
compofidon de la pierre calcaire qui les
forme. Cette différence efl très-évidente
dans la bande calcaire qui forme la Jifiere
occidentale de toute la chaîne Ouralique,
& dont le plan s ’étend par tout le plat
pays de la Rullie. L ’on obferveroit la
même chofe à l'Orient de la chaîne &
dans toute l ’étendue de la Sibérie, fi les
couches calcaires horifontales n’y étoient
recouvertes par des dépôts poflérieurs,
de façon qu’il ne paroît à la furface que
lek 'parties les plus faillantes de la bande ;
& fi ce pays n’étoit pas trop nouvellement
cultivé & trop peu exploité par des fouilles
& autres opérations que des hommes industrieux
ont pratiquées dans des pays anciennement
habités.
Ces différents détails fervent à nous expliquer
pourquoi les pétrifications marines
I Au lieu que du côté dé l’Orient, les
! couches calcaires font dans le fens de la
î chaîne , l’on trouve dans ces hau:es mon-
j tagnes calcaires de fréquentes grottes &
cavernes très-remarquables, tant par leur
grandeur que par les cryfiallifations qui les
ornent. Quelques-unes de ces grottes ne
peuvent être attribuées qu’à quelques boule-
verfemens des couches. D ’autres femblent
devoir leur origine à l’aélion des eaux
fouterraines qui ont détruit une partie des
couches calcaires , avant que de fe porter
au-dehôrs par les fources.
font fi rares dans toutes les parties de la
Sibérie, & ne fe trouvent abondamment
que vers les côtes de la mer Glaciale, où
les couches horifontales calcaires & argil-
leufes font à découvert.
Ce que je vais expofor fur les deux
ordres de montagnes calcaires que j’ai distinguées
, fe rapportera principalement à
celles qui font à l ’Occident de la chaîne
Ouralique,
Ce côté de la chaîne Ouralique en roche
calcaire fofide d’un grain fin, qui tantôt ne
contient aucune trace de productions marines
, tantôt n’en conferve que des empreintes
aufli légères que difperfées fur une
grande étendue , occupe fouvent de cinquante
jufqu’à cent vérités de largeur. Elle
s’élève en montagnes d’une hauteur très-
confidérable, irrégulières, dont les croupes
font rapides & efcarpées fur les vallées
qui les accompagnent. Ces couches géné-
râlement épaiffes rie font point de niveau;
mais fort inclinées à l’horifon, parallèles
pour la plupart à la direction de la chaîne
qui elt aufli le plus fouvent celle de la
bande fchifteufe.
En s’éloignant de la chaîne, on voit les
couches calcaires s’étendre dans des plaines
alfez rapidement, y prendre une pofîtion
horifontale & nous offrir abondamment
une quantité confidérable de coquillages,
de madrépores & d’autres dépouilles marines.
Tels font les dépôts foumarins qu’on
rencontre dans les vallées les plus baffes
qui fe trouvent au pied des montagnes,
comme aux environs de la riviere d’Oufa.
Telles font les collines qui occupent toute
l’étendue de la grande Ruflîe , tantôt fondes
8c comme mêlées de produirions marines,
tantôt compofée? entièrement de
coquilles & de madrépores en débris,
ainfi que de ces fables calcaires qui font
le produit de la comminution des coquilles,
& dont on trouve de grands amas dans
les parages où la mer abonde en pareilles
produirions. Ailleurs On en voit qui font
réduites en craie ou en marne, & qui ont
reçu dans le baflin s e la mer des mélanges
de gravier et de cailloux roulés,
Auflitôt que des marais de l’Ingrie , qui
forme vers la Baltique une elpece de golfe
en baffes terres , l’on commence à monter
le terrein élevé de la Ruflîe, dont la pente
fait ce que l’on appelle communément les
montagnes du Valdai; l’on ne ceffe de
rencontrer à chaque pas les anciennes
traces du féjour de la mer. D ’abord dan
un terrein coupé de ravines qui a vifible-
ment fouffert d’une inondation de la plus
grande
grande violence, ou plutôt par l’écoulement
d’une énorme maüe d eau : -puis dans
les -couches calcinés entières qui ne peuvent
être dues qu’au- dépôt d’une mer tranquille',
& que lei’torrëris des rivières ont
mifë à découvert. Ce font en premier lieu
des couches.de terres de dépôts, femées de
blocs de granit détachés de leur roche
originaire : ce font des bancs immenfes
de cailloux roulés & de gravier, mêlés
de fragmens depierres calcaires , de pétrifications
brifées ou changées en pierres à
fufil 8c d’offemens même.
