
antiques fquelettes. Ce baflin étoit alors un grand
la c , dans lequel les eaux pluviales ont probablement
entraîne les offemens de ces êtres aujourd'hui
inconnus, & qui alors maîtres paifihles de
quelques fommités de nos contrées mifes à fec , y
ont long-temps précédé l’être qui prend orgueil-
leufement le titre de roi de la nature.
Ces antiques mammifères herbivores dont nous
venons de donner la defcription d'après les travaux
de M. Cuvier, n’occupoient pas feulement
les terrains qui forment aujourd’huiles environs
de Paris j on en a trouvé des débris appartenant à
des efpèees femblables ou très-voifines, dans le
calcaire d’eau douce de Montabufard près d’Orléans
j dans celles de Saint-Geniez à trois lieues
de Montpellier, d-ans les pentes de la montagne
Noire près d’Iffel ( département de l’ Aude), &
enfin dans les terrains d'eau douce du Puy en
Vélay.
Cependant, comme les terrains des environs
de Paris ont été explorés avec plus de foin & de
perfévérance que ceux de nos départemens, on
y a trouvé un plus grand nombre d’animaux appartenant
à des efpèees aujourd’hui inconnues.
Tel eft, parmi les Pachydermes, le genre adopté
provifoirement par M. Cuvier fous le nom de
Ch&ropotame, & q u i, d’après les recherches & les
rapprochemens qu’ il a faits , étoit plus voifin du
Cochon que des genres PaUotherium & Anoplo-
.therium ,• tel eft le genre Adapis, voifin du Hérifion,
mais d’une taille plus grande d’un tiers.
' On a aufli trouvé dans nos blocs de gypfe les
offemens d’un Sarigue qui fe rapproche un peu
de la Marmofe ( Didelphis marina ) , animal qui eft
propre au continent de l’Amérique.
Et ici nous devons faire remarquer un fait qui^
n’ a point échappé à la fagacité de M. Cuvier',
c ’eft que nos' carrières à plâtre ont fourni la preuve
de l’antique exiftence dans nos contrées, de deux
animaux qui ne trouvent leur reffemblance que
parmi ceux du nouveau Monde, le Tapir & le
Sarigue que nous venons de mentionner. Ces
' deux genres diffèrent à la vérité de ceux que nous
indiquons comme étant leurs analogues vivans,
par des caractères affez importans; mais en cela
on reconnoît la règle générale qui s ’applique à
prefque tous les êtres organifés dont on retrouve
les débris dans les différens dépôts de nos terrains
fecondaires & tertiaires, règle qui peut s'énoncer
en ces termes : Plus on remonte dans Véchelle de la
création , en s*éloignant de l'époque qui femble avoir
vu paraître la création actuelle, plus les animaux different
de ceux qui peuplent nos ccntinéns modernes.
D ’autres animaux fofliles épars dans nos formations
gypfeufes, n’ont pas, malgré leur petiteffe ,
échappé aux invefti garions anatomiques. On y a
reconnu un petit animal du genre des Loirs, &
qui même, à quelques légères différences près,
fe rapproche parfaitement du Mus glis ( Lin n .),
&: une mâchoire d’ une efpèce plus petite , qui
reffemble affez à la Souris ordinaire.
Lophiodons:. Ce genre eft celui qui fe rapproche
le plus des PaUotkeriums ; il doit fon nom aux
collines tranfverfales qui fe voient fur fes molaires.
Par la forme & le nombre de fes dents
incifîves fc canines , il paroît être voifin des T a pirs
, mais il en diffère par fa, taille, quelquefois
plus & d’autres fois moins élevée.
Les premières dépouilles fofliles de cet animal
ont été découvertes dans le département àe
l’ Aude, près du village d’Iffe l, le long des der-
niè.res pentes de la montagne Noire , qui s’étend
du fiid-eft au nord-oueft, depuis les environs de
Carcaffonne jufque vers le Tarn. Le terrain dans
lequel on les a trouvées gifant avec des os de
PaUotkeriums ,* de Crocodiles & de To r tu e s , eft
une efpèce de poudingue compofé de grains arrondis
filiceux de diverfes couleurs , agglutinés
par un ciment calcaire , & qui annonce un dépôt
d’alluvion ou de tranfport dans lequel c'es os ont
été entraînés, ainfi que le prouvent leurs nombreux
fragmens mutilés.
