tâché de découvrir cette loi particulière
qui femble s’éloigner d’une règle plus
générale, ou qui ne fuit pas le cours naturel
des cbofes, qui s’obferye dans d’autres
occafions.
On voit par ces détails que le fujet de
ce traité efl de rechercher avec : foin une
règle certaine , que l’on puiffe afligner
comme dirigeant l’aftion du chaud & du
froid,, dans le cas dont nous venons de
parier, & propre it fervir de bâfe à une
théorie de la pluie : cette règle fe bornera
bien précifément à ce qui concerne l’évaporation
& la condenfation de l’eau.
On peut çonfîdérer l’air infpiré par un
animal comme un menftruë diffolvant
l’eau fur la furface humide & chaude des
poulmons , & s’en faturant fuivant . ce
degré de chaleur. Lorfque la malTe dilfoute
efl refroidie , d’après les loix connues de
la condenfation , l’eau doit êtreiëparée
de fon menftruë , & devient vifible en
réfléchiflànt la lumière. La .chaleur feule
peut donc rendre l’eau un fluide élaflique
in vifible : mais dès que ce fluide fera refroidi
, il fe condenfera de manière à
devenir vilible ; ceci eft inconteflable.
Mais dans le plan de travail aâuel , il
s’agit de montrer que lorfque l’haleine ou
la vapeur deviennent vilîbigs en fe mêlant
à l’atmofphère, cet effet in’eft pas produit
par l’adion connue du chaud & du froid :
& que pour fon explication , il eft hé-
ceffaire d’avoir recours à une loi parti-
ticulière , & de faire yoir que les effets
du chaud & du froid, quant à l’air. & à
la vaporifation , ne procèdent pas '.toujours
par des rapports d’augmentation &
de diminution égaux.
Afin de déterminer le rapport aéhtel
de l’action diffolvante de l’air fur l’eau
dans différens degrés de chaleur , ou le
rapport , fuivant -lequel l’aâion de la
chaleur convertit l’eau fluide en vapeur
élaflique , ! il faut confidérèx les divers
progrès de ces opérations, de la nature.
Car, fi parmi toutes les manières concevables
fuivant lefquellés ces .agens opèrent
, il n’y en avait qu’une qui corref-
pondic . avec les phénomènes bien ana-
lyfés , il feroit raifonnable de conclure
que cette manière eft la loi particulière
dè la nature, d’après laquelle les faits de
ce genre doivent être expliqués.
L’aftion diffolvante de .l’air quant à
l’eau, peut être fuppofée diminuer ; fuivant
que chaleur augmente, Mais cette
fuppofition feroit contradidoire avec les
faits appareils, de la nature pris en général
: il lèrôit donc inutile , quant à pré-
fent, de la mettre en avant. On pourroit
aufli concevoir cette aftion comme n’étant
pas affedée par l’augmentation du degré
de chaleur , & cette fuppofition s’accor-
deroit avec. la folution du fel marin dans
l’eau ; mais comme, il n’en eft pas certainement
de piême de l’air par rapport à
l’eau & à la vapeur , on ne peut admettre
ni l’une ni l’autre de ces fuppofitions.
Àinfî , la loi générale en vertu de laquelle
les corps font diffous & évaporés, eft que
l’adion de l’air augmente avec la chaleur.
Il faut donc admettre maintenant cette
loi? quant: à'-l’eau qui s’évapore dans
l’air , ou lorfqu’au moyen de la chaleur
feule elle eft convertie en vapeur ; &
c’eft la raifon & la mefure feule de cette
opération, qui fera le fujet de l’examen
de Hutton.
