
fuite de cafcades; un peu plus bas, il coule dans
un vallon plus large, fc dont le fond eft plus incliné
&• moins inégal; il y dépof’e les cailloux &
une partie du gravier qu’il entraînoit : plus bas
encore, la pente continuant à s'adoucir, les*atté-
riflemens font plus abondans & plus propres à
former un fol fertile. Enfin le fl. uve fort des montagnes
& traverfe une plaine légèrement inclinée
jufqu’ à la mer. Néanmoins, fes eaux confervent
encore une grande vitefle & une partie du limon
dont elles étoient chargées, & l’agitation de leur
fur fa ce annonce que jufqit’à la mer elles ont coulé
fur un tond très-inégal. C ’eft apparemment à cet
état du fond & à la qualité des eaux qu’ il faut
attribuer le peut de goût que manifeftent les ef-
turgeons pour entrer dans le T e rek , tandis qu’ils
l e portent en foule aux bouches du Kour & de
l ’Oural.
A fon embouchure, le Terek fe divife en plu-
fieurs bras dont trois feulement font navigables
dans tous les temps, l.es attériflemens qu’il forme ;
déplacent de temps en temps Ion li t , non-feule- 1
ment dans la plaine, mais avant qu’ il ne fe dégage
des montagnes.
On n’ a que peu de données fur la minéralogie
du baffin de ce fleuve : on a reconnu des mines de
plomb fur les rives de l ’un de fes affluens, Y Akfaï;
une autre rivière, la Malkay traverfe des roches
où l’ on trouve des fulfures de fer & de cuivre;
ce (ont des fchiftes qui fe décompofent facilement
& qui fourniflent une grande partie des débris
chariiés par le fleuve. Quant à la botanique de
de cette contrée, c’eft celle du Caucafe ( voyeç
ce mot) & du midi de la Ruflie. La culture a
tranfporté le mûrier dans les plaines entre les
montagnes & la mer; la vigne y croiffoit naturellement,
ainfi que les arbres fruitiers dont les ef-
pèces fauvages peuplent les forêts dans les montagnes
; mais les vignobles & les vergers font
pourvus des variétés cultivées dans la Géorgie &
la Perfe. Les cultures qui peuvent réuflir dans la
Tauride n’auroient pas moins de fuccès dans la
partie inférieure du cours du Terek. ( F. )
TERN A TE . Voye{ Mo lu qu es.
TERRAINS DE SÉDIMENT SUPÉRIEUR.
( De leur fimultanciié. ) Les terrains tertiaires,
derniers dépôts produits en couch:S régulières,
fo n t , malgré leur peu d’étendue & leur peu de
puilïance, les plus importans à bien connoitre';
nous difons les plus importans parce que leurs dépôts
ont probablement été opérés par des caufes
analogues à telles qui agiflent dans l’époque géologique
aétuelle, & que l’on ne peut en dire de
même des autres terrains antérieurement formés.
Sous ce point de vue, les terrains tertiaires au-
roient été conftitués, fi l'on peut s’exprimer ainfi,
aux dépens des autres déjà folidifiés; en effet, les
calcaires, les gypfes, les marnes, les filex & les fables
qui les compofent principalement, ne paroiflerit
être que le détritus des roches antérieurement dé-
p ofées, détritus remaniés par les eaux des mers ,
& mêlés plus ou moins avec leurs produits ou avec
ceux que les fleuves y entraînoient.
De là cette diftinélion généralement admife entre
les diverfes couches tertiaires, fuivant qu’elles
recèlent des productions des eaux douces ou des
produits des eaux de mer; & enfin,en terrains d'eau
douce fupérieurs, moyens & inférieurs, & en
terrains marins fupérieurs & inférieurs, puifque
l'enfemble des terrains tertiaires a paru être com-
pofé de cinq formations principales, dont trois
d’eau douce & deux marines.
