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régulières, expliquent facilement la caufe de cette
reffemblance avec quelques-uns de nos Cétacés.
Oifeaux. De la préfence. j des débris de ces
animaux dans les terrains féconda ires , on peut
tirer une conféquenCe importante. Si , comme
ceux du calcaire de Pappenheim, ils apparte-
noient tous à l ’ordre des Nageurs, leur exigence
attelleroit celle de quelques rivages peu étendus
à l’époque où ils vécurent. Mais les offemens d’oi-
feaux échafliers trouvés en Angleterre, prouvent,
par l’orga ni Cation même de ces animaux , qu’à l’époque
où des terrains fecon„daires fe formoient,
des lies s'élevoient au fein de l'Océan, & que fur.
ces premières plages, des oifeaux à longs tarfes,
au bec effilé, au vol rapide, pouvoient, dans
une vafe que leur conformation leur fait rechercher
, trouver les larves & les petits mollufques
qui forment leur nourriture habituelle.
Les oifeaux des formations tertiaires anciennes
n’indiquent point encore par leurs efpèces , qui
vivent fur les bords des rivages, îexiftence de
valles terrains forcis des eaux; mais ceux qui ont
été découverts dans les gypfes, & q u i, fuivant
M. Cuvier, fe rapprochent de la Cailles de la
Bécaffe . de Y Alouette de mer ou du Chevalier, de
Y Ibis , du Cormoran, du Bufard , de la Chouette &
du Balbujard, annoncent, d’une manière bien
évidente, qu’à l’époque où ces gypfes n’étoient
qu’ une matière molle précipitée au fond de l’eau ,
de vaftes plateaux , ou peut-être des continens,
étoient déjà formés & couverts d’ une belle végétation,
puifque notre contrée parifienne, l’Auvergne,
la Provence, de une partie de l’Italie,
nourrifiToient plulïeurs de ces oifeaux, & U plupart
des animaux donc nous allons parler.
Mammifères. S’ il paroît certain que les oifeaux
indiquent l’époque où les premières îles un. peu
imuortantes, où les premiers continens parurent,
les Herbivores des formations gypfe;ufes & des
terrains d’eau douce, qui fe rattachent à la même
époque, confirment cette affertion importante.
En e ffe t, on conçoit que les PaUotheriums, les
Anoplotheriums, les Lophiodons,. les Anthracothe-
riums, que tous ces Pachydermes enfin , fi diffé-
rens des quadrupèdes qui vivent aujourd’h u i,
ifon t pu naître & fe multiplier fur les premières
terres mifes à fe c , que lorfqu’elles étoient couvertes
d’une végétation abondante, puifque ces
animaux font tous herbivores. Et comme on retrouve
leurs offemens dans le département de la
Gironde, dans celui de Lot & Garonne, dans les
terrains lacuffres de l’ Auvergne, fur les deux
verfans des Cevennes , dans les départemens de
l’Aude , de l’Hérault & du Tarn, dans les environs
d’Orléans, dans le département de Tlndre,
dans celui du Bas-Rhin, dans celui de 1 Aifne,
& dans les environs de Paris ; qu’ on les retrouve
encore dans l’île de With en Angleterre, aux
pieds des Apennins en Italie; on doit en conclure
* que fi ces diverfes contrées n’ étoient pas entière- I
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ment hors des eaux, elles renfermement des terrains
fecs, d’une grande étendue, coupés & partagés
par des lacs & des cours d’eaux qui aef-
cendoient des montagnes ; car il eft hors de doute
qu’alors les Pyrénées, les Cevennes, les Apennins
,. les Alpes & les Vofges dominoient toutes
c-es contrées. .
L’époque de la création de ces animaux inconnus
eft la plus ancienne de celles ou l’on vit
paroître des quadrupèdes. Suivant le principe
admis par M. Geoffroy Saint-Hiiaire, a 1 égard des
Crocodiles , ces premiers Mammifères doivent
être regardés comme la fouche primitive des d iverfes
efpèces de Tapirs, de Rhinocéros & d Hippopotames
qui leur fuccédèrent, & dont les def-
cendans, fi nous pouvons nous fervjr de cette
expreffion , n’habitent plus que des régions lointaines
& chaudes.
