
OUMNAK. L’une des îles Aléoutes, la fécondé
de cet archipel quant à la grandeur. Elle
a près de trente lieues de lo n g , mais elle eft fort
étroite. Un volcan en occupe le milieu : les
eaux qui en découlent font extrêmement chaudes.
D’ailleurs cette terre eft dépourvue de
bois , comme les îles du même archipel. ( F. )
OUNALASCHKA. C ’eft la plus confîdéra-
ble des îles A léo ute s , moins peut-être par fon
étendue , que parce qu’elle eft le chef-lieu des"
établiffemens ruffes dans ces îles. A fiez, rapprochée
du continent américain, dans le voifinage
des îles qui environnent la péninfule d’Alafchka ,
on doit la confidérer comme une île d’Amérique ,
& en effet toutes les obfervations tendent à la
faire attribuer à cette partie du Monde.
Son climat eft plus froid que celui de l’Europe
à la même latitude, phénomène que l’on obferve
non-feulement au nord de l’ Amérique, mais dans
la partie orientale du nord de l’Afie ; fon étendue
eft à peu près de quarante lieues de longueur, fur
une largeur moyenne de fept à huit lieues.
Le terrain y eft ondulé ; les plaines y font peu
fpacieufes, les vallées étroites finueufes, comme
dans les pays fchifteux. On trouve du granité,
des grès 8c autres roches filiceufes dans l’intérieur,
& des bancs de calcaire coquillier près
des côtes. On préfume que cet archipel n’ eft
pas dépourvu de métaux, quoiqu’on n’ait pas
encore donné beaucoup d’attention aux mines :
dé cette contrée. Le voifinage du cuivre n a t i f,1
fi abondant fur les côtes du continent oppofé, &
qui paroît y être amené par les flo ts, Sc furtout
celui de Mednoi-Oftrow (île du cuivre), femble
annoncer que les recherches de métaux dans
ces îles ne feroient pas infruthieufes. Mais, une
découverte qui feroit encore plus précieufe que
celle des métaux, ce feroit celle de mines de
charbon de terre.
11 eft affez étonnant que cette île , ainfi que
toutes celles du même archipel, foit dépourvue de
b o is , quoique l ’on en trouve en affez grande
abondance fur le continent, à la même latitude.
C e fait dévient encore plus inexplicable , fi l’ on
fait attention que certaines efpèces de, conifères
font communes entre les deux continents oppofés,
ce qui femble prouver que leurs graines ont pu
paffer de l’ un à l’autre. On ne trouve donc dans
l’ile d’Ounalafchka que des b.ois flottés , tranfpor-
tés par la mer &c amenés probablement dans l’Or-
cean par les débordemens des fleuves, ü’efpace
compris entre l’Amérique & l’Afie en eft bien
moins pourvu que les côtes de la mer Glaciale
en Sibérie, à çaufe des fleuves immenfes de cette
dernière contrée 8ç des forêts traverfées par leurs
nombreux affluens. Sur les côtes oppofées de l’Amérique
, il n’y a qu’un fenl fleuve , l’ Amour, que
l’on puiffe comparer à 1,’ u b , à l’Eniffei & au
Léna : les rivières de l’Amérique occidentale
n’ ont, comme on fait, qu’un cours peu étendu.
L’ abfence des grands végétaux fur les îles
Aléoutes eft fans doute une des caufes du peu
d’épaiffeur de la terre végétale fur toute leur
furface. Si l’on vouloit y faire des établiffemens
confidérables, on ne pourrait effayer fur-le-
champ d'y planter de grands arbres, fi ce n’eft
dans un petit nombre de lieux où le fol végétal
s’eft formé par des alluvions. On y trouve en
abondance des plantes bulbeufes , dont plufieurs
fervent à la nourriture de l’homme. Les céréales
peuvent y réuflir, ainfi que les légumes qui n’exigent
ni . un fol trop profond, ni trop de temps
pour croître 8c perfectionner leur graine. Dans
l’état âCtuel de ces îles , elles, offrent beaucoup
moins de reffources que le Kamtchatka où le climat
eft moins rude , la terre plus fertile 8c couverte
d’une végétation plus variée. Ainfi , jufqu’ à
préfent l’homme n’a pu fubfifter dans les Aléoutes,
que par les produits du règne animal, & ce font
ces mêmes produits qui attirent les Ruffes à Ou-
nalafchka, dans tout l’archipel de ces îles & fur
les côtes de l’Amérique.
