
les feux fouterrains ont attaquées fuccefli- j
vement. C ’eft ce que représenté la figure I
II. Sténon penfe avec raifon que toutes |
ces couches du fécond ordre ayant été
formées par les eaux, ont dû en être couvertes
; mais il ne fait pas de quelle maniéré
les eaux fe font retirées après cette
fécondé inondation : fi ç’a étéfubitement,
ou bien fi de nouvelles cavernes ouvertes
fucceflivement, & abforbant les eaux par
parties, n’auroient pas mis à découvert
de nouvelles régions. Ce qu’il allure,
c ’eft que les torrens & les fleuves entraînent
continuellement dans la mer une
grande quantité de terres, qui s’accu roulant
le long des côtes, étendent fans celle les
continens, & produifent même quelquefois
de nouveaux terreins allez confîdérables.
Le fixieine état de la Tofcane, ainfi
que des autres parties de la terre, elt
l’état aétuei, celui dans lequel les vallons
ont été formés par l’affaiflement des
lits fupérieurs qui portoient à faux, &
dont les.bâfes avoient été détruites par les
eaux ou par les feux louterràins. C ’ell
cet état qui efl tracé dans la figure I.
JS0ye^ l’Atlas , où tous ces états font figurés
& décrits. Sténon ne s’efl pas hafar-
dé à fixer l’époque de tous ces changemens
dont il nous donne feulement la fucceffi
on. Il penfe cependant que les veftrÿ's
des faits que l’on trouve épars dans ce
qui nous relie d’hiftoriens , tels que les
tremblemens de terre, les' éruptions des
feux fouterrains, les débordemens & les
inondations, font voir par induétion combien
il elt arrivé de changemens fur notre
g lob e , dans l’efpace de quatre mille ans.
I l efl d’ailleurs bien éloigné de rejetter
toutes les traditions anciennes, comme
l’irruption de l’Océan Atlantique dans la
Méditerranée j la communication de la
mer du Levant avec la trier Rouge, la
fubmerlion de l ’Atlantide, & l’exiflence de
plufieurs pays dont il efl parlé dans les
voyages de Bacçhus, de Triptolème ,
d’Ulyffe, & qu’on à peine à reconnoître
aujourd’hui. Sténon croit que tous ces
pays & le globe entier ont pu changer
de face par les caufes qu’il a indiquées, en
nous expofant la fuite des révolutions
arrivées en Tofcane à différentes époques.
§. X I V .
Que les gloffopètres ont appartenu à des
chiens de mer, avant que ces corpsfuffent
enfevelis dans les couches de la terre.
Sténon remarque i ° . que les matières
des bancs d’où il a tiré les gloffopetres
ou dents femblables à _ celles des chiens
de mer qu’on avoit pêchés dans la Méditerranée
, & , qu’il avoit diflequés , fe
trouvoient en différens états de dureté ,
comme les pierres calcaires ordinaires,
ou bien en divers dégrés de molleffe ,
comme les. marnes, les argilles. Mais que
dans tous ces cas les matières qui fervoient
d’enveloppes aux corps organifés faillies,
1 avoient une certaine confiftance qui lui
avoit paru propre à les conferver bien
entiers contre les atteintes du dehors.
2°. I l obferve que toutes les fubflances
terreufes & pierreufes qui renfermoient
ces corps fofliles organifés, étoient conf-
tamment diflribuées par couches établies
les unes fur les autres, fouvent horifon-
tales & rarement inclinées à l’horifon.
3°. Dans plufieurs endroits,ces corps
fofliles très-nombreux dans les bancs d’ar-
gillg voilins de la furface de la terre, deviennent
plus rares dans les lits qui fe trouvent
placés à une certaine profondeur.