On ,co;nçoit que cette adion de la chaleur
fur l’eau peut agir dans trois rapports
différent
i°. La folution peut varier dans la
même raifon,que la chaleur, dç forte que
des accroiffemens'égaux de chaleur foient
toujours fuivis d’accroiffemens égaux de
vapeur, dilfoute. , '
•2.V Elle; peut varier dans’ une pit*
grande proportion : de forte que tandis
que la chaleur augmente par des différènces
égales , la quantité des vapeurs
diflbutes augmente par des différences qui
iront toujours en crôtflant.
j Q. Elle peut varier dans une moindre
proportion que, la chaleur. Ainli pour
lors, tandis que la chaleur augmente par
des différences égales, la quantité des. vapeurs
diflbutes augmentera par des différences
qui iront toujours en diminuant.
Si la folution de l’eau dans l’air augmente
avec la. chaleur dans une proportion
croiffante, la .combinaifon de deux
portions faturées dans différens degrés de
chaleur produit^ une condenfation d’humidité
," comme étant faturé.e en plus dans
la température moyenne de la chaleur.
Cette hypothèfe , â laquelle nous nous
bornons'en'excluant toutes les autres ,
s’applique avëc juftetîe aux phénomènes
de l’haleine & de la vapeur qui ont été
rendues vifible's à la fuite de leur combi
naifon avec un air plus froid qu’elles ; &
elleexpiique les différens phénomènes que
peuvent préfentef plufîeurs portions d’air
plus ou moins faturées d’eau , & dans
des températures différentes de chaud &
de froid.
En effet , toute combinaifon du fluide
atmofphérique dans différentes températures
, -ne doit pas , fuivant la théorie,
former une condenfation vifible : cet effet
pour être produit exige un degré füffi-
fant de fatu ration d’humidité. Il n’eft pas
nécefïaire non plus que les deux portions
combinées foient chacune pleinement faturées
jufqu’à la température dans laquelle
elles fe trouvent. Il fufKt que la
différence dans les températures,: de ces
portions combinées , compenfe plus que
le défaut de faturation; niais lî l’oni combine
deux portions de latmofphère ,
toutes deux pleinement faturées d’humidité
, alors quelque petite que puiffe être
u différence de leurs températures , il y a
lieu de croire qu’il fe fera une cofiden-
fation proportionnée à cette différence.
Après avoir expliqué le phénomène de la
vapeur vifible dans l’atmofphère produit
par la combinaifon de (es portions in-
vifibles , Hutton montre que le principe
de condenfation eft celui de la théorie
de Ja pluie.
La pluie, félon lui,.eft la diftillation
de. l’eau qui avoit été dilfoute dans l’atmofphère,,
& qui eft condenfée en fortant
de cet. état de vapeur & de diffoludon.
C’eft l’explication de cette condenfation
qui doit former la théorie de la pluie.
Ainfî , dès que la condenfation de la vapeur
aqüeufe a' été bifen expliquée, & que
l’évaporation de l’eau de la' fu'rfàce de la
terre eft bien conçue, nous' pouvons nous
flatter d’avoir une théorie du phénomène
général de la pluie.
Il eft vrai que l’eau eft condenfée en
nuages comme en pluie , & néanmoins il
peut y avoir des nuages fans pluie. Mais
il eft évident qu’il ne peut y avoir de
pluie, fans la condenfation de la vapeur
aqueufe dans l’atmofphèré, & que la con-
dènfation de l’eàu eft proprement la caufe
de la pluie, quoique différentes caufes
puiflènt agir fur l’eau condenfée dans l’atmofphère
& opérer différemment , foit
en la retenant plus Ibng-tems Tüfpendùe ,
ou en procurant fa chute & fa précipitation
plusli?promptement. Au refte , c’efl
d’après l’examen des phénomènes naturels
que le D. Hutton tâche d’appuyer cette
théorie de la pluie.
L’expérience la plus convaincante pour
confirmer cette théorie, feroit celle par
laquelle: on auroit produit de la pluie ou
de la neige , par une combinaifon de
portions d’atmofphère dans un état propre
à la condensation de la vapeur qu’elles
contiemdrpient ; or , nous avons cette
expérience. M.! de Maupertuis- dans fon
difcours fur la mefure de la terre , dit,
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