
pendant, avant d'annoncer ces chaînes ramifiées
connue les vertiges appareils de
la charpente du globe, il femble qu'un
favant jaloux de ne rien publier au hafard
auroit dû en conrtater l’exiftence & fur-
tout la continuité par l’obfervation fuivie
8c raifonnée qui lui auroit fait reconhoître
dans ces arrêtes uû maffif toujours de même
nature & femblablemént organifé ; mais
aucune de ces recherches préliminaires n’a
été faite , 8c les naturaliftes obfervateurs
qui ont entrepris & continué pendant iong-
tems l’examen des martifs correfpondans
aux arrêtes tracées fur la mappemonde de
Buache & fur les autres cartes de détail,
n’ont rien rencontré qui pût autorifer an
aucune forte la moindre fuppofition à cet
égard.
Où trouver par exemple une chaîne
continue, comme Buache l’a tracée, depuis
les fources du Rhin, du Rhône & du Po ,
jufqtt’aux fources de la Loire 8c de l’Ailier
? Quelles vaftes & grandes vallées ne
voit-on pas dans ce traj et ç De même fur
quels fondemens établit-on la réunion des
deux martifs d’où fortent les fources de
la Loire & de l’Ailier avec la branche des
arrêtes ou’on fuppofe prolongées1 depuis
leVelay & l’Auvergne, jufqu’au Pas-de-
Calais par les Vôges ? En fuivant auffi
la trace de la chaîne prétendue, qui.des
Vôges va fe rendre au même Pas-de-Calais,'
où trouve-t-on une arrête marquée & élevée
au-deflusdes terreins circonvoifinsau milieu
des plaines & des collines de la Lorraine,
dçla Champagne & de la Picardie, & une
même nature de pierres anciennes & primitives
au milieu de toutes ces couches
horizontales de pierres , de fables, de
pierres cqquillières , de marne & de craie,
qui régnent dans tout le trajet que pan
courent ces arrêtes '!
En fuppofant que. quelques parties des
hauteurs figurées fur les cartes de Buache,
comme exifiantes dans Tes Cévennes &
dans les Vôges & compofées de martifs
graniteux, aient pu être cpnfîdérées comme
appartenant à la charpente du globe, à fit
confiitution primitive Nj leurs prolonge-
mens à travers les contrées qui n’offrent
à leur furface que des matériaux d’une
nature différente, des bancs de pierres calcaires
& de craie , comme je viens de le
dire, ne peuvent être confidérés comme
une fuite de cette même conflitution
ancienne & primitive.
Si le globe de la terre avoit une charpente
, une offature , ce ne pourroit être
que ce que nous avons fait ''connaître à
l'article de Rouelle , fous le nom de l’ancienne
terre ; mais à raifonner de cette
ancienne terre d’après les. caractères que
lui donne celui qui nous l’a fait connoître ,
8c d’après ce que nous en co un aidons,
nous voyons d’abord que ne fe préfentant
pas fous la forme des arrêtes & des chaînes
continues que donne Buache à fa' charpente
du globe, elle ne peut remplir les
idées hypothétiques de ce favant géographe,
Je dois dire ici que l’ancienne terre occupe
de grands & larges traclus qui forment des
hauteurs confidérables ; mais auffi elle ne fe
préfente pas à beaucoup près ni dans toutes
les hauteurs, ni fur les fommets,les plus
élevés; elle fe .trouve même à tous les
niveaux poffibles 8c dans toutes les
montagnes que Buache . a diftinguêes ;
elle ne fe montre donc pas conrtamment
à toutes les arrêtes défignées dans fes cartes
& affujetties aux fourcesdes fleuves & des
rivières ï Ce n’eft pas elle qui forme toujours
l’enceinte des baffins des rivières.
En un mot, la plupart des martes mon-
tueufes les plus confîdérables du globe
qui renferment dans leur bafe cette ancienne
terre, offrent à leurs fommets des martifs
de couches de pierres calcaires ou argil-
leufes qui, étant d’une, formation pofté-
rieure, ne peuvent être confidérés comme
appartenant à la charpente du globe. D’ailleurs
, les couches que ipréfêntent de
toutes parts ces parties éleyées des grandes
montagnes ne paroiffent pas dans i’aflîette
la plus folide, puifqu’elles ont éprouvé des
; déplacemens qui fy continuent to us les j our%
’thèfe , 8c ait perdu de vue des détails pré-
jcieux, qu’il étoit plus en état que tout
autre géographe de mettre en ordre & à
Ta portée des obfervateurs. Tels font ceux
;qui ont pour objet les baffins des rivières ,
ifur lefquels il. n’a donné que de premiers
;appèrçus'. ( Voyez Baffins des rivières.')
