
ou qu’elle avoit promptement abandonnées
-, 8c ces terres comme les mers
ne pouvoient être peuplées que d’animaux
& de végétaux capables de fupporter une
chaleur plus grande que celle qui convient
aujourd’hui à la nature vivante. Buffon
trouve les monumens de ce temps là , dans
les mines de charbon Sc dans les carrières'
d’ardoifes, où font des débris de végétaux ?
& d’animaux dont les efpèces n ’exillent
pas actuellement, & il en conclut que
la" population delà mer en animaux n ’eft
pas plus ancienne que celle de la. terre
en végétaux.
Les coquillages & les végétaux de ces
premiers temps s’étant prodigieufement
multipliés , & la durée de leur vie h ’étant
que de peu d’années , il n’eft pas étonnant
que leurs dépouilles Sc leurs détriments
aient été affez abondants pour former
toutes les couches de pierres calcaires ,
des marbres , des craies qui compofent nos'
collines & qui occupent de grandes contrées
dans toutes les parties de la terre.
C ’eft dans ce même temps que les côù-
rans ont donné à toutes les collines & à
toutes les montagnes de médiocre hauteur
des direâions corelpondantes , enforte que
leurs angles Taillants foient touj ours oppofés
à des angles rentrants. Il n’y a eu que
les crêtes & pics des plus hautes montagnes
qui peut-être fe font trouvés hors d’atteinte
aux eaux Sc fur lefquelles par conféquent
la mer n ’a lailfé ni fédimens ni empreintes :
feulement ne pouvant les attaquer par
le fommet, elle les a prifes par la bafe
qu’elle a environnée^ de nouvelles matières,
Buffon croit que la produâion des
argilles a précédé celle des coquillages :
la première opération de l’eau ayant été
fuivant lui de transformer les fcories 5c
les poudres de verre en terres argilleufes;
aufli les lits d’argilles, fç font-ils formés
quelques tems avant les bancs de pierres
calcaires. C a r , prefque tous les rochers
calcaires font pofés fur des glaifes qui
leur fervent de bâfe : on fait que Buffon
pofe pour principes dans fa théorie de
la terre que les,, argilles n étoient que des
fables vitrefcibles, décompofés & pourris.
Il ajoute ici q u e'c ’eft probablement à
cette décompofîtion du fable vitrefcible
dans l’eau qu’on doit attribuer l’origine
de l ’acide, qui eft félon lui une combinaifon
de la terre vitrefcible avec le, feu , l’air &
l’eau.
Les mouvemens de la mer“ ont outre
-cela contribué très-promtement à la formation
, des argilles en remuant Sc tranf-
I portant les fcories & la pouffière de
verre ; & peu de temps après, ces argilles
ont fuccefliyement été tranfportées &
dépofées fur la roche primitive, c’eft-à-
dire fur la male folide de matières vitrefcibles
qui en fait le fond.
Quoique les argilles fe préfentent prefque
par-tout comme enveloppant le globe, ou
trouve quelquefois au-deffous de ces mêmes
couches des fables vitrefcibles qui n’ont
pas été convertis , & qui confervent le
caraftère de leur première origine : quant
aux fables vitrefcibles qui fe trouvent à
la fuperfîcie de la terre , & au fond du
.baflîn des mers , Buffon’ penfe que la
formation de ces fables vitrefcibles qui
fe préfentent à l ’extérieur eft d’un temps
bien poftérieur à la formation des autres
fables de même nature , qui fe trouvent à
de grandes profondeurs'fous les argilles.
Car il nous allure, que, ces fables qui fe
préfentent à la fuperficie , ne font que
les détrimens des granits, des grès &
de la roche vitreufe , dont les maffes
forment lés , noyaux & les fommets des
montagnes : & î l regarde comme très-
récente , en comparaifon de l’autre, cette
formation des fables vitrefcibles.
On dojt être porté, à croire , que les
argilles ont été produites très-peu de temps
il I après l’établiffement des eaux, & très-peu de temps avant la naiffance des coquillages:
car , oh trouve dans ces mêmes argilles
une
une infinité de belemnites , dé pierres
lenticulaires, de cornes d Ammon , Sc
d’autres échantillons de ces efpèces perdues
dont on ne retrouve nulle part les analogues
vivants.
