accompagnée de montagnes fort hautes,
continue fans interruption au Nord-cft ;
& après avoir féparé.les eaux de i’Amur
de celles du Lena & du lac Baïkai, elle
jette une branche de montagnes , la plupart
fchifleufes, le long du fleuve Olecma.
Cette branche traverfe le Lena au-delà
delà ville de Jakousk, continue entre les
deux Tongouska jufqu’au Jenifeï, où elle
fe perd dans les plaines marécageufes &
couvertes de forêts gui occupent tout l’ef-
pace qui fe trouve entre ces chaînes O uraliques.
Plus loin la chaîne „principale
hérilfée de rochers , s’approche des
côtes de la mer d’Okhozk , qu’elle
cotoie de fort près en palfant fur les
fources des rivières O û th , Aldan &
Maya, & finit en fediftribuantpar branches
qui fe rangent entre les fleuves les plus
orientaux dé, la mer glaciale : à quoi il
faut ajouter deux autres branches principales
, dont l’une tourne au Sud , parcourt
tout le Kamtchatka, en s’unifiant
à la grande chaîne marine des ifles Kouriles;,'
vers le Japon - .elle donne à cette
prefqu’ifledés côtesefcarpées à l’Eft. Toutes
ces hauteurs correfpondent à une autre
chaîne marine formée par des ifles nouvellement
découvertes , où l’on trouvé
ainfi que dans la première chaîne & au
Kamtchatka même , des. volcans très-puif-
fants & de fréquens velligés du feu dont s
on ne voit plus de traces dans tes mon- |
tagnes mé.diterranées de la Sibérie.
L ’autre branche principale produit le ■
grand Cap des Tchouktchy , avec fcs pro- j
montoires ,& côtes brifées , qui corref
ponden t par les ifles dites de-Saint-Adrien,
à une chaîné qui fe termine à la pointe
oppofée de l’Amérique , & dont la direction
.parallèle au gifement de la côte dé ce
continent , c’elhà-dire, du Nord-Oüfeft
au Sud-Efl, détruit toutes les découvertes
imaginées par Buaché , de l ’amiral de
Fuentes. A u refte , il paroît certain que
malgré cette correfpondance des pointes
feptentrionales, la différence entre les
deux continens de l’Afîe d’un côté & de
l’Amérique de l ’autre, ell bien plus eon+
fidérable qjt’onne l’avoit fuppofée d’abord ;
quoiqu’elle l’oie bien moins étendue que
ne le defiroient les partifans de la navigation
au fford-Elt.
/I I .
Ordre & fuite des montagnes fchifleufes
primitives.
On a dit- que la bande des montagnes
primitives fchifleufes hétérogènes , qui
par toute la terre accompagne’ les. chaînes
1 granitiques, 8c comprend-iès roches quart-
' zeufes & talqueufes mixtes, les ferpentines,
le fchifle-corné , -les roches fpathiques &
cornées , les grès purs , le porphyre. &
le jafpe , toutes roches diftribuées par
couches fortement E inclinées., fembloit
formée ainfi que le granit à des époques
antérieures à la création des corps orga-
hifés. Une raifon très-forte pour appuyer
cette fuppofition, c’eft que îa plupart de
ces roches, quoique lamelleüffes Comme
les ardoifes , n’a jamais donné aux natùra-
liftes le moindre veflige de pétrifications
ou empreintes de Corps' ' organifés. S’il
s’en effl trouvé , c ’eft app aremment dans
les fentes de ces rochers où ces corps au-
roient été apportés’ par un déluge , & engagées
enfuite dans une matière infiltrée.
De 'même qu’on a trouvé dans la mine
d’argent de Schlangenberg des dépouilles
d’éiéphans. Les caraâères par l'eTquels plu-
fieurs de ces roches femblent avoir fouf-
fei't des effets d’un feu très-violent ■ les
püilTantcs veines & amas des minéraux lés
plus riches qui fe trouvent principalement
dans la bande qui en èft compofée’j-Icur
pofition immédiate fur le granit & même
le palTage par lequel' on voit fouvent en
grand , changer le granit en une des autres
fortes de rochers : tout cela indique une
origine bien plus ancienne & des caufes
bien différentes de celles qui ont produit
les montagnes fecôndaires.
