
fiècles peut-être fans nombre ont détruit
jufqu’aux traces , boulev'erfèrent les co u ches
déjà confolidées par le temps , fous
lesquelles fe firent leurs expfto lions; changèrent
en calcinant ou faifant fondre par la
violence active dés feux , les matières de
ces couches, & produifîxent les premières
montagnes de la bande fchifieufe, qui répond
en partie aux lits d’argile . & de
fable des plaines, ainfi.que ces montagnes
calcaires dont la roche ell folide , & qui
pour la plupart font fans aucuns veftiges
de pétrifications. C ’eft en partie à cette
époque que ces cavernes , ces fentes , ces
fêlures en différentes diredions furent produites
dans les couchés ; & qu’elles ont été
remplies dans la fuite des temps, par l’infiltration
des quartz , -des fpaths , des
glaifes , des. matières inflammables que l ’on
exploite au jourd’hui fous les noms d’amas ,
de filons ou- veines. Ces opérations -de
volcansont continué en différents endroits,
fur-tout dans le voifînage & au fond des
mers , julqu’à nos jours, C ’eft par elles
que nous avons vu de nouvelles ifîes fortir
du fond de l’Océan : c’eft elles qui probablement
foulevèrent toutes les énormes
Alpes calcaires-de-l’Europe , jadis roches
de coraux & bancs de coquilles , comme
il s’en trouve encore de nos jours dans
les mers favorables, à ces produétions , &
où le fond de vafe argilleux doit toujours
abonder en pyrites. Par ces amas calcaires
& le précipité, argilleux qui fe filtra plus,
bas., le, fond de la meraugmentoit toujours:
les couches calcaires.s’amonceloient à différentes
hauteurs:,, recevant,féi;-débris variés
des différentes efpèces qui dévoient
les compofer , fuiv.ant les lieux plus favorables
à la production de telle ou telle
. efpèce , ou félon la- direétion des courans
, qui entraînaient & tranfportoient certaines
.efpèces vers certains parages , comme nous
l ’obfervons fur toutes les côtes de la mer.
Les flots ramenoient toujours les matières
légères & menues vers les terres.
D ’un autre côté les terres produites fur
les montagnes, tant de la décompofîtion du
granit & d’autres pierres, que par la def-
truâion des animaux & des plantes , avec
les -débris des roches entraînés -par les
torrens, augmentoiçnt, les côtes , & reçu--
loient par petites parties.les bornes.de la
mer , que fouvent quelque volcan forçoit
encore à fe retirer en foulevant les bas-
fonds des côtes. Mais cette diminution des
mers J jointe à la confomtnation des eaux,
n’auroit pu fuffire pendant des millions
d’années , pour mettre à fec les couches
marines' horifontales, que nous admirons
dans nos collines remplies de productions
marines & éloignées des mers, & pour
donner à nos continens toute l’étendue
qu’ils ont. Il dut arriver, après qu’une
grande & large filière de p a y s , au
pied des anciennes chaînes fut déjà
bien .peuplée d’animaux, bien couverte
de forêts, des convulfions au globe de
la terre , qui purent, par des éruptions
violentes au plus profond des mers , fou-
leyer & chaffer les flots jufqu’à inonder
violemment une grande partie des terres
déjà - habitées', même des montagnes allez
élevées , & augmenter encore les continens
par .le dépôt des matières qui fe trou-
voient mêlées à ces flots bouillonnants.,
& en ouvrant peut-être,, en même temps ,
dans l’intérieur du globe des cavernes im-
ménfes , qui purent abforber les eaux d’ùoe
partie de l’Océan, &. en abaîffer le niveau.
au point, qu’il s’eft trouvé , & eft
relié depuis les; âges qui nous ' donnent
quelques connoiffances de t’hiftoire des
hommes.
