
forme à la furface de ces malles des
trous , des ondes , des afpérités , & au-
deffous de la furface , il fe fait des vuides,
des cavités, des bourfoufflures, lefquelles
peuvent repréfenter lespremieres inégalités
qui fe font trouvées à la furface de la
terre, & les* cavités de fon intérieur.
Buffon voit fe former ainfî le grand nombre
de montagnes, de vallées , de cavernes,
& d’anfraduofités , qui dès ce premier
temps ont été produites dans les couches^
extérieures du globe.
C’eft alors auffi que fe font formés les
élémens par le réfroidiifement ; & pendant
ces progrès, l’eau, l’air, & les autres fub-
flances, que' la grande chaleur chaffoit
au-dehors, s’étendoient autour du globe,
en forme d’atmofphère à une très-grande
diftance où la chaleur était moins forte.
Tandis que les matières fixes Tondues
& vitrifiées, s’étant corifolidées, formèrent
la roche intérieure du globe &-le noyau
des grandes montagnes dont les fommets ,
les malles intérieures & les bâfes font
en effet compofés de matières vitrefcibles.
Ainfî le premier établiffement des grandes
chaînes de montagnes appartient à cette
fécondé époque : elle a précédé de plu-
fieurs fiecles celle des montagnes calcaires,
lefquelles n’ont exifté qu’après l’établiffe-
ment des eaux ; puifque leur compofition
fuppofe la produdion des coquillages &
des autres fubfiancés que la mer fomente
& nourrit. Tant que la furface du globe
n’a pas été réfroidie, au point de permettre
à l’eau d’y féjourner , toutes nos mers
étoient dans l’atmofphère.'
C’eft aufli dans ces premiers tems que
fe font formées par la fublimation toutes
les grandes veines & les gros filons de*,
mines où fe trouvent les-métaux. Les
fubfiancés métalliques ont été. féparées
des autres matières vitrefcibles par la
chaleur longue & confiante qui les a j
fublimées & -pouffées dans l’intérieur de
la maffe où il fe trouvoit des fentes & ]
des cavités qui ont été incruftées & quelquefois
remplies par des fubfiancés métalliques
qu’on y trouve aujourd’hui. A
l’égard de T’origine des-mines , Buffon
fait la même diftinétion qu’il a faite pour
l’origine des matières vitrefcibles & des
matières calcaires dont les premières ont
été produites par l’adion du feu & les
autres par l’intermède de l’eau ; de même
dans les mines métalliques, les principaux
filons ou les maffes .primordiales ont été
produites par la fufioii & par la fublimation.
Les autres mines, qu’on doit regarder
comme des filons feçondaires, n’ont été
produites que poftérieurement, par le
moyen de l’eau : Buffon donne pour
preuve de ces affertions , que les filons
.principaux formés par le feu fe trouvent
aujourd’hui dans les fentesperpendiculaires
des hautes montagnes , -tandis que c’eft
au pied de ces mêmes montagnes que
giflent les petits filons qui font formés par
l’eau des débris des anciens.
! La terre, immédiatement après que fa
; furface eut pris de la confîftance, & avant
i que la grande Ghaleur permît à l’eau d’y
' lejourner , offroit un globe dépouillé de
! toutes fes mers, de toutes fes montagnes calcaires
, de toutes fes couches horifontales ;
i où nefe montroierrt que la roche vitrefcible
qui en conftitue la maffe intérieure , les
fentes perpendiculaires produites' dans le
temps de la confolidations , les métaux
& les minéraux fixes qui s’étoient fubli-
més dans une partie des fentes perpendiculaires;
enfin les trous , les anfractuofités
& toutes les cavités intérieures de la
roche vitrefcible qui fert maintenant de
foutien à toutes les matières terreftres
amenées par les eaux.
Les métaux & la plupart des minéraux
métalliques, qui font l’ouvrage du feu , ne
fe trouvent que dans les fentes de la roche
vitrefcible ; c’eft auffi pour Cette raifon
que dans les mines primordiales, l’on
ne voit jamais ni coquilles ni' aucun autre
débris des produirions marines. Les mines
feçondaires au contraire lè/trouvem dans
les pierres calcaires , dans les fchift.es,
dans les argiiles , parce qu’elles ont ete
formées ■ poftérieurement aux dépens des
premières & par l’mtermede de 1 eau#
Buffon penfe que la nature femble avoir
affignè aux différens 'climats du globe
les différents métaux : l’or & l’argent
aux régions les plus chaudes ; le fer & le
cuivre aux pays les plus froids : le plomb
& l’étain , aux contrées tempérées. De
même l’or & l’argent paroîffent avoir été :
établis dans les : grandes montagnes : le ;
fer & le cuivre dans les montagnes médiocres
; le plomb & l’étain dans les plus
baffes.
