
le jeu, indifterens pour la mort. Ils n’ont qu’une
feule qualité pour covnpenfer la rudeffe de leurs
moeurs fauvages, c ’eft leur eropreffement à offrir
Thofpitàlitë à l’étranger qui la réclame.
Parmi ces différentes tribus, les Guaycouros
toujours à cheval & armés d e • rances & de fléchés,
font renommés par leur bravoure & redoutés
par leurs excürfîons. Iis ne font point-
dépourvus cl’ induflrie : c ’e-ft par le moyen des
échanges qu'ils font, des toiles grofîières de coton
qu’ils fabriquent, qu’ils fe procurent des chevaux.
Armicuns. Ces peuples qui habitent les côtes
qui avoifinent le golfe de Pennas, fe divifenten
plufieurs tribus. Généralement robuftes, ceux des
montagnes font d’une taille élevée; ceux des'
régions fituées près des côtes font moins grands.
Quoiqu’adonnés à l’agriculture, ils font moins
portés vers la vie agricole que vers la vie. no-'
ma de ; ils élèvent des troupeaux de boeufs & de
vigognes, & furtout beaucoup de chevaux.
Les Araucan-s adorent YEfprit de F'Unidos, ils
honorent les affres. Leurs moeurs font affez civiii-
fées , k-urs connoiffances font affez étendues. Ils
parôiffent avoir quelques notions d affronomie &
de géométrie : ils diffinguent 6c défîgnent par dès«
noms particuliers, les affres #? les conftellations ;
ils connoilTent les folffices & les équinoxes, qui
font pour eux des époques fixes de Tannée civile,
qu’ils divifent en douze mois de trente jours,
auxquels ils ajoutent cinq jours complémentaires.
La polygamie eft en ufage chez eux. .
Leur population peut être évaluée à plus de
îoo,ooo individus.
Pjlagons. Ce peuple dont on a exagéré la
flature , habite Textremité méridionale de l’Amérique.
Les hommes y font généralement de la taille
de pies de fix pieds- Suivant certains voyageurs,
quelques individus atteignent celle de huit pieds.
Leurs femmes font d’ une lia cure proportionnée.
Tous s’ accordent à les reprefenter comme des
hommes dou* & hofpitaliers. D’après le p(frirait
"qu’ on en fa it, ils font d’une carrure analogue à la
hauteur de leur taille , & leurs membres font forts
& proportionnés. Leur f ilage eft large & leur teint
b a fa né ; ils on d e nez.ëcrâfé, la bouché grande ,le s
dents blanches & lés cheveux noirs. Un a prétendu
que ia rareté de leur barbe prouve leur originé
américaine; mais nous penfons que ce n’eft point
un caractère diftinûif, car il eii probable que les
peuples américains, que-l’on a regardés comme
c-tant naturellement dépourvus de barbe, doivent
et caractère à l'habitude» qu’ils ont de s’ é-
PilËr‘ . . - . • * • a g l ^ W p
Indigènes de t -rchipel de la terre de Feu, Les
habitans de ces lies ont à peu près les mêmes
caraétèies phyfîques. Ceux de la partie orientale
. & feptentrionnle de la terre des Etats» paffent pour
être les moins difgraciés de la nature. Ils fe donnent
le nom de Y a ca n a cuQuelques voyageurs
les nomment Pécherais. Ils femblent avoir plufieurs
traits de ïeffemblance avec les Efquim^ux. En
effet, ils ont la taille moyenne,, les joues élargies
& Taillantes,. & le nez aplati. Ils ne vivent que
de poiffons & de mollufques marins.
L’expofé rapide que nous venons de faire des
différens peuples de la terre ne nous a point
permis de parler de ceux qui, par l’effet-dés conquêtes
de différentes nations de l’Europe, fe
font plus ou moins confondus avec les conquérans
qui les ont affervis.
Les caufes phyfîques qui ont quèlqu’ influetice
fur leurs moeurs, fur leurs habitudes & fur leur
degré d’abrutiffement ou de civilifation, étant
plus vifîbles chez les peuples qui parôiffent être
plus voifîns de l’état primitif de l'homme fur la
terre » nous avons dû pous étendre principalement
fur les détails relatifs aux nations non _civi-
lifées, & paffer rapidement en revue ceux qui
jouiffent à un certain degré des bienfaits, de la
civilifation. Nous n’ avons point dû non plus parler
des moeurs de ces nations qui ont fuccombé fous
le fer des conquérans fanatiques & fanguinaires
des quinzième & feizièrae fiècles. Àinfi en Amérique
les anciens Acfèques gouvernés par les
Incas, & dans les Antill.es les Caraïbes égorgés,
par les Efpagnols, n’ont point dû nous occuper.
