La pierre férène expofée au feu devient
■ rouge ; elle ne fe calcine pas dans les fours
à chaux, ni ne s’y vitrifie pas ; mais elle
devient farineufe & rougit comme la
brique. Les faces de cette pierre expofées
aux injures de l’a ir, foit dans leur lit de
carrière, foit dans les bâtimens, fe déçom-
pofent & fe détachent par petits éclats ,
.fuivant la différence de grain. Mais la
bigla ne fe détruit pas auflî . promjite-
ment.
Les eaux pluviales qui s’introduifent par
les interftices des lits . & des blocs , &
ç.oulejrt goutte à goutte par les fentes des
voûtes des carrières & des fouterrains,.
font très-claires & très-bonnes à boire 5
elles n ’entraînent avec elles aucune fubf-
tance propre à fe çryftallifer comme le
tarfo. G’eft parce qu’elles ne peuvent
détacher de cette forte de pjerre aucune
particule de matière femblable au gypfe ,
comme eftes le font lorfqu’elles traverfent
les bancs de pierres d’albarèfe & de travertin.
On trouve de femblables mafles de
pierres de fables à Malmaneile, à , Artï-
mïno , à Lafira , à Monte-Sçafari , à Mont-
j ’ogiio, dans les montagnes dç Pzfioia ,
de Lucques & de Garfag-.ana,
Les montagnes de pierres férénes font
fur les limites des inafïîfs d’albarcfe & de
caieftro ; ainfi dans une même montagne
cm diflingue chacun de ces fyflêmes de
couches, & le paffage marqué de l’un à
l’autre..
Boccace dans fon ouyrage fur les mon:
tagr.es, a penfé que les pierres de Fiéfole
fe formoient 'chaque jour, Ce que nous,
avons dit de la limpidité de l’eau qui circule
dans ces .mafles, prouve le contraire.
(S’ell fur une fuppofîtion imaginaire que
porte le fvftême de la végétation des pierres
adopté par Baglivi, qui prétend avoir
fait à ce fujet dans les environs de F lo - ’
rence, & peut être même fur les mon.
tagnes que nous venons de décrire , des
obiervations conformes. Ce fait efl non-
feulement peu certain, mais abfolument
faux; car les pierres de Fiéfole ire v é gètent
nullement, & ne fe reproduifent
jamais dans les fouterrains , au contraire
elles diminuent continuellement de maffe.
La raifon en eft, que leur fuperficie- qui fe
trouve expofée aux injures de i ’àir & aux
dégradations des eaux pluviales, éprouve
chaque jour des deftruâ’ions bien feiiijbles
& fe réduit en terre, fpivant la remarque
de Céfalpin.
%. XIII,
Reflexions fur la formation des pierres & des
filons des montagnes primitives
Buffon penfe que les fentes perpendiculaires
que l ’on vpit dans les filons des
montagnes & dans les lits des ço,llin.es,
font produites par l’affaiffefnent du filon
ou du fit inférieur qui leur fervoit de bàfe;
& qu’elles reffemblent aux fentes & aux
crevaffes des murailles dont les fondemens
ont cédé. Cela eft v ra i, dans quelques
cas, & J’011 en trouve tous les ■,tours la
preuve danç les montagnes. JVIais Targioni
croit que les fentes qu’on voit entre les
ma{fes-.qui cpmpofeiit un filon , viennent
du çpntafl immédiat où fe font trouvées les
particules de la pâte molle, lorfqu’elles fe
font coagulées & pétrifiées à proportion
de l’adivité des caufes qui ont contribué
à. cet effet. Les obfervatipns • journalières
l’ont perfuadé que c’étoit par ce méçha-
nifme général & très fimple que les pierres
fe font formées. Y o ic i comme il npus
développe fes idées à ce fpjet,
Les filons des în.ontagiies pp les lits des
collines , étoient dans l’origine un limon
chargé de diverfes Tùbftances fouvent
douées d’une force d’attraélion réciproque
à-peu-près pomme les molécules
falines. Leurs parties les plus homogènes
commencèrent à s’attirer & à s'approcher
jufqu’à ce qn-’e'l!es fbrmïflènt une' union
intime comme-le font ïes différens principes
des mortiers de plâtre. En s’approchant
ainfi, elles formèrent une pâte plus
denfe &. plus ferrée , exprimant ainfi l’eau
qui leur fervoit d’abord de véhiculé , de-
forte qu’à-la fin la couche de limon dégagée
de toute eau furabondailte , eft reliée
divifée & partagée en une quantité plus ou
moins grande de mafles, ou de foliées
d’une hauteur égale à l'épaifièur des couches,
mais d ’une largeur très-variée. Si dans
les intervalles qui féparent ces mafles il
n’eft refté que de l’èau , les fentes du filon
doivent aujourd’hui - fe; trouver vidés
comme elles le- font en effet,- Mais s’il
eft relie dans ces mêmes intervalles quel-
qu’autre fubftance d’une nature différente
de la maffe totale, les fentes doivent fe
trouver remplies de queiqu’autrè-matière
pétrifiée , difpofée en tables ou en lames ,
fuivant que-la capacité du vide de la fente
lui aurapermis de s’étendre.
