
dans les baflîns différens & de la même manière
que dans les temps attu els } car les mêmes cir-
conflances fe remarquent relativement à l'habitation
des efpèces vivantes? En effet, tandis que
certaines font répandues dans toutes les mers,
d'antres font bornées à des localités tellement
circonfcrites, qu'elles n’exiftent que dans quelques
parties d’une mer unique j parmi les efpèces
de la Méditerranée, il n'en eft pas de plus ref-
treintes que les Solemya mediterranea & Maëlra
helvacea. De même, parmi les efpèces terreftres
& fluviatiles, il en eft une foule qui femblent
bornées à des localités extrêmement circonfcrites,
& qu'il nous fuffiîe de mentionner les Helix rhan-
'giana nicienjis, Rafpalii, fquàmatina 3 Qiiimpcriana 3
pyrenaïca y les Paludina gibba, fimilis , Nentina ,
B et ica , Palvata , Planorbis, Spirorbis, Unio ba-
tava, Yoftrata, ainfi que diverfes efpèces de Mêla-
nopfis & de Cyclas.
C e que nous venons d'obferver relativement
aux dépouilles des mollufques a également lieu
pour celles des mammifères terreftres. Les Paloeo-
therium , les Mastodontes, les Rhinocéros, les E/é-
phans fe trouvent dans prefque toutes les couches
de la férié tertiaire, tandis que les Anoplotherium,
les Adapis & les Elafmotherium femblent teftreints
à des localités très-bornées. Les mêmes circonf-
tances fe reproduifent également pour les oifeaux,
les reptiles & les poiffons fofliles; mais pour ne
pas trop nous étendre, nous les pafferons fous
filence. .. . .
La température des divers baflins tertiaires
femble aufli avoir exercé une certaine influence
fur l'identité où la différence qui exifte entre les
efpèces fofîiles enfevelies dans les mêmes baflîns.
Du moins eft-on porté à le fuppofer, lorfqu'on
remarque que les efpèces fofliles, comme les
efpèces vivantes, s'élèvent plus haut dans le Nouveau
Monde que dans l'ancien continent, ce
qui indique que les mêmes rapports de température
qui exiftent aujourd'hui entre ces diverfes
régions, exiftoient aufli à l'époque où les animaux,
dont ces débris fofliles nous rappellent
l'exiftence, les habitoient. Si , comme plufieurs
faits femblent le démontrer, cette température
ancienne n'étoit pas égale , mais fupérieure à la
température adtuelie, & , fl d'un autre c ô té , il
eft bien prouvé que les mêmes efpèces, ou du
moins des efpèces voifines, ont été enfevelies
dans l’ ancien & le nouveau continent, à des hauteurs
verticales très-différentes, & en rapport
avec leurs températures, il faut bien en induire
que les températures des baflins tertiaires n'ont
pas été fans influence fur la pofition des corps
organifés fofliles qui s'y trouvent difieminés. O r ,
comme il eft conftaté, que les débris, foit des
mammifères terreftres ; foit ceux des mollufques,
Je trouvent à une hauteur plus confidérable en
Amérique qu’en Europe, on doit en conclure
que les caufes qui ont- amené des changemens
dans la température de*la terre, ont exerce une
influence égale & fimultanée fur les deux conti-
nens, & agi de manière à ne point troubler les
rapports qu'on remarque encore aujourd’hui dans
la diflribution des êtres vivans fur^e globe.