Cette diftinCtion entre les couches d’eau douce
& marine eft fans doute nécelfaire; mais elle he
doit pas faire fuppofer que des couches caraCté-
rifées par des produits divers ont été dépofées
dans des liquides diftérens. Il paroit du moins,
d’ après l’enfemble des faits, que les formations
tertiaires, à l’exception des terrains d’eau douce
fupérieurs, ont été dépofées dans le balfin de
l’ancienne mer, les unes par les attériflemens
des fleuves, & les autres par les dépôts réellement
marins.
Audi comme les couches marines & d’eau
doi.ce, des dépôts plus rapprochés, par exemple,
ceux des terrains marins fupérieurs & des terrains
d’eau douce moyens, alternent fréquemment en-
femble, l'on ne peut confidérer les diverfes formations
tertiaires que comme de grands fyftèmes de
couches alternatives, dépofées quelquefois à des
intervalles diiiinéts & louvent aufli à peu près
fimultanément, de telle manière que les dépôts
ftuviatiles & marins ont été ou confondus en-
femble, ou mêlé« par lits alternatifs d’une étendue
& d'une puilïance bien moins confidérables, que
lorfque les lits fluviatiles & marins ont été nettement
féparés.
Les divers badins tertiaires du midi delà France
préfenrent un fi grand nombre d’a ternances entre
les couches des terrains marins fupérieurs & celles
des terrains d'eau douce moyens, que ces deux
termes de la férié tertiaire femblent, dans certaines
circonftances, avoir été produits non-feulement
dans le badin de l’ancienne mer, mais encore
fimultanément, puifque les couches d’eau douce
alternent ou font mélangées avec les couches ma^
rines. Cette alternance eft trop variable de localité
à localité, & trop multipliée pour avoir été produite
par des retours & des abandons fucceffifs
des eaux des mers de deflus nos continens, lors
même que ces fréquens déplacemens du badin
des mers ne préfenteroient pas de grandes diffi-
j cultés pous être admis, vu la fréquence qu’il fau-
droit leur donner. En effet, comment concevoir
que les mers fe font retirées aufli fouvent qu’il
raudroit le fuppofer pour qu’il fe foit produit des
couches fi miirces & li multipliées, caradtérifées
par des débris organiques différens , fe montrant
fouvent à des reptifes différentes en lits a’ ternatifs
tellement réguliers, que leur ftrarfication eft non-
feulement concordante, mais conferve la même
inclinaifon & la même direction ? Ces retours &
ces abandons fucceffifs ou ces rehauflemens & abaif-
femens alternatifs des eaux des mers font encore
moins admiffibles, fi l’on veut y avoir recours
pour expliquer la préfence d’une mince couche
fluviatile d’à peine quelques centimètres dépaif-
feur, noyée au milieu d’une formation marine
d’une puiffance confidérable.
Ces caufes violentes font loin d’être néceflaires
pour rendre raifon des alternatives des couches
fluviatiles & marines que les terrains tertiaires
montrent dans tant de lieux différens, puifque
l’obfervation prouve que de pareils effets ont
encore lieu dans l’ époque géologique aétuelle.
En effet, récemment M. Confiant-Prévoit ( i ) ,
dans un travail qui le met au premier rang des
géologues, a fait fentir que des alternances entre
des dépôts rçiarins & fluviatiles, dévoient nécef-
fairement avoir lieu dans le baffin des mers actuelles,
& qu’ en jugeant par analogie, il devoit
en avoir été de même dans le baffin de l'a icienne ;
mer. Cette propofition fondamentale en géologie, :
d où il réfulte que les dépôts tertiaires ont été
produits par des caufes analogues à celles qui
agiflent encore, coïncident tellement avec les
faits que nous avions depuis long-temps confignés
dans nos mémoires fur les terrains d'eau douce &
fur les animaux & les plantes qui vivent alternativement
dans les eaux douces & falées, & avec
les nouvelles observations que nous avons faites
depuis, que nous avons cru utile de les foumettre
au jugement des géologues ( i ) .
