
découvert ces collines, enforte que ces
parties de fon ancien balîîn fe font trouvées
par cette retraite, élevéesau-deffus dubaffin
aftuel où la mer moderne s’efi fixée; ces
fédimens avoient, lors de cette retraite de
la mer , pris une telle confiflance, que
Paffembiage des couches & des lits a été
confervé dans le même état où il étoit
lorfque les eaux le couvroient, & qu’il a
encore fenfiblement l’apparence de fédi-
mens faits fous la mer.
Cependant ces dépôts intmenfes ne refilèrent
pas long-tems dans l’état primitif
où les avoient laiffés les eaux de la mer
après leur retraite. L’aftion des pluies
auxquelles cette nouvelle portion de la
furface du continent fe trouva expofée,
les eaux courantes qui circulèrent à fa
fuperficie en quittant les contrées des mon-
tagnes-pi-imitives, y produifireru différens
changemens , en y creufant des coupures
ou vallées qui n'ont fait que s’étendre ,
s’approfondir & fe multiplier de plus en
plus chaque jour , & qui, en un mot,
ont formé au milieu d’un maffif continu
de dépôts un fyftême de valléës , lefquelles
nous offrent un point de l’hiftoire de la
terre, très-important à fuivre & à développer.
C’efl donc pour s’attacher làns aucune
équivoque à cette efpèce de terre fécondai
te qui paroît occuper la quatrième
partie de la Tofeane , & des parties cor-
refpondantes du revers occidental de l’Apennin
, & pour ladiftinguer de ce qu’il a
conlîdéré comme des montagnes primitives
, que Targioni lui donna la dénomination
de pays de collines.
Cette comparaifon des montagnes primitives
& des collines, donne à Targioni
occalion de réfléchir fur la qualité des
matériaux qui font entrés dans la com-
pofition des collines & qui font les débris
des montagnes primitives ; il en a retrouvé
des quantités immenfes, Ibit fous forme
pulvérulente , foit fous celle de groj
débris, dont les C3radères de reflemblance
font frappans avec les rochers aâuelj
des montagnes primitives.
Après cette confidération générale &
cet examen particulier des rriafïïfs qui
conflicuent le fol de la Tofcane, Targioni
paffe à l’étude des vallons & des plaines
dont il rapporte la formation à deux
caufes qu’il eft aifé de reconnoître pour
peu qu’on ait vu la Tofcane & qu’on ait
fuivi ces derniers effets. La première caufe
eft la pente naturelle des terreins qui
s’étendent & régnent depuis le fommet
des montagnes julqu’à la mer; la fécondé
eft l’aâion des eaux courantes dont la force
Sc l’énergie font favorifées par la pente
des croupes des montagnes primitives, &
par celle de la furface des collines : pour
peu. qu’on füive ces vallées , leur diftri-
bution, la forme des croupes qui les
bordent, celle des plaines' qu’on trouve
dans les differentes parties du fond des
vallées, on ne peut pas douter de l’influence
de ces deux caufes tant aux
premiers temps de l’approfondilfement des
vallées dans la partie des montagnes primitives
pour lors à découvert , qu’aux
tems poftérieurs, dans les baflîns qu’occupent
les collines , & enfin à une
troifième époque ou ces vallées fe font
comblées plus ou moins par la modification
de ces caufes.
Après ces différentes confédérations fur
les caufes de la formation des vallées &
des. plaines, Targioni remonte aux différens
mouvemens de la mer que l’examen
des états divers où il a trouvé les montagnes
primitives St fes collinesl’a forcé
de fuppofer ; il croit d’abord qu’il a été
tin tems où la mer a dû couvrir les rom-
mets les plus élevés de fes montagnes primitives
qui font aufli les parties les plu»
élevées de l’Apennin ; qu’enfuite la mer
a baiffé de manière que tout le canton
des montagnes primitives s’èft trouvés
découvert & abandonné par la mer qllJ
n’a plus occupé que ceux où font placées
les collines. Le lêjour de là mer dans ce
nouveau baffin a été allez long , pour que
la partie des montagnes primitives mife à
découvert, fe peuplât de végétaux St d’animaux
nombreux; enfin, qu’elle éprouvât:
une deftruâion affez confidérable . pour
que les collines pulfent fe former dé toutes
ces dépouilles des corps organifés &"de
tous les déblais des maffes brutes. .