Comment enfin ne pas fuppofer que la température
a exercé quelque influence fur la diftri-
bution des efpèces fofliles, lorfqu’on remarque
l’identité de la plupart de cesefpèces dans les
baflins dont la température eft à peu près égale
telle qu’elle l'eft, d’ une part, dans les baflins tertiaires
de l’Efpagne , de l’ Italie & du midi de la
France , & de l'autre, dans ceux de Londres &
de Paris. Aux faits généraux que l’on doit aux
habiles obfervateurs qui ont décrit ces divers
baflins, nous ajouterons ce fait particulier, de la
découverte d'une nouvelle efpèce d’éléphant
( Elephas meridionalis Nefti ) à la fois dans les
terrains d’eau douce de l’ Italie & du midi de la
France. #
Si la température a réellement eu de l’influence
fur cette diflribution, il Eut que les animaux auxquels
appartenoient les débris fofliles enfevelis
au milieu des terrains tertiaires aient vécu près
des lieux où ces débris fe rencontrent. O r , s’il
eft de fait que la plupart des animaux dont on découvre
les débris au milieu des couches tertiaires
n'ont pas vécu dans les lieux mêmes où font leurs
débris , ceux-ci ayant prefque tous fubi un tranf-
port quelconque, il paroît également & contrairement
à ce que nous avions nous-même avancé,
que ces animaux n'ont pas vécu fort loin de ces
mêmes lieux. Ainfi, les rhinocéros, les éléphans,
les hippopotames & tant d’autres mammifères
te r re ftre sn ’ont pas été tranfportés des climats
qu’ils habitent aujourd’hui dans les régions tempérées,
où exiftent leurs débris, ils ont au contraire
vécu dans ces dernières régions j mais leurs
dépouilles , entraînées par de grands cours d’eau ,
ont été dépofées près de l’embouchure des anciens
fleuves, ou rejetées avec des fables fur les
rivages de l’ancienne mer, après y avoir féjourné
quelquefois un temps affez. long, non-feulement
pour détruire les parties molles, mais encore
pour permettre aux animaux marins de fe fixer &:
de s'établir fur leurs parties folides, les feules qui
ont pu fe conferver.
Si l’abaiffement de la température de la terre a
été la caufe que tant de races enfevelies au milieu
de couches tertiaires ont été éteintes ( c e qu’on
eft tenté de fuppofer, les animaux dont les analogues
n'exiftent plus aujourd'hui que dans les
climats les plus chauds fe trouvant enfevelis dans les
régions tempérées oujufque dans les zones glaciales),
il fepourroitaue le changement dans la température
du globe eut été d’autant plus prompt q e
cette température étoit primitivement moins élevée.
On eft porté à le fuppofer î les climats de
la terre , en fe modifiant, paroiflent avoir con-
fervé entr’eux les mêmes rapports qu’ils avoient
autrefois , foit pour les températures relatives aux
lignes horizontales , foit pour celles relatives aux
lignes verticales, c ’eft-à-dire aux divers points du
globe plus ou moins élevés au-deffus du niveau
des mers. Ces rapports femblent-être reftés les
mêmes , puifque, ainfi que nous l'avons déjà ob-
ferve , les efpècés fofliles comme les efpèces vivantes
fe retrouvent dans l’ancien & le nouveau
continent à des hauteurs verticales fort différentes
j les unes &■ les autres parvenant à des élévations
bien plus grandes dans le nouveau que dans
l ’ancien Monde.
Il n’eft pas moins certain que les races enfevelies
au milieu des terrains tertiaires ont heaucoup
plus de rapports, avec nos races actuelles que
celles qui ont été contemporaines des terrains-
fecondaires. Mais fi les types auxque’s fe rapportent
les efpèces de terrains fecondaires font différens
de ceux auxquels fe rattachent les efpèces
de terrains tertiaires, il paroît que pour celles-ci
les types principaux n’ ont nullement été changés
dans toute la période néceffaire à l ’entière précipitation
des dépôts tertiaires. Aufli voit* on les
mêmes genres de mammifères , de reptiles, d’oi-
feaux & de mollufques fe reproduire dans les dépôts
tertiaires , foit marins , foit d’eau douce ;
circonüance remarquable qui annonce à la fois une
création analogue ôc des dépôts produits, finon
fimultanément, du moins à des époques très-rap-
prochées. En e ffet, ces dépôts ont du fe produire
à bien peu d’ intervalle les uns des autres', puifque
la plupart des termes de la férié tertiaire alternent
enlèmble ou s’enchevêtrent réciproquement. En
un mot, les efpèces enfevelies dans les terrains
tertiaires ont toutes des c^raélères communs , &
leur généralité n’a rien d’analogue à celles qui
ont péri avec ces genres perdus, tels que les bé-
lemnites & les ammonites , qui lignaient encore
les couches les plus fupérieures des terrains fecondaires
, mais dont on ne retrouve plus de traces
dans les dépôts de fédimens fupérieurs.
