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les mers étoient déjà réparées Si qu'elles étoient
rentrées dans leurs lits actuels, ne peuvent
avoir la généralité ni l'étendue des terrains fe-
condaires. Audi ne les voit-on jamais parvenir
à des niveaux fi élevés , ni defcendre auffi
b as , puifque leur formation a dépendu de cau-
fes qui agiffoient non d'une manière générale,
mais bien partiellement & en quelque forte
par badin. Par fuite de ce mode de formation,
ces terrains, qui s'élèvent fi peu au-deffus du niveau
des mers, s'écartent également fort peu de
leur badin. Il eft cependant certains dépôts tertiaires
qui s'en éloignent affez confidérablement,
Si que l’ on découvre même à d’affez grandes
élévations i ce font ceux qui ont été précipités
lorfque les mers étoient retirées dans leurs lits
aétuels. Ce font uniquement des dépôts lacuftres
ou fluviatiles, Si des dépôts de tranfport, qui,
dépofés poftérieurement à la retraite des mers,
& n’en recélant jamais les produits, devroient
être diftingués des terrains tertiaires proprement
dits formés dans le badin de l’ancienne mer. Ces
terrains, qui lient en quelque forte l ’époque ou
la période géologique .avec la période actuelle
ou Y époque historique, ont été défignés dans
ces derniers temps fous le nom de terrains quaternaires
, dénomination qui pourroit être confervée,
en la circonfcrivant aux dépôts produits depuis la
dernière retraite des mers de dédias nos continens
aujourd’hui habités*
11 laudroit donc rapporter à ces terrains quaternaires
les dépôts d’eau douce fupérieui s 3 ainfi
que les terrains de tranfport qui les recouvrent,
Si que M. Buckland a défignés fous le nom de
diluvium. Comme ces terrains n’ont jamais ceffé
de fe produire, foit ceux qui font formés par les
eaux dagnantes & courantes, Si que la marche
de la nature n’a jamais été interrompue par rapport
à eux , la manière dont ils s’opèrent dans les
temps préfens peut très-bien nous donner la me-
fure de leur ancien mode d ’adlion, qui ne diffère
que par une plus grande activité & une plus grande
intenfité.
Ces terrains quaternaires, les plus fu-perficiels
de tous les dépôts de fédiment, font aufïi ceux
qui recèlent le plus d’efpèces Semblables à nos
races a&uelles, & les feuls qui aient préfenré
jufqu’ à préfent des traces d’individus de notre
efpèce, confondus & mêlés avec des efpèces détruites
ou même avec des efpèces confidérées
comme anté-diluviennes > les offemens humains
y font mêlés avec des objets de fabrication
humaine, des poteries, de manière que l’on ne
peut plus douter que l’homme n’ait été témoin
des modifications que la furface du globe a
éprouvées, & qui ont fait périr pour toujours
tant de races & tant d’efpèces différentes. Ainfi
fe lient fans interruption les générations éteintes
Si les génératiorts actuelles: preuve nouvelle que
les temps géologiques ne font pas féparéç des
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temps hiftoriques par un intervalle auffi confidé-
rable qu’on l’avoit jufqu'ici fuppofé. (M. de S.)
TERRAINS. Leur ftratification, leur fuccef-
fion, leur importance Si tous leurs caràélères ont
été traités à l’ article R oches; c ’eft donc à ce
mot que doivent fe rapporter tous les renvois
à l'article T errains. ( J. H .)
TERRAINS ALUNIFÈRES. Des roches auffi
différentes par leur nature que par leurs giffe-
mens contiennent, en proportion plus ou moins
grande, de l'alun ou du fulfate d’alumine. Ainfi
plufieurs fchiftes, principalement ceux des houillères
Si plufieurs argiles,,renferment cette fub-
ftance ; mais elle n’eft pas moins abondante dans
les roches d’origine volcanique, ainfi que dans
celles que l’on peutconfidérer comme fimplement
ignées, c’eft-à-dire celles qui ont pu être rejetées
de l'intérieur de la terre à fa furface fans paffer
par ces ouvertures que l’on nomme cratères. On
doit donc diftinguer deux fortes de-terrains alu-
niferes : ceux qui font dus à l’aétion de l’eau,
comme les fchiftes Si les argiles, Si ceux qui
font dus à l ’aétion du fe u , comme les trachites,
, les laves Si plufieurs produits volcaniques.