Enfin, à une fécondé époque la mer
î quitté la partie de Ion baffin occupée
par les pays des collines, pour aller fe
renfermer dans fon baffin aâuel. Il faut
ajouter qufe la mer a fait cette retraite
depuis une.longue fuite de lîècies, puifque
les vallées., qui coupent & fép,arent les
différens traclus de collines, ont été ereufées
totalement au milieu de ces naaffifs depuis
ce tems , par les eaux courantes,
Targioni remarque que pendant tout
le tems qu’ont duré ces deux flations fuc-
ceflïves de la mer , l’Océan a nourri dans
fon baffin les mêmes efpèces d’animaux
& de plantes marines, ce qui eft fort
douteux. Au relie , j’ajoute que les coquilles
foffiies marines , qui fe trouvent dans
les bancs des collines, ne font pas des
mêmes efpcces que nourrit la Mcditer-
rannée aduelle.
Targioni en faifant l’cnumération des
fyftêmes qui ont été imaginés par différens
auteurs des théories de la terre pour
expliquer la diminution des eaux de la
mër, ne paroît pas en adopter aucun.
Il admet feulement ces fortes de révolutions
comme des faits dont les caufes ne
font pas faciles à découvrir & ne peuvent
etre foumifes à l’ordre des chofes aâuelles.
Targioni, .en revenant aux montagnes
primitives , fait fentir la néceffité d’une
ëivifjon méthodique de chacun de ces
niatfifs relativement aux principaux matériaux
qui les compofent,& en fait, fuivarie
ce plan , huit ciaffes : d’abord celui
des marbres, enfuite ceux du fiJJ'omorto,
de la pierre de fable, du macigno , de la
pierre calcaire ou albarèfe , du galefro ,
de la ferpéntine , du gablro, du granit.
Il fe propofoit de comparer enfuite i’éten-
due de chacun de ces maffifs, ainfi que
leurs difpolitions relatives., mais il n’a pas
rempli ces vues dont l’exécution auroit
exigé un grand travail , beaucoup de
cour.fes & d’obfervations.
De même en paffantà ce qui concerne
les collines , Targioni fe propofoit d’en
faire, un examen détaillé relativement aux
divers matériaux qui les conftituent : il
en fait deux ciaffes principales, la première
comprend les collines de tufo ,
la fécondé, celles d’argille : ceci le conduit
à parier des corps organifés qui fe
trouvent dans ces deux fortes de maffifs
dont il fait auffi deux ciaffes ; il range
dans la première ceux qui ont pris .liait
fance fur les lieux , ou ont été formés dans
le baffin de la mer : & dans la fécondé ,
ceux qui font venus d’ailleurs & y ont
été entraînés Sc dépofés par les eaux des
fleuves Sc des rivières : tels font les plantes,
les arbres & les dépouilles des animaux
terreftres , lefquels fe trouvent fbuvent
mêlés aux coquilles marines foffiies , &c.
Comme les" détails propofés dans ce
plan de travail fur la mer, fur les fleuves,
les lacs , les fources ou fontaines, n’offrent
-rien de fixe & d’arrêté , je ne p-retenterai
pas ici les titres des chapitres qui
ont pour objet ces‘ matières. Je pafferai
maintenant à la fécondé partie de l’ouvrage
dont je fais l’analyfe, & qui traite de la
topogmphie-phjfeque de la Tofcane.
X V.
Topographie-Phyfique de la Tofcane.
La diyifion la plus naturelle & la plus
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