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niflent les eaux du Wipper, de l’Agger & du Sieg.
Le verfant oriental des monts Rothaar & Eggé
fournirent les eaux de la Lahn qui fe jette dans le
Rhin , du Fier & du Diemel; le premier affluent
de la Fulda & le fécond du Wefer. A l'extrémité
feptentrionale des monts Eggé , coule la
Werra , autre affluent du Wefer ; le verfant occidental
des monts Eggé & Rothaar fournit les
eaux de la Lippe, de la Roër & de laLenne,
. affluent de la R o ë r .
Depuis l’extrémité feptentrionale des monts
Ebbe ju(qu’aux fources de la Lippe, tout le verfant
occidental du fyllème des monts Rothaar'■ appartient
à la formation primitive ; fur les pentes
feptentrionales des monts Eggé s'élèvent les roches
fecondaires qui fe prolongent jufqu’au-delà'
du Wefer. Au nord du Fier, le Rothaar dirige
une chaîne jufqu’au bord de la Fulda. Cette
chaîne eft également fecondaire; mais le verfant
oriental des monts Eggé & Rothaar appartient
auflî à la formation primitive. Sur les bords
de l’Agger & de la Sieg, les roches, primitives
préfentent une vafte formation volcanique. Voye\
R hin. (J. H. )
ROTOUMA (Ile de). D’après les renfeigne-
mens fournis par M. Lefton, cette île, improprement
nommée Rotoumahou fur quelques cartes, a
environ quatre ou cinq milles de longueur. Elle
s’étend du nord au fud. Le milieu de l’île gît par
i i ° $i' de latitude fud & 1740 y f de longitude
eft ; elle femble former le chaînon qui rattache
l’archipel des Carolines, par ceux des Mul-
gravesr, de Marfal & de Gilbert, par Saint-Auguf-
tin & le Grand-Cocal, aux autres archipels de
l’Océan pacifique.
Le navigateur Quiros eft le premier qui ait reconnu
Rotouma: il y mouilla en 1601. Le capitaine
Edwards, commandant La Pandore, connut
cette île en août 1791 ; il s’en attribua la découverte
& la nomma Grenville. Le capitaine Wilfon,
commandant le Duff, fut accofté le 3 feptembre
3797 Par quelques pirogues qui portoient des
provifions. Depuis ce temps les baleiniers anglais
s’y arrêtent pour prendre des rafraîchiflemensr
L’île de Rotouma eft montagneufe ; fes contours
font très-découpés ; fon extrémité fepren-
trionale femble former un îlot féparé. L’extrémité
méridionale s’abaifîè & fe termine en pointe, au
bout de laquelle s’élève un morne.conique qui
paroît détaché de 1 lie , mais qui y-eft joint par
une terre peu élevée. Au nord fe trouvent deux
îlots dont l’un eft très-plat. Les habitations font
conftruites fur des terres baffes qui forment le
tour de l’île. Son afpeCt plaît par la richefle de la
verdure ; les montagnes font doucement arrondies
vers leurs cimes 5 mais la manière brufque dont
leurs flancs font coupés, femble annoncer qu’elles
font d’origine volcanique.
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Rotouma eft très-fertile, &fes produirions font
les mêmes que celles de la plupart des îles de l’O céan
pacifique ; le fol produit en outre des pommes
de Cythère, & le mapé (inocarpus edulis).
On y trouve auffi beaucoup de ferpens , mais ils
ne paroifTent pas venimeux.
Le climat de cette île , quoique falubre, influe
fur la fanté des naturels. La phthifie y paroît afTez
commune ; beaucoup d’habitans ont les jambes
rongées par des ulcères auxquels ils ne paroiflfent
faire aucune attention. L’éléphantiafis & la lèpre
y femblent inconnus. Leur peau eft généralement
lifte & fans vergetures ; quelques individus feulement
portent des traces d’une forte de moxa qu’ ils
emploient en diverfes circonftances & dans les
cérémonies religieufes.
Les Rotoumaiens appartiennent à la race océanienne
dans toute fa pureté ;.i!s reffemblent beaucoup
aux Taïtiensj ils font grands & bien faits.