Dans tous les lyllémes de montagnes
qui appartiennent à l’empire Buffe , fon
entrevoit de certaines loix allez confiantes,
relativement aux arrangement des montagnes
fecôndaires des anciennes roches. La
chaîne ouralique , par exemple, a du côté
de l’Orient fur toute fa .longueur une très-
grande quantité de fchiftes, cornés, fer-
pentins & talqueux , riches en filons de
cuivre qui forment le principal accompagnement
du granit, & en j afp es de di-
verles cp.uleurs plus extérieurs & fouvent
mêlés avec les premiers, mais formant des
fuites de montagnes,entières qui occupent
de très-grands efpaces. De- ce même côté
on rencontre un grand-nombre de maflifs
quartzeux en grandes roches, toutes pures,
tant dans la principale chaîne que dans
le noyau des montagnes de jalpe & juf-
que.dans la plaine. Les marbres fpathiques
& veinés percent en beaucoup d’ endroits.
La plupart de ces matières ne paroiffent
point du; tou t a la lifiere occidentale de la
chaîne qui n’ell prefque que de roches
mélangées de grès folide , de fchiftes argii-
leux , alumiqeux , &c.
Les filons des mines d’or mêlées, les
riches mines de cuivre en veines & charn
brées , les mines de fer & d’aimant par
amas & par montagnes entières font l’ap-
panage de la bande fehifteufe orientale ,
tandis que l’occidentale n’a pour elle que
des mines de fer de dépôts, & fe montre
généralement très-pauvre en métaux. Le
granit de la chaîne qui borde la Sibérie ,
eft recouvert, du côte que nous connoif-
fons, de-roches cornées de la nature, des
pierres à fu fil, quelquefois tendant à la:
nature d’un grès fin & de fehifies métallifères
de différents mélanges & compofî-
tions. Le jafpe n’y eft qu’en filons.ou plans
obliques:, ce, qui eft très-rare pour la
chaîne Ouralique & s’obferye. dans la
plus, grande partie dé la Sibérie, à l’exception
de cette partie de fa chaîne qui paffe
près de la mer d’Qkhotzk., où le jafpe
for mé derechef, des fuites de montagnes,
ainfi que nous venons de le dire des monts-
Ouràls. Mais comme ' cette roche tient ic i
le côté méridional de la chaîne Sibérienne
, & que l’on ne lui connoît point
ce côté fur le relie do fa longueur , il
le pourroit.que le jafpe. y fût atiffi abondant
; il faudrait au. refte bien plus de
fouilles & d’obfêrvations pour établir quelque
règle certaine fur l ’ordre refcedif que
ces différentes roches obfervent dans ces
contrées.
■ I I I . -T.'Ü
Montagnes du fécond & du trsifième ordre.
On pourra parler d’une manière plus
décidée fur les montagnes du fécond Cf du
troifième ordre de. T'empire.: c’eft de celles-
là liir-tout qu’on peut tirer avec pius de
confiance 'quelques lumières fur les chan-
gemens arrivés aux terres habitables : particuliérement
fi l’on examine. Jajramre &
l ’arrangement des fubftances que renferment
leurs couches, en y joignant la
conlidcration des grandes inégalités & de*
formes du continent de l’Europe & de
l’A fie. Ces deux ordres de montagnes
préfentent la chronique de notre globe ,
la plus ancienne , la moins fujette aux
falfifications, 8c en- même temps pius
aifée à déchiffrer que dans les chaînes primitives.
Ce font les archives de la nature
■ antérieures aux lettres & aux traditions les
plus reculées, qu’il étoit réfervé à notre
fiècle obfervateur de fouiller, de commenter
, de mettre au jo u r , mais que
plufieurs fiècjes après le nôtre n’épuiferont
pas.
Dans toute l’étendue des vaftes domaines
Ruffes , auflî bien que dans l’Europe entière
, les obfervateurs attentifs -ont remarqué
que généralement la bande fehif-
teufe des grandes chaînes , fe trouve immédiatement
recouverte & cotoyée par la
bande calcaire. Çelle-ci forme deux ordres
de montagnes très-différentes par la hauteur,
la fituation de leurs couches & la