
Au-deffous de ces bancs calcaires, ou des
macigno fableux, l'on obferve les couches fui-
vantes :
i° . Des marnes calcaires endurcies, à couches
plus ou moins épaiffes, ordinairement fans co quilles.
1°. Un calcaire compacte, fétide, bitumeux,
noirâtre, à couches diftinéfces, dont l’épaiffeur
eft aflez variable. Des coquilles fluviatiles, le plus
Couvent comprimées, fe rapportant principalement
aux Planorbes & aux Lymnées.
3°. Des marnes argileufes, noirâtres, bitumi-
neufes, avec quelques débris de végétaux.
4°. Des marnes argileufes, feuilletées & bitu-
mineufes, à caflure luifante & unie. Ces marnes
fe délitent Couvent en feuillets minces & nombreux.
y ° ..De s lignîtes fibreux ou compactes, noirâtres,
en couches généralement peu épaifles,
avec des coquilles fluviatiles comprimées.
6 °. Des marnes argilo-bitumineufes noirâtres
avec des débris de végétaux.
7°. Lignites fibreux ou compactés, à caflure
conchoïde ou éclatante, généralement moins chargés
de coquilles que les lignites des couches
fupérieures. GJeJft la couche eflentiellement exploitée.
8°. Schifte argileux, bitumineux, noirâtre,
luifant, difpofé en lits alternatifs avec les lignites,
& cela à plufieurs reprifes différentes.
Ces dépôts ont éprouvé de nombreux déran-
gemens dans la pofition des couches qui les com-
pofentj mais ces,affaiflemens n’ont rien changé
dans la fituation relative de chacune de ces
couches. On remarque en générai que ces dé-
rangemens ont eu lieu dans un fens oblique à
l’inclinaifon naturelle des couches. Ainfi, tandis
que cette inclinaifon eft de i ÿ degrés du nord au
fud, Tinclinaifon de dérangement eft de io degrés
du nord à l’oueft. *
Ces dépôts repofent fouvent immédiatement
foit fur la glauconie fableufe ou le green-fand des
géologues anglais, foit fur un calcaire compade
grifatre dans lequel font difleminées de nombreufes
& petites nummulites fpathifiées, foit enfin fur
un calcaire fecondaire grifâtre, à bélemnites & à
ammonites \ lequel paroît fupérieur au lias ou au
calcaire à gryphites.
En général, les formations d’eau douce-font
parmi les terrains tertiaires, celles qui repofent
fur les roches les .plus diverfes, furtout les formations
laçuftres, q u i, dépofées après la retraite
des mers, fe voient fur les roches d’âges les plus
plus différens. Après celles-ci, les dépôts fluviatiles
font les plus diverfifiés fous le rapport de
leur pofition 5 liés à la fois de la manière la plus
intime aux formations volcaniques & aux terrains
1 marins, elles repofent aufli fort fouvent & fans
j intermédiaire fur des roches antérieures à la
| craie, ce que l’ on n’obferve pas autant pour les
dépôts marins.
De même, la partie des terrains tertiaires dont
la fuperpofition eft la plus variée, eft aufli celle
qui, dans nos contrées méridionales, s’éloigne le
plus du littoral de la Méditerranée. C ’eft ainfi que
les terrains laçuftres s’en éloignent le plus, tandis
que les terrains marins s’en tiennent beaucoup
plus rapprochés. Les dépôts fluviatiles, liés en
quelque forte aux derniers de ces, terrains par
leur mode de formation, s’ étendent aufli moins
loin des mers a&uelles, &c en effet, dans les
baflins méditerranéens, ils fe maintiennent parallèles
à la Méditerranée, ne s’écartant pas plus
de cette mer que des dépôts marins dont ils font
en quelque forte une dépendance ou des couches
fubordonnées.
I I . Lignites fluviatiles alternant avec des couches
marines
Les principaux dépôts de lignites exploités dans
le midi de la France, & dans lefquels on obferve
des couches marines, font ceux de Toulon ( Var)
& de Saint-Paulet (Gard). Dans l ’un l’autre de
ces dépôts, les couches marines, intercalées
entre les couches fluviatiles, y font fignalées par
de nombreufes coquilles de mer, fur l’habitation
drfquelles on ne peut avoir le moindre doute.