Sans doute que. l ’influence qu’ exercent fur l’ef-
pric du.fiècle un plus haut degré de civilifation,
une plus grande maffe de lumières, fera qu’avant
vingt ou trente ans peut-être , ce que nous avons
dit de 1 état aétuel dé certains peuples fe trouvera
tout à-fait furanné. Nous appelons de tous
nos voeux un tel changement : Tinffruêtion répandue
fur des contrées fauvages, aidée par l’action
bienfaifarite du véritable chriftianifme , que tant
d'hommes fincèreinent religieux s’efforcent de
propager, fera la plus belle & la plus douce com-
penfation des maux que 1 ignorance des chrétiens
des fiècles pnflés a Fait naître dans des contrées
qui, fivorifëes de tous les dons de la nature,
ont été long-temps le théâtre des crimes les plus
affreux.& des plus fanglantes cruautés.
De tout ce que nous venons d’expofer, il reluire
quelques conféquences affez intéreffantes fur les
peuples que leur pofition naturelle a fait chaf-
feurs , parieurs ou cultivateurs.
On a dit, peut être avec raifon, que les peuples
chaffeur s forment des peuplades peu nom-
breufes, diffeminées à des diffançes conndérables,
parce qu’obligés de fe nourrir de la chair des
animaux fauvages & de quelques-unes des productions
fpontanées du fol, iis fe nuiroient réciproquement
s’ils fe concer.troient fur des terrains
peu étendus.
Les peuples paffeurs, au contraire, font plus*
multipliés fur une même étendue, quoiqu’ ils fe
nourriffènt egalement végétaux & d’anirnaux.;
mais les animaux domeftiques qu’ils élèvent &z
dont ils forment de nombreux troupeaux, leur
fourniffent
fourniffent un moyen de fubfïffance bien plus important
que les animaux fauvages que le chaffeur
eft obligé de pourfuivre. D’ un autre c ô té , la
réunion d’un, grand nombre d’animaux domefti-
ques fur le fo l , engniffe & améliore la terre &
produit la fertilité; c’ett donc ce qui fait que la
population des peuples paffeurs doit être plus
coiifiderable que célle des peuples chaffeurs ;
ajoutons encore que la vie aventureufe, que les
diipofirions naturellement guerrières de ceux-ci les
portent, dans le but de leur propre confervation,
a chercher à repouffer des contrées riches en
gibier, les concurvens qu ils y rencontrent; de là
naiffent des guerres deftruètives & interminables
entr’ eux. Les peuples paffeurs, au contraire, habitués
à une vie douce 6c paifîble, quittent au be-
foin leur fol, fans aucun butd’agreffion envers leurs
voifîns, car la guerre pour eux n’auroit que des
chances défavorables, puifqu’elle les expoferoit
à la deflruêtion de leurs troupeaux ; chacun quitte
paifîblement un fol épuifé, de ce n’eft: jamais que
par l’ ambition de quelques chefs, & non par les
befoin s du peuple, que quelques guerres paffa-
gères peuvent les divifer. On conçoit que l ’efprit
de perf Ctionnement '6c de bien-être doit naturellement
préfîder aux fociétés de peuples paf-
teurs, fV que leur manière de vivre , uniforme &
fans foins, peut porter leur efprit vers des per-
fe&ionnemens utiles ; tandis que le peuplé chaffeur,
occupé conftamment d’attaquer l’animal qui
doit lui fervir de nourriture, ou le voifin envieux
qui veut lui ravir fa proie, ne peut trouver aucun
moyen convenable d’améliorer fa fituation. Mu
conftamment par le féul befoin de v ivre, fes idées
rétrécies rie peuvent lui fuggérér aucun perfectionnement;
auflî le peuple fauvage ou chaffeur
eft-il toujours dans le même état d’abrutiffement,
de fuperftition & d’ ignorance, qui précéda partout
l'enfance de- la civilifation, tandis que certains
peuples paffeurs ont connu quelques arts,
les ont perfectionnés, & fe font éleves jufqu’à
la fublime idée d’un être fuprême.