A ces animaux fe joignirent encore des Rongeurs
, dés. Ruminans, & enfin des Carnivores ;
mais ceux-ci étoient en petit nombre, à en juger
parleurs dépouilles. Il fembleroit qu’à cette époque
la nature exerçât, pour ainfi dire, fes forces vitales
, en compofant un enfemble qui devoit être
en grande partie détruit, pour être remplace, des
myriades de fiècles plus tard, par un ordre de
création plus complet, plus ftable, dont notre
époque eft leréfuitat. ^ ^ -
Nous ne pouvons point ici entrer dans les details
. du départ & du retour alternatifs des eaux
marines, qui ont, à diverfes reprîtes, couvert de
vaftes contrées & détruit les animaux terreftres.
Mais la fimple récapitulation des débris fpffiles,
confidérés fous le rapport des formations géologiques,
donne de fortes raifons de croire que
les animaux dont on retrouve les débris, n ont
difparu- que parce qu’ ils ont été victimes de révolutions
phyfiques violentes, à la fuite desquelles
les contrées qu’ ils avoient peuplées 1 ont été plus
tard par des animaux différens* # . v
Les terrains, volcaniques pourroient fervir a
prouver cette affertion. En Auvergne, les volcans
qui brûlèrent, comme ceux qui exiftent encore
au fein de la Tartarie , au milieu de grands lacs
d’eau d ou ce, couvrirent de leurs débris des terrains
qui recèlent des offemens de PaUotheriums
& d’Anthracotheriums ,• mais lorfque ces animaux
eurent difparu de nos contrées, les mêmes volcans
rejetèrent leurs laves au loin, & couvrirent
d’ un tufa & d’ un fable volcanique, des reftes d'animaux
beaucoup moins anciens , tels que les
Herbivores & les Carnaffiers dont nous avons
parlé. Ce qui prouve que l’époque à laquellé appartiennent
ces animaux, eft bien poftérieure à
celle des terrains qui renferment dès PaUoikeriums,
c’eft que nous avons vu que jamais on ne trouve
avec ceux-ci, ni les Boeufs, ni les C e r fs, ni les
grands. Felis, ni les Ours, qui fuccédrèent aux
premiers Mammifères, & que la dernière révolution
du Globe devoit difperfer ou détruire.
Terrains
o s s O S S j o 5
Terrains de tranfport & d'alluvion, brcches ojfeufes,
cavernes. — Nous arrivons enfin à une époque
remarquable parmi celles qui ont rapport aux modifications
qu’ a éprouvées le règne animal. Les
débris des Mammifères dont nous venons de
parler, fe retrouvent généralement dans des depots
qui attellent une formation d’eau douce. Les
mers, en fe retirant, avoient laiffé à découvert
des chaînes de hautes montagnes qui circonfcn-
voient des baffins occupés en partie par des lacs
falés, que les eaux defeendues de ces montagnes
adoucirent peu à p eu , en remplaçant les eaux
falées qui s’évaporoient. Des quadrupèdes vécurent
paifiblement dans ces contrées qu’arro-
foient ces cours d’eaux, que baignoientees grands
lacs. Mais les mers revinrent occuper les régions
qu’elles avoient antérieurement abandonnées, &
cette fois elles laiffèrent des traces d’ un féjour
moins prolongé que les précédens. Elles formèrent
ces vaftes dépôts de fable qui couronnent
un fi grand nombre de collines & de plateaux
dans nos contrées , & q u i, dans leur partie fupé-
rîeure, renferment ces amas de grès amoncelés
fur quelques points des environs de Paris. Mais
lorfqu’elles fe retirèrent, par fuite de la rupture de
certaines barrières qui retenoient leurs eaux , elles
creufèrent un grand nombre de vallées fut leur
paffage,& laiffèrent dans plufieurs lieux des blocs
de diverfes roches, des.amas de cailloux roulés,
qui fe voient fur certains plateaux, ou qui forment
des amas élevés au milieu de quelques plaines qui
occupent de grandes-vallées.
