
d’exemple aux partifans du départ & du retour
des mers, & à ceux qui nient ce balancement
alternatif. Les adverfaires de M. Bron-
gniart prétendent, avec M. Confiant Prevoft, que
ce badin a été un grand lac falé, traverfé par <|es
cours d’eau volumineux, venant alternativement
àe la mer 6* des continent 9 qui ont produit les
mélanges & enchevêtremens marins & lacuftres.
Le badin ce de de communiquer avec l’Océan,
& le niveau de fes eaux s’abaifle au-deflous de
celui des eaux marines; mais une éruption accidentelle
de t Océan dépofe les fables & grés marins
Jupe rieur s , 6* la mer fe retire définitivement.
A cette explication, M. Brongniart répond:
qu’en fuppofant que toute locale qu'elle e f l , elle
pût s’appliquer exactement au badin de^ Paris,
ilfaud ro it admettre que ceux de la l.oire, de
l ’Ailier, de l’Hérault, de l’ Aar, d’Ulm, de Bavière,
de Hongrie & de Lombardie, qui présentent
les mêmes alternatives de terrains lacuftres
& de terrains marins, euflent été aufïi des lacs
d ’eau falée féparés de l’Océan , puis remplis, quoi
que falés, de marnes entièrement d’eau douce,
puis recouverts par une éruption accidentelle, de
nouveaux terrains marins.
Eft-il facile en effet de concevoir que des roches
d’une compofition homogène, qui annoncent plutôt
un précipité chimique qu’un iédiment de tranl-
p o r t, que des roches formées entièrement de coquilles
lacuftres fans aucun mélange, que des terrains
d’une puiffance confidérable, aient pu être
tranfportés dans une baie d'eau marine fans s’être
mêlés à quelques productions de la mer? Et
d’ailleurs, comme l’ajoute JVL Brongniart, fi dans
J’hypothèfe qu’ il combat on eft obligé d’admettre
le retour accidentel de l’Océan, il n’eft pas plus
difficile de le faire relier que de le faire remonter
& revenir fur des terrains qu’il avoit abandonnes.
11, cite à l’appui de fon opinion l’ impqffibiltié
que les nodules - fphéroïdaux de fuliate de
ftiontiane qu’on trouve au milieu des marnes du
gypfè, que les nodules de filex que l’on re marque
dans cette roche , que la filice unie
*• Si c ’eft à des fources minérales Lourd ant au
»3 fond de la mer (comme il n’y a pa$ de doute
>» qu’il y en a , 8c qu’il y en avoit autrefois de
»3 bien plus puiftantes) qu’ on veut attribuer ces
» calcaires, ftrontianites & quartz, criftallifes, il
»s faut fuppofer une réunion bien extraordinaire
» de circonftances pour admettre que ces fources
P foient forties précifément dans le lieu ou il
>» n’y avoit aucune coquille marine, & precife-
» ment dans celui où les fleuves a voient amené
>3 d,es coquilles fluviatil.es & terreftres, & d autres
33 produ&ions non marines. »
au calcaire de Champigny & de Saint-Ouen,
aient pufe dépofer, fe refoudre, s’amalgamer dans
des terrains formés par des tranfports. «Certai-
>» nement, dit il, fi ces minéraux infolubles étoient
» tenus en fufpenfion mécanique dans ces eaux
» affluantes, ils ne fe feroient pas réunis en no-
» dules quelquefois criftallins, ou en criftaux
» dans le fond de la mer ; & s’ils y étoient en
m diffolution, il eft peu préfumable que cette
» diffolution, en entrant dans la mer, & par con-
» féquent en s’étendant dans une grande'maffe
» d’eau marine, ait 1 aille précipiter fur-le-champ
« ces corps infolubles. Alors il faut admettre que
^ ce n’étoit plus de l’eau douce, ma s des dilfo-
3» lutions falines, qui formoient des cours d’ eau,
» &: par conféquent marcher d’hypothèfe en
*> hypothèfe.