Les peuples cultivateurs fembleroient au premier
abord devoir participer des avantages dont
jouiffent les peuples paffeurs : chez ces derniers,
les idées d’independance & d’égalité font une
fuite naturelle de la pofition de chaque individu,
dont le plus petit troupeau peut fufrire à fa fub-
fînance; mais chez le peuple cultivateur, des
terres confidérables ont exigé l’emploi d’ un grand
nombre de bras; celui qui pofiedoit un va.fte
champ, le fit cultiver par ceux qui, n’ayant que de
petites propriétés, pouvoic fe livrer à la culture
des terres du riche. De là , des mercenaires qui
ne travaillèrent plus fur la terre des autres que pour
gagner leur fubfïffance; il n’y eut de là qu’ un pas
à faire pour établir l'efclavage : auffi ce fut fans
doute chez les peuples agriculteurs que s’établirent
les* rangs & les diftinêtions ; & la r.obleffe
& l'oifiveté furent pour celui qui avoit plus de
Géographie-Phyjiq'ie. Tome K .
richeffes qu’il n’en pouvoit dépenfer. Le Chinois,
peuple effentiellementagriculteur, pourroit au befoin
offrir la preuve de jee que nous avançons.
Chez les peuples livrés à l’agriculture, les feien-
ces & les arts durent fleurir, car partout où il y
a dés riches & des oifîfs, le befoin des jouiffances
enfante les arts, & l’oifiveté fait naître le defir
de l’inftruétion. Chez ces peuples encore, la diver-
fité des rangs & des richeffes contribua à l’éta-
bliffement de plufieurs claffes d’individus; les
chefs fentirent le befoin. de tenir les dernières
claffes dans l’ignorance, afin de leur faire fuppor-
terplus patiemment le joug qu’ ils leur impofoient :
depuis le monarque jufqu’ au dernier des fujets,
les rangs, les diftinotions, les caftes furent héréditaires
, & lorfque la partie riche ou noble de la
nation eut laiffé prendre, au moyen des fciences
& des idées religieufes, un grand afeendant à ia
claffe facerdotale, celle-ci, comme en Egypte,
s’empara du pouvoir & s’éleva au-deffus du monarque
même, au nom facré de la Divinité.
p p H .)
Lorfqu’ on jette un coup d’oeil rapide fur les
peuples qui couvrent la furface de notre G lo be,
il eft facile de fe convaincre qu’il exifte enu’eux
des différences marquées , différences qui ne fe
montrent pas moins dans leurs traits phyfîques,
leur conftitutian, leur tempérament, que dans
leurs m oe u r s le u r caractère , leurs ufage s , leurs
inftitutiom.Pour bien faifir l ’enfemble des nuances
qui les diffinguent, il ne faut pas s’arrêter à ces
divifions politiques, à ces limites de convention,
qu’un caprice pu-le gain d’une bataille'peut faire
varier à chaque inftant, mais il faut s’en tenir à
ces grandes divifions phyfîques, à ces frontières
immuables , que la nature femble avoir marquées
dufeeau de ton éternité. En effet, un peuple peut
changer de nom & de maure, fans pour cela
perdre fes cara&ères diftinaifs. L’Indien fournis
au joug de l’Angleterre reftera toujours un Indien;
le Tartare indompté du Caucaie ne deviendra
pas Ruffe parce qu'il aura été forcé
d’obéir aux czars. Ses traits caraétériftiques, tout
peuple, dans le fens large que nous attachons à
ce m o t, les doit au foi qu’il habite, à l’at-
molphëre au milieu de laquelle il refpire, à la
température à laquelle il eft fournis, aux alimens
que la terre ou les eaux lui prëfentent, aux travaux
auxquels il eft obligé de fe livrer, pour fe
nourrir, fe défendre & fe. conferver. L’Arabe du
défert, vivant fous un ciel brûlant, au milieu des
mers de fable de l’Afrique, ne peut avoir aucune
reffemblance avec l’habitant des plaines fertiles
& arrofées de l’ Inde ou de laP e r fe , avec les
peuples glacés de la Sibérie ou du Kamtchatka.
Chacun d’eux offr e aux yeux du voyageur inftruit,
de l’obfervate-ur attentif, des car .itères particuliers
faciles à reconncître , à énoncer, 6c qui
tous dépendent plus ou moins immédiatement