
trouveroient réunis, parce que deux ou
trois embouchures n’en formeroient plus
qu’une par le prolongement des canaux
& des vallées des fleuves qui ont une certaine
tendance à fe réunir.
On voit pat-là combien il efl abfurde
que les badins des eaux courantes fe dif-
tinguent feulement par leurs embouchures
dans la mer : combien il feroit plus raifon-
nable de les diftinguer par la feule confi-
dération des lÿftêmes de pentes, quepeuvènt
offrir aux eaux pluviales ou même aux
eaux des fources , les différens maflîfs ou
les chaînes de montagnes qui fe trouvent
vers leurs origines , & qui continuent à
former l’enceinte de ces eaux courantes
à travers certaines parties des continens.
On peut donc dire définitivement que
des embouchures différentes peuvent fervir
de débouchés aux eaux verfées par les
mêmes malîifs , fous des afpeéts différens ,
de même que des mafîifs différens verfent
des eaux qui fe rendent dans les mêmes
embouchures. Si donc on détermine les
baflîns des rivières ou des fleuves par leurs
embouchures , comme on l’a fait jufqu’a
préfent, on comprendra dans leurs enceintes
des maflifs infiniment variés , &
quant à leur fituation & quant à leur
nature. Si, au contraire , on fe borne
d’après les vues que nous avons expofées
ci-deffus , à comprendre dans un balïïn
quelconque les eaux courantes que verfe
le même fyftême'de revers , on parviendra
par cette nouvelle diffribution à diftinguer
des circQnftances vraiment intéreffantes ,
& qui fçmt confondues dans l’hypothèle
aâuelle. ,
rajouterai que fouvent les mêmes maflîfs
offrent des pentes femblables , qui four-
niflënt l’eau à des rivières, qu’il faudra
diftinguer fous un certain rapport, comme
coulant au fond de vallées parallèles &
particulières ; & rapprocher, comme parcourant
des pays correfpondans , & quant
au niveau & quant à la conftitution phy-
fique. Telles font la Marne, l’Aube & la
Seine , on verra dans leurs articles le. développement
de ces diverfes confîdé-
rations.
©n voit par-là que la circonfcription
des différens maflifs , d’où il eft réfulté
des revers & des pentes à la furface des
continens, doit fixer principalement l’attention
des naturaliftes obfervateurs dans
la diflinétion des baflîns des rivières & des
fleuves , en fe bornant à une feule embouchure
: ainfi d’un feul baflin il en fera
formé plufîeurs autres, tous fortintéreffans,
parce, que leur énumération contribuera
à nous faire connoître les différentes conf-
titutions phyfîques. des enceintes & du
fol de chacun d’eux : ainfi du grand &
vafte baflin de la Garonne , nous verrons
naîtré ceux de la Garonne, du Lot j du
Tarn, de la Dordogne, de la Vezère,
de l’Iffe , &c.
Je le répète , l’on ne doit envilager ,
comme baflîns des rivières , que les vallées
d’un certain ordre qui renferment une
rivière principale & des rivières latérales,
dont le cours eft concentré dans un même
fyftême de pentes & dans la même enceinte.
Ainfi , Je confîdérerai comme baflîns particuliers
dé rivières les ’vallées de la Marne,
de l’Aube , defl’Yonne , de l’Oife jufqu’a
leurs embouchures dans la Seine : & dans
l’examen du baflin de la Seine, je ne comprendrai
plus , après ces retranchemens ,
que les rivières du fécond & du troifième
ordre, qui ne font point, renfermées dans
ces baflins que j’ai retranchés.
J’ai bientôt reconnu , d’après ce nouveau
plan de dillribution des baflins dés rivières,
que Ja c onnoiffauce du travail des eaux
cour, ntss à la furface de nos continens fe
fimphtioit & fe raccordoit très-facilement
avec la conftitution phyfique des diverses
contrées où leurs1 vallées fe trouvent
creufées,
§• p
De t hydrographie des rivières latérales :
des vallons O des plateaux unis entre ces
vallons.
La plupart des rivières latérales font le
produit de deux ou trois embranchemens,
dont un feul .conferve fon nom fans qu’il
foit fait mention des autres : cependant il
peut être intéreffant de rappeller les noms
des branches qui fe trouvent omis dans la
dénomination du tronc ; car alors on don-
neroit Une idée de l’étendue du terrein qui
fournit fes eaux à la rivière latérale. Un
moyen fort facile *de fatisfaire à .cette vue
de perfeétion dan» la nomenclature de la
géographie , feroit *de former la dénomination
du tronc de là réunion des deux
ou trois embranchemens. Geci nous don
neroit pour lors un moyen d’avoir une
connoiffance détaillée de la dillribution des
eaux & de la multiplicité des pentes dans
les intervalles des rivières principales. Je
formerai fur ce plan .plufîeurs articles d’hydrographie
dans différentes contrées de la
France , & je ne doute pas. qu’on n’y
trouve un fyftême de nomenclature inl-.
truâive.
Je ne comprendraipas dans cette nomenclature
tes fimples.ruiffeaux s qui peuvent
concourir à la formation & à l’entretien
des embranchemens , feulement j’en indiquerai
le nombre. Tout ce plan de dénombrement
étant arrêté, on y joindra
i p. la note du plus grand éloignement des
fources qui verfent les eaux dont peuvent
être abreuvés les embranchemens ; 2°. celle
de la longueur des vallons fecs qui s’étendent
au-defius de la partie abreuvée ;
3°. enfin , on indiquera la fuperficie des
plateaux qui diftribuent les eaux torrentielles
dans les vallons fecs & abreuvés.
la furface des terreins en trois parties fort
diftinâes. La première comprendra l’origine
II. eft vifible qu’il réfultera de cet
examen hydrographique , une divilion de
Géograpkic-Phyfique. Tome I.
des eaux torrentielles qui circulent à
la furface des plateaux unis & dans les
vallons fecs : & j’ai reconnu que l’étendue
de cette partie varioit beaucoup fuivant la
pente & la nature des fols : la fécondé
partie comprendra les embranchemens
de vallons abreuvés par les fources, & en
tems de pluies par les plateaux & les vallons
fecs : & enfin la dernière partie renfermera
l’étendue du tronc de la rivière
latérale qui verfe dans la rivière principale.
On doit joindre à ce détail la confidé ■
ration des petits vallons fecs & abreuvés
fecondaires , qui fe réunifient immédiatement
aux embranchemens abreuvés & aux
troncs; il faut bien. leà diftinguer des
vallons fecs & abreuvés qui font diflribués
vers la partie fupérieure des 'embranchemens
: ces derniers vallons occupent fou-
vent la plus grande partie des intervalles
des embranchemens , & même des troncs
des rivières latérales.
Je dois faire obferver que toutes ces
diftinétions entre les vallons fecs& abreuvés
par les fourcés dépendent des différens
degrés de leurs approfondiffemens : les
vallons relient fecs tant qu’ils ne font pas
creufés jufqu’au niveau de la couche de
terre qui verfe l’eau des fources. Ce que
je viens d’expo fer relativement aux rivières
latérales , doit avoir naturellement fon
application à chacunes de ces rivières,
examinées & décrites féparément. Mais il
eft des confîdérations générales qui etn-
braffent des contrées tout entières , auxquelles
il convient d’appliquer les mêmes
principes relativement à leur hydrographie.
Ainfi , je crois qu’on perfeélionneroit
lagéographie-phyfîque de grandes contrées
de la terre , en comparant d’une vue générale
l’étendue de la fuperficie du terrein ,
qui «’.offre que des plateau-x unis avec celle
qui fe trouve fillonnée en vallons,
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