
objet. On Conçoit aifément que lorfque la J
température du globe étoit au-deflous de J
celle qu’il pouvoit prendre, d’après toutes
ces circonftances , il a dû acquérir de nouveaux
degrés de chaleur ; mais jamais il n’a
pu en acquérir au-delà. Telle eft-Forigine
de la température confiante du globe.Cette ;
hypothèfe fiinple & naturelle n’a rien de h
forcé, & fes réfültats s'allient fort bien avec. |
tous les phénomènes généraux ■ que lesi
voyageurs ont obfervés dans les différents;
climats & qui en conftituent. la divifion. s
C ’eft par-là que fe foutient conllamroent, f
oomme nous l ’avons dit, l’égalité des étés & 1
des hivers , & que ces paffageS' d’une contrée
à l’autre, fi remarquables par la diflë- j
rence des produâions., & qui paroiffentfi
dépendantes des.afpeâs. du fo le îi,on t eu
lieu.
I l y aurait encore beaucoup de circonftances
à difcuter, dans- lesquelles figure
ce fond de chaleur, & oh il fe montre d’une
maniéré fi frappante au milieu des diffé-
rentesxontrées du globe , même deflbus-
les glaces ; mais ces difcuflions fe retrouveront
dans plufiéurs articles du Diétion-
jiaire, où l ’enfemble de tous ces effets
phyfiques fera préfenté avec les modifications
que les obfervatioiis nous auront ■
fait connoître,
Mémoire où l ’on difcute l'aSion du. feu central
, & où l ’on s ’attache., à faire voir
quelle ejl nulle à. la furface du globe.
Rien n’eft plus nuifible aux progrès de-
nos connoiflances que de donner pour des
vérités de fait de pures hypothèfes , lou-
tenuesde calculs & de démonfirations géométriques
, tandis qu’on écarte , & qu’on
pafiefous fîlence ou qu’on déguife les faits
qui détruifent ces hypothèfes.
L e mal eft bien plus grand encore, quand
de pareilles fuppofitions nous font don*
nées avec le ton de la plus grande confian*
ce par des hommes éloquens ; c’eft alors
qu’il faut s’oppofer au torrent de l’opinion,
foutenir les droits de la v érité, 8c mettre
fous les yeux: du public les- faits, qui écartent
& dértuifent _c.es hypothèfes brillantes.
T elle eft l’hypothèfe du feu central mis
:en avant autrefois- par Kircher , \V hifton,
i & un grand nombre d ’autres phyfîciens
i du fiècle dernier, rejettée enfuite par d’au -
très,. remile,.en vigueur-par Ma-iran , pré-
fentée. enfuite avec,un grand appareil.par
Buffon ,. enfuite adoptée. & développée
.par Bailly dans fes, lettres à Voltaire fur
■t l’Atlantide.
e Je. n’exiaminerai point ici les diverfes
conféquences qu’on a tirées de cette hy-
gothèfe., telles que le. réfroidiffement. fuc-
ceflif .du globe, par la diminution de la chaleur
interne qu’on fuppofe s ’opérer conti-
inuellement ; la dépopulation des climats
{glacés, autrefoisbrulans,puistempérés, du
'Spitzberg, du Groenland 8tc. Quand ces
faits feroient auffi certains , auiïî démontrés"
qu’ils le font peu , ils ne prouveroient
rien pour l’exiftence d’un feu central, parce
qu’ils pourroient être l’effet d’autres cau-
fes qui n’auroient rien de commun avec
i’exiftence réelle ou fuppoféede ce feu.
C’eft donc en vain que Bailly s’éçrie
dans une de fes lettres à Voltaire, ,«■ J’ofe
vous preffer de croire au ïéfroidiflfement
de la terre , comme vous avez cru à l’at-
traétion de Newton. Vous êtes en France
un apôtre de cette grande vérité, je'vous
en offre une autre qui mérite le même hom-
» mage. En défendant la- fécondé comme
» la première , vous acquerrez la, même
» gloire. Je vous ai développé dans ma
u dixième lettre toutes les raifons phyfî-
» ques qui appuient l’hypothèfe ingémeu-
» fe de Buffon. La terre a une chaleur in-
» térieure qui s’évapore & fe dijftpe : la
» terre âgée la perd avec le temps , cora-
» me en .vieilliflant nous perdons celle qui
» nous anime. L ’eau des pôles, fluidejadis,
t s’ eft congelée comme le métal, torique
» la grande fournaife du fein de la terre a eu
» perdu fonadivité. » Leu . fur VAtlantide
, pag. 440.
