
fe précipitoient dans des lieux Inférieurs
& qui y font reliés, pendant que parties
des plans inclinés ont été fillonnés de
diverfes manières par des agents poflé-
rieurs à la chûte.
Cet exemple n’eft point un fait arbitraire.
Car les Vofges, les baffes Pyrénées,
les Baffes-Alpes fur-tout montrent de tout
côté de ces fortes de blocs détachés, tous
étrangers aux lieux où ils fe trouvent, 6c
provenant de gîtes très-éloignés.
Souvent on trouve, depuis le bloc juf-
qu’à l’origine de fa chûte, un terrein hériffé
de monticules du fécond ordre 6c coupé de
vallées ; 6c il elt vifible que, fi toutes ces
formes de terrein euffent exifté comme
on les voit actuellement, elles auroient
arrêté la marche 6c le mouvement du bloc
dont la dirèftion paroit avoir coupé à
angles droits plufieurs vallées ou chaînes
de fommets aujourd’hui intermédiaires.
On voit bien par le développement des
détails de cet exemple, qu’il cfl néceffaire
que les obfervateurs failiffent la totalité
des cireoriftançes, pour qu’ils parviennent
à quelques réfultats , 6c fous combien d’af-
peâs il convient d’envifager un fait avant
de paffer à d’autres.
Le fécond principe eft qu’il faut affez
bien voir les faits pour qu’on puiffe failir
l’analogie qui peut exifter entre tous ceux
qui font'femblables; c’eft-à-dire qu’il faut
faifir avec foin toutes les faces par lef-
quelles on peut déterminer les rapports
que les faits peuvent avoir entre eux relativement
aux caufes, aux époques, ou à
d’autres circonftances. On n’a pas le talent
d’obferver lorfqu’on ne fait pas établir
les analogies comme il convient 6c d’après
tous ces rapports.
L e troifième principe é fl, qu’il faut
généralifer les faits, mais ne les généralifer
qu’apres avoir parcouru avec beaucoup de
difcrétion 6c d’intelligence tout ce qui peut
fervir à ees.généralifations.
Rien n’eft ifolé dans la nature; tout cft
lié , tout dépend de caufes aflives qui
ordonnent 6c opèrent les phénomènes femblables
6c du niême ordre, avec autant
d’unité que de fimplicité. Il n’eft rien de
fi beau, dans un travail fur quelque objet
d’hiftoire naturelle, que de s’élever par
l’obfervadon jufqu’aux principes 6c aux
vérités générales; mais il faut que ces
vérités foient intimement liées avec les
faits qui en font comme labâfe, de manière
que l’efprit, fans effort comme fans lacune,
apperçoive leur liaifon 6c fur-tout cette
correlpondance intime qui doit exifter
entre les caufes 6c les effets.
J’ajouterai ici qu’il faut éviter outre
cela toute précipitation, tant dans la manière
d’obferver que dans celle de décrire,
en publiant des faits incomplets ,
examinés rapidement ôc une feule fois.
Il faut que le voyageur fur-tout fâche
s’arrêter , 6c reconnoître qu’une feule ob-
fervation bien développée! avec toutes fes
dépendances , eft préférable à un long
itinéraire fécond en faits mal vus ou plutôt
en fimples appercus; combien de voyageurs
6c de naturaliftes font cependant
dans ce cas ? Doit-on être étonné que
l’hiftoire naturelle de la terré Jaffe frpeu
de progrès, 6c s’enrichifte fi peu par le
développement de certaines-queftions qui
relient encore couvertes d’obfeurités 6c
d’incertitudes ?
Je dois citer à l’appui des deux derniers
principes, un, travail où l’on avoit pré-
fenté tout ce qui pouvoit établir l’analogie
la plus inftruâivè entre la compofitron
d’un canton des Pyrénées 6c celle d’un
canton des Alpes fort femblable. Cet écrit
offroit les réfultats de recherches très-
fuivies 6c très - multipliées Tut le même
ordre de chofes. En lifant cet ouvrage,
on pouvoit fentir quels étoient les- plus'
fûrs moyens d’établir les analogies, 6c les
avantages qu’on pouvoit en retirer pour
le progrès des fciencès naturelles. Voye%
l’article ( Analogie ) dans le diâionnaire.