Les fchiftes Si les argiles qui renferraènt de l’alumine
ont été décrits Si le feront encore dans les
différens àtricles de*ce Dictionnaire, où ces deux
fortes de dépôts jouent uq rôle important. Nous
avons parlé, à FartTcle Solfatare, de l’alun de cette
localité; nous avons mentionné à l’article R oche
celle que l’on défigne fous le nom àéalunite, Si
qui eft ordinairement fubordonnée au trachite;
témoin la localité de la cafcade de la Dore3
dans la vallée du Mont-Dore , Si celle de la Tolfa
aux environs de Civita-Vecchia; mais cette dernière
localité eft tellement importante, qu’il eft
utile d’en donner une defcription fpéciale.
La Tolfa eft un bourg des Etats dè l’Eglife
fîtué à 4 lieues nord eft de Civita-Vecchia, dans
le baffin de la petite rivière de la Marta. C e lieu
eflr célèbre, non-feulement par la grande quantité
d’ alun que l’on en retire, mais encore par
la nature des roches qui y dominent. On y voit
d’abord un travertin d’ un grain fi ferré, que fi
l’on ne le prenoit point en place, on pourroit-le
confondre avec le marbre le plus pur que l’or,
trouve dans les terrains primitifs. C è calcaire
repofe fur une autre roche également calcaire,
mais de couleur noirâtre Si à caffure çonchoïde
qui renferme des filons de fulfure de plomb argentifère,
d'antimoine & d’oxyde de fer. Cependant
c’eft fur cette roche auffi, que repofe une
efpèce de trachite %ue Breiflack défigne fous le
nom de lave granitiquey elle domine fur tous les
points de la chaîne des monts Cimini, qui cir-
confcrivent le baffin dans lequel fe trouve la
Tolfa : elle eft compofée de feldspath gris &
quelquefois laiteux, de mica nôitâtre, de pyroxène.
Myriamècres. Lieues communes. roxene Si de quartz. C ’ eft dans cette roche que
fe trouve la roche alumineufe ou l’alunite d’ où
l’ on extrait à la Tolfa l’alun dont l’exploitation
enrichit ce bourg. Quelquefois cette -alunite fe
montre, dit Breiflak, fous la forme régulière
que prend l’alun en fe crift .llifant : le cube Si
ro&aëdre. Ces criftaux, ordinairement forts petits,
font groupés dans les fentes Si les cavités
de la roche qui fevt de matrice aux filons, Si
ces cavités font fouvent revêtues "d’une couche
plus ou moins épaiffe de pierre alumineufe.
(J. H .)
TERRAQUÉ. Tout ce. qui devoit être dit à
propos de ce mot, qui indique un corps com-
pofé de terre & d’eau, tel que notre planète,
fe trouve à l'article T e r r e , h
TERRE. On peut confidérer la terre fous deux
points de vue différens : comme corps planétaire
accompliffant fa révolution autour du foleil,
Si comme un fphér î le dont l’écorce mérite
d’être étudiée. Sous le premier rapport, on lait
quMle eft aplatie vers les pôles comme tous les
corps c é l e f t e s & que fous l’ équateur fon demi-
diamètre eft d’environ 1*435 lieues, tandis qu’il.'
eft de 1 ,4 30 'fous Je pôle; que fes plus hautes
montagnes 11’en altèrent pas fenfiblement la rotondité
; que, comme toutes les autres planètes,
deux mouvemens l’emportent dans l efpace : celui
de rotation fur elle-même en vingt-quatre heures,
& celui par lequel elle parcourt, en 36 e, jours
-j, un cercle elliptique autour du foleil; que
dans fa marche régulière elle franchit 410 lieues
par minute, Si qu’enfin fon axe forme avec
ILcliptique un angle de 66 deg. 32 min.