De ces objections on eft néceffairement fonde
à tirer une conféquence importante : c eft qu aucune
théorie ne peut fervir à expliquer la variété
des faits géologiques; c’eft que tantôt on devra
être porté à admettre, dans la feule dèrniere
époque, plufieurs envahiffemens des mers fur
les continens ; que tantôt des Cifpiennes ou des
lacs falés d’une grande étendue auront pu rece-
voir, par les cours d’eau qui y affluent, des dépôts
fluviàtiles; qu’une mer voifine de ces lacs
ou de ces Câfpiennes aura pu rompre un ifthme ,
une langue de terre, envahir le lac ou la Caf-
pienne, y dépofer des dépouilles d’animaux marins
qui auront recouvert les dépôts d’eau douce,
former fur une autre partie plus étendue un troi-
fième envahiffemént, & biffer dans fon lit précèdent
, confidérablement diminué^ les fleuves apporter
leurs alluvions & leurs fédimens, & transformer
l’ancien lit d’une mer en un grand lac
d’eau douce.
Pour preuve de la poflibilité de ces faits, nous
rappellerons d’abord qu’il eft difficile de ne point
admettre que les chaînes de montagnes aient été
formées par foulèvement; que ces fôulèvemens
auront produit le déplacement des eaux de certaines
mers; que ce déplacement aura mis à de-
couvert des portions plus ou moins confiderables
de l’ ancien lit de la mer déplacée, tandis qu il
aura fait refluer fur d’autres points les eaux de
celle c i: circonftance qui expîîqueroit, par exemple,
les différences que l’ on reconnoit dans les
relies foililes dts terrains de fédiment fupérieur .
des environs de Paris, de la Tourainex du
: territoire de Bordeaux & de celui de Montpellier;
différences qui indiquent dans le premier de ces
baffins des dépôts plus anciens que ceux de la
Touraine, de Bordeaux & de Montpellier. En
fécond lieu, nous rappellerons encore que l’on
peut d’ autant moins fe refufer à regarder comme
vraifemblabîe le paflage .d’une mer dans différens
baffins , que l’antiquité nous a tranfmis plufieurs
traditions qui confirment cette opinion. La plus
c é lè b r e p a r c e qu’elle a pour hîftorien Platon
lui-même, c ’eft la rupture de l’ifthme que^ 1«
détroit de Gibraltar à remplacé; maislorfque l’on
Iconfiière que l’Angleterre a dû faire partie du
continent, que la mer Noire fut probablement
une Calpienne, que le Zuy der-Zée eft une con-r
quête récente des eaux marines, on conçoit la
poihbilité d’expliquer par ces deux ordres de
caufes, plutôt que par un feul, la difpofition
de certaines alternances de fédimens d’eaux douces
& d’eaux falées.
* Nous croyons en avoir dit affex pour prouver
que la terre, après avoir été probablement dans
un état d’incandefcence complet, pendant lequel
les roches granitiques fe font aépofées à -fa_
furfaêh, a confervé long-temps une température
beaucoup plus élevée que de nos jours,
mais furtout plus uniforme , qui .a fait pulluler au
fein des eaux, qui ont dépoté les anciens terrains
à débris organiques, des êtres partout femblables
fur la furface du globe; que dans la dernière
période| s’il eft une foule d’ exemples qui attellent
lie grandes convulfions, il en eft d’ autres auffi
qui peuvent prouver, foit des ruptures df des
ir,valions marines analogues à celles que l'hiftoire
& les traditions nous ont tranfmifes, foit des
tranfports opérés par des eaux douces dans la
mer, comme cela fe paffe encore de nos jours.
Telles font les principales réflexions qu’ il eft
difficile de ne pas .faire en examinant par combien
d’états fucceflîfs notre planète a dû palier
avant de parvenir à celui qu’ elle préfente aujourd'hui.
(J . H .)
TERRE DES É TA T S. ( lie. > Cette î le , que
l’ on peut confidérer comme faifant partie de
l'archipel de la Terre de Feu, dans l’Océan atlantique,
a 16 lifurs de l’eft/a l’ oueft dans fa plus
grande’ longueur, & $ dans fa plus grande largeur.
Compofée de roches appartenant à la
formation primitive, elle eft hériffée de fom-
mets élevés, couverts de neiges éternelles, &
ion fol eft entièrement ftérile & défert. Séparée
de la Terre de Feu par le détroit de Lemaire,
fa fituation elt par 54 deg. yo min. de latitude
feptentriopale, & par par 6 6 deg. 50 min. de
longitude orientale. Le Hollandais Lemaire, qui
la découvrit en 16 16, lui donna, en l’honneur
des États de Hollande, le nom qu’elle porte.