Outre -cela, ces mêmes corps qui font
d’une belle confervation & d’une entière
folidité dans certaines couches terreufes,
s’offrent, en état de décompofition à une
j certaine profondeur, & fur-tout à la fur-
| face où ils fe trouvent à découvert &
1 difperfés.
q.0. Dans les bancs de pierres, ces fof-
files font en général & plus nombreux
Sc mieux confervés, que dans toutes les
autres couches, parce qu’au milieu de
cette efpèce de mortier durci , ils ont
confervé tous les principes de leur orga-
nifation primitive.
e°. Tous ces fofliles en quelque endroit
qu’ils fe trouvent, foit dans iesterres molles,
foit dans les rochers les plus durs, ont
une parfaite .reflèmblance, foit entr’eux ,
foit avec les parties correlpondantes des
animaux qu’on tire de la mer. Dans les
uns comme dans les autres, on obferve
la même direétion des stries à l’extérieur ,
le même tiflu des lames dans l’intérieur ,
les mêmes formes dans les cavités ou
épiphyfes & dans les attaches qui ont
fervi à leur emboîtement. Tous ces traits
fe diflinguent également, foit que ces
corps foient pétrifiés, foit que des animaux
nouvellement tirés de la mer , les aient
fournis.
mées primitivement dans le baiïin de la
mer.
85 . I l faudroit de même ne rien
redouter dans aucun genre de fuppofi-
tions, fi l’on prétendoit que ces corps
ont été formés au milieu des pierres :
il efl vifible que c’eft une opinion ab-
furde à laquelle tiennent encore quelques
natiiraliftes de notre temps ; ces corps
n’ont pu fe former plus aifément dans les
terres molles que dans les pierres dures.
.. 9 ° . I l réfulte de-là que touteslescouches
qui renferment les fofliles qui nous occupent
, ont été formées dans le baflin de la
mer par une fuite de dépôts terreux au
milieu defquels ces corps marins ou leurs
débris fe font trouvés mêlés : que ces corps
ont été long-tems fous les eaux avec les
matièresqui les enveloppoient, qui d’abord
dans l’état de pâte molle, les ont reçus,
Sc enfuite les ont confervés à mefure que
la pétrification s’eft opérée.
6°. Dans plufieurs endroits on trouve
des gloffopètres de différens volumes liés
enferable par une fubftance pierreufe; ce.
qui prouve que ces dents ont appartenu
a des animaux de différents âges, ou à
des rangées-différentes des dents du même
animal.
7°. Par toutes ces obfervations, on voit
que ces corps organifés n’ont pu fe former
dans les bancs qui les renferment ; !
mais qu’au contraire ilss’ydécompofeEtdès
que les différents principes de leur organi- j
fation fe défuniffent & contribuent par cette )
défuniôn à-la dèftruétion de chaque par- i
ne & du tout. En^ vain regarderoît-on j
comme une- produétion de la terre .le .
grand nombre de ces corps qu’on ren- i
contre à fa fuperficie. Cette difperfion !
efl vifiblement occafionnée p»r l’eau des j
pluies qui délaie & entraîne les terres au i
milieu defquelles ces corps ont été .enfe- j
Velts avant la dèftruétion des couches for- '
Sténon conclut de tous les détails qui
précèdent ,& que l’obfervation lui avoit
offert, dans toutes les circonftances où il
avoit rencontré ces fofliles, que fi la terre
qui les renferme , n’a pu les produire ,
on ne peut s’empêcher de croire que ce
font les dépouilles des animaux marins
qui ont été ainfi ftratifiées par les eaux
Sc enfouies au milieu des matières qui leur
fervent d’enveloppes ; que toutes ces
matières ont été diflribuées par lits qui,
dans certains cas., ont pris la dureté de
la pierre, ou bien fe font confervées dans
l’état de molleffe des marnes & des argilles,
& qu’ainft l’on ne peut révoquer en doute
la produâion primitive des corps fofliles
organifés, comme ayant appartenu à des
animaux marins, qui ont laiffé après leur
mort cesdépouilles, lefquelles ont été confervées
non feulement dans le baflin de la
mer où ces animaux ont vécu , mais encore
çiepuis que les dépôts foumarins font partie
de nos continens.