Ainfi dans le baflin tertiaire de Toulon (V a r ) ,
l’on découvre au-deflous du fol, i° . un calcaire
marin rempli de coquilles de mer, mais tellement
brifées, qu’ on ne peut en déterminer les efpèces |
on reconnoît feulement que ces coquilles ont appartenu
à des Huîtres & à des Cardium. C e calcaire
, formé pour ainfi dire de débris de coquilles
marines, a quelques rapports avec le calcaire
marin de Mayence.
2°. Des marnes argileufes plus ou moins ferru-
gineufes, à couches plus ou moins puifîantes, mais
ne dépaflant pas i mèt. à i mèt. yo centim.
3°. Un calcaire compare fluviatile brun ou
noirâtre, ayant par fa compacité quelques rapports
avec les lias d’Angleterre. C e calcaire, qui
a l’ afped d’un marbre, eft fouvent traverfé par
de petites veines blanches, remplies d’infiltrations
fpajhiques, & cette roche fluviatile, réellement
remarquable, renferme de nombreux fragmens
àlUnio y tous brifés, lefquels confervent leur
têt &: quelquefois leur nacre. C e calcaire eft tellement
compacte q u e , fans les Unio qu’ il renferme
, on pourroit aifément le confondre avec
un calcaire fecondaire.
4°. Un calcaire compacte fluviatile brun ou
noirâtre, à caflure plus lifle & plus conchoïde
que le précédent, & encore plus femblabie au
lias d’Angleterre. C e calcaire eft recouvert par
de nombreufes cyclades ftriées tranfverfalement,
qui
qui pourroient être des Aflartes ; ces coquilles fe
montrent principalement abondantes dans les fif-
fures de réparation des divers lits du calcaire.
On y obferve également de grandes Unio avec
de petites efpèces de cérithes ou de potamides.
Les individus qui appartiennent à ces derniers
genres y font peu nombreux, tandis qu’il en eft
tout le contraire des Cyclades & des Aflartes qui
couvrent en quelque forte les calcaires, du moins
dans leurs fiflures de féparation. Ces coquilles
confervent toutes leur têt, mais elles font fi brifées
qu’il eft impoflible d’en déterminer les efpèces.
Des marnes lignifçrmes noirâtres, pénétrées
de lignite & difpofées en lits diftinéts avec
de nombreufes empreintes des mêmes Cyclades, ou
Aflartes, que l’on voit avec leur têt dans les fif-
fures de féparation du calcaire précédent. Ces
marnes ligniformés, qui ne brûlent point comme
les lignites, ont été nommées le bleu £ en-haut
par les ouvriers} elles contiennent fouvent du
fer fülfuré qui paffe à l’air à l’état de fer fulfaté.
6°. De lignite compacte , légèrement fifliie,
d’ un noir vif avec quelques reflets rougeâtre : de
là le nom de rouge que lui donnent les ouvriers.
On n’y voit pas d’empreintes de coquilles.
7°. De calcaire marneux d’ un gris-brun plus
ou moins compacte & plus ou moins chargé de
lignite, en général d’ autant plus qu’il eft moins
coquillier. Les genres, que l’on y reconnoît appartiennent
aux Lymnées, aux Cyclades, aux Potamides
ou aux Cérithes. Les fiflures de fépàra-
tion de ce calcaire font quelquefois enduites
par une pellicule de bitumine noirâtre & luifant.
8°. Un calcaire marno-bitumineux, compadte,
avec de nombreufes coquilles du genre des Cy-
clades ou des Aflartes, flriées tranfverfalement,
lefquelles font, ainfi que le calcaire qui les renfermé,
les mêmes que celles de la couché n° 4.
90. De fchifte argileux, bitumineux , noirâtré,
fiflile,fans traces de coquilles. De petites veines
de lignite alternent avec ce fchifte.
io ° . De lignite compacte légèrement fiflile &
irrifé, fans traces de coquilles, nommé le bleu d’ en-
b. s par les ouvriers.