S’il eft permis à l’efprit humain de méditer
fur les caufes- fécondés qui ont concouru
à la formation du globé terraquée,
il paroît vraifemblable que la principale
de ces caufes eft une force de cohéfîon &
de propenfion au cohtad à nous inconnue,
que la main libérale de la nature a diftribüëe
aux moindres parties de la matière en différentes
dofes d-aâivité.
La feule force d’attradion a dû fuffire,
fuivant Targioni, pour-cônfolider à différentes
époques, tous les fiions & les lits
qui compofent la furface apparente de
notre globe. Sans e lle , cette furface n’au-
roit été jamais qu’un cloaque profond 8c
nullement propre aux ufages merveilleux
auxquels il étoit deftiné. Il n’eft pas en
notre pouvoir de déterminer les différent
degrés de cette force adivé & de lès me-
fiires relatives. Admirons feulement la.
puiflànce, qui par ce moyen, combiné fi
1 on veut avec la gravitation, &c. 3 donné
a lamatierç tant de formes diverfes, Il ne ■
Gédgraphie-Phyfique. Tome l .
paient pas -q u-’aucun obfervateur puiffe fixer
le temps-cù cette caufe fécondé générale à
produit ces effets éconnans. Targioni préfume
que cela ne peut être qù’après la création
, puifqtfôn trouve par-tout dans les
pétrifications qui- compofent les montagnes
un nombre prodigieux de fubftances végétales
& animales qui autorifent à croire
que la face moderne de notre globe n’eft
plus la face ancienne & primitive qu’il
a eu ; niais qü’elle a été pour ainfi dire
recréée ,& recompofée des ruines. & des
débris de. la première terre..
L Ecriture Sainte & la tradition des
peuples, nous parlent d’un déluge uni»
verfei. qui a changé, à ce que croit Targioni,
la face du globe. Mais toute la fcience
des philofophes 11’a pu apprécier au jufte
les changemêns produits par cette inondation
univerfelîe , quelque hÿpothèfe
qu’ils,aient imaginée à ce fujet. La phi-
iofophie nous'démontre que depuis cette
époque il n’a pu fe former fur la furface
de là terre des'pétrifications qu’on puiffe
confidérer comme primitives ; mais qu’au
contraire plufiéursmaffifs ont été détruits.
.Peut-6n afiurér enfnitê que la- formation
des pierres qui compofent [la face moderne
de notre globe foit poftérieure à la création,
& antérieure à ia fin du déluge univerfeii
Ne feroit-ce pas tirer une conféquencé
certaine d’une fimple conjecture? ce qui
eft abfurde , fuivant Sénèque. Nous traduirons
ici ce que dit l’immortel Leibnitz
( protogea ). » Il eft vraifemblable que
» plufieurslitsautrefoishorifontaux, avant
» que le globe eût fouffert aucune altéra-
» tion, font depuis devenus inclinés dans
» les révolutions qui y font arrivées ; car
» quoi de plus naturel que de croire que
« foit lors-de la formation de la terre fortie
« du fein des eaüx, foit iorfque celles du
» déluge dépofoientleurs fédimens, chaque
y chofe fe foit placée fuivant fon propre
a poids , Si la raifon en eft fenfible; car on
„■ voit dans les promontoires de Norwége,
y des mafles immenfes- de rochers taillés
B b b b