Leur phyfionomie eft douce , prévenante & très-
gaie; leur vifage eft agréable & régulier. Us portent
les cheveux longs & relevés fur le fommet de
la tête. Lorfqu’ils veulent donner une marque de
refpeCt, ils les biffent tomber fur les épaules. Ils
coupent leur barbe avec des coquilles &: ne gardent
que la mouftache. Leurs oreilles font percées*
& ils| y placent ordinairement des fleurs ou des
herbes odorantes. Leur peau eft d’une couleur de
cuivre claire.
Leur vêtement confifte en une natte très-fine,
travaillée avec beaucoup de foin , qu’ils placent
autour de leur corps & qui tombe jufqu’aux genoux;
ils ont la têténue ou quelquefois enveloppee
d’un morceau de filet à pêcher; ils portent auffi une
vifièrefabriquée avec la feuille de cocotier treflée.
Leur principal ornement eft le tatouage qu’ils nomment
chache, & qu’ ils font avec beaucoup d’art:
le corps , depuis la poitrine jufqu’au-deffous du
genou, en eft entièrement couvert; la poitrine &
les bras portent des deflins imitant des poiflons
volans, des fleurs & d’autres objets délicats. Us
fe teignent le corps avec une poudre orangée. &
jaune, qu’ils tirent de la racine de curcuma &
qu’üs mêlent avec de l’huile de coco. Beaucoup
d’entr’eux portent au cou des avicules perlières
qu’ils paroiflent eftimer, ou des boules d’ ivoire
difpoféesen colliers. Leurs moeurs font très-
douces , leurs idées religieufes font peu étendues,
& leur plus grande croyance eft celle des ef-
prits. Us font bons &: ferviables, mais enclins au
vol & l’exécutent avec la plus grande adrefle.
Importuns & curieux à l'excès, ils font comme
de véritables enfans bruyans & capricieux. Us ne
fouffrent point qu’on tue aucun animal; lés mouf-
tiques Teuis ne peuvent obtenir, grâce devant eux.
Ils cultivent la terre.avec une efpèce de pelle
en bois, &r conftruifeat des pirogues pour aller à
la pêche. Les,villagès font conftruits au bord de
la mer, & difpofés en rond autour des cimetières ;
la cabane du chef eft la plus grande & placée près
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du rivage > celles des infulaires font moins élevées j
& plus ou moins grandes, fuivant le nombre d en-
fans. Eloignées de foixante pieds les unes des
autres, elles font formées de poteaux plantés en
terre, qui fupportent un toit aigu, recouvert en
feuilles de cocotier : le bas eft entouré de nattes.
Leur mobilier confifte en tabourets de bois, en
tables pour manger 6c en nattes. La plus grande
propreté règne dans ces habitations. Les chefs ne
travaillent pas tant qu'ils excercent leurs fonctions,
qui durent vingt lunes. Leur pouvoir.eft très-
étendu î ce font eux qui difpofent du mariage des
jeunes filles, qui rempliffent les fonctions facerdo-
tales dans les baptêmes & les enterremens. Ils ad-
miniftrent la juftice & font travailler les autres ;
mais ce peuple eft fi doux, que l'autorité du
chef n'eft que celle d'un bon père de famille. Les
Rotoumaiens n’aiment point la guerre, & quand
ils font attaqués, leurs armes confident en pierres
qu'ils lancent avec adrefle, en une lance longue
de fix pieds, 8c en une efpèce de caffe-tête dont
ils fe fervent avec une agilité extrême 8c qu’ils
fonttourner en toutfens, à la manière de nos bâ-
toniftes européens. ^ . •
La population de l’îlepeut être évaluée de cinq
à fix mille âmes ; elle eft divifée en vingt-quatre
diftriêts, dont le principal eft celui du Roi. Les femmes
paroiflent être en nombre égal à celui des
hommes ; elles font jolies 8c parfaitement faites.
ROUGE (Mer). Voye{ Mer au Supplément.
