
au Sud; d’abord celle qui va en Arabie
jüfqu’au détroit de la mer Rouge : celle
qui s’étend dans l’Indoftan jufqu’au Cap-
Comorin ; celle qui part du Thibet pour
fe rendre à la pointe de Malaca : d’un
autre côté les branches qui font dirigées
du Sud au Nord, font celle» qui s’étendent
depuis les alpes du Tirol, jufqu’en Pologne
; enfuite depuis le mont Caucafe
jufqu’enMofcovie; & depuis Cachemire,
jufqu’en Sibérie.
Buffon confidère, comme nous avons
dit, toutes ces montagnes que nous venons
de défigner d’après lui, comme les afpé-
rités produites à la furface du globe , au
moment qu’il a pris la confiftance. Ainfi
elles doivent leur origine à l’effet du feu,
& Buffon nous affure qu’elles font par
cette raifon compofées, dans leur intérieur
& jufqu’à leurs fommets, de matières vitri-
iiables , & que toutes tiennent à la roche
intérieure du globe qui eft de -la même
nature. Il ajoute même que dans tous les
lieux où I on trouve des montagnes de
roc vif ou de toute autre matière folide
8c vitrifiable, leur origine & leur établiffe-
ment ne peuvent être attribués qu’à l’action
du feu & aux effets de la eonfoii-
dation.
En même-tems que cette même caofe
a produit des éminences &d'es profondeurs
à la furface de la terre , elle a auffi formé
des' bourfoufflures & des cavités à l’intérieur
, fur-tout dans les couches les
plus élevées. Mais les caufes fubféquentes
& poltérieures à cette époque ont concouru
à combler toutes les profondeurs
extérieures même les cavités intérieures;
& les inégalités qui ne s’élevaient qu’à
une hauteur médiocre , ont été pour la
plupart recouvertes dans la fuite par les
fédimens des . eaux ; mais- nous verrons
tous ces effets dans les époques
fuivantes. En tranchant le globe par l’É"
quateur & comparant les deux hémif-
phères, on voit que i’hémifphère boréal
contient à proportion beaucoup plus de
terre que l’autre. Buffon en conclut qu’il
y avoit beaucoup moins d’éminences &
d’afpérités lin* i’hémifphère atiilral que fur
le boréal, dès le temps même de la con-
folidation de la terre ; & fi l’on confidère
le giifement général des terres & des
mers , on verra que toutes les parties des
continens vont en fe rétréciffant du côté
du Midi, & qu’au contraire les mers vont
en s’éJargiffant. Cela femble indiquer que,
dans cette époque , la furface -du globe
a eu de plus profondes vallées dans l’hé-
mifphère aullral, & des éminences en plus
grand nombre dans l’hémifphère boréal.
1
Quoique la matière en fulion ait dû
arriver également des deux pôles pour
renfler l’Équateur, il paroit, en comparant
les deux hêmifphères, que. le pôle boréal
en a beaucoup moins fourni que l’autre,
puifqu’il y a beaucoup plus de terres &
moins de mers, depuis le tropique du
cancer au pôle boréal, & qu’au contraire
il y a beaucoup plus de mers & moins de
terre ,du tropique' du capricorne à l’autre
pôle : les plus profondes vallées fe font donc
formées dans les zones froides & tempérées
de l’hémifphère auftral, & les terres les
plus folides & les plus élevées fe dont
trouvées dans las zones de l’hémilphère
boréal.
En réfumant, nous dirons, en fuivant
toujours Buffon, que lé globe étoit alors
renflé fur l’Equateur ; que ces couches
fuperiiçielles y étoient-à l'intérieur femées
de cavités & coupéès à l’extérieur d’éminences
& de profondeurs plus grandes
que par-tout ailleurs , que le refte du globe
étoit fïlloné & traverfé en différens fens
■ par des afpérités toujours moins élevées
à mefure qu’elles approchoient des pôles,
que toutes n’étoient compofées que de la
même matière fondue, dont e!2 àuflî com-
pofée la roche intérieure du globe ;
qu’enfin toutes doivent leur origine à
faftion du feu primitif & à la vitrification
générale. Ainfi la furface de la terre avant
l’arrivée des eaux ne préfentoit que ces
premières afpérités, qui forment encore aujourd’hui
les noyaux de nos plus hautes,
montagnes , celles' • qui étoient moins
elévées ayant etc dans la fuite recouvertes
par les fédimens. des eaux 8c par ^les
débris des productions de la mer. C eff •
ainfi qu’on, trouve fouvent des 'bancs
calcaires. au-deffus. des , rochers de granit
& des autres matières vitrefcibles , _ que
l’on n 3 voit pas de malles de matières
vitrefcibles, au deffus des bancs calcaires
mais ces difpofirions relatives appartiennent
aux époques fuivantes.
