
rompue. I l part de .cette fuite difïerens
émbranchemens .qui s’étendent du Midi
au Nord , & dont les plus longs occu*
rept un efpace d’environ trente-fîx lieues'.
L e centre de ces monts neigés & de ces
amas de glaces ..eft occupé-par lé grand
Saint-Gothard, la Fourche & le.' Grim-
fci. -,
Quoique les defcriptionsde ces, différens
glaciers - offrent diverfes fîngularités frappantes
; nous-ne préfenterons pas ici tous
ces détails , nous renvoyons les curieux
à l’ouvrage même. Nous croyons devoir
nous borner à faire , d’après cet auteur,
des., obfervations fur les glaciers en ‘ gé-j
lierai, en nous attachant à mettre dans
nos réflexions l ’ordre & la précifîon,
qui peuvent- en même-tems donner une
idée du travail. de Grouner , ainli què
des phénomènes finguliers de la nature
qu’il nous a fait connoître, & fur-tout
des, principales eirconftances de leur for-1
mation. Toutes ces recherches appar-
tienHeiî! à rinftoire'naturelle delà terre,
& à la Géogmphie-Phyfique en particulier.
Les remarques que nous allons,, fa ire ,
rouleront fur fîx confidérations générale!
que nous comprendrons dans fix articles
particuliers.
A r t i c l e P r e m i e r ,
Des diverfes fortes ou formes de glaciers.
.L a neige tombée du ciel & reçue fur
les fommets élevés & froids eft le principe
, l’origine & la matière première de
tous les glaciers ; la fonte de ces neiges
ôc leur regel joints à la pofltion des
lieux forment les divers genres , les
diverfes fortes 8c les variétés que l’on remarque
dans les glaciers. Grouner les
rapporte à trois genres qui renferment
chacun une multitude d’efpèces, fuivant
les eirconftances particulières & locales.
I l diftingue , l ° . les monts de neige &
j^e glaces, 2°. les vallons de g la c e s ./0.
les glaciers formés au-deffous de ces malTes
par la- fonte des neiges Ôc leur regel en
■ glaces qui cheminent & fuivent les pentes.
Les premiers glaciers font les plus élevés :
les féconds occupent les entre-deux des
montagnes , les tioifièmes font les pro-
longemens des féconds , & prennent
mille formes différentes fuivant les -dif-
polïlions des.Mieux qui leur fervent
de- lit. Nous allons , entrer dans quel-,
qugs-détails fur ces trois formes de glaciers.
i ° . Sur les. plus hautes cimes des
Alpes ; dont les têtes fe cachent dans des
. nues & où la neige ne fond qu un peu
,à la furface , eft une neige pure , accu-
pmiuieè de fiècle en ftècle, affaiflee, comprimée
, & dont une partie de l’humidité
a été enlevée par le* vents. Dans les
heures les plus chaudes de quelques beaux
jours de l’été, la furface en eft un peu
fondue ; cetté fuperficieregèle aufîi- tôt dans
ia nuit & forme une croûte ferme & fo-
dde. Tel eft lé premier genre dès glaciers
, on pourroit les appeller mont*
; neiges.
Souvent cette neige endurcie comme
une calote, couvre un mont qui paroît
un fotnmet ifolé ; quelques fois auffi c’eff
une fuite de cônes énormes q u i, à différentes
hauteurs , offrent despointes toujours
blanches,, ce font primitivement & intérieurement
les pointes mêmes des rochers
qui fervent de bâfe & d’appui aux ^neiges,
dont ils font couverts.
