
La bande fabloneufe fournit encore
d’autres cailloux non moins curieux pour
J es naturalises , mais d’une nature bien
différente de tous ceux dont on a fait
mention ci-defîus. Ces cailloux font de
petites pierres à chaux d’un blanc laie , &
de quelques pouces de diamètre. Elles
font affez abondantes pour qu’on puiffe
en faire cuire dans plufieurs-endroits pour
faire de la chaux. Ces pierres renferment
fouvent des corps marins ; aucun canton '
connu en Pologne n’eft auffi riche en ce
genre de cailloux que ceux de Niefwietz &
de Pinczovia ; on trouve auffi beaucoup de
corps marins idoles & fans fuite , & enfin
des grès , des pierres de fable , de pierres
de fol dans cette même bande fabloneufe.
Quant aux mines , celle de fer eft la
feule qu’elle renferme ; elle fe tire ordinairement
des marais & des vallées ; c lic 1
eft mêlée de fables. Il y en. a même
qui fe trouve delfous les tourbes, elle
n’y forme point de couches, les morceaux
en font diiperfés,
Guettard place auffi des glaifes & des
terres marneufes dans la bande fabloneufe,
elles s’y rencontrent, fuivant lui, à différentes
profondeurs ; fouvent on les trouve
à deux ou trois pieds fous le fable ; quelquefois
auffi elles ne fe montrent qu’à dix,
& vingt pieds, & même plus. Les glaifes
varient par la couleur. La Samogitie elt
fur-tout un terrein très-giaifeux, couvert
fans doute de fable ; ce qui prouveroit
que les fables de la bande fabloneufe ne
font que des matières accidentelles, & que
le fond du fol eft d’une toute autre nature.
Guettard étend encore en Ruffie fa bande
fabloneufe , mais nous ne l’y fuivrons
pas , d’autant plus qu’il n’a là-deftus que.
des obfervatîons générales & vagues qui
lie donnent rien de précis ..
La bande fabloneufe de Pologne eft
très-confidérable quant à fon étendue fuper-
ficielle , les cailloux roulés qu’on y trouve
font, commenousl’ayofwdit, des quartz, des
granits, des jafp e s , des agathes , &c. Ces
matériaux paroiffent tirer leur origine de
montagnes granitiques dont la deftruâion
a fourni les fables & les bâfes des cailloux
roulés. Si l’on y voit des cailloux de
pierres calcaires, ce n’eft probablement
que parce que quelques petites chaînes de
moyennes montagnes auront en mêmc-
tems’ été détruites.
Si la bande fabloneufe de la Pologne
eft réellement la fuite de la deftruâion
de hautes montagnes compofées de granits,
de talcites , &c. il y a grande ?.p, arence
qu’on en doit retrouver une partie fur
les bords de cette bande & même def-
fous une partie de cetté bande couverte ds
fables , & renfermant les relies de ces
terreins primitifs , &c . Ces conlidérations
devraient déterminer, les obfervateurs qui
J e trouveront à portée de voir cette partie
ae la Pologne, à rechercher & déterminer
les limites de la bande fabloneufe qui
paroît un terrein occupé par un ancien
golfe , & qui en porte tous les veftiges &
tous les caraflères. Je renvoie à l ’article
du diâionnaire -où j’expofe toutes les
preuves qu’on peut avoir de cet ancien
état, dans le précis que nous venons de
donner du premier mémoire de Guettard.
Nous allons le fuivre de même dans
l’expofition des trois autres bandes , entre
lefquelles il a partagé le territoire de la
Pologne.
La bande marneufe peut embraffer une
cinquantaine de lieues d’étendue : elle tra-
verfe les palatinats" de Cracovie , de Sen*
domir, de Lublin, Chelm, Belzk, Léopol,
par les montagnes qui fe prolongent depuis
Léopol jufqu’en Volhinie; elle paffe auffi
dans la plus grande partie de la Volhinie,
de la Podolie & peut-être dé la Kiovie,
On trouve dans la plupart de ces pala-
tinats des couches dê pierres calcaires,
qui font bonnes à faire de la chaux & a
la conftruftion des édifices. Il y en t
d’autres dont on fait des llatues, des tables,
des payés j il eft vrai que les pays de
pierres
pierres calcaires font quelquefois voir des
endroits fabloneux qui renferment des
rochers de grès ; mais ceci ne peut faire
une objeâion qu’autânt qu’on croirait à
la bande fabloneufe. Plufieurs de ces
traâus de pierres calcaires font abondants
en coquilles foffiles, tels que des amas
d’huîtres , de cames , de tuyaux marins ,
qui la plupart ont pris la dureté des pierres
à fufil ; il y a parmi, des maffes de fables
q u i, vus à la loupe, font arrondis comme
ceux delà bande fabloneufe, & au-deffous,
des lits de terre glaifeufe. Enfin , on y
voit des cantons où fe trouvent des tufs
calcaires qui contiennent des peignes ,
de groffes cames, des huîtres;~&c. ces
maffifs forment des chaînes de montagnes
.aflez fuivies, mais mal circonfcrites.