Trois autres Lophiodons qui diffèrent un peu
de ceux d’Iffel, & dont une efpèce plus grande
“que le Tapir d’Amérique femble avoir atteint la
taille de celui des Indes, ont été trouvés aufli
avec des offemens de Crocodiles & de Tortues
dans les environs d’Argenton, département de
l’ Indre. Le terrain dans lequel ils ont été reconnus
a été examiné & décrit par M. Bafterot, mon
collègue à la Sociétéd’hiftoire naturelle de Paris,
qui a publié à ce fujet, dans les Mémoires de
cette Société, une notice fort intéreffante.
Sur un dépôt confidérable de calcaire oolithique
repofe, fuivantee naturalise, une marne calcaire,
qui a été creufée jufqu’à la profondeur d’environ
vingt pieds fans qu’on en ait trouvé le fond ; fon
étendue peut être évaluée- à environ fix cents
pieds de longueur, fur une largeur de cinquante à
foixante. Il occupe.une forte de ravin creufé dans
le calcaire oolithique & dans la direction du fud-
eft au nord-oueft.
Cette marne, qui varie peu dans fa compofi-
‘tion, ■ & qui abonde en argile dans fa partie inférieure,
eft généralement fi abondante en offemens
, que les moindres échantillons en contiennent
des parcelles. Ces offemens ne font, dit
M. Bafterot, ni roulés ni caffés, mais naturellement
très-fragiles, ils fe brifent dans l’exploitation
de cette marne, que.Ton emploie dans l'amendement
des terres. C e font les os courts &
les dents qui font le mieux confervés; on commence
à en trouver à quelques pieds de la fur-
face , -& plus on defeend enfuite , plus ils font
nombreux.
Les coquilles font rares dans ce dépôt, mais
celles que l’ on y remarque font des planorbes &
des empreintes d’une petite coquille qui reffemble
à un cydoftoroe ou à une lyninée : ce qui annonce
une formation d’eau douce. Outre les trois Lophiodons
particuliers à ce terrain qui y ont ete
trouvés , on en rencontre deux autres qui font
femblables à ceux d’Iffel, ainfi que deux PaUotkeriums
analogues à ceux d'Orléans, & quelques
offemens d'Anoplotherium.
Près de Buchfweiler, dans le département du
Bas-Rhin (voyeç R hin & V osges) , on a aufli
trouvé dans un calcaire d’eau douce des oflemens
de Lophiodons , dont une efpèce fe rapproche des
Rhinocéros & des PaUothenums. Une autre y a
été découverte, elle eft beaucoup plus grande
qu’aucune de celles des localités précédentes ; fa
taille devoit furpaffer de plus d’ un quart .le Tapir
des Indes, & de près de moitié celui d’Amérique.
C ’eft à cette efpèce queM. Cuvier donna d’abord
Je nom de PaUotherium tapircides. Enfin, la mâchoire
d’une troifième efpèce a été reconnue dans
ce terrain j elle eft d’environ un neuvième p'us^
grande que ce de du Tapir des Indes, & furpaffe
de près d'un tiers celle du Tapir d’Amérique.
M. Cuvier l’avoit a p p e lle , dans la première
édition de fes Recherches fur les ojfemens fojfiles,
PaUotherium buxovillanum.
Dans une fablonni.ère fituée entre Soiffons &
la vallée de Vauxbrun, on a trouvé , à quelques
pieds de profondeur, une autre efpèce qui fe
rapporteroit, fuivant M. Cuvier» au Lophiodon
de Buchfweiler, & q ui, fuivant le dire des ouvriers
qui trouvèrent fon fquelette entier, poufyoit
avoir la taille d’un Taureau.
Aux environs de Laon, dans un dépôt noirâtre
qui fe rapporte à la formation d’eau douce analogue
à celle des lignites, & qui eft furmonté de
calcaire marin, on a trouvé quelques offemens qui
parôiffent avoir appartenu à des Lophiodons, &
dont l’un offre une reffemblance frappante avec
un os du Tapir d’Amérique.