Dans le circuit de ces montagnes coniques
, i l y a d’autres fois des pentes douces
ou des elpèces d’appendices 8c de plateformes
en terraffes couvertes de neiges,
où elle fond & regèle. L ’eau des fommets
s’y épanche auflî & s’y congèle : de-là il
en réfulte une couverture compofée de
couches alternatives de neige* 8c de
glaces. Gïouner appelle ces pentes douces
8c ces terraffes dés champs d»
glace,
Charmontana , jufqu’à Viefch 3 & qui
a. environ 14 lieues. '
D ’autres fois ces vallons élevé? préfen-
tent en été, plufieurs fortes d’irrégularités J
il y en à fur-tout trois, formes priüci-
Vpales. îÿ f 't j
j* Ce font d’abord quelquefois des élévations
Lorfque la fonte des neiges fupérieures
eft un peu conliderable, les pentes fe,
fillonheht, 8c il naît le long de ces pentes
des vallées, des inégalités , "des pointes $
des 'pyramides j& des formes _ « v a r ié e s :
bizarres : il eft vifîble .que fuivant que
quelques .unes de ces formes dominent
dani ces fortes dè ' champs de glace, j
cela forme autant'”'d’efpèces différentes"
dans cette première claffe de glaciers.- ,
2°. Je paffë maintenant au fécond g©ïir.e
plus_ varié encore,, toujours d’après le s .
erremens de Grouner. Entre ces monts
dont-nous venons, de parler il ÿ a -des
intervalles ou des vallons qui font plus ,
élevés que les vallées inférieures, & au-,,
defliis du niyeau où la neige fond, cës
vallons font auffi remplis de neiges ; rarement
il pleut fur ces vallons , mais
il y . tombe, de la. neige dans toutes les;
faifons; de l’année : cependant les rayons
du foleil dans les. grands jours, réfléchis.,
par les monts neigés- fondent *la furface
de cette, neige qui regèie durant la nuit.
,Voilà une croûte de glace fur laquelle il
va retomber de la neige nouvelle à quelques
jours de-là. Par ces alternatives . il
fe forme à la longue une ftratification de.
neige compafte & 'd e glace opaque qui
élevé confidérablement le fond de ces
valions. Si cette maffe e'ft foijtenüe &
comme encaiffée tout autour , il ne .peut
y avoir d’ écoulement que’ par delïous ,
au travers des fentes des- rochers ■ & dans
les vuides de l’intérieur des montagnes.
Si je vallon fe comble jufqu’à une certaine
illue ou. une gorge.; l’écoulement
extérieur dé, l’eau produite par la neige
fondue commence à fe laite par ce débouché..
Quelques .uns de ces vallons offrent
eh été y ne fiirfac.e: unie , comme celle
d’un lac- neic, o ù les’ yeux éblouis fe
perdent dans l’étendue de quelques -
lieues. G’?tt ainfî 'que l’on a vu~ le 'Vallon
que l’on,,trayerfe'dan? le Yallais depuis
mônftrueufes qui font comme de
petites maffes rnontueufes formées dans
l ’étendue du laç ; ces Kjaffes font le pro- ,
duit des avalanches ou lavanges de neiges
; qui font tombées des fommets environnants,',
& qui ayant grofti pendant leur
Ç.chûté fé.font arrêtées fur la furface plane
du lac gelé. La chaleur du foleil les
^arrondi*, leur donne, une forme conique
feu pyramidale;, ou irrégulière , qui tient
jufqu’à ce que ou la chute d’une .-autre
lavan'ge , où la chaleur plus ; grande
d’un autre été les faffe changer, de forme,
em les fonde, tout-à-fait. C’eft ainfî :qug
l’afpeâ di: ces glaciers change. ïi confi-
.défablement, que les dèfcriptions d’une
•année reffemblent peu à celles d u n e ,,
autre'.' Voilà la caufe de cette première
fort® d’irrégularités.
4 Quelquefois ces vallons font’ ouyerts
aux vents qui y accumulent la neige'
ïorfqu’èlle tombe du ciel , ou lorfqu elle
eft enlevée des fommets fupérieurs ,. où
enfin loi'fqù’elle fond : il en refulte
comme des ondes , des gradins, des bancs
'ou bien, de petites élévations qui ont
quelque forte de régularité relativement
a leur pofltion & à leurs hauteurs. Voilà
■ donc une caufe de la fécondé forte d’irrégularités
très-variées, qu’on rencontre à
la furface des champs -de glaces : on
croiroit quelquefois voir les ondes d un
lac agité par une furieufe tempête , &
qui ont etc ftibitementfurprifes&endurcies
.par une cohgellation foudaine & fimul-
tanée. Tels, ont paru fouvent le grand
Maciér.du Grindel-wald & celui de Viefch.■
Ê ’eft ainfî qu’on voit quelquefois en hiver
après une forte bife ou jjfl VçA» 4e