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H a l l e y .
N o tîce de fe s principaux ouvrages
fu r la Géographie-Phyfique.
Halley eft un des phyficiens anglois
qui ait le plus travaillé pour la Géographie
Phyfique ; fes recherches & fes méditations
fe font portées fur plufieurs phénomènes
généraux du globe de-la terré,
qu’il a traités d’une manière auffi fayarite
que méthodique.
Le premier mémoire a pour objet un
fyfiême fort ingénieux fur la marche du
fluide magnétique , & particulièrement
fur celle . de la déclinaifoii de . l’aiguillé
aimantée. ;Toutes les obferyations connues
de fon tenu y font rapprochées & combinées
avec autant de fagacité que d’inteliigençe.
Gette malle de faits a fervi depuis,de bâfë
à toutes les améliorations dont cette partie
étoit fufceptible, & qui fe font chaque
jour par les plus habiles marins d’après
les erremens d’Halley.
Le fécond roule fur l’eftimation de fa
quantité de vapeurs qui s’élèvent de la-
mer , qu’il a déduite d’une expérience
Ample & précife ; Halley ÿ a joint une
expofition raifonnée de la circulation de:
ces vapeurs , telle qu’elle p.ëjit être .affbr-
tie au fyftême de la nature dans I’apprb‘4
vilionnement des baflins intérieurs deV
fources & des fontaines, Puifque l’Océan
reçoit perpétuellement une quantité pro-
digieufe d’eau , tant des rivières qui s’y
déchargent que de l’atmofphcre par les
pluies , les rofées & les neiges qui y
tombent ; il feroit impoffible qu’il n’augmentât
pas conlidérablement s’il ne dirrii-
nuoit de la même quantité par quelqu’autre
moyen. Mais comme on n’a remarqué
aucun accroiffement dans la mer & que
les limites des continens & de la mer, font
conflamment les mêmes depuis un grand
nombre de lîècles , il faut chercher par
quel moyen l’Océan perd autant d’ëau
|qu’il en reçoit. Il y a eu à ce fuj et deux
hypothèfes parmi les phyficiens ; l’une eft
que l’eau de la mer eft portée par dés conduits
fouterreins , jufqu’aux fources des
rivières, où fe filtrant à travers les creyaffes
i elle perd fa falure; l’autre eft que cette
■ perte fe fait par les vapeurs qui s’élèvent
■ dé la furface de la mer ; la première eft
abandonnée maintenant de toits les phy-
| ficiens, parce qu’il eft difficile, pour rie
pas dire impoffible-, d’expliquer comment
l’eau de l’Océan étant plus baffe qüè l’embouchure
des rivières peut remonter jufqu’aux
fources qui font en général fit-uées
dans les endroits les plus élevés des coït'
tinens ; mais dans la' féconde -hÿpothèfe
on n’a pas cette difficulté à expliquer le
jeu du retour de l’eau de la mer jufqu’aux
fources , & par conféquent à prévenir
tout accroiffement dans la rnaffe des eaux
que fon baffin raffemble ; on a trouvé
que ce retour doit s’opérer aifément par
îles vapeurs qu’on fait certainement s’élever
en ^grande quantité de deffus’ la furface
de l’Océan. Cette quantité qu’il étoit
-important de déterminer pour écarter
toutes les ofojeétjons que pouvoient faire
f f i t P w i l’hypothèfeoppofée, Halley
n’a jfait-'1 d’après>ces principes.
Il a trouvé d’après une expérience faite
avec foin , que l’eau falée , au même
degré que l’elt ordinairement l’eau de la
mer, & échauffée au degré de chaleur de
l’air, dans nos étés les plus chauds, don-
noit par l’évaporation , l’épaiifeur d’un
i foixantième de pouce d’eau en deuxjjeuresj
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d’où il- réfultë qu’une lame d’eau falée
d’un dixième de pouce' fe diffipera en
vapeurs dans Fefpace de douze heures.