La chaffe y eft peu productive dans l’intérieur
des terres, 8c n’offre qu’une foible reffource aux
habitans-j mais la mer y eft inépuifable, fi l’on n’ y
cherche que la fubfiftance & non des objets de
luxe 8c de commerce. Les loutres de mer, fi
communes dans ces îles lorfque les Européens en
firent la découverte, ont diminué confidérable-
ment & difparoîtront peut-être bientôt; les différentes
efpèces de phoques deviennent auffi plus
rares ; les baleines ne viennent pas auffi fouvent
échouer fur les côtes ; les oifeaux de paffage abondent
encore, mais ce ne font pour la plupart que
des efpèces peu recherchées, & qui ne peuvent
donner lieu à des fpéculations commerciales. Les
animaux domeftiques y vivroient par les foins de
l’homme, qui devrait pourvoit à leur fubfiftance
& leur fournir un abri pendant l’hiver. ,
On peut comparer Ounalafchka 8c les. autres
îles Aléoutes à 1 île de Mainland 8c aux autres
Orcades; mais celles-ci font à portée de la civili-
fation européenne, & font devenues à peu près
telles que les efforts de l’homme pouvoient les
rendre : les autres fortent des mains de la nature ;
jufqu’ à préfent l’homme ne s'y eft occupé qu’ à
détruire; & malheureufement il y eft trop loin
des peuples civilifés qui pourraient diriger 8c hâter
fes progrès. Elles feront peut-être abandonnées
lorfque .l’ on ne pourra plus en tirer affez de
fourrures pour fournir aux frais d'expéditions lointaines.
Quoiqu’elles fémblent clifpoiees pour établir
une communication, facile & fùre entre les
deux continens, la nature n’a pas fait affez pour
y attirer la navigation ni pour y fixer une population
nombréufe, les arts des nations civilifées,
8c un autre bonheur que celui d'une vie paifible
& uniforme, (Ç. )
OUNOUSCHA.
OUNOUSCHA. Petite ri.vière de Ruffie, qui
tombe dans le lac Onega. Elle parcourt un pays
boifé & bien pourvu de mines de fer. Son cours
eft à peu près de vingt lieues. Voye% O nega.
OURALS (Monts). Chaîne de montagnes qui
s^étend du nord au fud, entre le baffin dè l’Ob 8c
ceux de la Dwina & du Volga, & dont les fom-
mets ont été choifîs par les géographes pour fixer
les limites arbitraires entre l’Afie & l’Europe.
Deux fleuves prennent leur fource dans ces
montagnes, l’un vers le nord, & l’autre au fud.
Le premier ( la Petchora) a fon embouchure
dans la mer Glaciale ; le fécond ( l’Oural) tombe
dans la mer Cafpienne ,'grofii de plufieurs petites
rivières qui defcendent auffi des monts Ourals, &
de quelques autres qui fortent des lacs ou des marais
des Steppes qui font au pied de ces monts ,
vers le fud. Les autres courans d’eau qui partent
de la même chaîne,' fe rendent, comme on l’a
dit, dans l’Ob ou fes principaux affluens, ou dans
la Dwina vers la partie fupérieure de fon cours ,
ou dans la Kama 8c le Volga.
On a prodigieufement exagéré la hauteur de
ces montagnes , fans qu’aucune mefure exâdle/ait
corrigé les erreurs des géographes , ni réfuté'les
menfongés des voyageurs. Que penfer de Kotz-
bue, qui en parlant de la butte fur laquelle on a
conftruit le porte fortifié de Biferte, 8c qui n’atteint
pas la hauteur de Montmartre, ofe la décrire
comme un paffage comparable au Saint-Bernard
ou au Simpîon ? Pallas, qui n’étoit pas toujours
bien informé, &: qui n’avoit pas tout vu par lui-
même , a donné quelquefois des opinions popu-‘
laires, des ouï-dire, pour des faits confiâtes 11,
aurait évité ces erreurs, s’il eût obfervé que les
plus hauts fo’mmets de l’Oural s’élèvent très-peu
au-deffus de la ligne des neiges éternelles , qu’il
n'y a que trois pics qui furpaffent cette limite,
d’une cinquantaine de mètres tout au plus, 8c que
dans tout le refte de la chaîne, les arbres croiffent
fur le fomrnet des montagnes. On peut donc affu-
rer que les monts Ourals égalent tout au plus en
hauteur la chaîne des VofgeS'ou celle de la Forêt-
Noire , & n’ont rien que l’on puiffe comparer aux
Alpes, ni même aux Pyrénées.
