
Origine de ces couches.
Après avoir envifagé la croûte du globe
terreftre comme formée, jufqu’à une profondeur
confidérable , mais qu’on n’a pas
déterminée, de couches concentriques qui
diffèrent entr’elles, quant à. l’étendue , à
l ’épaiffeur & à la matière qui les compofe ,
l’auteur effaie de donner une idée de la
manière dont ces couches fe font organi-
fées , en faifant obferver ce qui fe paffe
lorfqu’on mêle dans l’eau , à différentes
reprifes, des fubflances de diverfe nature,
& qu’on leur laide le tems de fe dépofer.
Il en conclut que fi c’elt ainfi qu’ont été
formées les couches extérieures de notre
globe , ce qui eft très-probable , tout ce
qui eft maintenant à fec , a été autrefois
couvert d’eau ; que ce fluide n'a pas dépofé
en une feule fois les matières qu’il tenait
en dîffolutioti , parce que dans cette fup-
pofition , les plus pefantes fe feroient précipitées
les premières, 8c les autres fuccef-'
fiyement fuivant la même loi : difpofition
qui n’a point lieu dans l’enfemble de ces
couches , quoiqu’on la retrouve à un certain
point dans chacune d’elles en particulier.
Enfin , il fondent que l’eau ne s’eft
pas trouvée chargée partout des mêmes
fubftances, puifqu’on rencontre fouvent
des couches d’une nature différente dans
des limites très-rapprochées.
D e ce qu’il eft poflible que la mèr ait
formé des couches femblables à celles qui
compofent la croûte du globe , Bergman
ne croit pas qu’il s’enfuive que ces couches
foient néceffairement un dépôt de la mer ;
cependant il lui paroît très - probable
qu’t lies lui doivent en effet leur origine ,
& que la probabilité fe change en certitude
lorfqu’on fait attention à la quantité
de coquilles qui exiftent dins le fein de
la terre , les unes entières , comme celles
qu’on trouve près de Marly-la-Ville à 70
pieds, 8c près d ’Amfterdamà 100 pieds
au-deffous de la furface du fol ; les autres
en fragmens très-comminués qu’on ren.
contre dans les lieux les plus éloignés de
la mer : les inégalités & les déprelïiuns
qu’on remarque dans- quelques couches
lui paroiffeut démontrer évidemment
qu’elles ne fe font pas dépofées avec
calme. Comme l ’époque où elles fe font
formées nous eft inconnue, il eft porté
à les nommer en conféquence couches anciennes
; mais il eft bien éloigné de rap.
porter leur origine à une inondation ou
à un déluge quelconque , puifqu’on les a
reconnues jufqu’à 200 pieds au-deffous de
la furface du f o l , & qu’elles exillentpro-
bablement à des profondeurs plus confi-
dérables encore. Cependant , quand il fe
trouve de la terre végétale ou du terreau
aune certaine profondeur, comme
nous l’avons déjà remarqué , Bergman
penfe qu’on ne peut méconnoître un ter-
rein où la végétation étoit établie avant
que l’eau de la mer vint s’en emparer.
Couches fecondaires.
Outre ces couches anciennes , notre
naturalifte Suédois en diftingue d’autres
qu’on trouve en-quelques endroits , & qui
portent des marques vifibles d’une'for-
mation plus récente. Telles font les couches
qu’il conçoit, comme formées de
matières q u i, détachées des hauteurs par
l’aélion des eaux , ont été dépofées dans
les vallées & en ont comblé la profondeur.
Telles font encore les élévations
formées par des fables mouvans amoncelés
, par des' matières végétales ou animales
& converties en limon. Il remarque
feulement ici que ces couches font rarement
difpofées dans le même ordre que
les couches anciennes , & 11’offrçnt point
de débris de corps matins , à moins qu’ils
n’aient été détachés des montagnes environnantes.
Il fe borne à en rapporter deux
exemples : A Lânge Saltza en Tnttrings
on trouve fous la terre végétale , en quelques
endroits , un ttlf calcaire & tubulé :
ailleurs un fable blanc , il ,• mêlé de coquilles
fluviatiles ; au-deffous une couche
de pierre dure , fous laquelle eft un banc
de pierre tubuiée ou de fable ,. & quelque-,
j fois un efpace vide. Plus bas encore on.