C et article a donc principalement pour but de
prouver que les diverfes formations tertiaires, dépofées
antérieurement aux terrains d’eau douce fupérieurs,
ont été précipitées dans le baffin de l’ancienne
mer, quelle que foit la di verfité de nature &
d’efpèce des corps organifés qui s’y trouvent enfe-
velis. Nos obfervations tendent également à établir
que, lorfque les terrains marins fupérieurs ont été
depofés, la mer s'eft retirée pour toujours de nos
continens, & qu’à la même époque nos volcans
ont ceffé leurs éruptions. Ainfi, poftérieurement
à la retraite de l’ancienne mer, il ne s’eft plus
dépofé que des formations lacuftres ( les terrains
d’eau douces fupérieurs), les dernières, couches
( i ) Nous ne connoiflons lesexçcllens travaux d eM . Con-
ftant-Prévoft que par les extraits qui en ont été donnés
dans le bulletin de la Société philomatique, année i 8a5 ,
pag. "4 & 89 , &c le s A n n a le s d e C h im ie t tom. X X X V ,
pag. 439. S i donc nous nous Tommes rencontrés avec cette
excellent obfervareur, ce fera pour nous la plus forte présomption
en faveur de l'cxaftitude de nos rapprochemens.
(a) J o u r n a l d e P h y f iq n e , tom. L X X X V I 1 , année i8 t8 ,
P>g. 3l .
difpofées en lits continus & réguliers, & enfin,
des terrains d'attérilfement & d’alluvion dans
lefquels lien n’ eft plus régulier, & où les ftrates,
à peine fenfibles, n’oflrent aucune confiance dans
leur direction & leur inclinaifon.
Le point le plus elfentiel de nos obfervations eft
de faire fentir qu’il n’exille réellement dans les
terrains tertiaires qu’ une feule formation marine,
compofée de trois fyftèmes de couches ou de
trois é ta ges , quelquefois féparés les uns des
autres par des dépôts fluviatiles, & quelquefois
tellement liés entr’eux fans aucune efpèce a intermédiaire
que leurs dépôts on dû être fimultanés.
Ainfi ces trois fyftèmes, diftinéls dans les baflins
de Londres & de Paris, n’en compofent qu’un feul
dans certaines localités du midi de la Fiance (par
exemple, les environs de Beziers, carrières des
Brégines) ; là ils font formés par tiois lyltèmes de
couches pierreufes, dépofées fans intervalle, fans
intermédiaire, quoique diftin&s par la nature miné-
I ralogique de leurs roches, comme par les corps
organites qu’ils renferment. Ces trois fyftèmes de
couches font : i°. le plus fupérieur, le calcaire
moellon avec les foflïles qui le caraélérifent ;
2°. le moyen, un calcaire analogue au calcaire
groflier parifien, mais offrant des efpèces particulières
, à raifon fans doute de la diverfîté des
localités; 3°.Tinférieur, une glauconie groflière
mêlée d’une grande quantité de grains verts, contenant
peu de corps organfés & différant beaucoup
fous ce rapport du calcaire moellon qui en
eft pour ainfi dire compofé.
Dans d’autres localités ( le balfin des environs
de Montpellier), le fyftème marin fupérieur &
pierreux fe compofe de trois ordres de couches,
qui chacun forment des bancs diftinéts ou fe confondent
mutuellement comme, par exemple, dans
les carrières de Saint-Julien. Les bancs fupérieurs
fe montrent en couches horizontales &
multipliées, dont la dureté eft peu confidérable.
Ces calcaires fupérieurs font fouvent féparés des
couches moyennes par des fables calcaires plus ou
moins pulvérulens.
Les bancs moyens font en couches plus épaifles
peu inclinées, & moins dérangées dans leur pofi-
tion que les bancs fupérieurs. La dureté & la
blancheur de ces bancs eft également plus
marquée; aufli fourniflent - ils les plus belles
pierres à bâtir. Ces calcaires moyens, fouvent
maflifs & prelque fans indices de (Gratification
, font quelquefois formés par des boules
globulaires, en quelque forte concentriques, lef-
quelles font noyées & liées par une pâte également
calcaire. Les cavernes à offemens de Lunel-
Viel font ouvertes dans le fyftme de ces bancs
moyens globulaires.
Les bancs inférieurs font le plus ordinairement
compofés par un calcaire gris bleuâtre qui, quoique
maflif, fe laifie facilement divifer en larges