L’hiftoire de ces terrains de tranfport eft encore
peu connue. On a droit de croire qu’ ils appartiennent
à plufieurs dates différentes. Suivant
l’ordre de fuperpofition que l’on remarque dans
un grand nombre de terrains, les plus anciens
durent leur forrnatiorrau déplacement des mers,
qui revinrent occuper des lieux qu’elle avoit jadis
abandonnés. Les fables & les cailloux qu’ils ont
accumulés, ont formé en plufieurs lieux une véritable
roche, dont les amas compofent des collines
confidérables. Ils ne renferment point d’of-
femens d’animaux terrellres,mais on y trouve des
reftes de Tortues d’eau douce, parce que la mer,
qui forma ces amas, revenoit occuper des terrains
où l’eau douce avoit formé des dépôts. Les'
roches dont nous avons parlé fous le nom de mol-
lajfesy appartiennent à ces anciens dépôts de tranfport.
L’Océan, qui les forma, abandonna probablement
fon l i t , ^ les efpaces qui relièrent à découvert
fe peuplèrent graduellement de divers
animaux , tels que desvMaftodontes, des Méga-
lonix, desMégatheriums, des Mammouths, des
Pvhinocéros, des Eléphans , des Tapirs & divers
Ruminans. Mais après un temps dont il eft im-
pofiàblede déterminer l’ étendue, unecataftrophe
d’autant plus remarquable qu’ elle paroît avoir été
fubite , & d’autant plus importante que c ’eft peut-
être la dernière de toutes celles qui ont laiffé des
Géographie-P hyfiquc, Tome r •
traces inconteftables, vint anéantir cette population.
Suivant quelques auteurs, dont nous partageons
à cet. égara l’opinion, cette immenfe inondation
s'effectua en partant du pôle boréal & en fe dirigeant
vers le fud. Elle forma les alluvions qui
couvrent l’Amérique feptentrionale jufqu’au golfe
du Mexique; ceux que l ’on remarque depuis
l’embouchure de la Léna jufque près de la mer
Cafpienne ; ceux qui ont laiffé des traces fur une
partie de la Hollande jufqu’en Angleterre ; enfin,
; ceux que l’on peut fuivre dans plufieurs contrées
j de la Pologne, de l’Allemagne, de la France &
de l’Italie.
Sans revenir fur ce que nous avons dit de la
découverte du Rhinocéros & du Mammouth,
revêtus de leur chair, nous ferons obferver que la
direction bien connue de ces alluvions, rend vrai-
femblable l’hypothèfe que nous avons faite fur
l’antique exiftence d’ un continent boréal, fub-
merge par cette cataftrophe qui auroit apporté en
Sibérie des animaux propres à ce continent. Nous
devons même ajouter, que bien que les offemens
que l’on retrouve en Sibérie n’offrent point de
traces de frottement, ce ne feroit pas une raifon
de nier qu’ils euffent été apportés de loin ; car fi les
eaux les ont chariés lorfqu’ils étoient recouverts
de leurs mufcles , ces parties charnues ont dû les
preferver de l’effet du tranfport.
En parlant ci-deflus des alluvions, des brèches
ojfeufes & des cavernes, nous avons fuffifamment
laiffé entrevoir que nous penfions qu’on pouvoit
les rattacher à trois époques différentes, & cette
opinion étoit bafée fur la nature des animaux dont
on trouve les offemens dans les dépôts qu’ on y
remarque. Ainfi, nous avons vu que fi les terrains
d’alluvion renferment, avec des reftes d’animaux
qui n’ont plus aucun analogue vivant, des débris
de quelques Ruminans ; les brèches au contraire
j ne renferment plus que des offemens de Ruminans
j & de quelques Carnaffiers, qui tous ont beau-
| coup d’analogie avec ceux que nous connoifions
vivans. Une autre remarque qui n’ eft pas fans
importance-, c’eft que ces brèches s’obfervt-nt
dans le voifinage de la Méditerranée; que les
fentes qu’elles rempliffent ne fe trouvent pas or dinairement
à une hauteur très-confidérable, &
que les coquilles qu’on y retrouve , fouvent appartiennent
à des mollufques terreftres & d’eau
douce. Nous hafarderons donc une explication de
ce fait.
Lorfque les mers, qui avoient formé les terrains
d’alluvion, en detruifant les animaux gi-
gantefques qui peuploient les contrées, qu'elles
avoient parcourues, fe furent retirées dans de
nouveaux baffins, quelques lacs ont pu, fur quel-
j ques plateaux é le vé s, fe former de la réunion
des eaux laiffées par l’Océan dans certaines places
I propres à les.contenir, & de celles que l’intem-
j périe de l’atmofphère y accumuloit au moment