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Les ruifleaux ne oréfentent point le même af- i
peéx dans les pays de collines que dans les pays j
de montagnes. Dans les premiers ils ftllonnent
le terrain en fuivant une marche à peu près uniforme
j dans les féconds, au contraire , la profondeur
des vallées & l’irrégularité d’un fol qui préfente
de nombreufes déchirures ou de fréquentes
anfraétuofités, les font tomber en nombreufes
cafcades qui les feroient prendre pour des tor-
rens, f i , comme ces derniers, ils ceffoient de couler
à certaines époques plus ou moins régulières.
On connoît dans la vallée du Mont-Dor les
deux principales chutes d’eau, dont l’ une eft
connue fous le nom de grande cafcade, & l’autre
fous celui de cafcade du Dor. La première, qui
eft la plus confidérable & qui tombe de la hauteur
d’environ 150 pieds, tandis que la fécondé
eft un peu moins importante, font formées par
deux ruifleaux qui descendent de deux plateaux
fort élevés ; mais lorfque ces ruifleaux font arrivés
au fond de la vallée, & quils fe font réunis au
ruifleau de la Dogne, qui defcend de la vallée
dJ Enfer, ils ne forment plus un ruifleau, mais
une petite rivière qui porte le nom de Dordogne,
& qui devient même confidérable avant qu’ elle
n'aiile s’ unir à la Garonne , & fous le nom de
Gironde fe jeter dans l’Océan.
R Y K
C ’eft donc dans la vallée du Mont-Dor que
l’on peut fe faire une idée aflez exadte de la différence
qu’ il y a entre un ruifleau & une rivière.
Avant de fe réunir, le Dor & la Dogne ne font
nue des ruifleaux 5 leur cours, entravé par les
fragmens de roches trachytiques détachés desfom-
mers qui forment la vallée , eft cependant rapide.
Lorfqu’ ils fe font réunis, la Dordogne a moins de
rapidité , elle prend alors rang parmi les rivières ;
elle coule, il eft vrai, long-temps encore fur Un
terrain plat, couvert de fragmens de roches
roulés & arrondis ; elle n’ a point de Ht tracé ;
elle n’ offre point de bords prononcés, mais peu
à peu elle fe creufe une route, elle acquiertplu-
fieurs pieds de profondeur ; elle s’augmente des
eaux de plufîeurs fources & de plufieurs ruifleaux,
elle devient enfin une rivière.
Quelquefois de Amples ruifleaux, lorfqu’ils
1 coulent au milieu de terrains d’alluvions auri-
| fères, charient des parcelles d’or plus ou moins
nombreufes} ils acquièrent, fous ce rapport, autant
d’importance que certaines rivières. M. Beudant
en cite plufieurs dans le nord de la Tranfyl-
vanie. (J. H .)
RYKUM, Voyei V allées,
SABIONCELLO.
S
S a BIONCELLG. Pénmfule de la Dalmatie •autrichienne, nommée PaLiefatj par les indi- j
gènes. Elle s’étend du fud oueft au nord-eft, j
fur une longueur de 12 lieues, & prefente une
largeur moyenne <£un peu plus d'une lieue;
fa circonférence en a près de 30; fon extrémité
Septentrionale eft à-peu près à égale diftance de
l’ile Léfina au nord-, et de l’ile Corzola au fud.
Ses coutours préfentent un grand nombre de caps
& fon fol eft entièrement calcaire. (J. H .)
SABLÉ (Fontaine de). Cette fontaine des environs
de Sablé dans le département de la Sarthe,
eft appelé la Fontaine fans fond j c’eft un goufre
de 2f à 30 pieds d’ouverture dont on prétend
qu’on n’a jamais pu trouver le fond. (J. H.)
SABLES. Amas de grains filiceux plus ou moins
gros, qui paroiflent être le réfultat de la décom-
pofition & de la trituration, par les eaux, de divers
débris de roches quartzeufes. Les granités &
les gneifl recouverts par l'Océan primitif ont dû,
à l’aide du mouvement des eaux, fe défagréger facilement
& former tous les amas fablonneux que
l ’on remarque fur la plupart des dépôts antérieurs
aux êtres organifés. C e s amas, remaniés parles
eaux, ont formé ces arkofes, ces mollaffes ou
macignos, & quelques-uns de ces pfammites que
l’on remarque dans un fi grand nombre de contrées.