, ( J . H .)
T E R R E -N E U V E . ( I l e .) Cette î le , que les
Anglais appellent Newfoundland, eft fituée près
de la côte orientale de 1 Amérique fepten-
trionale, v is à-vis l ’embouchure du fleuve Saint-
Laurent, & n’eft féparée des terres du Labrador
que par un détroit large de 1 myriamètres. Son
étendue eft confidérable : elle eft longue de y y
myriamètres, & dans fa plus grande largeur elle
en a 54. Toute fa côte n’offre que des déchirures
plus ou moins profondes & des rochers
battus par les flots. Les principaux enfoncemens
ue ferment ces déchirures font : au fud, la baie
u Défefpoir; fur la côte occidentale, la baie
de Saint-George ; au nord, celle d’Ingorna-
choix, près de laquelle on remarque le cap
du Quipon ; fur la côte orientale, la baie des
Qr.guettes & d’autres encore, non mens importantes,
dont quelques-unes fe prolongent affez.
avant dans l’intérieur de l’ île. Lcrfqu’ on pénètre
dans cette baie , on croit remonter l’embouchure
de quelque grand fleuve, mais on eft tout étonné
de ne trouver à fon extrémité que de petites
rivières, auxquelles la fonte des neiges ou l’ abondance
des pluies donnent de l’importance :
elles font, pendant une grande partie de l’ année,
prefque defféchées, & leur lit n’eft jonché que
de cailloux roulés. I.es rochers qui bordent 1 île
ne forment point d’ écueils dangereux, parce qu’ i's
ne s’étendent pas dans la mer ; le feul danger que
préfentent fes côtes eft celui que fait naître la fréquence
des brumes. M. de La Filaye, auteur d’une
Notice fur cette île , qu’ il vifita en 1816 & 1819,
rapporte, d’après l’atrelbtion de plufieuis habitai!
s dignes de fo i , un fait très-curieux : c’eft
que les brumes dont il vient d’être queftion
forment, fur la forface de l’Océan, des bancs
que le navigateur peut traverfer fans crainte ,
parce qu’elles n’approchent jamais à plus d’une
demi-lieue de la c ô te , en forte qu’ il règne entre
ces brumes vjporeufes & l’î le , une efpèce de
canal fur lequel les navires peuvent circuler fans
danger.
Suivant le voyageur que nous venons de citer,
le fol de Terre-Neuve eft montueux; cependant
il préfume qu’il n’y exifte pas de fommets fort
élevés. En effet, le climat qu’on y éprouve étant
le même que celui du 60e. degré de latitude
for notre continent, il eft probable, d it- il, que
les points culminans de l’île s’élèvent à peine
à 975 mètres au-defliis de l’Océan, limite des
neiges & des glaces en Laponie. Après ces fommets,
les collines n’ excèdent probablement pas
395 mètres, fi l’on s’en rapporte du moins à
leur végétation, dont il fera queftion ci-après.
M. de La Pilaye partage le fol de l’île en trois
c biffes : i° . les bas-fonds qui comprennent des
vallées étroites & torcueufes, ou des plaines
humides & tourbeufes, convertes çà & là de
flaques & d’eau & d'étangs, fouvent fans écoulement
apparent; 20. une vafte forêt compofée
d’arbres verts et de bouleaux qui couvrent toutes
les hauteurs partout où fe montre la terre v é gétale;
50. des rochers qui forment tous les
fommets , n’ offrant partout que ,1a trifte & monotone
verdure des moufles & des lichens, qui
s’y accumulent fans ceffe en y formant une croûte
élaftique.
Confiitution gêognofiique de Terre-Neuve. Si nous
pénétrons, avec M. Cormack, dans l’ épaiffeur
des bancs pierreux de l’ île , en franchiffant les
étangs & les marais de l'intérieur, nous remarquerons
prefque partout la plupart des roches
e la férié des terrains primitifs, telles que le
granité fupportant ici des micafchiftes, & là des
porphyres. Dans le diftriét du lac Melville, ces