Le m-ridien de France, mefuré par MM. Biot
& Arago jufqu'aux îles d’ Iviça Si de Frornentera,
donne pour l’aplatiffément de la terre -537, en
l'évaluant à y j j , on aura pour les différentes parties
du globes les dimenfions fuivantes :
En mècres.
Rayon de l’équateur où demi-
grand axe de l’ellipfoïde terreftre... 63375,750
Rayon du centre au pôle ou demipetit
a x e ........................... 6,356,662
Aplatiffement aux pôles ou excès
du rayon équatorial fur le rayon
p o la ir e ............. .................................... 19,088
Rayon de la terre fuppofée fphérique........................................................
6,366,206
Circonférence de Tellipfoïde fous
le méridien de Paris.... 39^999,867
Circonférence fous l’équateur.. . . 40,059,948
Les calculs fondés fur le dernier paffage de
Vénus fur le foleil ont fourni les moyens d’arriver
à connoître d’une manière précife la diftance de
cet aftre. En voici les réfultats :
Géographie- P kyfîque. Tome V.
Diftance la plus
grande.................. 15,525,000 34>93M ° °
Diftance la plus
petite.................... 15,012,600 33,778,500.
Dift. moyenne. 1-5,268,800 34' 554j91°
Nous ne poufferons pas plus loin ces confîdé-
rations fur notre fphéroïde cotifidéré comme
planète : paffons aux réfultats des calculs que
les phyficiens ST les géomètres ont faits fur fa
compofitipn, il nous fera plus facile enfuite d’entrer
dans le domaine de la géographie phyfique.
Suivant le célèbre géomètre Laplace, la terre
n’eft point homogène; elle a été primitivement
fluide; fa furface a une figure peu différente de
celle qu’elle prendroit en vertu des lois de l’équilibre
fi elle devenoic fluide; les fübftances qui
fonîventfon écorceaugmententde denfité à mefure
qu’elles font plus voifines du centre; les irrégularités
Si les caufes qui troubent fa furface ont
peu de profondeur: celle de la mer eft une petite
fra&ion de la différence des deux axes de la
terre.
Ces réfultats, adoptés en principes par les
phyficiens Si par cette ciaffe de favans qui s’occupent
principalement de Létu.le des faits que
préfente la partie connue de l’enveloppe terreftre,
forment la bafe fur laquelle repofe l'hiftoire des
changemens Tucceflîfs qu’elle a éprouvés.
Cependant nous répéterons ici ce que nous
avons eu déjà l'oceafion de dire ailleurs : « Il
ne finit point confondre les conséquences forcées
j que l'on tire de certains faits géologiques bien
conftatés, avec les prétendues théories de la
terre, qui ne feront jamais que des rêves plûs ou
moins ingénieux, au moyen defquels on cherchera
à expliquer un enfemble de phénomènes
dont les caules font hors de la portée de l'ef-
prit humain. T o u t , dans les fciences phyfique s ,
contribue à prouver à l’homme fa petiteffe. Si
à lui montrer les limites qu’ il fembie ne devoir
jamais franchir. Lorfqu’il a fait un pas vers la
connoiffance de quelque v érité, d’autres problèmes
fe déroulent dans fon efprit, & lui font
voir dans une immenfité fans bornes, tous les
faits qu’il ignore. La terre n’eft qu’un atome dans
l’enfemble de l’ univers; Si cet atome, ce grain
de fable, il en connoît à peine là furface, lui
qui y commande en maître Si qui fembie avoir
plié les élémens aux efforts de fon induftrie. Il
fe plaît à inventer de favans fyftèmes fur la formation
du globe qu’ il habite, Si cependant il
n’ en connoît pour ainfi dire que l é pi derme.
Une comparaifon bien fimple fuffit pour le
prouver.
»5 Les plus grandes profondeurs où l’on eft descendu
n’excèdent pas 500 à 400 mètres au-delfous
du niveau de l’Océan ; & fi l’on compare cette
profondeur au demi-diâmètre de l'équateur, qui
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