Un grand nombre d’obfervations con-
i courent à prouver auffi que la Ruffie-B ouge
fait partie de la même bande marneufe
qui traverfe la Pologne , & qu’elle fe pro-
I longe même jufqu’en Procutie & en Podo-.
|. lie ; on trouve lur les bords des rivières de
i Bietzica , d’Unna & de Zumacz en Procu-
tîe , des fuites de bancs calcaires ; il en eft
I de même des rivages du Nieller dans les
parties de fon cours qui traverfent la Podolie.
On trouve du plâtre dans cette même
f bande, aux environs de Léopol , aux
i environs de Birze , de Rohatÿn , entre
Cracovie & Soncz : on en trouve dans
J la grande Pologne, près de G orka , &
J dans la petite Pologne , aux environs de
I Wieliczka.
De tous les métaux le fer eft encore
I le feul qu’on trouve dans la bande mar-
I neufe. La Volhinie fur-tout’ abonde en
I ces'fortes de mines; elles fe rencontrent
I dans des marais. Les lits des fouilles de
I ces’mines font dans l’ordre fuivant, un
I de terre noire , un de fable blanc, un
| de terre blanche à potier, un de terre
I jaunâtre propre auffi à la poterie , un
I de fable rouge, un de fable vert ou de
I pierre blanchâtre dont le boüzin tire fur
Géographie-Phyjique. Tome T.
le b le u , & d o n t les malles fo n t c o n fid é - 1
râbles : le lit de la min e q u i eft r ich e »
'jau n e 8c c o u le u r d e ro u ille de fe r eft
p o fé fu r u n m affif de c ra ie d o n t la p r o fo
n d eu r eft p e u co n n u e .1
L a gran d e quantité de b o is d o n t la
P o lo g n e eft e n c o r e c o u v e r te , eft fans
d o u te caufe q u e l’ o n ne fait pas dans
to u t c e p a y s un grand ufa ge de la to u rb e ;
p lu fieu rs p ro v in e e s en fo u rn iro ie n t c e p en dant
, & fu r - to u t la V o lh in ie .
N o u s paffons maintenant à la bande
f a lH e , c e tte p a r t ie de la P o lo g n e o ù fe
tr o u v en t les mines de fe l en p ie r r e s &
le s fon ta in e s falées q u i p ar l ’é v ap o ra tion
d o n n en t du fe l. L a min e de fe l la p lus
c o n n u e eft à W i e l i c z k a , v illa g e fitu é
à d eu x lieu e s de C r a c o v ie ; i’autre fe
t r o u v e à B o c h n ia , diftant de W ie l i c z k a
de d o u z e lie u e s ; le te r rein des en v iro n s
de -Ces mines eft en g én é ra l de même
n atu re . E n allant d e C r a c o v ie à W i e l i c z k a ,
o n entre * p e u de d iftan ce de C r a c o v ie dans
u n e p la in e de fab le q u i c o n d u it ju fq u ’ à
W i e l i c z k a : o n r en c o n t re de tem s en
tems dans ce tte p laine des co q u ille s fo ftjle s ,
8c fu r - to u t des h u ître s.
L e s en v iro n s de B o c h n ia ne diffèrent pas
b e a u c o u p , g én é ra lem en t p a r la n t, de c e u x
de W ie l i c z k a ; ce s d e u x en d ro its fo n t
en to u ré s de: mon tagn e s p lates & de
c o llin e s q u i fe p ro lo n g e n t ju fqu ’au x mont»
C rap a ck s & q u i fo n t p re fq u e to u te s c o u ve
rte s d’a r g ile . E n g én é ra l le p lâ t re eft
fo r t com m u n dans les en virons de B o c h n ia
& de W i e l i z k a ; mais o n tr o u v e d’ab ord
un te r re in fa b lo n e u x ; ■ c e fab le eft m ê lé
de c a illo u x & de p lu fieu r s e fp è ce s de
co q u ille s q u i fo n t te llem en t unies a v e c
du qua rtz qu’ on a de la p e in e à les e n
d é ta ch e r . C e t te c o u c h e v arie en ép aiffeur,
d ep u is , un p ied & demi ju fq u ’a t r o is ;
fo u s c e tte c o u c h e eft. un lit de f a b le ,
dans leq u e l o n tr o u v e auffi des c o q u i lle s ,
mais p re fq u e to u te s d é truite s . P lus bas
il Y a du t u f b le u â tr e & u n e p ie r r e fi
J v