& détachent de la maffe de craie & de fable j
d’énormes fragmens, qui, gli fiant fur l'argile, j
donnent une idée de la manière dont fe font dégradés
les flancs efearpés des falaifes, d e dont fe j
| des eaux qui s’infiltrent ainfi eft un véritable fléau
i pour les propriétaires des terrains qui forment la
j furface des falaifes. Sur cette c ô te , elles ne font
| point coupées à p ic , une pente affez rapide règne
depuis le fommet, qui a plufieurs centaines de
pieds d'élévation, jufqu’à 50 & 100 pieds au-
deffus du niveau de la mer. Cette pente n’eft que
le réfultat de l’aétion que nous avons indiquée
plus haut ; on eft certain que partout où elle
règne,, les différentes couches de craie ou de
fable repofent fur,l'argile ; là où l’argile s’ enfonce
au-deffous du niveau de l’Océan, les terrains de
la côte n’éprouvent aucune dégradation; tandis
que fur les efpaces où l’ argile fe montre, la dégradation
font formes à leur pied les rochers que la mt r .
vient baigner. Au-delà d’Honfleur., fur une éten- \
due de fix à huit lieues» jufqu’ à Dives* l’a&iou
eft fi. puiffante & fi rapide, que j’ai
obfervé d'énormes quartiers de terre préfentant
encore la trace du fillon formé par le foc de la
ch irrue, d’une fuperficie de plufieurs arpens, entraînés
du haut du plateau & perdus fans retour
pour l'agriculture, non-feulement à caufe d elà
pente incommode & rapide qu’ils préfentent,
mais encore parce qu’ils font tellement humeêtés
par les fources,, queMans certains endroits il eft
difficile de s’y frayer un paffage.
Quelquefois les couches d’ argile qui retiennent
les eaux forment de grands enfoncemens
dans lefquels elles fe raffemblent. Leur niveau
s'élevant graduellement par l’effet des filtrations
continuelles, finit par trouver une iffue
par où s’échappe, à une diftance confidérable,
le trop plein du réfervoir. C ’eft dans c^s lacs
fouterrains qu’aboutiffent les puits, & il eft arrivé
quelquefois qu'un grand nombre de puits,
creufes dans une certaine étendue de terrain, ont
momentanément tari les fources naturelles.
D’autres fois des couches inclinées d’argile,
féparées par des terrains d'alluvions , permettent
à l’eau qui s’y fraie un paffage, de s’y élever de
couche en couche, à l’aide de celles d’argile; il
arrive alors que l eau atteint une hauteur plus
confidérable que la plupart des lieux qui l’entourent
immédiatement. C ’eft ainfi que les fources
perpétuelles, obfervée s par Spallanzani au fom^
met du mont Cimone, près de Modène, paroil-
fent plus élevées que les terrains qui les environnent.
On fait aufli que la plaine où eft ficuée
îa ville de Lillers, dans le département du Pas-
de-Calais, n’eft dominée par des collines qu’ à une
très grande diftance. Cette difpofition peut expliquer
le peu d’épaiffeur de la couche que , dans
certains terrains, il luffit de percer pour obtenir
un puits. Mais ce qui eft d ’une explication plus
difficile, c ’eft la caufe qui produit les fontaines
arteftennes.
Les puits fo ré s , ou les fontaines artéfiennes
doivent Cette dernière dénomination à la province
de France, où depuis long temps ils font en ufage»-
On fait qu'il fuffit, dans la plupart des cantons de
l’ Artois, de percer le fol à l'aide d’une fonde que
l’ on enfonce à une profondeur variable pour oi>-