RUGEN (île de). Cette île , fituée dans la
mer Baltique par io deg. 45 min. de longitude 6c
11 deg. z j min. de latitude, n'eft féparée du
continent que par un détroit d'une demi-lieue de
large. Très-découpée dans fes contours, elle
offre des anfes 8c des bries nombreufes. Sa longueur
du fud au nord eft d un peu plus de onze
lieues ; elle en a neuf dans fa plus grande largeur
de l'eft à l’oueft. Sa fuperficie eft d'environ quarante
fept lieues. Ses golfes étroits 8c contournes
offrent peu de (ûreté pour les navires, parce
qu'ils font remplis de bas-fonds 8c de bancs de
fable qui changent fréquemment de place. La mer
y eft (ouvent agitée au point de renvetfer en
quelques heures .les môles les plus folides.
Elle eft entourée d'îles, dont les plus importantes
font Hiddenfée , Humantz 8c Ruden, qui
faifoit partie de Rugen avant 1 an 1509, époque
à laquelle elle en fut réparée pat une violente
irruption des eaux.
La partie feptentrionale de Rugen eft com-
pofée de craie j le refte de l’île eft couvert d argile,
de fable, de cailloux roulés, 8c d'une terre
rougeâtre fertile qui femble due à des alluvions
d'eau douce. Les fables renferment des blocs de
granités, de porphyres 8c d'autres roches.
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RUISSEAUX. Nous avons déjà eu occafion
de faire voir combien il eft utile dans la géographie
phyfique, comme dans toutes les fciences, de
bien définir les termes fi l’on veut fe faire comprendre,
ou fe comprendre foi-même. Au mot
Rivière nous avons dit ce que ce nom doit
fignifier, & la différence qui fert à diftinguer un
fleuve d’une rivière (voye\ ce mot) ; mais il eft §
plus difficile qu’ on ne penfe de donner une définition
exaCte du mot ruiffeau. Lorlque l’ on voit
une rivière dont la largeur eft peu confidérable,
dont le cours eft peu rapide, dont la profondeur
eft peu importante, on dit que ce n’eft qu’un
ruiffeau ; mais c’ eft définir bien vaguement ces
fortes de cours d’eau, que d’en réferver le nom
à tous ceux qui font confiderés comme fans importance
en géographie.
Dans fon ouvrage intitulé Refonte d'un cours élémentaire
de géographie phyfique , le favant natura-
lifte Lamouroux s’exprime ainfi, en traitant la
queftion qui nous occupe • cc En attendant,
» que l’ on donne de bonnes définitions des
»» mots ruiffeau3 rivière & fleuve, je crois qu’on
» pourra les diftinguer facilement aux caractères
»» que je leur affigne, bafés en général fur le vo-
»» lume des eaux & la longueur de leur cours. Les
» ruijfeaux font formés par les eaux des fources ,
»> des glaciers ou des torrens. Us offrent un vo-
»> lume d’eau peu confidérable, un cours d’une
»> médiocre étendue & très-peu de pente. A ces
»» caractères, les ingénieurs ajoutent que les
» ruiffeaux ne fervent ni à la navigation ni au
»» flottage des bois; néanmoins, ils font de la plus
** grande utilité en agriculture, dans l’économie
» domeftique & dans les arts, en fourniffant aux
» ufines de tous genres un moteur auffi énergique
» qu’invariable. »
Malgré tout le refpeCt que nous devons à la
mémoire d’un favant diftingué qui nous honora
de fon eftime , nous ne trouvons point aflez exaCls
les caractères qu’il donne aux différens cours
d’eau, pour adopter fans reftriCtion ceux qu’il
affigne aux ruiffeaux. Nous avons vu à l’article
Rivière qu’il feroit facile de commettre de graves
erreurs, fi on ne les diftinguoit des fleuves que
par l'importance de leur cours. Ce qu’il dit auffi
des ruiffeaux pourroit quelquefois les faire confondre
avec les torrens. Nous dirons donc que
ce qui les diflingue de ceux-ci, c’eft qu’ils coulent
conftamment & qu’ils vont toujours fe décharger
dans une rivière & quelquefois dans un
fleuve. Ce qui fert furtout a ne point les confondre
avec lès petites rivières, c'eft que leur
profondeur eft moins grande & que leurs eaux
font moins encaiffées que celles des rivières.
Ils font louvent alimentés par les torrens ou
par un nombre plus ou moins confidérable de
fources 5 fouvent ils traverfent des ravins profonds,
ce qui arrive rarement aux petites rivières
> leur peste eft auffi plus rapide.