Les Lophiodons des environs.d'Orléans appartiennent
à deux efpèees, dont une ne s’eft encore
retrouvée nulle part ailleurs; elle eft en effet plus
grande que toutes celles qui ont été découvertes
dans d’autres localités. Le fragment de mâcfibire,
l’.aftragale, & la portion d e , tibia de cet animal,
annoncent une taille qu’on ne peut pas évaluera
moins de huit pieds de longueur. Le défaut d’ of-
femens fuffifans fait qu’on ne peut pas précifé-
mént en évaluer la hauteur. M. Cuviër, dans la
première édition de fon grand ouvrage, luiavoit
donné le nom de PaUotherium giganteum.
L’autre efpèce, à en juger par quelques o s ,
annonceroit un Lophiodon analogue à la moyenne
efpèce d’Iffel.
Ces offemens ont été trouvés dans les carrières
de Montabufar, hameau delà commune d’ Ingré,
a une lieue à l’ oueft d’Orléans, & à une demi-
lieue de la Loire. Ges carrières font très-riches
en débris d’animaux appartenant aux antiques
créations. Elles font fituées fur un plateau qui du
côte de la Loire lorrne le premier échelon par
lequel on monte vers les plaines de la Beauce.
On y exploite les bancs d’ un calcaire marneux
q u i, par fes nombreufes coquilles de lymnées üc
de planorbes, annonce une formation d’eau douce.
La coupe de ce terrain préfente les couches fui-
vantes :
Terre végétale mêlée de fragmens de calcaire
marneux , 2 3 3 pieds.
Même calcaire divifé en petits fragmens, 12 à
1 y pieds.
Marne durcie, pénétrée de coquilles d’eau
douce , 5 à 6 pieds.
C ’eft dans la fécondé couche que fe trouvent
les offemens. La dernière femble repofer fur un
calcaire qui reffemble à la craie.
On a aufli découvert près de Montpellier quelques
dents de Lophiodon. M. Cuvier préfume
qu’ un os qui a été recueilli dans le val d’Arno en
T ofcane , & qui femble avoir appartenu à un
animal voifin du Tapir, pourroit bien être celui
d'une efpèce de Lophiodon.
Aux Pachydermes des terrains gypfeux, nous
devons ajouter d’abord un Anoplotkerium commune,
trouvé récemment dans le calcaire la-
euftre inférieur de l’île de With en Angleterre;
puis deux efpèees qui femblent devoir fe rapporter
au genre Anoplotherium , & qui ont été
découvertes en Italie. Des dents & quelques os
de ces antiques animaux ont été examinés par
M. Cuvier, qui les a trouvés fenfiblement différens
des mêmes genres découverts à Montmartre ;
mais çé qu’ ils offrent furtout de particulier, c ’eft
leur giÇement : ils étoient dépofés dans une roche
de lignite épaiffe de quelques mètres, près du
village de Cadïbona, & qui forme les aflifeS d’une
forte de monticule fitué au pied de la grande
crête de l’Apennin. Cette roche eft une efpèce de
grès micacé qui paffe à l'argile fehifteufe, & qui
eft recouverte par des blocs de ferpentine & de
granité d’une efpèce particulière, que M. Bron-
gniart nomme Euphotide diallagique, compofée de
feldfpath compacte, de diallage, de ferpentine 6c
de calcaire; elle repofe fur un gneifs. Les lignites
de cette localité renferment aufli beaucoup d'of-
femens. M. Brongniart penfe que ces lignites appartiennent
à la formation des terrains tertiaires
de l’Apennin, & quelles font pofiérieures 3 ou tout
au plus contemporaines des gypfes des environs de
Paris.
M. Cuvier a donné le nom d' AnthracotheHum à
un animal foflîie voifin des Anoplotherium s , & qui
offre quelques rapports avec l’Hippopotame. Les
ofleroèns qui ont fervi à former le genre Amhra-
cotherium ont été découverts près du village de
Hauteyigne, dans le département de Lot & Garonne,
ayec des os de Tortues & de Crocodiles,
& ayec des morceaux de palmiers filicifiés, dans
un terrain d’ eau douce.
M. Cuvier diftingue jufqu’à cinq efpèees d’Aa-
thra.cQtherium •