Ces diverfes caufes , en agiflant fimultanément
mj en fe modifiant les unes les autres, ont fans
doute produit tou es les différences & les analogies
que l’ on remarque entre les divers baflins
tertiaires ; mais ces caufes rentrent dans l’étendue
de celles qui agiflènt encore. E t , par exemple ,
la diverlïté que l’on obferve entre certaines efpèces
fofliles enfevelies dans des baflins contigus,
ou leur fimilitude dans des baflîns fort éloignés,
circonflance qui , au premier aperçu , paroif-
fent fi particulières , n’ont cependant rien de contraire
à l’ordre de chofes établi. Si les mers actuelles
venoient à fe retirer en partie des baflins
qu’elles occupent, & que leurs limons 8c leurs
produits , ainfi que ceux des fleuves, fuffent recouverts
par des terrains d’attériflement, l’ on dé-
couvriroit au-deflous de ces terrains, & dans
les limons marins 8c fluviatiles, d’une part, des
efpèces généralem nt répandues ( ce feroient les
efpèces robuftes & fociales ) ; d’une autre , des
efpèces extrêmement reftreintes dans leur difper-
fion ( ce feroient les efpèces fo'itaires ) ; & enfin
des efpèces qui pourroient appartenir aux régions
les p'us différentes, c’eft-à-dire celles q u i, entraînées
dans les mers par les grands cours d’eau ,
auroient été arrachées des lieux les plus oppofés.
Ces efpèces pourroient, ou être confondues ou
difperfées de la manière la plus irrégulière, ou
quelquefois accumulées fur un même point, c ’eft-
à-dire là où les fleuves avoient leurs embouchures,
ainfi que dans la partie des golfes & des baflins
où des courans violens auroient entraîné des
fables & des limons marins, ainfi que des graviers
& des galets apportés parles eaux courantes.
Il réfulteroit encore de ces caufes , toutes naturelles,
de nombreufes alternances & des enche-
vêtremens réciproques entre les dépôts marins &
fluviatiles, de même que de fréquens mélanges
entre les produits marins & les produits des eaux
douces : o r , comme ces diverfes circonftances fe
manifeftentdans les baflins tertiaires formés avant
la période géologique a&uelle, & què la plus
grande partie des dépôts qui les rempiiffent a eu
lieu dans le baflin de l’ancienne mer, les effets
étant femblables, comment ne pas fuppofer qu’ il
en a été de même de la caufe ?
En réfumé, les terrains de fédiment dépofés
après la craie fe compofent de deux ordres 5 les
plus récens ou les plus fuper fi ciels produits après
la retraite des mers , & qu’avec quelques géolo-
logiies nous fomtnes difpofé à nommer terrains
quaternaires y feroient pour ainfi dire contemporains
de la période alluviale actuelle ; les moins
récens, & ceux que l’on obferve conftamment recouverts
par les premiers lorfque les deux ordres
de dépôt fe montrent enfemble, conftituent les
terrains tertiaires proprement dits.
Les premiers de ces terrains ou les formations
quaternaires fe compofent de plufieurs ordres ou
plufieurs natures de dépôts, dont les principaux
peuvent être réduits :
i ° . Aux terrains d’ alluvion, les plus anciens
des dépôts déplacés pendant la période alluviale
aétuelle, & auxquels ont fuccédé les terrains
d’attérifîement qui fe produilent encore de nos
jours.
20. Aux terrains lacuftres fluviatiles formés
poftérieurementà la retraite de l’ancienne mer des
fieux qu’elle occupoit primitivement, & dont l’ancienneté
paroît a fiez en raifon inverfe de leur rapprochement
des baflins occupés aujourd’hui par les
mers. Ces terrains fe produifent encore de nos
jours, mais avec une moindre activité.
Les féconds de ces terrains ou les terrains ter-
tiaires font produits :
1 °. Par des dépôts fluviatiles formés dans le baflin
de l’ancienne mer, & compofés d’un feul ou de
plufieurs fyftèmes de couches; ces fyftèmes,
lorfqu’il en exifte plufieurs, font d'autant plus