, Il faut donc continuer à fuivre les
'points de partage des eaux courantes
à la furface du globe : étudier 8c décrire
i les. baffins des fleuves & des rivières fans
y joindre les idées hypothétiques de Buache.
Les plans de ce géograpihe ferviront à nous
montrer la marche des eaux courantes, 8c
les grands fyftêmes de leur diftribution à
la.yfurface de toutes, les parties de nos
continens ; on pourra même ajouter par
1 a fuite l’examen des terreins, de leur nature,
d e leur difp'ofition relative, & nous fau-'
r-ns gré à Buache d’avoir tourné les vues
des naturaliftes vers ces objets , de nous
Iles avc.ir préfentés dans des cartes d’ail—
■ leurs très-inftruélives pour la forme des
terreins, aux arrêtes près.
Enfin, j e dois ajouter ici ce que j ai j
déjà dit, c’eft que cette ancienne terre ert j
enveloppée par de grands & larges trac- !
tus de la nouvelle qui en interrompent
la continuité & les raccordemens & qui ,
par conféquent , s’oppofent à la continuité
des ceintures hypothétiques de
Buache, non-feulement quant à la nature
des martifs , mais encore quant à leur
forme élevée 8c prolongée en chaînes.
Si nous fuivons maintenant les ifles ,
les vigies-j les rochers à fleur d’eau , nous
trouvons que le maffif de. l’anGienné terre
ne fe trouve point dans la ligne du prolongement
des montagnes du continent
aux.ifles. Je n’en veux pour preuve que
ce qu’on obferve au Pas-de-Calais ; non-
feulement l’iflhme marin! n’eft pas de l’ancienne
.'terre, mais même les-deux bords
de la mer des deux côtes n’offrent point
la forme de hauteurs, élevées j 8c fi l’on
entre: dans les ifles,oh ne trcmve pas plus-
Tegulièrement l’ancienne terre fur leurs
côtes, ni fur la ligne tracée par les points
de partage des taux : en un mot parles
fources.
J’avoue que fi cette ancienne terre, diaprés
l’examen quîpn en auroit fait, eût
formé les terreins élevés 8c toutes les.
arrêtes des hauteurs que Buache à tracées
fur fes cartes, les naturaliftes obfervateurs
n’auroient jamais balancé à regarder
fon fyilême de Géographie-Phyfique
comme une très-belle découverte ; mais
l’obfervationn’ayant pas conftaté ces fup-
ppfitions, il s’enfuit que toutes les illégalités
du globe manifeflées par la diftri-
budon des eaux courantes à fa furface,
rie peuvent rien déterminer quant à fa
charpente ; ainfi la charpente du globe
telle qu’elle a été indiquée & figurée fur
les cartes de Buache , ne peut être con-
fidérée comme un grand fait qui appartienne
i la Géographie-Phyfique.
Je regrette beaucoup que cet habile.
géographe,.fe foit attaché ainfi à cet hypo-
Buache n’eft pas le premier qui ait écrit
fur la charpente du globe , Marlrgly s’en
étoit occupé auffi , mais fans aucune vue'
plus précife que celle du géographe ; nous
trouvons même cette idée d’offature dans
les anciens écrivains qui ont traité d elà
phyfique générale : ils ont comparé à grands
frais le grand monde avec le petit, c’eft-'
à-dire , le globe de la T e r r e , avec le
; corps humain , & c’eft de-ià qu’ils ont
imaginé que les montagnes & les hauteurs
dévoient former, tant dans l’intérieur de
la terre qu’au dehors une charpente de
matières plusfolides, 8c qui fît les fonctions
de la charpente'offeufe dans le corps
humain; mais cette comparaifon n’a jamais
roulé que fur des eonfidérations vagues
d’ objets très-peu femblables ; & l’obfervation
nous fo rc e , aujourd’hui que les fondemens
de cette comparaifon ont été plus
difcutés & plus approfondis , à rejetter
entièrement une hypothèfe qui ne peut
jetter aucun jour fur la conflitution du