Le temps de la formation des argilles
a donc immédiatement fuivi celui de
l’établiffement des eaux : le temps de la
formation des coquillages, doit être placé
quelques fiecles après, & le temps du tranf-
port de leurs^ dépouilles a fuivi prefque
immédiatement. Il n ’y a eu d’inter-'
valle , -qu’autant !que la nature en a
mis entre la naiffance & la mort des-
animaux à coquilles ; c’eft en conféqüence
de la proximité de la formation des deux
fubftances, que la mer a formé des couches
d’argille où l’on trouve des coquilles de
la plus ancienne date : les couches d’argilles
qui renferment des coquilles dont
l’origine eft moins ancienne , ou quelques
efpèces que l ’on peut comparer avec
celles de nos.mers,' ou mieux encore
avec celles des mers méridionales, peuvent
être d’une [date postérieure. Car Buffon
croit que la met n ’a pas ceffé de convertit
en argilles tous les fables vitrefcibles
qui fe font préferités à fon aétion en divers
temps, & qu’elle continue même de produire
le même effet,
L a formation desfchiftes , des ardoifes,
des charbons de terre, date à-peu-près
du même tems : ces matières fe trouvent
ordinairement dans les argilles à d ’affez
grandes profondeurs. Buffon penfe qu’elles
ont même précédé i’établiiiement local
des dernieres conches d’argille. Lés veines
de charbon qui toutes'font compofées de
végétaux mêlés de plus ou moins de bitume
doivent leur origine aux premiers
végétaux que la terre a-formés. Toutes
les parties du globe qui fe trouvoient
élevées au defîùs des eaux, produifirent,
dès les premiers temps, une infhaité de
plantes & d’arbres de toutes efpèces ,
lèfquels tombant1 de vétufté, furent | entraînés
par les eaux, & formèrent des dépôts
GgograÿhK-PhrJique, Tomî J-.
dans uftê infinité d’endroits ; 8c comme
les' bitumes Sc les autres huiles terreftres
paroiflènt provenir des fubftances animales
Sc. végétales , qu’en même-temps l ’acide,
provenu de la décompofîtion du fable'vitrefcible
par le feu , l ’air Sc l ’eau, s y
eft mêlé , il en eft réfulté du bitume
dont les eaux, quitranfportoient les arbres
& les autres matières végétales des hauteurs
de la terre , fe font chargées ; &
c’eft ainfî que la mer par fes mouvements,
a remué tous ces mélanges, & en a forme
les veines dé charbon.
Les couches d’ardoifes qui contiennent
aufli des végétaux & même des poiffons
ont été formées de la même manière.
Enfuite les ardoifieres & les mines de
charbon ont "été recouvertes par des
couches de terres argilleufes que la mer
a dépofées dans des te.ms poftérieurs. I l
i y a même eu des intervalles confidérables
& des alternatives de moùventens entre
l ’établiffement des'différentes couches dans'
le même terrein ; Sc l’interpofîtion • des
terres argilleufes Sc des bancs de diverles
fubftances pierreufes prouve fufFsfauimeni
i que tous ces dépôts font le produit des
jèdimens fuccelCfs, formés pan la mer.
Aufurplus, des morceaux de bois fouvent
i entiers & les détrimens très-reconoiflàbles
d’autres végétaux prouvent évidemment
' que la fubftance des charbons- de terre
n’eft qu’un affembiage de débris de végé*
; taux lies enlêmble par le bitume.
On concevra facilement que la niturè
lait pu fournir la quantité immenfe de
débris de végétaux que la compofition
ides mines de charbon de terre fuppofe, ’
jfi l’on fait attention à la production
lencore plus abondante'qui s’eft faite dans'
ces premiers tems , : pendant une longue,
fuite de fiecles, & à la quantité d’arbres
que'foumiffent certaines contrées de l’A mérique
peu peuplées ,_ aux fleuves qui fes
traverfent 8c aux mers qui les bordent*
L ’ardoife qu’on doit regarder comme une'