Buffon revient enfuite à la topographie
antérieure à la chûtp. des eaux.
Comme- les plus frautqs montagnés com-
pofées de matières vitrifiablesfont les .
feüls témoins de cet ancien état du globe , il
a cru devoir ’ faire une énumération de
ces éminences primitives. .
Il décrit d’abord la chaine des Cordil-
lières ou des montagnes de l’Amérique ,
qui s’étend depuis, la pointe de la terre
deN.feu jufqu’au Nord du nouveau Mexique,
& aboutit enfin à des rëgions.fepten-
trionales que l’on n’a pas encore reconnues.
Cette chaine occupe fans interruption
une longueur d’environ trois mille lieues :
fes plus hauts fommets font "dans la contrée
du Pérou fous l’Equateur même, & delà
ils fe prolongent en fe rabaiffant à
■ peu-près également vers le Nord & vers
le Midi.'Cette chaîne éprouve quelques
courbures, d'abord vers l’Eft depuis Bal-
divia jufqu’à Lima; enfuite elle avance
vers l’Oueft, retourne à l’Eft vers Popayan,
& de-là fe courbe fortement vers l’Oueft
depuis Panama jufqu’à Mexico ; après
quoi elle retourne vers l’E'ft depuis Mexico
jufqu’à fon extrémité. En confidérant
cette fuite Ide montagnes , on ..obferve
qu’elles foriv toutes bien plus voifines
des mers de YOccidem que de celles de
1 l’Orient. i
■ Buffon paffe enfuite aux montagnes de
l’Afrique,dont la chaineprincipa!e,appellee
par quelques auteurs [’épine du monde ,
eft auffi fort élevée, & s’étend du Sud au
Nord comme-celle des Cordillières. Elle
commence au Cap de Bonné-Efpérancè &
court prefque fous le même méridien
jufqu’à la mer Méditerranée. Le milieu
de cette grande chaîne, longue d’environ
quinze cents lieues, fe trouve precifement
fous l’Équateur, comme le point-milieu
des Cordillières. On voit que, dans 1 Amérique
comme en Afrique dont l’Équateur
traverfe exactement les- continens , les
principales montagnes font dirigées du
Nord au Sud; mais .elles jettent dès branches
très-confidérables vers l’Orient & vers
l’Occident. Ainfî l’Afrique eft traverfée
de l’EfT à l’Oueft par une longue fuite
de montagnes , depuis le Cap-Gardafu
jusqu’aux ifles du Cap-Yei"d. Le mont
Atlas, la coupe auffi d’Orient en Occident.
En Amérique, un premier rameau , des
Cordillières traverfelesterresmagellanïques
de l’Eft à l’Oueft : un autre s’étend à
peu-près dans la même direétion au Paraguay
& dans toute la largeur du Bréfil :
quelques.autrès branches fe prolongent depuis
Popayan dans la terre ferme jufqué
dans la Guyane, & depuis la pointe de
la Floride jufqu’aux lacs du Canada.
Enfin dans le grand continent de l’Europe
& de l’Afie, qui n’eft pas traverfé par
l’Equateur , les chaînes des [grandes montagnes
, au lieu d’être dirigées du Sud au
Nord, le font d’Orient en Occident.
Buffon a indiqué leur direétion en les
faifant partir du fond de l’Efpagne, gagner
les Pyrénées, traverfer la France par [Auvergne
& le Vivarais , fe prolonger par
les Alpes en A Uemagne , en Grèce , en
Crimée, joindre le Caucafe, leTaurus,
l’Imaus qui environnent la Pêrfe , Cachemire
& leMogol au Nord, jufqu’au Ttiibet,
d"où elles courent dans la Tartane Cniimife,
& arrivent vis-à-vis la terre d’Ieço. Lès
branches que jette la chaîne principale
& qu’indique Buffon, font dirigées du Nord