
fans elles, aient contribué à leur formation
? Je le répété, il n’y a point de
courans fur le fond de la mer que la forme
du fond ne les détermine ; & pour que
cette forme ait lieu , il faut que les courans
aient agi pendant.long-tenu. Donc ,
dans l’état primitif des chofes , tant qu’il
n’y a pas eu de lit pour les courans, il
n’y a pas eu de courans ; quelles font
donc les circonllances qui ont donné
nailfance aux courans ôc à leur lit ?
J’ajoute à toutes ces difficultés fur les
courans une conlidération générale fur la
diftribution des vallées, qui ne leu r tft
pas plus favorable , fi on les eonfidére
comme leur ouvrage. Je vois 1®. que la
direction dés vallées efi affujettie à celle
des eaux courantes , qui fuivent les pentes
des terreins différents des diverfes contrées
de nos continens, lefquelles ne fe font pas
trouvées en même tems dans le baffin de
la même mer, Ainfî une vallée comme
celle de la Saône , par exemple , n’ a pu
être formée en même tems , & par un
même courant, ou un lyflême de courans
poffible.
Les courans de la mer femblent avoir
des retours. Or les pentes'de nos vallées
»’Ôppofent à ces retours ; fans compter
que dans lesfyfiêmescfe tous les vallons qui
compofent les baffins de nos rivières ,
on ne peut imaginer un jeu libre à l’eau
d’un courant ', qui iroit contre la pente
des vallons latéraux, & qui d ’ailleurs
rencontreroit des obflacles à toutes les
extrémités de ces vallons, & dans les cul-de - •
facs, où les bords efcarpés s’oppoferoient
au débouché de chaque- courant, & à la
continuation de fa marche.
En troifième lieu , plufieurs habiles
phyliciens ont penfé que les courans ne
maitrifoient que les maffes d’eau qui font
à la fuperficie de la mer , & non les eaux
qui atteignent- le fond , excepté dans les
golfes où toute la maife d’eau fe trouve,
ébranlée : & pour lors c’efl le flux qui
fe fait fentir .à une certaine diftance des
côtes : mais malgré cette marche , des
courans fur le fond de la mer , on ne
remarque pas qu’ils s’y creufent des vallées
propres, à fuccéder à celles des continens.
Car ies fondes ne nous annoncent rien
de pareil à ce qu’ont imaginé Buffon 8c
Téiliamed.
Troifième remarque.
Il n’eft plus queftion maintenant ' que
de la retraite de la mer , qui a laiffé à fec
dë’ grandes parties dé nos continens. Maillet
a imaginé que cette retraite étoit fuc-
ceffiye , comme la diminution abfolue de
fes eaux par un moyen quelconque d é-
vaporatiôn. Il y a'plufieurs obfervations
à faire fur ‘cette retraite fucceffivè : il
efl certain d’abord que la mer a quitté
de grandes parties de nos continens, où fe
trouvent des couches- inclinées de- fchifles 8c de pierres 'calcaires- il en efi de même de
plufieurs parties qui nous offrent de grand*
traftus dé.couches horifontales, & particu-
' lièremenf de certains golfes, que la retraite
de la mer a changés en vallées de grande*
rivières qui y ont repris: lejurs cours anciens,
& y ont creufé de’ nouveau un
lit au milieu' des derniers dépôts de la
mèr : toutes ces vérités inconteftables
feront expôfées dans différent articles du
diâionnaire, fur-tout aux mots retraite
de la mer , golfes'anciens, & à quelques
articles de rivières. Ces événemens , ces
cataffrophes , dont il nous relie de grands
veftiges , & des réfidus iinmen’fés , pa-
roilïént avoir été bornés à certaines épb-
ques, & avoir eu un ternie f ix e , au-
delà duquel la nature jouit d’un état
de tranquillité qui n’a pas été troublé
depuis.
