
NEUSIEDEL. Lac de la Hongrie appelé par les
Hongrois Fertoe-Tava. Sa longueur du nord au
iud eft de plus clé 8 lieues, & fa plus grande
largeur de 3. Sa profondeur n’eft que de 3 à 4
pieds; mais ce qu’ il a de remarquable, c ’eft que
fes eaux tiennent en difiolution du nitrate de
chaux , qui donne aux poiflons qu’il nourrit un
goût défagréable, & que dans plus d’une circonf-
tance il s’eft élevé d’ environ j mètres en quarante-
huit heures.
NË V A. C e fleuve de Ruflie, qui fort du lac
Ladoga, n’a que 14 lieues de cours jufquà* fon
embouchure dans le golfe de Finlande; mais dans
ce court -trajet il fait iouvent des ravages épouvantables.
On en peut juger par la peinture qu’en
donne Marte-Brun : « Plufîeurs fois un vent im -
péteux d’ou f t , ayant pouffé la maffe d'eau du
golfe dans la baie de Kronfladt, a fait refluer la
Neva fur les quais & dans les rues de Péterf-
bourg jufqu’à la hauteur des premiers étages ; on
a vu des navires jetés fur les quais de la ville :
les caillons de fucre 8c les pipes de vin flottans
pêle-mêle avec des meubles & des livres; les
flots foulevés ont affailli les efcaliers de marbre
des palais impériaux ; le fouverain 8c fes aides-
de-camp ont couru, en bateau au fec urs des
malheureufes familles qui fe noyoient, 8c rien ne
garantit du retour de femblables défaftres. » En
effet, ce tableau des ravages caufés parce fleuve
peut fe rapporter aux inondations de 17 2 1 , .1726,
1736, 1777 8c 1824. Les eaux acquièrent quelquefois
une fi grande force que les effets qu’elles
produifirent font prefque incroyables : en 1777 le
fleuve s’éleva dç 10 pieds 7 pouces, 8c toute la ville,
excepté deux quartiers, refta fous les eaux pendant
près de deux jours ; des navires furent tranfportés
au milieu des rues, 8c on en trouva un chargé de
pommes dans un bois, à 15 toifes du fleuve. A
ces circonfiançes fi fâcheufes il faut ajouter que la
baie gèle tous les ans 8c refie prîfe par les glaces
depuis le 29 oétobre jufque vers le. 25 mars. La
Néva a yoo à 800 pas de largeur.
NEV ADA (Sierra). Sous ce nom, qui lignifie
chaîae neigeufe, les Efpagnols defignent une rangée
de montagnes appartenant à la grande arête -
qui fépare l'Europe en deux grands verfans ,
l'océanique 8c le méditerranéen. « Le Mul'ahacen,
dit M. Bory de Saint-Vincent, eft le point le plus
élevé de cette férié de pics fièrement couronnés
de neiges 8c de glaces; fa forme impofa,nte
eft tronquée vers le c ie l, où il atteint prefqu’à
la hauteur du pic de Ténériffe, c 'e ft-à -d u re
3,600 mètres au moins.
» Le Picacho de Véléta e ft, après le Mulaha-
e e n , le plus impofant de tou» ces fommets ; il'
n’y a guère qu'une quarantaine de mètres en
çnoins de différence, noygs en ayons efcaladé juf--
qu’ à la dernière cime- Là toute végétation avoit
ceffé, 8c notre vue plongeoit dans d’effroyabbs
précipices remplis de neiges durcies par couches,
dont les ftratincations pouvoient fe compter à
l'aide de mille brifures. Le plus confidérable de
ces gouffres, appelé^/ Coral de Véléta, eft fitué
entre le pic de Véléta 8c le Mulahacen, qui
s’élève tout vis-à-vis; il préfente la forme d’un
vafte cirque, au fond duquel le Génil prend fa
fource.