De. forte que cqnnoiffant la furface de
tout l’Océan ou, d’une dé fes parties ,
comme la Méditerranée;, on pourrait auflî
connoître combien il s’en élève d’eau par
l’évaporation en un jour,, dans la jfup-
pofition cependant; :que. l’eau fût auffi
chaude que l’air i’eft en été.
g Il s’enfuit donc ’ de tous les détails
précédens, qu’une furface de dix pouces
quarrésj, perd Tous’ les jours, un pouce
cubique d’eau ; un pied quàné -,' une
demi-pinre le quarré de 'quatre.pieds ,
un. gallon : un mille; quarré , 14 tonneaux
, & un degré quarré de dp milles
anglois, 33,,. millions de tonneaux.
Ce fayant phyfrcien eftime que la. Méditerranée
a environ, 40 . ..degrés dç longueur
. fur 4 degrés de largeur.,. côpipen-
fation faite des fieux où elle eft plus.large
avec ceux~®,ù elle eft; plus étroite , de
forte que route fa furface peut être' , évaluée
à 160 degrés quarres : & par conféquent
toute la - Méditerranée , fuiv.mt
la proportion établie ci-deffns, doit perdre,
par l’évaporation au moins y,280,000,000
de tonneaux d’eau dans un jour d’été. A
l’égard- de la quantité d’eau que les vents
emportent de deffus la furface de la nier ,
qui, quelquefois , eft plus confidérablé
que celle qui eft éVapprée par la chaleur
du foleil, il lui parait 'impoffible d’établir
: aucune règle pour la fixer.
Il ne refte .plus qu’à comparer cette
quantité d’eau avec celle que les rivières
charient tous les jours à la mer; ce qu’il
eft difficile de calculer puifqu’on ne peut
mefurer ni la largeur du-fit des rivières j
ni la vîteffe de leur courant :. il n’y a qu’une
bâfe de calcul à prendre en -établiflànt
une comparaifon entre toutes les rivières!
& La Tamife,. & en les, fuppofant plus
grandes qu’elfos ne font réellement, on
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peut obtenir une quantité d’eau plus çon-
fidérable qu’elles n’en fourni fient à la
Méditerranée.',
La Méditerranée, reçoit neuf rivières
confidérables,, :qui fpnt i’Ebre,.le Rhône,
le Tibre, lé Pô , le Danube, le Neifter,
le Boryftène-, lé Tanaïs & le Nil. Toutes
les autres font -peu de choie eu compa-
raifon: Halley- fuppofe chacune de ces
rivières, plus grandes que ja Tanlife., non
qu U y' en ait aucune de fi, forte , mais
afin de compenlér toutes les petites rivières
qui vont fe, rendre, daps. la, même . mer.
Il fuppofe erifuite ■ que la Tamife au
pont de Kingfton où la marée monte rarement
a cent aunes de large & trois de
profondeur& que fes eaux parcourent
l’efpace' de deux- milles par heure ': fi
donc1 on multiplie cent aunes : dé largètlr
de l’eau par trois aunes de profondeur ;
& le- produit: 300 aunes quarrées par-48'
mille,ou 84,480 aunes qui eft ài’efpace que
l’eau-parcourt en un jour, le produit,' dis-je,
de ces deux nombres 300 aunes quarrées
par 48 milles , .donnera 27', 344,000
aunes cubiques d’eau , ou 20-, 300,000:
■ tonneaux d’eau qui fe rendent chaque jour
dans la Méditerranée. -
Or, fi chacune des neuf rivières indiquées
ci-deffus fournit autant d’eau que-
'là Tatnilë, il s’enfaivra que-chacune d’elles'
porte tous les jours à 'la mer 20,300,006
‘dé tonneaux d’eau , & par conféquent
jtoutès ces rivières réunies, donneront'
1,827 millions de tonneaux d’eau par
jour. Or cette quantité ne fait .guère®
’plus que le tiers, de ce qui s’exhale end
vapeurs de la Méditerranée' eh'âoùzë heures 1
ide tems, d’où il paroît que la Méditerrà-’’
-’née bien loin d’augmenter ou.de débor-
fdèr par l’èair des rivières qui s’y 'déchargent,
feroit bientôt deffcchée fi les vapeurs'1
iqùï, s’en exhalent rfy retou’rrioientpàs en'
'partie au moyen des ' pluies & des rofées
.qui tombent à fa furface.
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