1 f i De marnes argilo-bitumineufes noirâtres
en couches diftin&es, plus ou moins chargées
de lignite. Ces marnes varient beaucoup dans
leur nature & leur puiffancej elles renferment de
nombreux débris de coquilles fluviatiles confer-
vant leur tê t, principalement des genres Planorbes
& Lymnées. Les mêmes marnes contiennent
à Cabezac des Cy rênes, jk à la Cauflette (A ud e ),
de grandes efpèces d‘ Unio. Ces dernières fe
trouvent furtout entre les noeuds des couches, ou
dans les parties éboulées où exiftoient les lignites.
12°. Lignite fibro-compadte avec quelques débris
de coquilles fluviatiles comprimées, lefquelles
confervent leur têt & fe rapprochent des planorbes.
Ces lignites alternent à plufieurs reprifes avec
Géographie:phyflque. Tome V^,
les fchiftes bitumineux qui compofent la couche
fuivante} le nombre de ces alternances eft quelquefois
aflez confidérable.
130. Schifte argileux, bitumineux^ noirâtre ,
luifant, fans traces de coquilles. C e fchifte eft
fouvent très-compa&e & fort denfe. Alors l’ une
de fes furfaces devient unie & polie comme un
miroir.
Les mêmes alternances des couches marines
& fluviatiles fe font également remarquer dans
les mines de lignite exploitées à St.-Paulet(Gard).
Cette remarque avoit déjà été faite par Faujas,
, qui a décrit ces mines avec quelques détails dans
les Annales du Muféurn, tom. X IV , pag. 314.
Aufli cet habile, géologue a - t - i l confidéré ces
lignites comme dépofés dans l'ancienne mer, quoiqu’ils
offrent une aflez grande quantité de fuccin
& de coquilles fluviatiles. C e qu’il y a de certain,
c’eft qu’il exifte de véritables lignites difféminés
au milieu des couchesJes plus décidément -marines
, & que les coquilles difleminées dans les
marnes qui alternent à Saint-Paulet avec celles
où exiftent les coquilles fluviatiles, appartiennent
à des genres dont l’habitation dans la mer eft la
moins douteufe.
En effet, dans les couches marneufes qui alternent
avec celles où l’on découvre d es Mélanies 3
des Valvées ik des AmpuLlaires, l’on y obferve,
i°. des Oflrea : en général de petites efpèces ;
2°. des Cytherea : certaines ont quelques rapports
de forme avec la Cytherea maftroïdes de La-
marck j 50. des Tellina ,• 40. des Lucina : une de
ces efpèces fe rapproche aflez de la Lucina lacUa
de Lamarck, j° . des Ceritkium: certaines efpèces
fort rapprochées du Cerithium cinctum de Bruguière
j 6 °. des Turritella, dont une efpèce a quelques
rapports avec le Turbo marginalis de Brocchi.
Enfin, l’ efpèce la plus remarquable de ces coquilles
de mer, eft la Cyprina iflandicoïdes de
Lamarck , queT’ôn trouve avec abondance dans
les dépôts marins tertiaires des baffins méditerra-
nés, foit en Efpagne, foit en France, fok en
Italie, & que nous avons déjà eu l’occafion de
fîgnaler. Il en eft de même de la Lucina lactea.
Le fyftème de couches qui compofe le dépôt
à lignite de Saint-Paulet eft recouvert par un
calcaire marin tertiaire ou calcaire moellon, ca-
ra&érifé par fa pofition ainfi que par des moules
nombreux de coquilles marines, principalement des
genres Turritella & Cytherea. Aufli les lignites de
Saint-Paulet ne paroiffent pas repofer fous l’étage
inférieur du dépôt marin, mais bien au contraire.
fous l’étage fupérieur de ce même dépôt: ce qui
prouve que les lignites n’occupent pas toujours,
dans la férié tertiaire, une pofition aufli baffe que
celle qu’on leur voit dans le baflin de Paris j ce
u’on feroitloin de fuppofer, relativement à ceux
e Saint-Paulet, en obfervant la compacité des
calcaires qui alternent avec eux ou avec les marnes
qui les accompagnent.
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