» Les immenfes fommités de la Sierra-Névada
fe compofent d'un fchifte micacé fort brillant 8c
fort dur. Des brèches calcaires 8c des marbres en
flanquent les bafés. Dans le panorama pompeux
qui s’ offrit à nos regards fur le Picacho , le rétré-
cififement de la Méditerranée* vers le détroit de
Gibraltar fe préfentoit à nos yeux dans fon en-
fembïe, abfolument comme on le verroic dans
une carte de géographie conftruite fur une échelle
immenfe. La Sierra-Néva :a fe termine au levant
vers la Sierra de Filabres, laquelle, de même
que les moyennes 8c petites montagnes des environs
du cap de Gâte, rappelle dans ces régions
orientales les premières haut, urs que nous avons
mentionnées en parlant des bafes occidentales du
fyftème bétique. « Voye£ S ystèmes des monta-
g NES,.
NICARAGUA. Nous devons teélifier ce que
Defmareft a dit de ce lac de l’Amérique : il a 60
lieues de longueur du nord-oueft au fud-eft, 25
de largeur, ijo de circonférence 8c 40 brafles
dans, fa plus grande profondeur. La plus remarquable
de fes île s , qui renferme un volcan aêtif,.
porte le nom d' Oumelepec, C e lac eft à 134 pieds
au-deflus du niveau de l'Océan. Il eft fujet à de
très-violentes tempêtes..
NIEMEN. Fleuve de Ruflie formé de la réunion
de plufîeurs cours d’eau dont le principal eft
l’Oufa. Son cours a environ 160 lieues de longueur.
Il fe divife en deux branches pour aller rejeter
dans le lac maritime ou plutôt le pénélac appelé
Curifche-Haffî.
NIL. No-us ajouterons à ce que Defmareft: a dit
de ce fleuve qu’ il eft formé par la réunion dir
Bahr-el-Abiad ( rivière Blanche) on N il blanc, &
du Bahr-el-A^rak (rivière Bleue) ou. Nil bleu :
le premier ayant à ce que l’on croit fa fouace
dans les monts el-Kamar ou de la Lune, en Nigri-
tie ; le fécond prenant naiffance dans l’ Abyflinië,
au fud-oueft du lac Dembea, qu’il traverfe.
M. Caiükud regarde le Bahr-el^Abiad comme le
véritable Nil, tarit à.caufe de fa largeur, qui ex cède
celle du Bakr-el-A^rak, que par fa direction
, qui eft exactement celle du fleuve après fâ
réunion avec ce dernier affluent. Le Nil paroît
avoir un cours de 950 à 1,000 lieues. Un grand
nombre de cours d’eau fe jettent dans le Bahr-el- ,
Abiad, mais le Nil proprement dit n’ a pour af- I
fluent que le Tacazzé.
NIL-GHERRIES. Ce nom, que les Européens
ont remplacé par celui de montagnes Bleues , a été
donné, dans l’Hindouftan, à l’une des principales
branches orientales des Chattes occidentales. Elle
a une vingtaine de lieues d'étendue; fa hauteur,
qui n’a point encore été mefurée, paroît être confi-
d rable ; elle eft généralement rocailleufe & efcar-
pée. Ses flancs font couverts çà & là de forêts
touffues qui fervent de retraite à des tigres, à des
ours, à des hyènes, à des éléphans, au chacal J
Çcanis aureus) & à une efpèce de renard ( canis J
' bengalenfts). Le cannellier ( laurus cinnamomumy y
atteint une taille gigantefque. Ces montagnes,
formées de roches anciennes, recèlent des mines
de fer & d'or.
Trois peuplades habitent les montagnes Bleuës:
ce font les Thodavers, les Boud^daghers & les
Kothers.
NOIRE (M e r ) . Cette mer, que les Anciens
nommoient Pont-Euxin, eft appelée par les Rufles
Tchemoé-Moré & par les Turcs Cara-Denghiç. Elle
communique au fud par le canal de Conftanti-
nople à la mer de Marmara, par celle-ci à l’Archipel
& par l'Archipel à la Méditerranée. Au
.nord elle communique encore par le détroit d’Ie-
nikalé au grand golfe appelé mer d’Atof. Elle a
2 ^o lieues de longueur de l’eft à l’oueu & y8 de
largeur du nord au fud dans fa partie orientale,
mais dans la partie oppofée fa largeur eft d’environ
140 lieues.
