
râlement, au mois d’août, les neiges de ce perlant
font fondues, mais fur le verfant feptentrional
il en exifte des dépôts perpétuels. Ram on d , l’ un
des favans explorateurs des Pyrénées, s’eft af-
furé, par des obfervations barométriques, que
fur le verfant feptentrional les neiges font perpétuelles
à la hauteur de 1350 à 1400 toifes.
L'une des que liions les plus intéreflantes pour
l'hiftoire de notre planète, feroit d’examiner de
quelle manière ont dû fe former les vallées qui fil-
lonnent les Pyrénées ; mais afin d'éviter des répétitions,
nous traiterons cette importante queftion
fous un point de vue général à l’article V ai.lées.
Nous venons de parcourir depuis le cap Creus
jufqu’ à la pointe de Figuières, la chaîne de montagnes
auxquelles on donne le nom de Pyrénées;
mais en employant les divifions formées par
Eory de Saint-Vincent, la partie de la chaîne qui
fépare l'Eipagne de la France, & qu’ il appelle les
Pyrénées a quituniques , ne forme qu’environ le
tiers-du fyftème auquel cette chaîne appartient 5
ainfi, au lieu de fe terminer au mont de Haya,
ce fyftème fe continue, comme nous l’avons dit,
dans la direction occidentale, jufqu’ au cap Or-
tegal. L’ efpace compris entre ce cap & le mont
Haya, elt appelé par Bory de Saint-Vincent,
Pyrénées afturiques. Le faîte de cette partie préfente
quelques points importans qui font : les
monts d ’A ra iz , le mont d’Àralar, le mont Ca- 1
brio, celui de la Cabeza, le mont de la Alba-
nora, la Penamarella, le montOrbio, qui forment
une ligne qui fe prolonge de l’eft à l’oueft, & enfin,
en remontant vers le nord-oueft, on trouve
le mont Troncédo & le Miranda, dont les dernières
pentes forment le cap Ortegal.
Dans les Pyrénées afturiques, les vallées fuivent
une dilpofition oppofée à celle des Pyrénées aqui-
taniques, c’eft-à-dire que celles qui font fur le
verfant feptentrional, font généralement moins
confidérables que celles qui defcendent du verfant
oppofé. Nous devons faire remarquer auffi, que
fur le verfant feptentrional, les vallées font généralement
dirigées dans le fens de la chaîne principale,
mais que fur le verfant oppofé elles
fuivent plus particulièrement la direction du fud ;
& comme les dernières pentes du verfant feptentrional
fe terminent doucement à l’Océan, tandis
que fur le verfant méridional, les hauteurs font
plus abruptes, & les pentes plus rapides; les
cours d'eau y font beaucoup plus confidérables
que ceux des pentes feptentrionales.
Nous n’entrerons point, en parlant des Pyrénées
afturiques, dans les mêmes détails qui viennent
de nous occuper 3 nous nous attacherons feulement
à quelques généralités importantes. En décrivant
la partie de la chaîne qui forme la fépa-
ration de la France & de l ’Efpagne, nous avons
décrit, fuivant la divifion adoptée par Bory de
Saint-Vincent, les deux maffes qu’ il défigne fous
les noms de méditerranéenne & d'dquitanique. Les
Pyrénées afturiques comprennent donc les maftes
cantabriques , a f ariennes & portugaifes.
La maflfe cantabrique eft loin d’être auflî élevée
que l’ aquitanique , c ’ eft-à-dire que celle qui fe termine
au mont de Haya ; cependant il exifte fur fes
fommités plufieurs glaciers ; les neiges perpétuelles
y occupent la hauteur d’environ 2800 mètres :
plufieurs fommités dépaffent même cette élévation.
La mafle afturienne eft généralement moins
haute que la mafle méditerranéenne, mais elle
furpafle la cantabrique en hauteur ; fes pentes méridionales
font, comme dans les précédentes,
plus abruptes que celles qui s’ étendent vers le
nord.
Enfin la maffe portugaife femble fe relever vers
le mont O rb io , d’où elle projette vers le fud une
chaîne qui fe termine par la Serra de Marao ; mais
les ramifications qu’elle dirige vers le cap Ortegal,
font d’ une hauteur moins confidérable.