Voy*\ Roches.
Bien que l'origine des dépôts arénacés foit partout
à peu près la même, on conçoit qu’ils doivent
changer de nature félon les roches qui leur ont
donné naiflance; ainfi les plus anciens font principalement
formés de feldlpath et de mica} le
quartz y eft-peu abondant} mais, par cela même
qu’ils remontent à une date très-éloignée, ils ont
formé des agrégations qui leurs donnent l’apparence
de roches anciennes : aufli, comme on eft
convenu de donner principalement le nom dq fable
aux défagrégations filiceufes, nous ne nous éten- j
drons point fur ces décompofitions granitiques qui
mériteroient bien le nom de fable, par leur manière
d’être , mais non par les matières dont elles
font formées.
Les roches quartzeufes, que l ’on a avec raifon
appelées quantités, étant moins anciennes que les
roches granitiques, et paroiflant être l’origine des
véritables fables, il n’eft point étonnant que ce
foit dans les terrains de fédiment moyen & fupé-
rieur que l’on trouve les plus puiflans dépôts fablonneux.
On remarque des fables en lits intercallés
entre les couches du premier dépôt calcaire de
fédiment moyen qui conftitue la chaîne du Jura;
on en trouve aufli dans les grès bigarrés. D e grands
Géographie* Phyfique, Tome K,
■
dépôts de fables ferrugineux fe montrent au-def-
i fous de la craie la plus ancienne, entre les bancs
de calcaire groflier, ainsi qu’au-deflus de cette
roche ; mais c ’eft furtout fur les dépôts appartenant
à la formation gypfeufe qu’ils forment
les amas les plus confidérables. Voye\ Roches.
Diverfes obfervations prouvent cependant que
quelques fables quartzeux, d’une grande blancheur
& qui femblent fi fins à nos y eu x , ne font point le
réfultat de la trituration d’autres roches, mais celui
d’ une précipitation chimique dans laquelle la Alice
! difloute a formé des criftaux fi petits, que cha-
. qu’ un d’eux , examiné à la loupe, préfente les facettes
d’un criftal parfait ; c’eft ce que Romé-
Dclile obferva le premier avec beaucoup de foin.
Ce n’ eft cependant point d’un fable de cette
nature que fe composent les dunes que la mer
amoncelle fur fes bords (voye% Dunes), ni les
amas fablonneux qui couvrent les vaftes déferts de
l ’Afrique, les fteppes de l’Asie, les llanos^ de
l ’Amérique & les plaines feptentrionales de l*Allemagne.
Ces dépôts paroiflent être au contraire
le réfultat de l ’aftion des eaux marines à l’époque
où elles couvroient ces contrées.
Parmi les fubftances pulvérulentes que lancent
les volcans, quelquefois avant, mais plus généralement
après l’éruption de la la ve, il en eft qui,
plus denfes que les cendres, ont été défignées par
quelques observateurs fous le nom de fables vol-
caniques. Ils font formés de fragmens de péridots,
d’amphygènes & de pyroxènes, de fer oligifte &
de fer oxydulé titané. La quantité que les volcans
en rejettent eft immenfe, quelquefois elle forme
plufieurs collines; c’eft ce que Dolomieu a remarqué
près de l’Etna.
Souvent les fables des terrains de tranfport ou
d’alluvion contiennent une grande quantité de
parcelles d’or & de platine, dont l’exploitation eft
plus avantageufe que celle des mines les plus
riches. On connoît depuis long-temps l ’avantage
que préfentent ces fables en Amérique, & ceux
qu’offrent depuis plufieurs années quelques terrains
ficués au pied des monts Ourals, en Sibérie-
Les grès que l’on remarque dans les fables marins
fupérieurs qui forment tant de collines dans
les contrées appartenant à la formation des derniers
terrains de fédiment, femblent avoir été formés,
tantôt à l’aide d’un liquide qui a tenu en dif-
folution la filice, & qui a réuni les'molécules
quartzeufes en mafles concretionnées tellement
confidérables , qu’elles donnent lieu aux exploitations
que l’on fait près de Fontaineblau, à Orfay,
à Etampes, pour paver les routes des environs de
Paris. Comme les fables, au milieu defquels fe
| trouvent ces mafles de grès, font fouvent cou