Les cotes d é jà partie occidentale font généralement
baffes, fablonneufes & entrecoupées par
des lagunes, principalement aux embouchures du
Danube, duKoundouk & du Dniefter; ces fiibles
s’étendent auflî au nord à l'embouchure du Dnieper.
Les côtes de la Crimée foriç partout efcar-
p é e s , excepté dans le voifinage du détroit d’Iéni-
k.\lé & fuctout vers le liman du Kouban. Dans
tout le refte du contour de la mer N o ire, les
bords font élevé s, principalement fur la côte occidentale
entre le canal de Conftancinople & le
c.;p Kalabria, où le Balkan vient terminer fes derniers
rameaux. Nous avons nommé les plus im-
portanscours d’eau tributaires de i.a mer Noire,
les autres font à l’eft le Rioni, le Thernech,
riechil-E rmak, le Kizil-Ermak & le Sakaria
au fud.
Cette mer, généralement profonde, ne renferme
prefqu’aucune île. Elle eft fujette à des
tempêtes violentes :. en hiver les brouillards y font
fréquens & épais , & les pluies abondantes. Les
marées y font prefque nulles, mais il y a des
courans rapides : le plus remarquable eft celui qui
porte fes eaux vers le canal de Conftantinopæ.
Se seaux font peu falées, & leur niveau eft à 300
pieds au-deflus de la mer Cafpienne.
NOL LA-MOLLA. Chaîne de montagnes de
l’Hindouftan, formant la partie la plus feptentrio-
nale des Ghattès orientales. Elle s’étend du fud
j au nord fur une longueur de 40 lieues entre le
I cours du Pennar & ce ui de la Krichna. Sa bafe
' eft couverte de terrains d’ alluvion, dans lefquels
on a trouvé les plus beaux diamans que l’on con-
noifle.
NORMANDES ( Ile s) . Nous allons donner ici
la defeription que nous avons faite de ces îles
dans la continuation du Précis de la Géographie
univerfclle.
ce A 6 lieues des côtes occidentales du département
de la Manche, Jerfey, l'île deSarnia de l’itinéraire
d’ Antonin, défendue au nord par des rochers
de 2oopieds d’élévation & par des fables mouvans,
s’aba-fle au fud prefqu’au niveau de la mer. Son
étendue, d’orient en occident, eft dé 4 lieues,
& de 2 du nord au fud. Le centre eft occupé
par des montagnes ; le fol eft fertile ; les forêts
de pommiers qui la couvrent s’ oppofent à la cultures
des céréales, mais elles fourniffent annuellement
26,000 pipes de cidres & de nombreux
beftiaux paiffent à leurs pieds.
» Guernefey, plus au nord, d'une largeur égale à
celle de la précédente , mais moins longue d’une
lieue, préfente une végétation variée. Le bois y eft
rare, & le varee que la mer rejette fur fes côtes y
fert à la fois d’engrais & de combuftible. La petite
île de Sark, auprès de cette dernière, eft entourée
de rochers ; l'air y eft exempt de brouillards, elle
produit aflez de grains pour la confommarion de
fes habitans. Son intérieur abonde en lapins &
fes côtes en oifeaux aquatiques. Enfin, au nord
de ces îles & à 3 lieues feulement du cap de la
Hogue, Alderney, en français Aurigny, qui fut
connue des Romains fous le nom d*Ariça, eft
petite & aflez fertile pour que fes grains foient
un objet d’échange important. Pendant la nuit
on l’aperçoit de nos côtes à la faveur de trois
phares placés fur les cimes de trois rochers ifolés
au milieu des flots, qui s’y brifent en mugiflant &
rendent leur approche dangereufe dans les temps
d’orages.
» Vis-à vis de la pointe de Land's^End, le cap
Finiftère de la grande Bretagne, on voit les petites
îles Scylly ou Sorlingues ; elles font au nombre
de cent quarante-cinq, dont cinq feulement font
habitées : Sainte-Marie, Sainte-Agnès, Trefco ,
Saint-Martin & Br-yor ; le fol de ces dernières
produit d'excellent blé. Elles étoient connues des
Anciens fous le nom de CaJJiierides infuU. On y
trouve un grand nombre de monumens druidiques.
Anney eft remarquable par de nombreux
baflins de pierre qui doivent avoir fervi aux céré~