Les points qui méritent de fixer l ’ attention Air
les Pyrénées afturiques, & dont les hauteurs ont
été mefurées , fon t, en fe dirigeant de 1 eft a*
l’ou eft, la Sierra d’Aralar, qui appartient à-la
mafle cantabrique : on lui donne 2140' mètres de
hauteur;
La Sierra de Salinas, qui a 17 g4 mètres ;
La Sierra de Altube, élevée à 1949 mètres ;
Enfin, près du port de l’ Efcudo, le point le
plus élevé atteint 1910 mètres.,
C ’eft au port de l’Efeudo que fe termine fe
groupe cantabrique, qui eft féparé du précédent
par une déprefïion où prennent nailfance le Rio
Suenas qui fe jette dans le golfe de Gafcogne, &
l’E bre , qui porte fes eaux à la Méditerranée.
Dans la mafle afturienne, la Sierra de Séjos atteint
la hauteur de 1754 mètres ;
La Pena de Europa atteint celle de 2924
mètres ;
La Pena de Perenda offre de$ points qui furpaf-
fent en hauteur tout le refte de ce groupe, puif-
qu’ ils atteignent, fuivant Bory de Saint-Vincent,
3362 mètres ;
! La Sierra de Penamarella, vers le col de^ Pie- '
drahita, c’eft-à-dire vers le point où la chaîne fe
dirige par le mont Orbio vers le fud, en même
temps qu’elle projette un embranchement vers le
nord, s'élève à 2885 mètres.
A partir de ce point, la branche qui fe termine
au cap Ortegal n’ atteint plus qu’une foible
hauteur, puifque la Sierra de Mondanédo ne
s’élève pas à plus de 897 mètres ; mais la branche
qui fe dirige vers le fud , & qui eft celle à laquelle
Bory de Saint-Vincent donne le nom de
portugaife , acquiert une hauteur importante,
ainfi que -nous allons en donner, d’après lu i,
deux exemples :
La Pena Trevinca atteint la hauteur de 2924
mètres ;
Et la Sierra de San Mamed atteint celle de 2351
mètres. - > , ,
Nous venons de parcourir les Pyrenees dans
toute leur longueur; nous avons fait remarquer
les points les plus élevés de cette chaîne ; il ne
nous refte plus qu’à jeter un coup d’oeil rapide fur
les ramifications qu’elles projettent au fud ; mais
afin d’en donner une idée exaéte, nous ne pouvons
mieux faire que de rapporter ici ce qu’en dit
notre favant collaborateur Bory de Saint-Vincent.
« On doit confidérer, dit-il, comme des contre-
y» forts importans des Pyrénées aquitaniques les
» hauteurs qui, defeendant de leurs pentes meri-
» dionales, vont en Catalogne, en Arragon, &
» jufqu’en Navarre, conftituer ces crêtes ou ces
y plateaux furmontés de pics déchirés qui fépa-
» rent les principaux affluens feptentrionaux de
» l ’Ebre. De ce nombre font : i° . les monts qui
»9 diftinguent le baflin d’Urgel de celui de l^So-
« bregat, & que termine fort au fud le célèbre
« mont Serrât, élevé de près de 15CO mètres à la
« chapelle de la Vierge ; 20. les monts couverts
« de verdure que baigne la Ribagorzana; 30. ceux
»» qui s’étendent jufqu’aux environs de Barbaftro 3
* 4°. ceux qui d’Huefca, cotqyés par le Rio Alca-
39 nâdre & la Cinca, fe terminent à l’Ebre, vers
33 Mequinenza; y°.ceux de Jaca; 6°. enfin, ceux
>9 entre lefquels on doit citer la Higa de Montréal,
» à trois lieues environ vers le fud-fud-eft de Pam-
33 pelune, point important pour prendre au loin
93 une idée de l’enfemble au pays, *puifque de
99 fa cime on diftingue Sangiiefa, diftant ae dix
9» lieues à l’orient, Tudéla à quinze vers le fu d ,
93 enfin Fiana,unp eu plus éloigné dans le fud-
93 oueft. »3
Confiitution géognoftique des Pyrénées. D un bout
de la chaîne à l’autre, les Pyrénées çonftituent une
grande formation granitique. Il fuffira , pour en
donner une id é e , de décrire, d'après 1 étude
qu’en a faite M. de Charpentier, ta principale
portion -de* cette chaîne, c’ eft-à-dire^ celle qui
s'étend depuis le cap Creus jufqu’ à l’embouchure
de la Bidafîba, ainfi que les pentes du
mont de Haya.,
Le cap de Creus appartient au terrain granitique.