Maillet elt venu dans ces circonllances
nous parler des premières retraites de
la mer , & on l’a c ru, parce qu’il ap •
puyoit fon affertion fur des témoignage»
très - multipliés & inconteftables ; mais J
lorfqu’il s^eft aventuré jufqu’à foutenir
que la retraite de l’Océan étoit fuc6éf-
five , & qu’en confëqùence nos continens
fe prôlongeoient chaque jour par la diminution
de l’èau 8c du-baffin de la mer,
on a difcuté fes preuves , & on a trouvé
que les faits qu’il nous annonçoit n’a-
voient aucun: fondement. Les-naturaliftes
cbfervateufs , qui ayoient reconnu avec
foin la fuite des terreins abandonnés par
la mer, ont vu i° .: qu’ils ne font pas
du même ordre;, & qu’en nous offrant
tous les caraâères de dépôts foumarins ,.
ils r ’anoncent pas être le .produit de la
même mer -, 2 qu’enparticulier tous ceux
qui fervent de bords- à la mer aâuelle,
n e . font pas fon ouvrage , puilque les
coquillages , qiX’on trouve dans les.
bancs horifontaux calcaires qui bordent
nos côtes , ne vivent plus dans, cette mer
qui les baigne,. Ce font de grands amas
de balemmtes de ;:gryphites , de viffes ,
de cames , d’huitres,,, dont les analogues,
ne, fe voient plus dans les parages où
nous avons établi no.s pêches. Ainfr-.on
ne peut pas dire, d’après cette -obferva-
tion qu’il eft aifé' ode répéter par-tout ,
que les dépôts formés dans l’Océan, le longu
de nos côtes , foient. compofés de matériaux
fembiables à ceux qui font en trés
dans, la .conftitution phyfique dès.
parties de nos-continens abandonnées en
der-pier lieu 'par lui. La mèr peut former
de nouveaux continens dansffon baffin
aâuel', mais elle ne forme pas le prolongement
des nôtres. Donc i l n’y a point
de retraite fucceffive.
Suivant l’obfervation de Stenon , que
je rapporterai en détail à fon article , certaines
parties de nos continents fe fo n t-
formées dès débris des autres qui. Ont
précédé : ainfî, puifque ce fécond travail
de la mer vient à la fuite de la deftruc-
tion d’un premier y on ne peut pas dire
que. les dépôts de là mer fe faflènt fuc-
eeflivement, & fans interruption , connue
| il feroit néceffaire que, cela s’opérât pour
que le fyfiême de Maillet fût applicable
à tous, les cas. Il auroit falLu que la
moyenne terre , par exemple, eût. infenfi-
blement conduit à la nouvelle terre, ou
que du moins il n’y eût pas eu de dif-
tinâion entre la moyenne & la nouvelle
terre ( Voye^ dans le diâionnaire cet
article. ) Cependant cette diftinâion
uexiftepar-tout, & eft tiès-fenfible aux yeux
de ceux qui lavent- obfer vers ; les limites
font tranchées n e t , les lignes de démarcation
très-füîvies. La mer ne fe- retire
donc pas infenliblement de deflùs nos continens
, & net les abandonné pas à melure
qu’elle les formq : la mer a formejdç certaines
parties très-étendues de nps continens
dans le même tems., fans interruption
& fans difconrinüité , fans fucceffion;
par eonféquent, elle n’a eu . ni une marche
ni un travail, fucceffifs ■ d’un, point
de la terre à l ’autre. Le travail n ’a été
fucceffifque dans l’épailfeuf des dépôts,
& la.fuite des couches placées les. unes fur
les autres;
D ’ailleurs toutes les obfervations les
plus exaâes & les plus févëres, nous
prouvent que depuis les tems hiftoriques,
les côtes de la mer aâuelle n’ont point
changé de pôfition , & qu’en général le
dernier baffin a toujours confervéla même
étendue, Ainfi i’hiftoire civile, en cela
Conforme avec Thiftoire naturelle de la
terre, établit inconteftablement que de-
<"pni* fes- derniers déplacemens , l’Océan
eft toujours refièrré dans, les mèmès limites
, & que tous, les changemens qui
font furvenus le long des bords de la
mer , ne fe font opérés que vers les em-'
bouchures des fieuvès & des rivières ,
dont les eaux courantes ènt dépofé des
matériaux , qui ont reculé ces bords
en aggrandilîànt les plages .: .mais
alors ce travail fe réconnoît à des caraôè-
, res particuliers qui le diftingu.ent des côtes
anciennes , organifées par lits & par couches
fuivies dans le fein de .l’ancienne,
m e r .