Cette idée qui n’eft pas nouvelle a paru
à quelques auteurs choquer la 1 vraifém-
blance , & ils n’ont allégué -aucune autre
raifon contr’elle, queparce qu’on la joignoit
à la faufle fuppofition que la mer dut au
commencement couvrir jufqu’aux plus
hautes montagnes.; ce que l’on a prouvé
ci-deffus être incompatible avec l’état
aâüel des chaînes primitives. Une maiîë
allez, abondante pour égaler ou furpaffer ces
îiauteufs fur toute la furface du g lob e ,
n’aurolt pas trouvé , fans-doute , aiTéz
d’efpace dans rintérieur c*e cette fphère,
Biênie en la fuppofant toute remplie dç
cavernes. Suivant les obfèrvatfons precedentes
la mer ne dut jamais couvrir que
les coilines calcaires des plaines dont la
plus haute ne fauroit être évaluée beaucoup
au-delà de cent toifes perpendiculaires au-
deffus du niveau aétuel des mers. .Toutes
les Alpes calcaires qui excèdent cette
hauteur font certainement élevées par
l’aâion des éruptions fouterrainesi
De plus, la mer étant encore fi haute
fur notre planete', il ne fera pas plus
contre la vraifemblance de ijtfuppofer
groftie pour lors par d’énormes éruptions
foumarines , & par d’autres Caüfés
naturelles peut-être qui .pouvôienr accompagner
ces éruptions, groftie , ‘dià-je j
au point de rouler fes flots par-defius les
hautes terrés habitées à cette époqne , &
qui par leurs- oppofitiôris ' pouvoient
encore .augmenter.. la violence d’une mer
renfermée entre elles & la puiffance qui la
foulevôit. TQ e voit-on pas les- marées dont
la hauteur moyenne ne furpaffe p>as quinze
pieds , s’élever avec violence' :,jufqujà
cinquante pieds & même au-delà par-le
rê'tréciffement ' des détroits ,'T ’oppofition
rd'es continens & d’autres caufes femblables :
& pour conclure du petit au grand, n’a-t-on
pas vu la Neva groftie en peu d’héurés de
• deux,à trois aunes par des - vents -d’une
certaine direétion , au point d’inonder là
ville dePétersbou'rg? N ’a-t-on pas aûflî lés
exemples recents de terribles inondations
de la mer, caufées par les trémblemehs de
terre au Pérou & au Kamtchatka ?
Juffieu a judicieufement conclu à l’oc-
cafion des fougères & des autres'plantes-
indiennes qui fe trouvent empreintes
fur les ardoifes d’Europe, que l'inondation
qui les plaça dans ceç lits déyoit venir du
Sud ou de l’Océan des Indes. La même
direétion eft prouvée par les relies des
animaux teîreftres qui ne vivent qu’entre
les tropiques j dépouilles entaffées jufque
dans lés’ terres aréfiques.
S’il exifte donc dans l ’Océan indien de*
indices ..de volcans fouterrsi-ns, de caufes
allez - ptiiffantes pour produire une telle
çatàflrophe. ; fi. les traces du déluge
effeéiué- par ces caufes s’accordent avec la
direétion centrifuge des mers chaffées parce
foyer , alors l’hypothèfe que nous
expofons en acquerra dans.'ce point une
-nouvelle , folidité. Mais quoi de plus connü
-quel-les volcans., dont les archipels dé
l’Inde-,, depuis l’Afrique -jufqu’au Japon
& aux terres auftrales , font remplis ou
confervent les veftiges? Ceux qui fubfiftent
encore dans ces parages font même les
plus puiffims & les: plus -furieux de
l’Univêrs.1 La plupart des phyfiçiens-qui
ont traité de la Géographi^-Phjfique de: la
î terre J s’accordent à-confidérer toutes,ces
j 'ifl.escômme élevées furies voûtes immenfes
d’une fôurnaife- commune. La première
éruption de ces feux qui y foulevèrent le
fond d’une mer -très-profonde & qui peut-
- --être ,. d’une feule explôfion ou par des
fecouffes qui fe fuccédèrent de près , fit
1 naître lés iflés de là Sonde , les Molucques
& une partie des Philippines & des terres
.auftrales -, devoit chaffer dé toutes parts
une raaffe d’eau quifurpaffe l’imagination,
laquêlie heurtant contre la barrière , que
les chaînes -continues de . l’Afîe & de
l’Europe lui opposèrent au Nord , &
pouffée par les nouvelles ondées qui fe
fuccédoient, dut caufer des bouleverfemens
& des brèches énormes dans..les terres
baffes-de cés continens. , entraîner les
bancs'formés devant eux & les couches
friperieu-res des-premières terres : & en fur-
montant lés parties les.- moins élevées dans
la'cbaîne qui forme.le milieu du continent,
■ chàrrier & dépofer fur les pentes, oppofées
ces dépouilles mêlées aux matières , dont
l’éruption avoit chargé déjà les. eaux de la
1 m e r , y enfevèlir fans ordre, les débris
I d’arbres •& les dépouilles des grands ani