En fuivant le littoral de la Méditerranée,
dans la ligne du nord, depuis ce cap jufqu’ a Narbonne,
& jufqu’aux rives de l’A u d e , toute la
plaine qui fuccède aux dernières pentes des Pyrénées,
appartient à la formation tertiaire &
comprend de grandes furfaces couvertes d atte-
riflfemens ; ce terrain forme, depuis la Méditerranée^
ufqu'à l'O cé an , un vafte depot qui va fe
terminer à l’embouchure de l’Adour ; de telle
forte qu'à partir des dernières pentes des montagnes
de Corbière, la rivière de l Aude , que
depuis Varilhes , l’Arriége , & depuis la vallée
d*Aure la Garonne, que l’ Adour depuis la vallee
.de l’Ouflonet, que le Gave de Pau depuis la vallée
d’Affan, que tous ces cours d’ eau enfin coulent
fur le même terrain.
Entre l’Aude & l’Orbieu qui s’y je tte , s’élève ,
ifolé , le mont Alarick', entièrement formé de calcaire
alpin & de calcaire juraflique.
Le même calcaire conftitue les ramifications
feptentrionales de C orb iè re , & une ceinture
étroite qui s’appuie fur les pentes de la chaîne,
& va fe terminer à la rive droite de l'Adour ;
mais cette roche, que recouvre la formation tertiaire,
ne reparoît plus qu’ à Navarreins, o ù , fuivant
la rive gauche du Gave de Pau , elle forme
une nouvelle ceinture qui s’appuie fur les pentes
des Pyrénées jufqu’aux deux rives de l'embouchure
de la Bidaffoa.
A côt-é de ces terrains calcaires de fécondé
formation, s’ élève un terrain de tranfition qui
conftitue les montagnes & les vallées qui defcendent
des terrains primitifs fur toute la longueur
d e là chaîne; fur l'on-verfant feptentrional feulement,
on remarque çà & là des efpaces plus ou
moins confidérables q u i, comme entre les monts
de Saint-Sauveur & de Garrico, & fur les pentes
feptentrionales du pic de Gare, les monts Arrad oi,
Jarra, Arrîéta, Aadi & celui d’A tchola, appartiennent
à la formation de grès rouge.
Depuis la vallée de la Teta jufqu'à celle de Caf-
tillon, les points les plus élevés appartiennent à
la formation granitique. Au-deffus de ces roches
s’élèvent plufieurs pics compofés de fehifte micacé
; tel eft celui de Trabeffou, près des fourc-es
de l’ Aude & de l ’Arriége ; tels font encore le pic
du Midi & celui de Montaigu. Enremontant ainfi
fur toute fa longueur le verfant feptentrional, on
retrouve vers le faîte de la chaîné le terrain de
tranfition ; ainfi, à partir du point le plus oriental,
nous voyons le mont Coftabon, celui de la Ser-
rièrë, le pic d’Eftats, celui de Bonrepaux, celui
1 de Montcallier, le pic de Mauberme, celui d’Ar-
bizon & le mont Scarpu.
Depuis le montUnarde, qui forme l’ un des cotés
de la vallée de l’Arriége, jufqu’au val d’Lf-
bint, s’étend de l’eft à l’oueft un long dépôt de
calcaire primitif; le même dépôt fe retrouve dans
l’efpaee compris depuis la vallée de Caftillon jufqu’
à celle de Luchon.
Nous devons encore faire obferver que fur la
ligne que nous venons de parcourir, on remarque
plufieurs points élevés entièrement granitiques1 ;
tels font le mont de Baffles, une partie de la vallée
de la Garonne, près Bagnères, le pic d’Erafliz ,
le mont Gavarnie, le pic du Midi & le mont de
Haya.
Sur le verfant méridional nous retrouvons lés
mêmes roches que fur le verfant oppofé 3 les principales
pentes appartiennent auffi aux terrains de
tranfition, qui forment une bande non interrompue
depuis le mont Coftabon iufqu’à la vallée de
l ’Eflera, autour d’ un grana efpace granitique
où l’on remarque le mont de Cambredafes, celui
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