Troifeeme époque.
Lorfqüe la terre fe trouva fuffifamment
attiédie pour recevoir les eaux fans les
rejetter en vapeurs , alors le cahos de l’at-
mofphère le débrouilla, lés eaux & les matières
volatiles tombèrent fuccelfivement :
elles remplirent toutes les profondeurs &
même elles furmonterent toutes les éminences,
& fur-tout celles qui n’étaient pas *
beaucoup, élevées. Il eft aile de fentir
que les yaux. étant continuellement agitées
par la rapidité de leur chute , par 1 action .
de la lune fur i’atmofphère., par la violence
des vents, auront obéi à toutes ces im~
pullions, & " que dans leurs mouvements
elles auront commencé, par fillonrier plus a
fond les vallées de la terre, par renyerfer
les éminences les moins folides , rabaiffer
les Crêtes des montagnes., percer leurs
chaînes, dans les points les plus foibles
& qu’aprçs leur étabiiffement, ces eaux
fe feront ouvert des’routes fouterraines,
qu’elles', ont miné les voûtes des cavernes ,
les ont fait écrouler, & que par conféquent
ces mêmes eaux fe font abaiffées lue- •
ceffivernent pour remplir les nouvelles
profondeurs qu’elles venaient de former.
L’eau-a-.produit d’autres effets par fa
qualité ; .elle a faili toutes les matières
qu’elle pouvait délayer & diffoudre ; elle
s’eft combinée avec far , la terre 8c le .
feu pour , former les acides , les fels;
elle à,converti les feories & les. poudres
du verre primitif en argilies.
La mer üniverfelle, d abordtres-e!eves,
s’eft peu-à-peu abaiffée pour remplir les
profondeurs occafionnéespar l’affailfeinent .
des cavernes, à raclure qu’il fe faifoit
quelque 'grand àffaiffement par la rupture
d’une ou de plufieurs cavernes. La lurface
de la terre le déprimant en ces endroits
, l’eau arrivoic de toutes parts pour
remplir cettenouvelle profondeur ; enloite
que la hauteur, générale des mers qui était-
à deux 'mille toiles d'élévation, a baille
jufqu’au niveau où nous la voyons encore
aujourd’hui.
Buffon préfume' que les coquille^ &
Iss autres'produâions marines , que l’on
trouve à de grandes hauteurs au deflirs
du niveau aétuel des mers , font les premiers
habitans du globe & lés, efpeces
les plus anciennes. Si .jamais on fait un
recueil de Ces' pétrifications prifes'à la
plus grande élévation dans les montagnes ,
on fera peut-être en état de prononcer
fur l’ancienneté plus pu moins grande de
ces efpèces , relativement aux autres.
Buffon ajoute même comme une obier ■
\ ai ion cûnftante , que certains animaux
terreitres 8c marins , dont les analogues
vivans ne fubfiftent plus, étoient beaucoup
plus grands qu’aucune autre, efpècè du
même genre actuellement fubfiftante , &
il cite entre-autres les cornes d’Am-
111011 d’un grand volume'. La nature1 étoit
alors dans fa première force , & travailloit
la matière organique & vivante 'avec une
p uiffance plus aâive, dans une température
plus,chaude ; cette cau!e Paro{l a Buffon
fuffifante pour rendre raifon de toutes
les productions gigantefques qui ont
été fréquentes dans ces premiers âges du
monde.
En fécondant les mers, la nature ré-
pandoit auffi les principes de vie fur toutes
les terres que l’eau n’a y oit pu furmonter,