Un femblâble bouleverfement des couches
originaires, & fur-tout des bancs
calcaires , a été obfervé jufqu’aux environs
du lac Onéga:, où commencent à
s ’élever les montagnes qui fe continuent
& fe. lient aux Alpes Lapones & Sué-
doifes. On obferve un égal dérangement
dans tous les terreins voifins du golfe de
.Finlande., où les couches les moins fo-
lides ont été emportées de deffus la roche
granitique , qui eft elle-même trop folide
pour avoir été entamée.
I l fiufEt de jetter un eoup-d’oeil fur la
carte pour voir dans ce nombre de grands
lacs, fitüés entre le golfe de Finlande &
la mèr Blanche , dans les ifles , les écueils
& les côtes brifées de ces parages , l’effet
d’pn déluge qui a laiffé là les traces de
fes ravages. On fera de- même entrevoir
que la Baltique & la mer Blanche pourraient
elles-mêmes être regardées comme
excavées1 par ces mêmes agens , mus dans
des circonftances femblables. Plus avant
dans les terrés où les couches calcaires
n’ont point été dérangées, l ’obfervateur
trouve par-tout la conviâion la plus comp
le ts , que ces couches tantôt peu profondes
, tantôt compofées de bancs qui
forment des collines ifolées ou-liées en-
femble par petites chaînés , datent des
premiers âges du monde , & font l’ouvrage
d’une mer profonde , qui ne peut
avoir produit ces dépôts originairement
Geqgrapkie-Jhyfique. J ’orne I ,
marins & fans aucun mélange de refies d’animaux
terreflres, que pendant une longue
fuite.de fiecles. 11 en eft de même de la
couche glaifeufe , qui fe trouve généralement
au-dènous du plan calcaire , 8c qui
eft tout aufli. abondante en produirions
marines. .C’eft fur-tout cette couche glaifeufe
dont on ne connoît pas la profondeur
, & qui paroît fe lier 8c corref-
pondre à uhe partie de la bande fchifteufe
des hautes chaînes , qui doit avoir coûté
bien des fiècles à la nature, & qui prouve
par fes pétrifications de belemnites & de
cornes d’Ammon , que la mer doit l’avoir
couverte à une très-grande profondeur.
Ce même lit glaifeux elt le dépôt le plus
général & le plus riche des. pyrites qui
doivent à la fuite de la putréfaction & de
la décompofition d’une immenfe quantité
d’animaux marins, de poiffons , de zoo-
phytes, de varecs , s’engendrer dans tous
.les .goufres de; l’Qcéan : puifqu’oti en
trouve les coquilles incruftées & cimentées
par. la matière pyriteufe. L ’abondancp
de ces pyrites dans certaines glaifes, noires
& ardoifées, eft fi prodigieufe, que fouvent
leur fubftafice fürpaffe en mafle la glaife
qui les contient. Mais, cette, abondance
d’un minerai inflammable par l’humidité,
jointe aux purifiantes couches de fchiltes
bitumineuxôc charbonneux qui fe trouvent
ordinairement ftratifîées dans le même lit
d’argile, ne laiffe aucun doute fur ces
incendies volcaniques & particuliérement
fur celles -qui arrivent dans le baflin
dès mers où fe trouve ce même lit,
De la confidération de ces couches calcaire
& argilleufe, il fuit que toutes les
terres de la grande Rullie étoient jadis fond
de l’Océan. Il fuit aufli, de ce que l’on a
dit des chaînes granitiques 8c des plateaux
formés par la vieille roche, que la mer
dont on n’y voit aucune trace, ne peut
jamais les avoir furmontés, Mais ces plateaux
& ces hautes chaînes ont toujours
été ifles & continens bien moins étendus
que ceux d’aujourd’hui , & habitables