Non-feulement l’a chaîne entière eft peu élevée
au-deffus du-niveau de la mer-, mais elle le paroît
encore moins qu’ellé ne l’eft réellement. Cétte
illufion eft l’effet de la grande largeur de la chaîne
qui couvre partout un efpacè de plus de cinquante
lieues; Il eft prefqu’impoflible de recon-
noîtré les limites entre la région montagneufe
& la plaine qui lui fert de baie. On n’y trouve
donc point les précipices, les cafcades, les tor-
rens, les grands traits qui cara&érifent les montagnes
très-élevéés. Les ruiffeaux y font affez pai-
fibles,'*& -les’ rivières’ y ont peu de1 pente. Des
mefures prifes fur le TaguÙ, l’ un des affluens de
la Toiira, ont fait voir que fia pente n’eft pas d’un
Géographie-Phyfique, Tome
millième, dans la région montagneufe, fur le revers
oriental où font les pics les plus élevés.
D ’ailleurs, le point où ces mefures ont été prifes,
élevé de 300 mètres au-deffus du niveau de la mer,
eft à plus de 2,000,000 de mètres du golfe nommé
embouchure de £ Ob , en fuivant le cours des rivières.
Ces pentes fi adoucies, ce nivellement de
terrain dans un efpace auffi étendu, expliquent
fuffifamment une trifte fingularité que préfente
prefque partout la région montagneufe de l’Oural :
les marais en couvrent une grande partie, & fe
prolongent en quelques lieux jufqu’aux bords do
roches efcarpées. On voit auffi pourquoi les eaux
limpides y font très-rares, pourquoi les rivières
y font prefque partout colorées par les matières
végétales decompofées que les marais y verfent
continuellement.
Cependant on ne peut douter que cette vafte
contrée n’ait éprouvé des bouleverfemens confidérables,
fucceffifs, renouvelés peut-être à des
intervalles d’un grand nombre de fiècles. Mais ces
changemens de la furface 8c de l’intérieur ne peuvent
être attribués aux feux fouterrains dont on
ne trouve aucun veftige. Les produélions des volcans
, les bafaltes même, font inconnus dans toute
l ’étendue de la chaîne que les naturaliftes ont vi-
fitée, c’eft-à dire fur une longueur de plus de 90
en latitude. Mais les affaiffemens du fo l, la courbure
des couches, l’aétion des eaux météoriques
& des variations de température y font vifibles
prefque partout. Le travail des eaux de la mer n’a
modifié que les plaines, & n’eft point arrive juf-
qu’àux montagnes.
Le peu de relief du terrain 8c la grande largeur
de la chaîne de montagnes fembleroient annoncer
que les vallées y font larges ; il n’en eft pas ainfi,
à l’exception de quelques lieux qui femblent avoir
été le fond de lacs dont les eaux s’écoulèrent en
rompant leurs digues. Ces ruptures ou ces éro-
fions font très-apparentes 8c très-multipliées : des
roches traverfent les vallées , laiffant un paffage
très-refferré aux eaux des rivières & des ruiffeaux.
L’induftrie en a profité pour conftruire les digues
des nombreufes uiïnes établies dans la partie de
la chaîne où les métaux abondent, & dont les
machines font1 mues par les eaux. L ’art a rétabli,
dans ces lieux, l’ancien état des chofes, & remis
le lac én poffeflion du terrain qu’il occupoit autrefois.
Les roches qui formoient ces anciennes
digues naturelles, font de diverfe nature , toutes
d’ancienne formation. Il refte encore un affez
grand nombre de lacs à l’extrémité de la chaîne,
vers le fud : ils font peu profonds, & quelques-
uns renferment des îles de quelqu’étendue. On
en trouve peu dans la contrée la plus riche en
minés métalliques : le refte de la chaîne eft peu
connu.
La çrofition géographique des monts Ourals, à
une grande diftance des mers 8c à une haute latitude,
explique pourquoi le volume des eaux des