Parmi les cinq faits allégués comme fondamentaux
par Buffon dans fes Époques
de la nature, le troifième eft celui-ci : « La
» chalétlr que le foleii envoie à la terre
» eft affez petite en comparaifon de la eha-
» leur propre du globe terreftre , & cette
» chaleur envoyée par le foleii ne feroit
» pas feule fuffilànte pour maintenir la na-
» ture vivante. »
» I l a jo u te en fu ite , mais il eft in u t ile de
b v o u lo i r a c cum u le r ic i de n o u v e lle s p reu -
» v é s d’un fa it coA fta té p a r les e x p é r ie n - j
» ces & p a r les o b fe rv a t io n s . I l n ous
» fuflit qu ’o n n e p u ilfe d éformais le r é v o -
» qu e r en d o u te , & qu ’o n re c on n o ifîe c e tte
» ch a leu r in té r ie u re de la te r re com m e
» un fait ré e l & g én é ra l , d u q u e l , c om m e
» des autres faits 'gén é rau x de la « attire, on
b d o it d éd uire les faits p a r t icu lie r s » .
V o y o n s maintenant qu e lle s fo n t les
p reu v e s p h y fiq u e s d o n t B u ffo n & B a illy
fe fon t fe rv is p o u r é ta b lir c e tte grande
v é r i t é , q u i m é r ite , fuiv an t c e d e rn ie r ,
le même h om m a g e q u e - l’a ttra d io n
N ew to n ie n n e : p u ifq u ’ il d it a v o ir d é v
e lo p p é tou te s les raifons q u i p e u v en t ap p
u y e r l’h y p o th è fe du feu c e n t r a l , n o u s, n e
p o u v o n s m ieu x faire q u e de les fu iv re &
de les ex aminer en détail p o u r fa v o ir le
d egré de co n fia n c e qu ’elies m é r iten t. C a r
quant à c e q u i c o n c e rn e les p re u v e s de
B u ffon nous n’y tr o u v e ro n s à la p la c e que
les fimples affertions q u i p r é c é d e n t , d’un
fait que B a illy s ’eft ch a rg é feu l d’é ta b lir
fo lid em en t. V o y o n s c om m e i l e x e cu te
ce tte b e lle tâ ch e .
§. I.
« J’aurai d o n c le p la i f î r , d i t - i l , dans fa
Geographu-P hyfique. Tome I .
» IXe lettre à Voltaire , de vous déveiop '
» per ce beau fy.ftcme ( du feu central ) ou
» plutôt cette grande vérité. Elleeftlabàfe
» de l’hypothèfe du refrpidiflement de la
» terre. C ’eft dans la malle même de la ter-
» re que réfîde le feu central de M. de Mai-
» ta n ........... C ’eft une fource de chaleur
» bienfaifante qui anime la végétation, qui
» entretient la vie fur le globe; fans elle
» nous n’exifterions pas. »
» La chaleur intérieure du g lob e, ajou-
» te Buffon , encore aâuellement fubfîf-
Ü tantë , & beaucoup plus grande que cel-
» le qui nous vient du fo le ii, nous démon-
» tre que cet ancien feu qu’a éprouvé Te
» g lob e, n’eft pas encore à beaucoup près
» entièrement diflipé; la furface de la terre
» eft plus réfroidie que fon intérieur &c.»
Réponfe.
Il y a fans doute à fa furface du globe
une chaleur bienfaifante qui entretient la
vie & le mouvement de tous les êtres qui
l’habitent. C ’eft une vérité fi palpable qu’il
fuffit de'l’époncer pour la faire admettre :
mais quelle eft la fourcede cette chaleur'?
Avant de le demander , il faut convenir
d’un autre fait qui n’eft pas moins incon-
teftable, c’eft qu’il n’y a point de chaleur
fans mouvement qui l’occafionne, ni de
mouvement qui ne foit accompagné d’un
certain degré de chaleur. C ’eft en mettanc
en àétion le fluide igné , qui n’eft pas chaud
par lui même , que le mouvement produit
de la chaleur. En vain objefteroit-on que
le mouvement n’étant pas une fubftance,
mais un mode de la fubftance , ne pou-
voit être le principe de quelque chofe : car
on répondroit que par mouvement on entend
le corps en mouvement, puifque le
mouvement (uppofe néceffairement des
corps qui le reçoivent & le communiquent.
Si l’on pourfuit entore , en obfer-
vant qu’il eft des circonftances où le mou
vement produit du froid, loin de produire
de la chaleur, il eft facile de faire voie
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