Ce premier pas fait , cette première
bâfe établie , l’on montroit avec quelle
facilité on pouvoit généralifer les phénomènes
que doivent nous offrir les chaînes,
ou maffifs du même ordre que les Alpes
6c les Pyrenees, 6c nous faire connoitre
les principaux caraétères de ces montagnes.
Ce que je dis fur ces recherches appliquées
à des objets auflï intéreffans eft applicable
à tous les autres , 6c pourroit former un
corps de doârine 6c un plan d’obferva-
tions très-précieux pour perfeétionner la
Géographie-Phyfique. Je pourrai quelque
jour publier cet ouvrage, dans fon entier
6c tel qu’il fut envoyé atix paturaliftes que
l’académie ■ des fciences. avoit pris grand
intérêt d’éclairer 6c d’inftruire; j’aurai loin
d’y joindre tous les principes qui peuvent
guider les obfervateurs dans la méthode
d’obferver 6c de décrire les differens ordres
deterreins*
V.
Comparàifon d'un canton de VÀJie Mineure
& de la France , relativement à la diflri-
bution naturelle des fojjiles à la furfqce
de la terre, ,
La première application que Guettard
ait faite de fon fyftême de diftribution des
folfiles à la furface de la terre, c’eft a
l’Egypte , à l’Afîe Mineure, à la L yb ie 6c
aux environs; nous croyons que pour
faire voir quels peuvent être les avantages
de ce fyftême, il convient de préfenter
ici un précis du mémoire où fe.feit cette application.
Toute la cpte de Phénicie, de
Damas embraffera Nazareth , Tibériade ,
les environs de Jérufalem ôc de Bcthicctn 5
entrera dans l’E g yp te , où elfe fe prolongera
Syrie 6c de Judée, qui s’étend depuis.
Laodicée jufqu’à Gaza , eft formée par des
montagnes qui contiennent des pierres
blanches, tendres 6c faciles à creufer. Il
paroit même que ces bancs de^ pierres
blanches s’étendent un peu dans l’intérieur
des terres; la bande marneufe s’étendra
•donc depuis Alexandrie, jufqu aLaodicee;
elle paffera proche Balbec, comprendra
l’Anti-Liban, qui eft compote de couches
de pierres calcaires ; Ôt le territoire de
d’un côté au-deffus du Caire jufqu a
Suez , 6c d’un autre pôté vers la plaine de
: Sahara, le défert dp Saint-Macaire 6c les
montagnes de la Lybie qui font au couchant
de, l’Egypte. I l faut, remarquer que
le fel 6c le bitume fe trouvent vers les
limites’ de cette bande entre la Perfe 6c la
Judée. ..
Suivant Guettard, la bandeJabloneufe
comprend les fables de la Lybie qui fe
trouvent à l ’oueft des montagnes calcaires
de cette même contrée , 6c qui fervent de
bornes à l’Egypte, comme on l’a déjà dit,
&du côté du couchant. Cette bande fabloneufe
eft enveloppée de la bande marneufe,
qui venant du Midi de ces délerts , fe replie
vers la Baffe - E g yp te , ainft que nous
l’ avons indiqué plus haut. On doit ^donc
avoir une idée de fon étendue , fi l on fe
rappelle qu’elle occupe les cotes de 1 AIL
mineure jufque vers Laodicée, 6c qu’elle-
s’étend d’ailleurs dans une grande partie
des iftes de l’Archipel 8c même des côtes
de l’Afrique.
Cette bande marneufe fe trouve d’un
autre côté enveloppée par. la bande fchif-
teufe, dans laquelle on ne voit plus m
craie, ni pierres blanches , mais des mines
de tous les métaux, des marbres, des granits,
des porphyres , des pierres noires ou
bafaltes à lames, des émeraudes, 8cc. Cette
bande occupe toute la Haute-Egypte,
la partie méridionale de l’ifthme de Suez ,
la partie de l’Arabie, qui eft au-delà du
Jourdain, 8c à l’orient de la Paleftme:
De-là elle retourne 6c embraffe les contrées
qui font au nord de Laodicée , toute
la Natolie 6c quelques iftes de l’Archipel :
& ce qui eft très-remarquable, c eft que
cette bande eft fort large comme en
France.
Après ces détails, Guettard conclut
que l’arrangement de tous ces différens