! trouve un banc de pierre dure , puis; de la
pierre tendre ou du fable ; enfdite de la
[tourbe formée d’un mélange-de feuilles,,
d’écorces , de bois , de racines , de co quilles
fluviatiles , &c. ; au-deffous de cet
[atnas, du fable! jaune : & enfin de la terre
; à foulon grife, mêlée de corps marins.
L’épaiffeur des bancs de pierre varie depuis
16 jufqu’à 12 pieds : ils contiennent des,
! coquilles fluviatiles, des o s , des crânes
d’animaux, des noyaux de prunes , des
[épis de bled , &c. Ces couches, s’étendent
[fous-tome la v ille , jufqu’aux bords de
[l’Unftrutt près duquel on voit des bancs
d’albâtre & de pierre à chaux , dont les,
I dégradations ont probablement donné naif-
[fance à ces couches fecondaires : il eft à
Iremarquer qu’on ne trouve de débris de
I corps marins , que lorfqu’on eft parvenu à
jl argile où commencent les couches an-
I ciennes.
lOn a trouvé près de cette ville , dans une
I fouille , & à 25 pieds de profondeur, des
I ruines d’anciens bâtimens ,. de la terre
I dure , de la terre limoneufe mêlée de
■ joncs et à quarante cinq pieds, de la terre
■ blanche & noire , mêlée de feuilles , de
I branchages & d’eau bourbeufe , ce qui a
■ forcé les travailleurs à foutenir les terres
|avec des murs de briques, fcnfuite l’oçt a
■ rencontré les couches fuivantes : un lit de
I craie de 18 pieds rempli de coquilles mal
l e s ; une couche de limon de 3 pieds ,
I mêlée de feuilles & de branchages ; des
■ couches alternatives de craie & de limon ;
|& enfin à 303 pieds de profondeur un I cadloux roulés, épais de 8 pieds,
■ mêlés de coquilles & de troncs d’arbres,
[&c. C ’eft au deffous de tout ce fyftême
|ue couches fecondaires que fe rencontre
|Me nappe d’eau qui doit s’étendre au
■ loin , car les environs font remplis dé
I ources que les plus grandes fechereffes
! ne tariflent point. Voyez Ramas^fini de
fontium Mutinenfium a-mirandâ Jcaturi-
g'me,. ,
C ’eft aussi aux couches fecondaires qu e Ber-
! gman-rapporte celles qui doivent leur origine
aux volcans. Dans le Pérou , il eft
facile d’obferver la nature & la difpofition
j de ces couches : elles fe montrent à dé-
j couvert -dans des ravines que les eaux ont
creuféés, & qui ont plus de 200 brades
.d’étendue fur 100 de profondeur. Leur
; couleur & leur épaiffeur varient beaucoup.
Elles font formées de matières feorifiées,
de pierres ponces , de cendres , de fable
noir atdrable à l’aimant, & d’autres fubfi-
! tances altérées par le feu. Il y a au pied
de Cotopaxi un lit de pierres brûlées de
plus de 40 pieds d’épaiffeur. Les volcans
vomiffent , comme on fait, des torrens de
matières fondues qui , en fe refroidiffant,
durciffent & prennent Je nom de laues. Il
, arrive fouvent de trouver de ces laves à
; une certaine profondeur , tandis que la
furface du fol offre d’autres fubftances &
des forêts qui croiffent dans ces terreins,
Compojition inténture des montagnes.
Bergman obferve d’abord qu’il eft difficile
d’acquérir une connoiffance parfaite
de la compofition intérieure des montagnes,
la nature la dérobe à nos regards,
: & nous la découvre feulement dans un
1 petit nombre de points , au moyen des
fentes , des cavernes & des vallées. Quel-
: ques montagnes femblent n’être que des
maffes énormes & continues , du moins
auflî loin qu’on a pu le reconnoître , divi-
fées intérieurement en différentes affifes ,
compafées de fubftances toujours, de la
même nature. Notre naturalifte attribue
cette ftruéture aux montagnes granitiques;
il s’en rapporte aux Üifférens obfervateurs
qui ont vu les montagnes de Norwege ,
des A lp e s , de l’A pennin, de la Table
au Cap de Bonne-Efpérance , & les plus
hautes montagnes des Cordilières, pour
croire qu’elles préfentent à-la-fois des affifes
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