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peine , ont dû fe rompre & paraître en
plufieurs lieux inclines a 1 horifon .,
ailleurs relier dans une fituation parallèle ,
félon la nature & la difpofition des terres
oui leur fervoient delbâfes. Aufli par-tout
on rencontre de longues chaînes de montagnes
dont les plus hautes rie font que.
des maffes de rochers rompues St dégars
nies de terres des deux cotés- Par-tout
en trouve fur.la pente des montagnes de
longues couches de pierres qui font aiïii-
jetties. à cette pente. Ces pierres ont été
formées dès avant le déluge par des courants
d’eau & des amas de fables pofés
parallèlement & de niveau. Pourquoi les
voyons-nous aujourd’hui inclinées , linon
parce que le terrein qui les appuie s’efl
incliné en s’éboulant? Toutes les iües
ont vers le centre un terrein plus é levé,
depuis lequel on defeend toujours jufqu’à
la mer : ceci eft le vrai earaâère d’un
éboulement. L ’Italie, entière efl traverfée
de cette forte par l’Apennin , depuis le
pied duquel le terrein s’abaifie de plus en
plus jufqu’aux deux mers.
i ° . Par une fuite néceffaire du même
évènement, les terres allant toujours en
pente-jufqu’au point où les pieds des deux
grandes maiPes éboulées fe font affermis,
les eaux demeurées fur le globe ont dû
fe rendre dans les lieux les plus enfoncés.
Dans ce ca s, auprès des grands terreins
découverts que l’on nomme continents ,
on doit trouver des ifles plus grandes &
plus fréquentes que vers le milieu des
mers où eft le grand enfoncement. A in fî,
les ifles de l’Archipel font vifiblement les
refies du terrein qui unifîbit anciennement
la Grece avec la Turquie Aliatique : les ifles
de la Méditerranée font les relies fenfibles
des terres qui fe font enfoncées entre
l’Europe & la Barbarie. Les Antilles & les
Caraïbes font les reftes des terres qui unif-
foient d ans cette partie les deux Amériques.
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de l’âffaifTement de la furface du ."globe,
les lits des anciennes carrières & les
filons des métaux ont du être rompus en
plufieurs endroits & quelquefois traverfés
par des matières différentes qui ont
occupé les ouvertures. Ce qui fe trouve
conforme au récit de ceux qui ont vifité
les carrières & les mines.
4q. Les eaux de la mer en gagnant le
pied des terreins 'les plu a inclinés, ont
changé de place 8t ont laiffé dans leur
ancien féjour , que nous habitons aujourd’hui
, les plantes marines , les poiffons &
les coquillages que nousy trouvons aujourd’hui.
y 9 . Les terres que les premiers hommes
habitoient, & fur-tout les montagnes, ont
du rouler en bien des endroris pêle-
mêle avec les productions marines 'qu’elles
rencontroient dans ' leurs chûtes. D e - là ,
ce mélange étonnant qu’on trouve quelquefois
à foixante & quatre-vingt pieds
de profondeur, d’une couche de joncs
avec des charbons de terre ou des métaux,
après quoi une immeflfité de coquillages
de toutes efpèces & quelquefois d’une
feule.
Affez fouvent les couches de coquillages
qui ont roulé l’une fur l ’autre à divérfes
reprifes félon les fecouffes qui les ont
ébranlées au déluge , fe font depuis pétrifiées
par les infinuations des eaux , du
limon & des fables. On voit la preuve
de ceci dans plufieurs lits des carrières
voifines de Paris.
6° . On a trouvé fur une des pointes
des Alpes les.plus hautes & les plus ftériles ,
un très gros arbre renverfé & parfaitement
confervé. On trouve de même fous
terre dans les ifles voifines des terres fepten-
trionales , où il ne croît qu’un peu de
moufle , des arbres très-gros & de différente!
efpèces3 °. Par une fuite également néceflaire » Ce# deux Angularités fi
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furprenantes font très-naturelles dans 1 hy-
pothefe dont il eft queflion; Ces lieux fi
flériles aujourd’hui ne l’étoient pas avant
le déluge , parce que le printemps & la
fécondité étoient univerfels : le foleil
échauffoit autrefois les pays voifînsdu pôle-
Nord & ce n ’eft que depuis le déplacement
.de l ’axe que ceripays: efl moins phaud &
moins fertile. Si le fommet des Alpes nour-
rilîbit autrefois de grands arbres| la flérilité
de ces rochers vient d’un éboulement qui
les a dégarnisrde leur terre, & du froid :
à moins, qu’on ne. dife que ces arbres
flattaient dans les eaux du déluge, & ont
été dépofés où ils font par la retraite des
eaux.
7 q. On peut appuyer la conjecture
dont on vient de détailler les preuves par
une obfervatiom très-commune & expolëe
à tous les y e u x ': on trouve foulent des
vallons enfondés -entre deux collines plus
ou moins efearpées. On obferve dans les
deux côtes de plufieurs de ces vallons
te même nombre de lits , les mêmes
matières, la même épaiffeur, & généralement
la même difpofition des couches
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de part & d’autre. Le même ordre de
couches fe trouve encore en terre fous le
vallon : par où il efl prefque évident que le
vallon enfoncé , eft une fraéture & une
interruption de ces lits qui formoient
autrefois un tout fuivi. Tom. 3. du Spect.
de la Nature pag. 1 14 .
Je donne ici l’expofition abrégée de
cette hypothèfe relative au déluge & à
fes effets , parce que je crois qu’elle peut
bien figurer vis-à-vis de toutes les autres
dont j ’ai publié de même le précis.
Celle-ci eft même plus fimple, moins compliquée
d’agens & de caufes furnaturelles ;
mais comme dans toutes les autres,les faits y
font un peu dénaturés&préfentés toujours
, d’une manière ineomplette & fans cette
i fuite , cette iiaifon & cet enfemble qui
»les rend .lumineux & fufceptibles d’être
! appliqués à la circonftance pour laquelle
j on les cite. Cependant dans 1 hiftoire des
I conjeétures imaginées fur les divers états
[ de notre g lo b e , cette hypothèfe doit
j néceffairement y tenir fa place comme
| tant d’autres plus célébrés & peut être
i plus faciles à détruire.